Henri, Guy, Pierre, Emile Caillavet
1914 - 2013
Né le 13 février 1914 à Agen (Lot-et-Garonne)
Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Lot-et-Garonne)
Député du Lot-et-Garonne de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la France d'outremer du 10 janvier au 28 juin 1953, Secrétaire d'Etat aux affaires économiques et au plan du 19 juin au 3 septembre 1954,
Secrétaire d'Etat à la marine du 3 septembre 1954 au 20 janvier 1955 Secrétaire d'Etat à l'intérieur du 20 au 25 janvier 1955
Fils de Jean Caillavet, négociant, Henri Caillavet est né le 13 février 1914 à Agen, d'une double ascendance provençale et gasconne. Après ses études secondaires au lycée Bemard-Palissy, il s'inscrit à la Faculté des lettres et de droit de Toulouse, où il obtient sa licence ès lettres (philosophie), son doctorat en droit et sciences économiques, et est diplômé des sciences pénales. A partir de 1938, il est avocat à la Cour d'appel de Paris. Mobilisé en 1939, son engagement dans la Résistance lui vaut d'être arrêté et interné par les Allemands.
Le 2 juin 1946, Henri Caillavet est élu par le Lot-et-Garonne à la seconde Assemblée nationale Constituante, sur la liste du Rassemblement des gauches républicaines, avec 20 588 voix sur 123 262 suffrages exprimés. Il est largement distancé par les candidats communiste (40 816 voix) et M.R.P. (40 752 voix), et l'emporte de peu sur le candidat de la S.F.I.O. qui obtient 20134 voix. Le 26 juin, il est nommé membre de la Commission de la justice et de législation générale et, le 4 juillet, désigné comme juré à la Haute Cour de justice.
En juillet et septembre, il dépose plusieurs propositions de loi relatives à l'indemnité à verser aux médaillés du travail, à la création d'une Caisse nationale des calamités agricoles et à la modification de la législation sur le statut du fermage et du métayage. Le 29 septembre, il est l'un des 106 opposants au projet de Constitution.
Aux élections législatives du 10 novembre 1946, Henri Caillavet améliore sensiblement sa position, au détriment des candidats M.R.P. et S.F.I.O. Sa liste du Rassemblement des gauches républicaines emporte 27 584 voix sur les 117 390 suffrages exprimés, derrière le Parti communiste qui, avec 42 065 voix, obtient deux élus, et le M.R.P. qui ne retrouve que 32 040 voix, tandis que la liste S.F.I.O. ne rassemble plus que 15 701 suffrages.
Durant l'ensemble de la législature, Henri Caillavet fait partie de la Commission des territoires d'outre-mer ; il est également nommé successivement membre des Commissions du travail et de la Sécurité sociale (1948), de la reconstruction et des dommages de guerre (1949-1951) et de l'intérieur (1951). En 1947, il participe aux travaux de la Commission sur les événements survenus en France de 1933 à 1945 et, en 1950, de la Commission chargée d'enquêter sur les incidents survenus en Côte-d'Ivoire. Il dépose huit propositions de loi ou de résolution relatives, notamment, aux rentiers viagers, au taux de la retraite des vieux travailleurs, à l'Office national interprofessionnel des céréales, aux biens des enfants mineurs, à la durée de la semaine légale de travail, à la législation sur l'avortement, aux loyers, au statut des fermages et métayages, aux régimes matrimoniaux, à la sécurité sociale.
Henri Caillavet participe activement aux débats de l'Assemblée, en particulier sur les problèmes de l'outre-mer. C'est ainsi qu'il intervient de façon très argumentée sur les événements de Madagascar (8 mai 1947), sur la politique en Indochine (10 mars 1949, 19 octobre 1950), sur les établissements français dans l'Inde (25 mai 1949), sur les intérêts français au Fezzan (13 décembre), ainsi que sur le double collège électoral dont il demande le maintien (24 avril 1951). Le 22 décembre 1947, il soutient, au nom du groupe radical, le projet gouvernemental de prélèvement exceptionnel pour lutter contre l'inflation. Il préconise une meilleure représentation des intérêts français dans le statut de la Ruhr (30 novembre 1948), et l'organisation d'une consultation nationale sur le projet de réforme électorale (22 février 1951), proposition rejetée comme inconstitutionnelle.
Au cours de cette première législature, il vote la confiance à Ramadier, au moment de la crise avec les ministres communistes (4 mai 1947), contre le statut de l'Algérie (27 août), pour la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), pour le plan Marshall (7 juillet), pour le statut du conseil de l'Europe et la ratification du Pacte atlantique (9 et 26 juillet 1949), contre les projets de réforme électorale instituant le système des apparentements (avril et mai 1951).
Dans sa profession de foi pour les élections de 1951, Henri Caillavet, faisant le bilan de son action parlementaire, se présente comme un libéral, opposé à l'aggravation de la fiscalité, conséquence, à ses yeux, des nationalisations voulues par le général de Gaulle, à la mainmise excessive de l'Etat sur l'économie, et dénonce les prétentions du M.R.P., de la S.F.I.O. et des communistes. Le 17 juin 1951, il rassemble sur son nom 30 025 voix ; la liste du Rassemblement des gauches républicaines et du Parti radical, qu'il conduit, obtenant, avec 23,5 % des suffrages (le même pourcentage qu'en 1946), deux élus. Les listes S.F.I.O. et M.R.P., qui étaient apparentées avec la liste radicale, ont chacune un élu, tandis que le Parti communiste, pourtant largement en tête (33,6 %), n'en obtient aucun, les listes apparentées ayant dépassé la majorité des suffrages exprimés. Le 14 octobre suivant, il est élu conseiller général d'Astaffort (Lot-et-Garonne), mandat qu'il conserve au renouvellement de 1958.
