Louis Becquey
1760 - 1849
- Informations générales
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- Né le 24 septembre 1760 à Vitry-le-François ( - Généralité de Châlons-en-Champagne - France)
- Décédé le 2 mai 1849 à Paris (Seine - France)
1760 - 1849
Député à l'Assemblée législative de 1791, et de 1815 à 1831, né à Vitry le François (Généralité de Châlons-en-Champagne), le 24 septembre 1760, mort à Paris, le 2 mai 1849, il était le fils d'un lieutenant criminel au présidial de Vitry.
Elu député de la Haute-Marne à l'Assemblée législative, le 30 août 1791, après avoir été membre de l'Assemblée provinciale de Champagne et procureur général syndic du département de la Haute-Marne, il siégea dans les rangs des constitutionnels, près de Quatremère, de Beugnot, de Dumas, de Jaucourt, de Ramond, etc. et, bien que sa première motion semblât indiquer un adversaire de la royauté (il demanda que les députés ne fussent pas tenus de rester debout devant le roi quand il viendrait à l'Assemblée), il compta, dans la suite, parmi les plus zélés défenseurs du trône, parla en faveur des prêtres non assermentés, prit la défense de Varnier, receveur des finances, dénoncé par Bazire comme coupable de menées contre-révolutionnaires, combattit Lamarque qui demandait le séquestre des biens des émigrés, et demanda qu'on fît au moins exception pour la fortune des femmes. Il se prononça, le 20 avril 1792, contre la déclaration de guerre : « Pourquoi, dit-il, vouloir nous précipiter dans la guerre? Pourquoi appeler ce fléau cruel? Pourquoi surtout dire qu'elle est inévitable, puisque toutes les puissances ont un intérêt contraire, et qu'elles déclarent qu'elles ne veulent pas nous attaquer ? On suppose un concert entre l'Autriche et la Prusse; sans doute la nation a de justes raisons de se plaindre de cette coalition de rois; sans doute la cour de Vienne a des torts, et nous ne devons pas souffrir qu'elle usurpe notre souveraineté en intervenant dans notre administration intérieure ; mais en supposant que ces puissances refusassent de renoncer à ce concert, serait-ce une raison suffisante pour leur déclarer la guerre? Doit-on la déclarer pour un simple soupçon, pour une menace non fondée? Ce concert n'est qu'un système défensif qu'elles ont adopté plutôt pour elles que contre nous. » Malgré les efforts de Becquey, le décret de déclaration de guerre fut adopté à la presque unanimité, moins sept voix, qui furent, avec celle de Becquey, les voix de Théodore de Lameth, Jaucourt, Mathieu Dumas, Gentil, Baert et Hua. Becquey eut alors de fréquentes entrevues avec le roi, la reine et madame Elisabeth; quand madame de Navarre fut détenue à la prison de la Force, il conçut le dessein de pénétrer dans la prison et de délivrer la prisonnière ; il réussit à faire mettre en liberté avec elle vingt-quatre autres personnes. Pendant la session de la Convention, Becquey, caché tantôt à Vitry, tantôt à Saint-Dizier, vécut dans la retraite, et échappa à toute poursuite.
Revenu à Paris sous le Directoire, il se mit en relations avec les royalistes les plus en vue, conspira activement pour le retour de Louis XVIII, et fit partie d'un comité secret qui correspondait avec l'étranger : ce comité fut dissous au moment de l'élévation de Bonaparte au consulat. Mais après l'établissement de l'Empire, en 1810, il ne fit point de difficulté d'accepter de Napoléon la fonction de conseiller de l'Université. Malgré tout, il gardait une secrète préférence pour la royauté.
Aussi, dès la première Restauration, fut-il nommé (16 mai 1814) « directeur général de l'agriculture, du commerce, des arts et des manufactures », en même temps que son ami Royer Collard devenait directeur général de la librairie. Les ordonnances rendues le même jour les nommèrent aussi l'un et l'autre conseillers d'Etat et membres de la Légion d'honneur. Becquey parut plusieurs fois à la tribune de la Chambre, en sa qualité de directeur général du commerce et ce fut lui qui présenta au nom du gouvernement les projets de loi sur la réforme provisoire du tarif des douanes, sur l'exportation des laines et des grains, le rétablissement de la franchise du port de Marseille, etc. En économie politique, Becquey professait une opinion mixte : il admettait des restrictions à la liberté commerciale, sans se déclarer partisan absolu de la prohibition.
Elu membre de la Chambre des députés, le 22 août 1815, par le collège de département de la Haute-Marne, avec 77 voix sur 139 votants et 217 inscrits, il fut de la minorité de la Chambre « introuvable » avec Laîné, de Serre, Royer-Collard, Colomb, Siméon, etc., et s'inscrivit fréquemment contre certaines propositions inspirées au gouvernement par les « ultraroyalistes » par exemple, contre la loi dite d'amnistie. Il fut réélu le 4 octobre 1816, puis, le 12 septembre 1819, par la même circonscription, et vota avec le ministère pour la censure des journaux et contre la liberté de la presse.
La seconde Restauration l'avait nommé, le 8 mai 1816, sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'intérieur, et cette place ayant été supprimée, il avait pris ensuite celle de directeur des ponts et chaussées. Dans la session de 1819-1820, ainsi que dans les suivantes, il continua de siéger au centre, donna, après quelques hésitations, son suffrage aux deux lois d'exception et au nouveau système électoral, parla contre l'admission du député Grégoire, qui, suivant lui, devait être rejeté comme indigne, et se mêla à la discussion des lois sur les douanes, des lois de finances, du budget, etc.
Jusqu'à la fin de la restauration, Becquey, réélu encore le 25 février 1824 et le 24 novembre 1827, suivit une politique royaliste; des trois ministères qui se succédèrent de 1820 à 1830, et qui eurent pour chefs Richelieu, Villèle et Martignac, celui du duc de Richelieu, répondait le mieux à ses opinions ; cependant il resta, comme fonctionnaire du gouvernement, le collaborateur de Villèle pour toutes les grandes entreprises de travaux publics, routes, canaux, premiers essais de chemins de fer. Son rapport du 4 août 1820 sur la Navigation intérieure de la France présentait d'intéressantes statistiques et l'exposé de tout un vaste projet dont le but était de procurer à la France un système complet de communications par eau. Les ports maritimes, les phares, les mines, furent également l'objet de ses préoccupations.
Le ministère Martignac lui ayant semblé trop engagé dans la voie des concessions au libéralisme, Becquey résigna ses fonctions en mai 1830, et reçut de Charles X, en compensation, les titres de ministre d'Etat, membre du conseil privé et commandeur de la Légion d'honneur. « Il était, dit un de ses biographes, de ceux qui plaçaient dans leurs doctrines le roi avant la charte. » Il se prononça donc pour la résistance aux progrès des idées libérales, vota contre l'adresse des 221, puis, réélu le 3 juillet 1830, continua, quelque temps après la révolution, de siéger dans la Chambre, parmi les députés légitimistes. Il crut même devoir prêter le serment exigé par la loi du 31 août 1830; mais il prit, à partir de cette époque, peu de part aux débats parlementaires. Becquey ne se représenta pas aux élections de 1831. Il vécut dans la retraite jusqu'à sa mort.
Date de mise à jour: août 2020
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