Jean-Charles Persil
1785 - 1870
Député de 1830 à 1839, ministre, et pair de France, né à Condom (Généralité de Bordeaux) le 13 octobre 1785, mort à Antony (Seine) le 10 juillet 1870, « fils de Jean-Joseph Persil, négociant et bourgeois, et de demoiselle Marie Denux », il se destina au barreau, vint de bonne heure à Paris, fit son droit en un an et fut reçu docteur l'année suivante (1806).
Un ouvrage qu'il publia (1809) sur le Régime hypothécaire, bientôt suivi des Questions sur les privilèges et les hypothèques (1812), le mit en évidence. Il songea d'abord à l'enseignement du droit, et concourut inutilement pour une chaire aux facultés de Grenoble et de Paris. Il entra alors au barreau et acquit une solide réputation de jurisconsulte. En même temps, il prenait part aux luttes du parti libéral sous la Restauration, et défendait devant la cour des pairs son ami M. Bavoux.
Le 23 juin 1830, il débuta dans la carrière parlementaire, comme député du 2e arrondissement du Gers (Condom), élu par 126 voix (228 votants, 268 inscrits), contre 97 à M. de Burosse. Il protesta contre les Ordonnances, accompagna à Neuilly Dupin, chargé d'offrir au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume, et concourut à l'établissement de la monarchie de juillet.
Nommé procureur général près la cour royale de Paris, il dut se représenter devant ses électeurs qui lui renouvelèrent son mandat, le 8 novembre 1830, par 188 voix (200 votants, 288 inscrits). Le 5 juillet 1831, ce fut le 4e collège du Gers, celui de Lombez, qui le réélut par 99 voix (190 votants, 226 inscrits), contre 86 à M. de Panat, légitimiste.
M. Persil, en sa double qualité de député et de magistrat, ne cessa de donner des gages à la politique conservatrice, et combattit avec une singulière vivacité le parti démocratique et libéral. La Fayette disait de lui qu'il était « furieux de modération ». Il poursuivit sans relâche les clubs, les journaux républicains, dénonça des complots, multiplia les procès, et se montra si rigoureux que, plus d'une fois, le jury refusa de s'associer aux mesures dont il requérait l'application.
Appelé par le choix personnel de Louis-Philippe à remplacer M. Barthe au ministère de la Justice et des Cultes (4 avril 1834), il fut réélu député, à la suite de cette promotion, le 15 mai suivant, par 111 voix (203 votants, 244 inscrits), puis, le 21 juin 1834, dans trois circonscriptions :
1° dans le 4e collège de la Corrèze (Ussel), par 98 voix (176 votants, 211 inscrits), contre 59 à M. de Valon ;
2° dans le 2e collège du Gers (Condom), par 184 voix (357 votants, 485 inscrits), contre 165 à M. Pagès ;
3° dans le 4e collège du Gers (Lombez), par 127 voix (213 votants, 244 inscrits), contre 86 à M. Domezon.
Il opta pour Condom et fut remplacé à Lombez par M. Troy, et à Ussel par M. Camille Périer.
M. Persil conserva son portefeuille jusqu'au 22 février 1836, et le reprit du 6 septembre au 15 avril 1837, dans le cabinet Molé. Ayant donné sa démission, motivée sur le refus de M. Molé de dissoudre la Chambre, il reçut en dédommagement la présidence de la commission des monnaies. Mais, peu de temps après, son entrée dans la coalition et la guerre acharnée qu'il fit au président du conseil forcèrent celui-ci, au commencement de 1839, de le destituer.
Comme député, M. Persil fut encore réélu, le 15 octobre 1836, à la suite de son entrée au gouvernement, par 222 voix sur 241 votants et le 4 novembre 1837, par 249 voix (358 votants, 583 inscrits), puis, le 2 mars 1839, par 308 voix (328 votants). Nommé, le 20 septembre suivant, président de la commission des monnaies et médailles, il fut remplacé à la Chambre, le 26 octobre, par son fils Joseph Eugène Persil.
Il fut appelé à la pairie le 7 novembre 1839. Dans l'intervalle, M. Persil avait adressé au Journal des Débats son mea culpa (25 avril), et déclaré qu'il se ralliait plus étroitement que jamais au parti conservateur. Aussi fut-il réintégré presque aussitôt dans ses fonctions lucratives à l'hôtel des monnaies. À cette occasion, le comte Duchâtel avait écrit au président du conseil : « Persil a dû vous voir ; il est très pressé pour son affaire, et demande à grands cris une solution. Il a écrit au roi qui m'a parlé hier et me semble assez disposé à lui rendre la Monnaie. Je crois que ce serait d'un bon effet. Il serait déplorable que Persil reprît sa carrière du barreau; nos adversaires eu tireraient grandement parti contre nous. Il m'a dit lui-même qu'il était fort disposé à cette réparation. »
M. Persil soutint jusqu'en 1848, de ses votes et de ses discours, le gouvernement de Louis-Philippe, et fut rendu à la vie privée par la révolution de février : toutefois il accepta le poste de conseiller d'Etat le 31 juillet 1852.
Grand officier de la Légion d'honneur depuis le 24 avril 1845.
Les sévérités de ce magistrat envers la presse autant que les imperfections physiques de sa personne lui valurent fréquemment les railleries des journaux satiriques : M. Persil était surtout la cible des caricaturistes, qui lui prêtaient un nez gigantesque en forme de scie, avec cette légende : Le père scie. Une autre fois, on annonça sa mort, en ces termes : « M. Persil est mort pour avoir mangé du perroquet. »
Date de mise à jour: octobre 2017