René, Louis Cance
1895 - 1982
Né le 29 avril 1895 à Laroquebrou (Cantal)
Décédé le 30 juillet 1982 à Draguignan (Var)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine-inférieure)
Député de la Seine-inférieure de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
Le père de René Cance, ouvrier sabotier, proche du Parti radical-socialiste, quitte le Cantal en 1900 et vient travailler à Paris comme garçon de restaurant. Il y acquiert un café rue du Bac puis, en 1908, s'établit à Saint-Céré (Lot) dont il devient maire. René Cance obtient son brevet à Saint-Céré et part pour la Seine-inférieure comme instituteur suppléant.
Mobilisé en août 1914 au 17e régiment d'infanterie, il participe à un refus de monter en ligne. Blessé à Verdun, fait prisonnier le 14 juillet 1918, envoyé au camp de Cassel, il travaille dans une mine de sel. Il assiste à la débâcle allemande et aux événements révolutionnaires. Libéré en 1919, il adhère à l'A.R.A.C. et retrouve un poste d'instituteur dans la région havraise puis au Havre.
Secrétaire local des « Amis de l'Union soviétique », René Cance se défend d'être le représentant de l'Internationale communiste dans le port du Havre contrairement a ce qu'avait écrit Krebs, un réfugié politique allemand, dans « Sans patrie ni frontière ». Il obtiendra gain de cause devant le tribunal correctionnel du Havre. Cependant, il adhère au Parti communiste le 6 février 1934 et en octobre 1934 il est candidat dans le canton de Bolbec. Membre du Bureau régional, il devient secrétaire de la section communiste du Havre lors de la création de celle-ci au moment de la constitution du Front populaire. A nouveau candidat en octobre 1937, il enlève le troisième canton du Havre au maire radical de la ville et apporte ainsi au Parti communiste son premier siège à l'Assemblée départementale de Seine-inférieure. Déchu de son mandat à la suite du pacte germano-soviétique, René Cance n'est pas mobilisé à la déclaration de guerre. Placé en résidence surveillée à Gournay-en-Bray (Seine-inférieure), il obtient un poste à Evricourt (Oise) après la cessation des hostilités. Il participe alors à l'activité clandestine du Parti communiste et, révoqué de l'enseignement, il effectue des missions en Touraine, dans la Somme, à Paris, puis dans le Lot et enfin en Corrèze. Il y organise des maquis et devient secrétaire du Front national pour la « Région Cinq » du Parti communiste (Dordogne, Haute-Vienne, Corrèze).
A la Libération, réintégré dans l'Education nationale, il exerce pendant quelques mois les fonctions de secrétaire fédéral de la Seine-inférieure et, réélu Conseiller général, il conduit, dans la seconde circonscription de Seine-inférieure (Le Havre, Dieppe) la liste présentée par le Parti communiste aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante. Avec 26,8 % des suffrages exprimés, le Parti communiste arrive en tête et obtient deux des sièges à pourvoir. Il en ira de même aux élections du 2 juin 1946 où avec 29,5 % des suffrages, René Cance et son suivant de liste sont réélus. Aux deux Assemblées nationales Constituantes, juré à la Haute Cour de justice et membre de la Commission des moyens de communication et des P.T.T., René Cance dépose deux rapports sur des opérations électorales et interroge le ministre de la reconstruction sur les associations syndicales du port du Havre.
Son travail parlementaire s'étoffe après son élection à l'Assemblée nationale le 10 novembre 1946. René Cance conduit à nouveau la liste communiste dans la seconde circonscription de Seine-inférieure et obtient 33,2 % des suffrages exprimés et deux élus. Membre des Commissions des moyens de communication et de la production industrielle (1946), puis des territoires d'Outre-mer (1947), il siège de 1947 jusqu'à la fin de la législature à la Commission de la marine marchande et des pêches. Il dépose de nombreux rapports sur les questions entrant dans les compétences de sa commission et intervient fréquemment en séance sur le budget de la marine marchande. Elu du Havre, en tant que député et Conseiller général, et aussi comme Conseiller municipal à partir de 1947, il plaide pour la reconstruction des villes sinistrées et la réparation des dommages de guerre. René Cance ne retrouve pas son mandat de député à la suite des élections législatives du 17 juin 1951. Les 29,8 % des suffrages qu'il réalise à la tête de la liste du Parti communiste lui donnent à nouveau l'avantage sur les autres formations en présence mais le large apparentement conclu de la S.F.I.O. aux Indépendants en passant par le M.R.P. et les radicaux, dépasse la majorité absolue et se répartit les six sièges à pourvoir.
