Bernard, François de Chauvelin
1766 - 1832
Membre du Tribunat, député de 1817 à 1823 et de 1827 à 1829, né à Paris (Généralité de Paris, France), le 29 novembre 1766, mort à Paris (Seine), le 8 avril 1832, fils du marquis de Chauvelin, qui fut, sous Louis XV, lieutenant-général, ambassadeur et poète, il fut attaché à la cour de Louis XVI comme maître de la garde-robe, et, au début de la Révolution, se montra partisan des idées nouvelles.
Le crédit de Talleyrand le fit nommer ambassadeur à Londres (1792). Le 12 mai, il présenta à lord Granville une note justificative de la déclaration de guerre adressée par Louis XVI au roi de Hongrie et de Bohême, protesta, le 22, contre une proclamation hostile au roi Georges, réclama, le 25 juillet, l'application uniforme du droit des gens sur mer comme sur terre, en temps de guerre, et se montra, en toute occasion, et dans des circonstances si difficiles le digne représentant des intérêts qui lui étaient donnés. L'exécution de Louis XVI mit fin à sa mission; le gouvernement anglais lui enjoignit l'ordre de sortir du royaume ayant le 1er février. Il revint en France, et fut nommé ministre plénipotentiaire à Florence; n'ayant pu obtenir du grand-duc la reconnaissance de la République, il renonça momentanément aux fonctions publiques et se tint à l'écart jusqu'au 18 brumaire.
Le gouvernement consulaire le nomma membre du Tribunat, à sa création (5 nivôse an VIII); il devint bientôt secrétaire de cette assemblée, et y prit souvent la parole, notamment le 22 janvier 1800, pour pousser à la guerre contre l'Angleterre: « Appelez-en, dit-il, à l'énergie républicaine, au courage, à l'indignation des Français. L'humanité, qui pleure sur les plus brillantes victoires, doit avouer une guerre dont le but est de conquérir la paix. » Il appuya la réduction du nombre des justices de paix, et, après la campagne de Marengo, félicita le premier consul « d'avoir noyé dans des torrents de gloire et d'espérance les derniers levains des passions ». Il combattit (mai 1802) la création de la Légion d'honneur, distinction qu'il traita de « préjugés », et n'en accepta pas moins cette décoration, le 25 prairial an XII; il venait d'être nommé (19 pluviôse) préfet du département de la Lys. L'empereur le nomma conseiller d'Etat le 5 octobre 1810, puis intendant général de la Catalogne.
Le retour des Bourbons l'avait rendu à la vie privée, lorsque le collège de département de la Côte-d'Or, l'élut député, le 20 septembre 1817, par 619 voix sur 1,132 votants et 1,558 inscrits; il prit place à l'extrême-gauche, et ne laissa pas échapper une occasion de combattre d'une parole vive et mordante les tendances réactionnaires du gouvernement et de la majorité ; il défendit la loi militaire Gouvion-St-Cyr (1819), demanda le rappel des proscrits, le renvoi des régiments suisses, défendit la liberté de la presse et la liberté individuelle compromises après l'assassinat du duc de Berry, et sauva, à la majorité d'une voix, la loi électorale de 1817, en se faisant porter presque mourant à la Chambre pour déposer son bulletin de vote en faveur de l'amendement Camille Jordan (V. ce nom). La jeunesse libérale l'acclama au sortir de la séance, mais une manifestation contraire le menaça de coups de bâton. Il fut réélu aux élections du 9 mai 1822, qui lui donnèrent, dans le 2e arrondissement électoral de la Côte-d'Or (Beaune), 255 voix sur 426 votants et 488 inscrits, contre 151 voix à M. Fouquerand. Le ministère parvint à faire échouer sa candidature en 1824, mais le 1er arrondissement électoral de la Côte-d'Or (Dijon), le renvoya à la Chambre, le 17 novembre 1827, par 313 voix sur 597 votants et 655 inscrits, contre 268 voix à M. Saunac.
Fatigué par ces luttes incessantes, M. de Chauvelin donna sa démission en 1829, et se retira à Cîteaux, ancienne abbaye bénédictine qu'il venait d'acquérir. Il essaya d'y établir des ateliers industriels, mais il mourut trois ans après du choléra, pendant un voyage à Paris, avant d'avoir pu profiter de ses nouvelles entreprises.
Date de mise à jour: juillet 2015