Narcisse, Achille de Salvandy
1795 - 1856
- Informations générales
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- Né le 11 juin 1795 à Condom (Gers - France)
- Décédé le 16 décembre 1856 à Graveron (Eure - France)
1795 - 1856
Député de 1830 à 1831, de 1833 à 1848 et ministre, né à Condom (Gers) le 11 juin 1795, mort à Graveron (Eure) le 16 décembre 1856, il fit, comme boursier, ses études classiques au lycée Napoléon à Paris, d'où, pour ne pas faire une punition qui venait de lui être infligée, il s'échappa en 1813, et s'engagea dans les gardes d'honneur.
Il prit une part active, en 1813 et 1814, à la guerre de Saxe et à la campagne de France, et fut promu adjudant-major. Entré dans la maison militaire du roi, lors du retour des Bourbons, il suivit, peu après les cours de l'Ecole de droit, et publia, pendant les Cent-jours, quelques brochures libérales. Dévoué dès lors au parti constitutionnel, il fit paraître, sous ce titre: la Coalition et la France (1816), un écrit des plus vifs contre l'occupation étrangère. Les alliés réclamèrent son arrestation ; mais le roi refusa, et, après l'évacuation du territoire, le duc de Richelieu le nomma maître des requêtes au conseil d'Etat. Il collabora, vers la même époque, au Journal des Débats, soutint la politique du duc Decazes et se montra hostile aux tendances des « ultras ». Aussi fut-il destitué de ses fonctions de conseiller d'Etat par M. de Peyronnet, en 1821. Il se démit, deux ans après, du grade d'officier d'état-major qu'il occupait depuis 1815, et entreprit contre les royalistes d'extrême droite une vigoureuse campagne.
Adversaire déterminé du ministère Villéle, il donna en 1824 un roman historique, Don Alonzo ou l'Espagne, histoire contemporaine, qui eut un vif succès. Il publia encore: les Funérailles de Louis XVIII (1824); De l'émancipation de Saint-Domingue (1825); la Vérité sur les marchés Ouvrard (1825); Discussion de la loi du sacrilège (1825); Les Amis de la liberté de la presse (1827); Insolences de la censure (1827); Histoire de Pologne avant et sous le roi Sobieski (1827-1829), ouvrage dans lequel de nombreuses erreurs attestent une étude très insuffisante du sujet.
L'avènement du cabinet Martignac acheva de mettre en évidence M. de Salvandy : il fut chargé, après avoir été réintégré au conseil d'Etat (1828), de soutenir le projet de code militaire devant la Chambre des pairs; il donna sa démission à l'avènement du ministère Polignac, malgré les instances de Charles X. C'est dans la conversation qu'il eut à ce sujet avec le roi qu'il aurait prononcé un de ses mots historiques : « Je ne reculerai pas d'une semelle », lui disait Charles X. « Plaise à Dieu, répliqua-t-il, que Votre Majesté ne soit pas forcée de reculer d'une frontière. » Au mois de juin 1830, au cours d'une fête donnée au Palais-Royal, par le duc d'Orléans à son beau-frère le roi de Naples, M. de Salvandy adressa au duc d'Orléans le mot célèbre:« Voilà, Monseigneur, une fête toute napolitaine ; nous dansons sur un volcan ! ».
S'il ne désira pas la révolution de juillet, il la prépara par ses articles au Journal des Débats, d'une vivacité d'expressions et d'une pénétration remarquables. Rallié à la révolution de juillet une fois accomplie, il reprit sa place au conseil d'Etat réorganisé, et fut élu, le 21 octobre 1830, député du 3e collège de la Sarthe (la Flèche) par 118 voix (222 votants, 308 inscrits), en remplacement de M. Bourdon du Rocher, démissionnaire. Il siégea au centre, s'associa dès lors à tous les actes du parti conservateur, s'opposa aux propositions à tendance démocratique, et reprocha au ministère d'avoir manqué d'énergie pendant les journées du 13 et du 14 février 1831. Non réélu au renouvellement général de cette année, il publia des brochures contre le parti avancé et intervint en faveur des derniers ministres de Charles X.