René Cance se consacre alors à ses mandats locaux et est réélu Conseiller général (1951) et Conseiller municipal du Havre (1953). Aux élections législatives du 2 janvier 1956, il conduit pour la cinquième fois la liste communiste qui obtient 30,9 % des suffrages et deux sièges. Membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, le député de la Seine-inférieure ne dépose qu'une proposition de résolution et deux propositions de loi durant la législature. Il n'intervient pas en séance, réservant l'essentiel de son activité à la ville du Havre dont il devient maire le 30 janvier 1956. Il participe néanmoins aux grands scrutins de la fin de la IVe République. Avec son parti, il vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), contre la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet 1957), contre le gouvernement Félix Gaillard (5 et 12 novembre 1957 et 15 avril 1958). Il s'abstient sur l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958) mais vote l'état d'urgence en métropole (16 mai) puis refuse la confiance au général de Gaulle (1er juin) ainsi que les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
CANCE (René)
Né le 29 avril 1895 à Laroquebrou (Cantal)
Décédé le 30 juillet 1982 à Draguignan (Var)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine-Inférieure)
Député de la Seine-Inférieure de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
Député de Seine-Maritime de 1958 à 1967
Le père de René Cance, ouvrier sabotier, proche du parti radical-socialiste, quitte le Cantal en 1900 et vient travailler à Paris comme garçon de restaurant. Il y acquiert un café rue du Bac puis, en 1908, s'établit à Saint-Céré (Lot) dont il devient maire. René Cance obtient son brevet à Saint-Céré et part pour la Seine-inférieure comme instituteur suppléant.
Mobilisé en août 1914 au 17e régiment d'infanterie, il participe à un refus de monter en ligne. Blessé à Verdun, fait prisonnier le 14 juillet 1918, envoyé au camp de Cassel, il travaille dans une mine de sel. II assiste à la débâcle allemande et aux événements révolutionnaires. Libéré en 1919, il adhère à l'Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC) et retrouve un poste d'instituteur dans la région havraise puis au Havre.
Secrétaire local des "Amis de l'Union soviétique", René Cance se défend d'être le représentant de l'Internationale communiste dans le port du Havre contrairement a ce qu'avait écrit Krebs, un réfugié politique allemand dans Sans Patrie ni Frontière. Il obtiendra gain de cause devant le tribunal correctionnel du Havre. Cependant, il adhère au Parti communiste le 6 février 1934 et en octobre 1934, il est candidat dans le canton de Bolbec. Membre du Bureau régional, il devient secrétaire de la section communiste du Havre lors de la création de celle-ci au moment de la constitution du Front populaire. A nouveau candidat en octobre 1937, il enlève le troisième canton du Havre au maire radical de la ville et apporte ainsi au Parti communiste son premier siège à l'Assemblée départementale de Seine-Inférieure. Déchu de son mandat à la suite du pacte germano-soviétique René Cance n'est pas mobilisé à la déclaration de guerre. Placé en résidence surveillée à Goumay-en-Bray (Seine-Inférieure), il obtient un poste à Evricourt (Oise) après la cessation des hostilités. Il participe alors à l'activité clandestine du Parti communiste et, révoqué de l'enseignement, il effectue des missions en Touraine, dans la Somme, à Paris, puis dans le Lot et enfin en Corrèze. Il y organise des maquis et devient secrétaire du Front national pour la "Région cinq" du Parti communiste (Dordogne, Haute-Vienne, Corrèze).
A la Libération, réintégré dans l'éducation nationale, il exerce pendant quelques mois les fonctions de secrétaire fédéral de la Seine-Inférieure et, réélu Conseiller général, il conduit, dans la seconde circonscription de Seine-Inférieure (Le Havre, Dieppe) la liste présentée par le Parti communiste aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale constituante. Avec 26,8 % des suffrages exprimés, le Parti communiste arrive en tête et obtient deux des sièges à pourvoir. Il en ira de même aux élections du 2 juin 1946 où, avec 29,5 % des suffrages, René Cance et son suivant de liste sont réélus. Aux deux Assemblées nationales Constituantes, juré à la Haute cour de justice et membre de la Commission des moyens de communication et des PTT, René Cance dépose deux rapports sur des opérations électorales et interroge le ministre de la reconstruction sur les associations syndicales du port du Havre.
