Laurent Le Cointre
1742 - 1805
Député en 1791, membre de la Convention, né à Versailles (Généralité de Paris) le 1er février 1742, mort à Guignes (Seine-et-Marne) le 4 août 1805, il était marchand de toiles à Versailles au moment de la Révolution.
Commandant en second de la garde nationale du département de Seine-et-Oise, il manifesta des opinions avancées, devint administrateur du département, et se fit élire, le 2 septembre 1791, député de Seine-et-Oise à l'Assemblée législative, le 2e sur 14, par 423 voix (607 votants). Il siégea à gauche et prit une part active aux discussions. Il dénonça Duportail, s'opposa à l'impression d'un rapport de Cahier sur la situation de la France, combattit l'envoi de troupes à Versailles et à Rambouillet, fit rendre plusieurs décrets d'accusation, vota la mise hors la loi des prêtres insermentés, inculpa Narbonne, Dillon et autres, mais se montra plus indulgent à l'égard de Dumouriez. Commissaire dans la Seine-inférieure, il eut à prendre des mesures pour accélérer la levée des volontaires.
Laurent Lecointre fut réélu, le 6 septembre 1792, député de Seine-et-Oise à la Convention, le 1er sur 14, par 508 voix (710 votants). Il prit encore plusieurs fois la parole sur des questions politiques et militaires, fit décréter que Louis Capet ne pourrait communiquer qu'avec ses enfants, et, lors du procès du roi, se prononça pour la mort sans appel ni sursis. Il se montra aussi l'adversaire acharné des Girondins et pressa le jugement de la reine.
En mission en Seine-et-Marne (avril 1794), il demanda au comité de salut public « un décret très urgent pour détruire le fanatisme, forçant les prêtres âgés de moins de 60 ans à se marier dans les trois mois ». Le comité ne fit aucune réponse.
Au mois de juin 1794, comme Robespierre présidait aux Tuileries à la reconnaissance solennelle « par la nation française de l'Etre suprême et de l'immortalité de l'âme », Lecointre ne cessa d'injurier le président de la Convention et de l'appeler « tyran », assez haut pour être entendu ; cependant il ne fut point inquiété.
En thermidor, cinq jours après la chute de Robespierre, il fit rapporter par la Convention la loi du 22 prairial qui avait réorganisé le tribunal révolutionnaire. Le 22 fructidor suivant, il dénonça comme complices de Robespierre non encore punis, Billaud, Collot, Barère, Vadier, Amar, Voulland, David. Ses accusations furent à ce moment jugées calomnieuses, et il fut obligé de quitter le bureau des secrétaires qu'il occupait, tandis que les Jacobins l'excluaient de leur club. Mais lorsque Lecointre fit paraître ces accusations en brochure (brumaire an III) sous le titre : Les crimes des sept membres des anciens comités de salut public et de sûreté générale, la Convention donna suite à cette nouvelle dénonciation, et nomma une commission d'enquête qui aboutit, le 22 ventôse an III, au rapport favorable de Saladin (Voy. ce nom).
Décrété d'arrestation à son tour pour avoir pris part au mouvement de germinal an III, Lecointre bénéficia de l'amnistie de brumaire an IV.
Lorsque l'établissement du gouvernement consulaire et l'acceptation de la nouvelle Constitution de l'an VIII furent soumis au vote populaire, Lecointre fut le seul des habitants de Versailles qui répondit « non » sur les registres, en motivant longuement son avis. Frappé d'exil pour ce fait, il tomba, à la fin de sa vie, dans une gêne extrême.
On a de lui divers écrits politiques parmi lesquels : Conjuration formée dès le 6 prairial, par neuf représentants du peuple contre Maximilien Robespierre, pour l'immoler en plein Sénat (1794) ; les conjurés désignés et nommés par Lecointre étaient Barras, Fréron, Courtois, Garnier de l'Aube, Rovère, Thirion, Tallien, Guffroy et Lecointre lui-même.
Date de mise à jour: décembre 2019