Roger, Léon Anisson-Duperron
1829 - 1908
Fils d'Alexandre-Jacques-Laurent Anisson-Dupéron (1776-1852), député de 1830 à 1845 et pair de France, Roger Léon Anisson-Duperron fut représentant à l'Assemblée nationale de 1871, et député de 1876 à 1881, né à Paris, le 27 avril 1829. Possesseur d'une fortune considérable, grand propriétaire dans l'arrondissement d'Yvetot (Seine Inférieure), il fit en Europe et en Orient plusieurs voyages dont il publia la relation dans le Correspondant.
Jusqu'en 1870, il s'occupa peu de politique. Conseiller d'arrondissement dans la Seine-Inférieure, il fut porté le 8 février 1871, sur la liste conservatrice qui l'emporta dans ce département, et passa, le 11e sur 16, avec 77 282 voix (120 899 votants et 203 718 inscrits). Il se fit inscrire à la réunion du centre droit et vota constamment avec ce groupe. Il prit une certaine part aux discussions politiques et fut notamment l'auteur d'une proposition tendant à interdire aux membres de l'Assemblée de faire partie des conseils de guerre. Cette proposition introduite sous forme d'amendement dans le projet qui appelait le duc d'Aumale à juger le maréchal Bazaine, dut être retirée en présence de l'opposition que lui firent et la gauche et la droite. Il proposa également, à propos de la loi électorale, l'établissement d'un cens de 5 francs par électeur. Mais son influence s'exerça surtout dans ce qu'on a appelé les « coulisses parlementaires » : ce fut chez lui, par exemple, que se réunit, avant le 24 mai, sous la présidence du général Changarnier, le comité directeur « des six » où fut proposé et décidé le renversement de Thiers. Les cinq autres membres de ce comité étaient MM. Amédée Lefèvre-Pontalis, Baragnon, Pradié, Batbie et de Broglie ; là, fut dressé tout le plan de la campagne qui se termina par la journée du 24 mai. M. Anisson-Duperron fut mêlé de même aux conciliabules des « neuf » qui s'étaient donné la tâche de préparer avec les bureaux des quatre groupes de droite, la « fusion » des deux branches des Bourbons, et le rétablissement de la monarchie. Il opina :
- le 1er mars 1871, pour les préliminaires de paix ;
- le 16 mai, pour les prières publiques ;
- le 3 février 1872, contre le retour à Paris ;
- le 23 juillet 1873, contre la dissolution de l'Assemblée, avec les orléanistes.
M. Anisson-Duperron se félicita, dans une lettre rendue publique, d'avoir contribué à « maintenir les séances de l'Assemblée en dehors de l'enceinte tant de fois violée par les infatigables artisans de nos révolutions ».
Rallié à la combinaison du septennat, il appuya toute la série des mesures présentées par le ministère de Broglie, repoussa la dissolution chaque fois quelle fut proposée, vota pour la loi des maires, contre la proposition Périer tendant à l'organisation des pouvoirs publics, mais finit cependant par adopter l'ensemble des lois constitutionnelles (25 février 1875).
Aux élections législatives du 20 février 1876, il se présenta dans la 1re circonscription d'Yvetot, comme candidat « constitutionnel », après avoir échoué le mois précédent aux élections sénatoriales ; il fut élu, au second tour de scrutin, par 6 440 voix contre 5 394 à M. Masurier, républicain (11 902 votants et 15 955 inscrits). Un certain nombre de républicains s'étaient ralliés à sa candidature, dans l'intervalle des deux scrutins, afin d'éviter l'élection du candidat bonapartiste, M. Blanquart de Bailleul. Il fit partie de la minorité de droite, et vota, après le 16 mai, pour le ministère de Broglie.
Réélu, le 14 octobre 1877, toujours dans la même circonscription, avec l'appui officiel du gouvernement du maréchal de Mac-Mahon, par 8 365 voix contre 4 652 au colonel Anfrye, républicain, il s'associa jusqu'en 1881, à tous les votes de la droite monarchiste
- contre l'article 7 et contre l'application des lois existantes aux congrégations non autorisées,
- contre le retour du Parlement à Paris,
- contre le rétablissement du divorce, etc.
Il s'est prononcé, toutefois, contre les doctrines protectionnistes.
M. Anisson-Duperron n'a pas fait partie de la Chambre de 1885.
Depuis le 8 octobre 1871, il était membre du Conseil général de la Seine-Inférieure, pour le canton de Caudebec.