Son travail parlementaire s'étoffe après son élection à l'Assemblée nationale le 10 novembre 1946. René Cance conduit à nouveau la liste communiste dans la seconde circonscription de Seine-Inférieure et obtient 33,2 % des suffrages exprimés et deux élus. Membre des Commissions des moyens de communication et de la production industrielle (1946), puis des territoires d'outremer (1947), il siège de 1947 jusqu'à la fin de la législature à la Commission de la marine marchande et des pêches. Il dépose de nombreux rapports sur les questions entrant dans les compétences de sa commission et intervient fréquemment en séance sur le budget de la marine marchande. Elu du Havre, en tant que député et conseiller général, et aussi comme conseiller municipal à partir de 1947, il plaide pour la reconstruction des villes sinistrées et la réparation des dommages de guerre.
René Cance ne retrouve pas son mandat de député à la suite des élections législatives du 17 juin 1951. Les 29,8 % des suffrages qu'il réalise à la tête de la liste du Parti communiste lui donnent à nouveau l'avantage sur les autres formations en présence, mais le large apparentement conclu de la SFIO aux Indépendants en passant par le MRP et les radicaux, dépasse la majorité absolue et se répartit les six sièges à pourvoir.
René Cance se consacre alors à ses mandats locaux et est réélu conseiller général (1951) et conseiller municipal du Havre (1953). Aux élections législatives du 2 janvier 1956, il conduit pour la cinquième fois la liste communiste qui obtient 30,9 % des suffrages et deux sièges. Membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, le député de la Seine-Inférieure ne dépose qu'une proposition de résolution et deux propositions de, loi durant la législature. Il n'intervient pas en séance, réservant l'essentiel de son activité à la ville du Havre dont il devient maire le 30 janvier 1956. Il participe néanmoins aux grands scrutins de la fin de la IVe République. Avec son parti, il vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), contre la ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom (9 juillet 1957), contre le gouvernement Félix Gaillard (5 et 12 novembre 1957 et 15 avril 1958). Il s'abstient sur l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958) mais vote l'état d'urgence en métropole (16 mai) puis refuse la confiance au général de Gaulle (1er juin) et vote contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Bien implanté dans sa circonscription de Seine-Maritime (7ème circonscription), le député-maire communiste du Havre décide de solliciter à nouveaux les suffrages de ses concitoyens. Ces derniers le placent largement en tête des suffrages dès le premier tour puisque René Cance recueille 44,4% des suffrages contre 26,3% pour le candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR) et moins de 10% pour ceux de la SFIO et du MRP. Le socialiste Lucien Osmont et le conseiller général UNR Bernard Dairain choisissent de se maintenir au second tour. Cette triangulaire dans laquelle la gauche apparaît divisée n’empêche pas René Cance d’être réélu avec 47,6% des voix face à son adversaire gaulliste (44,1%) et à son adversaire socialiste (8,3%).
À son retour au Palais-Bourbon, le député du Havre logiquement inscrit au groupe communiste mène une activité parlementaire très intense puisqu’il prend la parole près d’une quarantaine de fois en séance publique au cours de la législature. Ces centres d’intérêt sont très variés. Certes, pour l’ancien instituteur à la retraite, l’enseignement demeure un domaine de prédilection. Ainsi, il défend avec ardeur une hausse du traitement des maîtres (en prenant part le 25 mai 1962 aux débats lors d’une question orale sur les instituteurs), déplore l’absence d’enfants de la classe ouvrière dans l’enseignement supérieur (7 juin 1962) ou encore préconise à plusieurs reprises un développement de l’enseignement technique en quoi il voit « la véritable école de la dernière chance hors de laquelle il n’y a que le désoeuvrement, la rue, l’entrée dans la production sans qualification aucune ou ce qu'on appelle l’apprentissage sur le tas », le 28 octobre 1961, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1962. C’est également directement concerné que le communiste – qui se présente lui-même comme « un ancien combattant du Verdun et du Fort de Vaux » – entend défendre la retraite des combattants, en particulier ceux de 1939-1945 âgés de plus de 65 ans (5 novembre 1959 ; 17 décembre 1959 ; 22 décembre 1959 ; 27 octobre 1960, 25 octobre 1961). Prenant part à la discussion du projet de loi de finances pour 1960, René Cance proteste avec ardeur contre l’ordonnance du 30 décembre 1958 par laquelle le général de Gaulle supprime leur retraite aux anciens combattants valides et pourvus du nécessaire. « Leur retraite », estime le député de Seine-Maritime, « c'est un droit imprescriptible qui leur a été conféré par une loi, en 1910, une loi qui, je le rappelle, a été adoptée, dans cette Assemblée, à l'unanimité des 688 votants ». Le maire du Havre souligne enfin à plusieurs reprises les déceptions causées par le Marché commun à la fois dans l’industrie du textile et dans l’agriculture, le 23 juin 1961, lors de questions orales sur le textile cardé et le 7 juillet 1961 pendant la discussion du budget.