Inscrit, dans la nouvelle Assemblée, au groupe républicain radical et radical-socialiste, Henri Caillavet fait partie des Commission des territoires d'outre-mer (1951, 1954-1955), du suffrage universel (1954), de la production industrielle (1955). Pendant cette législature, il ne dépose pas moins de vingt-quatre propositions de loi ou de résolution, concernant des sinistres survenus dans le Lot-et-Garonne, les régimes matrimoniaux, la réglementation des produits laitiers, le financement d'un fonds national d'allocations vieillesse artisanales, la création d'une caisse de crédit pour l'équipement individuel de la petite et moyenne culture, le statut des personnels de police, etc. Surtout, les problèmes de l'outre-mer le préoccupent. Le 6 mars 1952, il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à engager toutes actions nécessaires pour permettre l'accession de la Tunisie au statut d'Etat associé de l'Union française, proposition qu'il développe devant l'Assemblée le 19 juin suivant. Le 25 octobre 1955, il engage le gouvernement à créer une armée de métier de l'Union française, spécialisée dans la sécurité de l'outre-mer et qui éviterait l'envoi du contingent. Au cours des débats de l'année 1952, il expose son point de vue sur le conflit en Indochine, la nécessité d'y réaliser une réforme agraire véritable et d'obtenir le soutien des alliés de la France dans son combat (19 décembre). En 1953, il interpelle le gouvernement sur la revalorisation des produits agricoles (15 octobre). En 1955, il prend part à la discussion sur les pouvoirs spéciaux en matière économique, sociale et fiscale (29 mars) ; il souligne, à propos des affaires algériennes, la prise de conscience nationale de l'Afrique du Nord, la corrélation entre les événements marocains et algériens, les problèmes posés par la création de la Libye (11 octobre) ; il réaffirme son hostilité au système des apparentements (30-31 octobre).
Henri Caillavet, défenseur de la laïcité, s'oppose aux lois Marie et Barangé (septembre 1951). Il vote pour les projets gouvernementaux sur l'échelle mobile des salaires (8 juillet 1952), pour la ratification du traité instituant la C.E.C.A. (13 décembre 1951). Il vote pour la réforme fiscale et l'institution de la T.V.A. (9 avril 1954), pour la dévolution des biens de presse (20 mai). S'il est absent lors du vote sur la C.E.D. (30 août), il s'y est, par ailleurs, déclaré hostile. Alors membre du gouvernement, il approuve les accords de Genève (23 juillet) et l'entrée de l'Allemagne à l'O.T.A.N. (29 décembre). En 1955, il vote pour l'état d'urgence en Algérie (31 mars), pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (16 novembre), contre le cabinet Edgar Faure (29 novembre).
Membre influent du Parti radical, c'est pendant cette législature qu'Henri Caillavet fut appelé à plusieurs reprises à exercer des responsabilités ministérielles. Le 10 janvier 1953, le président du Conseil René Mayer, radical, lui confie le secrétariat d'Etat à la France d'outre-mer où il remplace le député du Cameroun, Aujoulat, qui occupait ce poste depuis plusieurs années. Il effectue, à ce titre, un important voyage en Afrique noire, du 29 avril au 9 mai. Le gouvernement Mayer est renversé le 21 mai suivant ; Henri Caillavet expédie les affaires courantes de son département jusqu'au 28 juin. Il participe, l'année suivante, au cabinet Mendès-France, dans lequel il occupe trois postes successifs : secrétaire d'Etat aux Affaires économiques et au Plan (19 juin -3 septembre 1954), auprès d'Edgar Faure ; secrétaire d'Etat à la Marine (3 septembre 1954 -20 janvier 1955), auprès d'Emmanuel Temple ; enfin secrétaire d'Etat à l'Intérieur (20-25 janvier 1955), auprès de François Mitterrand. En 1955, il est élu vice-président du groupe parlementaire radical.
Aux élections législatives anticipées du 2 janvier 1956, Henri Caillavet, candidat du Front républicain mendésiste, obtient 24 285 voix. Comme en 1951, sa liste radicale, avec 16,9 % des suffrages exprimés, a deux élus. Il fait partie de la Commission des finances, dont il devient vice-président le 17 juillet 1957. Il est également membre de la Commission des boissons et de la Commission de la marine marchande et des pêches. La plupart des propositions qu'il dépose, de même que ses interventions à la tribune de 1956 à 1958, ont trait aux questions d'ordre économique, financier et fiscal.
Pendant cette période cruciale de la IVe République, se posent les problèmes de discipline au sein du groupe parlementaire radical. A la fin d'octobre 1956, Henri Caillavet, vice-président, fait partie d'un comité qui pose pour principe (d'ailleurs non respecté) la soumission de l'ensemble du groupe à la décision prise par sa majorité lors de tout scrutin important. Il est élu, en 1956 et 1957, représentant de la France à l'Assemblée commune de la C.E.C.A. et, en mars 1958, à l'Assemblée unique des Communautés européennes où il fait partie du groupe des libéraux et apparentés.
Au cours de la troisième législature, il vote pour la troisième semaine de congés payés (28 février 1956), pour la confiance au cabinet Guy Mollet, au moment de Suez (25 octobre), contre la ratification du traité de Rome (9 juillet 1957), contre le projet de loi relatif aux institutions de l'Algérie (31 janvier 1958), pour la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai), contre la confiance au général de Gaulle et contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).