Emmanuel, Jean, Jules Chauvière

1850 - 1910

Informations générales
  • Né le 13 août 1850 à Gand (Belgique)
  • Décédé le 2 juin 1910 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 septembre 1893 au 31 mai 1898
Département
Seine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 22 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Seine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1902 au 31 mai 1906
Département
Seine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Seine
Groupe
Socialistes unifiés
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 2 juin 1910
Département
Seine

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 13 août 1850 à Gand (Belgique), mort le 2 juin 1910 à Paris-15e.

Député de la Seine de 1893 à 1910.

Né en Belgique de parents français (son père était directeur des travaux du chemin de fer d'Alost à Gand) Emmanuel Chauvière travailla d'abord comme correcteur d'imprimerie, mais installé à Paris, débuta de fort bonne heure dans l'action politique. En 1868, disciple de Blanqui, il prit part à la manifestation Baudin, et fut condamné à un mois de prison pour blessures à un agent ; en avril 1869, il eut une nouvelle condamnation à six mois de prison pour avoir prononcé un discours contre le Gouvernement impérial, mais fut amnistié au 15 août.

Sergent-major des francs-tireurs de l'Ile-de-France pendant le siège de Paris, il fut, après l'armistice, garde national au 82e bataillon. Secrétaire du général de la Commune, Duval, qui fut pris les armes à la main, le 4 avril 1871, au plateau de Châtillon, il fut condamné à cinq ans de prison et cinq ans de surveillance, et réussit à gagner la Belgique. A Bruxelles, il exerça des professions diverses, fonda le journal Les Droits du Peuple, et organisa l'Association des Cercles réunis. Lors de l'amnistie, il revint à Paris et trouva une place à l'Imprimerie nationale. Il fonda l'Association des chevaliers du travail, et collabora au Cri du Peuple, à La Lanterne, à L'Homme libre, à La petite République. Il avait publié en 1872 un ouvrage intitulé ; l'Histoire devant la Raison et devant la Vérité. Etant retourné en Belgique «pour combattre l'influence de la Cour » et y propager les idées socialistes, il en fut deux fois expulsé.

Après annulation d'une première élection en 1887, il fut élu, le 5 mai 1888, conseiller municipal du quartier de Javel, et le resta jusqu'en 1893.

Il se présenta comme socialiste blanquiste aux élections générales législatives du 22 septembre 1889 dans la deuxième circonscription du 15e arrondissement de Paris. Il subit un échec cuisant en ne recueillant que 1.138 voix contre 1.616 à M. Humbert -et 4.209 au candidat boulangiste Laguerre qui fut élu, sur 7.377 votants.

Il fit de nouveau acte de candidature aux élections générales des 20 août et 3 septembre 1893 dans la même circonscription. Son programme se résumait ainsi : «Triomphe de la République en Europe avec ses conséquences ; décentralisation administrative, autonomie de la Commune, sauf pour tout ce qui peut nuire à l'unité nationale ; intervention de l'Etat en faveur des essais d'émancipation des socialistes et des républicains, partout où ces efforts se produisent ; Etats-Unis d'Europe ; armement général du peuple, bataillons d'adultes, suppression des armées permanentes ; organisations régionales et communales des milices ; permanence des cadres utilisés à des opérations administratives ou à des travaux publics; liberté absolue d'association; laïcisation absolue partout et en tout; le droit commun pour tous ; mandat impératif inscrit dans la loi ; toute-puissance des assemblées primaires légalement organisées. Utilisation du privilège financier de la Chambre pour réduire le Sénat ou application du referendum libre pour connaître le sentiment des citoyens électeurs. »

Il emporta le siège au deuxième tour de scrutin, par 3.705 voix contre 2.917 à M. Laguerre, sur 6.870 votants. Inscrit au groupe des socialistes révolutionnaires, il appartint à diverses commissions spéciales, et manifesta d'emblée une grande activité. Il déposa des propositions de loi: tendant à remettre à l'Imprimerie nationale tous les travaux de l'Etat et à faire exécuter les travaux par les Chambres syndicales ouvrières de la Fédération du livre (1894), sur la faculté du mandat impératif dans l'exercice des fonctions législatives (1894), sur la Caisse des retraites en faveur des invalides et des vieillards (1897), ayant pour objet le relèvement des droits de douane sur diverses matières propres à la fabrication du papier (1897).