Le 7 novembre 1833, le 1er collège de l'Eure (Evreux), par 177 voix (342 votants, 434 inscrits), contre 158 à M. Treilhard, ancien préfet, le renvoya à la Chambre. Il remplaçait M. Du Meilet, décédé. Rapporteur de la loi dite de disjonction, il ne cessa de voter avec la majorité conservatrice, et obtint encore sa réélection le 21 juin 1834, par 188 voix (354 votants, 424 inscrits), contre 161 à M. Jacques Laffitte. En 1835, il succéda à Parseval-Grandmaison comme membre de l'Académie française. Lors de la formation du cabinet Molé (15 avril 1837), il accepta le portefeuille de l'Instruction publique, qu'il conserva jusqu'en mars 1839.
Le 26 mai 1837, il avait été remplacé comme député par M. Trutat. Mais il rentra au parlement le 1er juillet suivant comme l'élu du 4e collège d'Eure-et-Loir (Nogent-le-Rotrou), par 165 voix sur 232 votants, contre 66 à M. de Turin, en remplacement de M. Langlois d'Amilly, nommé préfet. Son mandat lui fut encore renouvelé le 4 novembre de la même année, par 180 voix (230 votants, 308 inscrits); puis le 2 mars 1839, par 155 voix (272 votants). Le même jour il était également élu dans le 3e collège du Gers (Lectoure), par 166 voix sur 327 votants, contre 157 au général Subervie. Il opta pour Nogent-le-Rotrou et fut remplacé à Lectoure par le général.
Pendant son passage au ministère, M. de Salvandy améliora le traitement des professeurs, institua des chaires de littérature étrangère dans les départements, et distribua des subventions aux gens de lettres. Il devint ensuite vice-président de la Chambre, et fut nommé, en 1841, ambassadeur en Espagne : à cette occasion, l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou le confirma dans son mandat de député par 155 voix (236 votants), contre 39 à M. Maunoury et 38 à M. de Fougerais.
Réélu à Nogent-le-Rotrou, le 9 juillet 1842, par 163 voix 222 votants, il opta pour Lectoure qui lui avait donné, le même jour, 203 voix contre 159 au général Subervie, lequel le remplaça à Nogent ; il observa, dans certaines questions, une attitude plus indépendante, et fut nommé ambassadeur à Turin (1843) et grand-croix de la Légion d'honneur. N'ayant pas voté la « flétrissure » contre les députés qui étaient allés à Belgrave-Square, il en reçut du roi de vifs reproches dans une visite aux Tuileries, et donna sa démission d'ambassadeur. L'incident fut même porté à la tribune par Thiers, comme inconstitutionnel.
M. de Salvandy rentra cependant dans le cabinet Guizot, du 1er février 1845 au 22 février 1848, comme ministre de l'Instruction publique en remplacement de M. Villemain, et, soumis à réélection, obtint un nouveau mandat le 8 mars avec 211 voix sur 215.
Pour la dernière fois, il fut réélu député le 1er août 1846: à Lectoure, par 239 voix contre 50 à M. Boubée et 12 au général Subervie, et à Evreux par 339 voix (572 votants, 704 inscrits), contre 232 à Dupont de l'Eure. Il opta pour Evreux. Pendant son dernier ministère, il reconstitua le conseil d'instruction publique, créa l'Ecole d'Athènes, restaura l'Ecole des Chartes et présenta divers projets de loi sur la réorganisation des Ecoles de droit et de médecine, et sur l'enseignement secondaire.
La révolution de 1848 rendit M. de Salvandy à la vie privée. Après quelques années passées hors de France, il revint à Paris, resta en relations avec les chefs de l'ancien parti conservateur, prit part aux tentatives de fusion des deux branches des Bourbons, et se fit nommer président de la Société d'agriculture du département de l'Eure où il possédait le château de Graveron : c'est là qu'il mourut en 1856. M. Guizot, qui ne goûtait pas son genre d'esprit, a dit de lui : « Il avait bien des qualités, et il fallait qu'il en eût beaucoup, pour être arrivé à tout, avec tant de ridicules. »
On a encore de lui : Lettres de la girafe au pacha d'Egypte (1834) ; Discours prononcé pour la réception de Victor Hugo à l'Académie française (1841) ; Rapport au roi sur l'état des travaux exécutés depuis 1835 jusqu'à 1847 pour le recueil et la publication des documents inédits relatifs à l'histoire de France (1847), etc.
Date de mise à jour: avril 2018