La position de René Cance lors des grands débats nationaux est constamment opposée à celle de l’exécutif. Il s’exprime ainsi contre le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959) ; contre le nouveau règlement de l’Assemblée nationale dont il estime qu’il limite les possibilités d’expression des élus de la Nation (3 juin 1959) ; contre la déclaration de politique générale du Premier ministre quelques semaines après que le général de Gaulle a évoqué l’« autodétermination » de l’Algérie (15 octobre 1959) ; contre le projet de loi Debré sur les rapports entre l’Etat et les établissements d’enseignement privés (23 décembre 1959) ; contre les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) ; enfin contre la levée l’immunité de Georges Bidault le 5 juillet 1962. Enfin, le député de Seine-Maritime vote la motion de censure le 4 octobre 1962.
Cette même année, après la dissolution de l’Assemblée nationale, il se représente face aux électeurs du Havre. Dans ses engagements électoraux, René Cance met en avant son activité à l’Assemblée nationale : sa profession de foi le présente comme « le député du département qui est le plus souvent intervenu pour défendre les travailleurs, les anciens combattants et victimes de guerre, l’école laïque, etc. ». Dans cette circonscription très nettement ancrée à gauche où les électeurs ont refusé à plus de 52% le référendum d’octobre, les arguments du député communiste portent. Ainsi, René Cance est réélu dès le premier tour avec 20 557 voix soit près de 53,5% des suffrages face à quatre autres candidats. Le gaulliste Bernard Dairaine a recueilli moins de 27,9% des voix et le socialiste Lucien Osmont 10%.
À son retour l’Assemblée, le député de Seine-Maritime rejoint ses camarades communistes et accède, dès son entrée en fonction, à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Au cours de la législature, René Cance déploie une activité substantielle. Il est l’auteur d’une proposition de loi tendant, dans le secteur privé, à mettre à la charge de l’employeur la rémunération du temps passé par l’apprenti aux cours professionnels dont la fréquentation lui est obligatoire. Il intervient plus d’une vingtaine de fois à la tribune, toujours sur des sujets très divers. Il prend ainsi part à la discussion du projet de loi instituant une prestation familiale d’éducation spécialisée pour les mineurs infirmes (27 juin 1963), au projet de loi sur les ports maritime (avril 1965), aux projets de loi de finances défendant la construction de logements sociaux (octobre 1965) et ses deux domaines de prédilection, l’enseignement (octobre 1963, décembre 1964, octobre 1965) et la retraite des anciens combattants (janvier 1963, octobre 1963, octobre 1964). Lors de l’examen des crédits des anciens combattants pour 1965, le député dénonce ainsi un « budget n’apportant aux anciens combattants aucun espoir d’amélioration prochaine de leur sort » et déplore que ceux de 1939-1945 n’aient toujours pas la même retraite que ceux de 1914-1918.
Dans les grands scrutins publics, René Cance manifeste son opposition systématique aux mesures du gouvernement. Il vote contre la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963), contre le projet de loi relatif à certaines modalités de grèves dans les services publics (26 juillet 1963), contre la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et contre la réforme du service national (26 mai 1965).
En 1967, le maire du Havre choisit de laisser son siège à André Duroméa, son premier adjoint. Celui-ci, métallurgiste et ancien déporté à Dachau, est élu dès le premier tour avec près de 55% des voix. En 1968, il est même l’un des rares députés communistes à conserver son siège. Trois ans plus tard, René Cance lui cède également son mandat municipal du Havre. Il est décédé à Draguignan le 30 juillet 1982 à l’âge de 87 ans.