Il interpella le Gouvernement sur l'installation du Préfet de la Seine à l'Hôtel de Ville de Paris (1894) ; participa à la discussion: du budget des postes et télégraphes et de la loi de finances de l'exercice 1895 (1895), des interpellations relatives à la révocation d'un trésorier-payeur général et à la prédominance des juifs dans l'administration française, et sur les dangers de l'infiltration incessante de la race juive (1895), du budget de l'Imprimerie nationale et de celui de la guerre de l'exercice 1896 (1895), du budget de l'intérieur et des cultes et de celui de l'Imprimerie nationale de l'exercice 1897 (1896), de l'interpellation sur les mesures à prendre contre le chômage (1897) ; des budgets du commerce, de l'instruction publique et des Beaux-arts de l'exercice 1898 (1897), du projet de loi portant approbation d'une convention passée entre le Ministre de l'Intérieur et la Compagnie fermière de l'établissement thermal de Vichy (1897), du budget de l'Imprimerie nationale de l'exercice 1898 (1898).

Réélu aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, au deuxième tour de scrutin, par 4.653 voix contre 4.152 à M. Chérioux, sur 9.048 votants, il siégea dans diverses commissions et notamment à celle du suffrage universel. Il présenta plusieurs propositions de loi: sur la Caisse des retraites en faveur des infirmes et des vieillards (1898), tendant à la création d'un bureau de contrôle des papiers fabriqués en France (1898), ayant pour but d'organiser la gratuité de l'enseignement secondaire pour les chefs de famille et tuteurs ne disposant pas de ressources suffisantes (1899), tendant à créer dans le quartier de Javel un bureau de postes, télégraphes et téléphones (1901 et 1902), tendant à autoriser une loterie en faveur de la «Société de l'allaitement maternel et des refuges-ouvriers pour les femmes enceintes» (1902). Il se fit entendre à la tribune au cours de la discussion : des budgets des cultes, de l'instruction publique, de l'Imprimerie nationale, de la guerre et de la loi de finances de l'exercice 1899 (1899), des budgets de l'intérieur, des cultes, de l'Imprimerie nationale, des Beaux-arts, des postes et télégraphes et de la guerre, de l'exercice 1900 (1900), de la proposition de loi relative au placement des employés et ouvriers (1900), des budgets de l'intérieur, de l'instruction publique, de l'Imprimerie nationale, des postes et télégraphes et de la guerre de l'exercice 1901 (1900), du projet et des propositions de loi concernant le contrat et le droit d'association (1901), du projet et des propositions de loi concernant les Caisses de retraites ouvrières (1901), des budgets de la justice et des postes et , télégraphes de l'exercice 1902 (1902).

