Charles, André Pozzo Di Borgo

1764 - 1842

Informations générales
  • Né le 8 mars 1764 à Alata ( - République de Gênes)
  • Décédé le 15 février 1842 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 19 septembre 1789 au 20 septembre 1792
Département
Corse
Groupe
Constitutionnels

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1791, né à Alata (République de Gênes) le 8 mars 1764, mort à Paris le 15 février 1842, d'une vieille famille noble de l'île, mais sans fortune, il commença ses études sous la direction d'un récollet, le P. Antonio de Grossetto, les acheva à l'Université de Pise, revint en Corse où il se lia avec Napoléon et Joseph Bonaparte, puis avec Paoli qui, après un exil de vingt ans, venait d'être acclamé général de la garde civique (1790). La famille Bonaparte fut blessée de cette préférence, et la lutte qui éclata plus tard entre l'empereur et Pozzo di Borgo trouve là son origine.

Lorsque l'Assemblée constituante eut décrété (30 novembre 1789), sur la demande de Saliceti et de Mirabeau, que la Corse serait régie par les mêmes lois que le reste du territoire français, Pozzo fut chargé d'aller remercier l'Assemblée au nom de ses compatriotes, qui l'élurent peu après (19 septembre 1791) député à l'Assemblée législative, le 3e sur 6, par 228 voix (378 votants). Il appartint au comité diplomatique, et fit, le 16 juillet 1792, un remarquable discours pour engager le roi à repousser par la force des armes tout ennemi de la nation française. Partisan très modéré des idées nouvelles, Pozzo voulait l'alliance de la monarchie héréditaire et des libertés constitutionnelles. Il se tint en relations fréquentes avec Louis XVI, ainsi que le prouva plus tard son compatriote Aréna chargé, après le 10 août, de dépouiller les papiers trouvés aux Tuileries.

Dénoncé comme suspect, il dut se réfugier, en Corse, où la confiance de ses compatriotes l'appela, en 1793, avec Paoli, à partager la responsabilité des affaires. Tandis que la Corse était soumise à un gouvernement mixte, moitié national, moitié anglais, Pozzo occupa les fonctions de secrétaire d'Etat et de président du conseil d'Etat. Il se montra administrateur habile; mais les villes favorables au gouvernement républicain de la France se révoltèrent contre lui, et cette inimitié l'obligea de renoncer aux fonctions dont il était investi. La domination anglaise renversée (octobre 1796), les biens de Pozzo furent confisqués, son nom fut inscrit sur la liste des émigrés, et lui-même dut s'enfuir en Angleterre.

En 1798, il se rendit à Vienne, et prit part à toutes les intrigues politiques qui s'y nouèrent; il entra ensuite au service de la Russie et se consacra dès lors à la diplomatie, qui convenait à la pénétration de son esprit et à la souplesse de son caractère. Il s'efforça de faire entrer l'empereur Alexandre dans une ligue qui avait pour but l'indépendance de la Suisse, la restitution de ses états de terre ferme au roi de Sardaigne, et la constitution, en faveur du prince d'Orange, d'un royaume composé de la Belgique et de la Hollande. Le cabinet de Vienne adhéra à cette idée de coalition, dont la journée d'Austerlitz vint empêcher la conclusion. Pozzo paya d'ailleurs de sa personne sur le champ de la bataille et fut nommé colonel. De retour en Autriche après l'entrevue de Tilsitt, il y fut poursuivi par Napoléon qui réclama vainement son extradition; mais Pozzo jugea prudent de se rendre à Malte, et de là en Angleterre. Chargé par le cabinet anglais de renouer des négociations avec celui de Saint-Pétersbourg, l'infatigable diplomate décida Alexandre à frapper d'une prohibition certaines productions françaises, il lui conseilla aussi de gagner Moreau, et de tâcher de séduire Murat, Eugène Beauharnais et Bernadotte, qu'il accompagna lui-même aux batailles de Dresde et de Leipsig. Au congrès de Francfort-sur-le-Main convoqué par l'empereur de Russie, Pozzo di Borgo joua le premier rôle : il rédigea cette déclaration fameuse qui promettait à la France la liberté avec la paix, et dont Napoléon refusa d'adopter les bases. L'empereur renversé, Pozzo di Borgo invoqua, a-t-on dit, en faveur de son ancienne patrie, l'exécution des engagements contenus dans la déclaration de Francfort; après la déchéance de Napoléon, il fut chargé par les souverains d'aller complimenter en Angleterre Louis XVIII, que le Sénat venait d'appeler au trône.

Pendant les Cent Jours, il se rendit à Gand; en 1815, il fut encore admis dans les conseils des alliés. En 1818, il prit part au congrès d'Aix-la-Chapelle, et il obtint pour la France (1820) un notable allègement aux exigences pécuniaires des envahisseurs; il fut secondé, dans ses démarches, par le duc de Richelieu, avec qui il était intimement lié. Très bien en cour sous Louis XVIII, Pozzo di Borgo fut tenu en moindre estime par Charles X. Il ne s'associa point aux opinions et aux actes des ultras, déconseilla les mesures qui aboutirent aux journées de juillet, se rallia au gouvernement de Louis-Philippe, et mit en œuvre toutes les ressources de son esprit pour éviter entre la Russie et la France une rupture diplomatique. Ambassadeur de Russie en France, il échangea ensuite ce poste contre celui d'ambassadeur à Londres, où il représenta l'empereur Nicolas jusqu'en 1839 ; il demanda alors sa retraite, et vint passer les dernières années de sa vie à Paris où il mourut en 1842. La sœur de Pozzo di Borgo fut mère de MM. Louis et Charles Blanc.

Date de mise à jour: juin 2019