Il retrouva son siège aux élections générales des 27 avril et 11 mai 1902, au deuxième tour de scrutin, par 6.228 voix, contre 4.297 à M. Thiébaut, sur 10.717 votants. Membre de diverses commissions et notamment de la Commission relative au régime du gaz de Paris, et de la Commission du travail, il fut l'auteur de diverses propositions de loi et divers projets de résolution : ayant pour objet l'assimilation des ouvriers et employés de la navigation, quant à la durée des heures de travail, aux autres corporations ouvrières (1903), tendant à établir définitivement la Caisse des retraites des employés et ouvriers de l'Imprimerie nationale (1903), tendant à la fixation d'un salaire minimum journalier de 5 francs pour les ouvriers, ouvrières et employés du petit personnel du garde-meubles (1904), tendant à autoriser une loterie, dite nationale, en faveur de la crèche de la rue Violet, du dispensaire de la rue de la Convention, et du sanatorium pour enfants faibles d'Isches (Vosges) (1904), ayant pour objet d'assurer définitivement à l'Imprimerie nationale les impressions des Ministères et des Administrations centrales (1904), concernant le marchandage (1905), interdisant la publication des débats correctionnels (1905), ayant pour objet de placer sous l'autorité des Conseils municipaux les services de bateaux à voyageurs, et de mettre sous le droit commun les ouvriers et employés de ces services (1905), tendant à ramener les lois qui accordent aux sous-officiers la plupart des emplois administratifs, au principe de la déclaration des droits de l'homme, qui n'admet d'autres obstacles au recrutement des employés de l'Etat et des villes que le manque de vertu et de talent (1905), portant création aux abattoirs de la rive gauche d'un bureau de poste complet (1905). Il prit part en outre aux débats sur : le budget du commerce et de l'industrie et la loi de finances de l'exercice 1903 (1903), des propositions de loi sur l'assistance aux vieillards, aux infirmes et incurables (1903), les budgets de l'Imprimerie nationale et des Beaux-arts de l'exercice 1904 (1903), le projet de loi adopté par le Sénat, concernant la contribution des patentes (1903), le projet et les propositions de loi tendant à l'établissement d'un impôt sur le revenu (1904), le budget de l'Imprimerie nationale de l'exercice 1905 (1904), les propositions de loi concernant les Caisses de retraites ouvrières (1905), les budgets de l'Imprimerie nationale, des Beaux-arts et des postes et télégraphes de l'exercice 1906 (1905).

Ses électeurs lui restèrent fidèles aux élections générales du 6 mai 1906 où il emporta son siège au premier tour de scrutin, par 6.979 voix, contre 2.842 à M. d'Aramon et 2.124 à M. Chéradame, sur 12.533 votants. Inscrit au groupe des socialistes unifiés, il appartint à diverses commissions spéciales. Il déposa trois propositions de résolution, la première tendant à ce que les peines accessoires, notamment l'interdiction de séjour, ne soient pas appliquées aux délits de grève, de presse ou d'opinion (1910), la seconde tendant à interdire aux propriétaires d'immeubles sinistrés de profiter de la crise pour augmenter les loyers ou, en cas de refus, de procéder à l'expulsion de leurs locataires eux-mêmes sinistrés (1910), la troisième ayant pour objet d'inviter le Gouvernement à engager des négociations avec la Suisse en vue d'apporter des modifications à la Convention de Berne du 20 octobre 1906, en ce qui concerne les magnétos (1910). On l'entendit au cours de la discussion : du budget des postes et télégraphes et de la loi de finances de l'exercice 1907 (1906), des budgets du commerce, des beaux-arts, des services pénitentiaires, des colonies et de l'Imprimerie nationale, de l'exercice 1908 (1907), des budgets de l'Imprimerie nationale de l'agriculture, de l'intérieur, des services pénitentiaires et de la guerre, de l'exercice 1909 (1908), des propositions de loi tendant à modifier le tarif général des douanes (1909), des budgets de l'intérieur, des services pénitentiaires, de l'agriculture, de l'Imprimerie nationale, des travaux publics, de la guerre, de la marine et de la loi de finances de l'exercice 1910 (1909 et 1910).

Il fut encore réélu aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, au deuxième tour de scrutin, par 5.151 voix contre 4.609 à M. Chérioux et 4.051 à M. d'Aramon, sur 13.957 votants, mais n'eut pas le temps de siéger. Il mourut le 2 juin de la même année, dans l'arrondissement qu'il représenta pendant dix-sept années. Il était âgé de 60 ans. Son décès fut annoncé à la Chambre à la séance du 3 juin, par le Président Henri Brisson : « Au dehors, déclara-t-il, sa vie se passait à créer, à diriger en partie, à développer des œuvres philanthropiques de toute sorte, où il était aidé du concours de Mme Chauvière, non moins passionnée que lui pour faire le bien : allaitement maternel, dispensaires, crèches, son activité s'étendait à toutes ces créations si utiles, si bienfaisantes et, dans toutes celles dont il s'occupait personnellement, on sentait l'influence de son amour du peuple et de sa bonté. Aussi, les malheureux le pleureront comme nous le regrettons nous-mêmes, et c'est là un cortège qui vaut tous les autres. »

Il fut incinéré, au cimetière du Père-Lachaise.