Théodore, Simon Jouffroy
1796 - 1842
- Informations générales
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- Né le 7 juillet 1796 à Les pontets (Doubs - France)
- Décédé le 1er mars 1842 à Paris (Seine - France)
1796 - 1842
Député de 1831 à 1842, né aux Pontets (Doubs) le 7 juillet 1796, mort à Paris le 1er mars 1842, il était le fils d'un percepteur des Pontets.
De complexion faible et maladive, d'un caractère doux et inquiet, il manifesta, dès son enfance, cette mélancolie qui fut plus tard un des charmes de son enseignement, et qui trahissait une âme plus tendre que forte, plus sincère que décidée. Il commença ses études au collège de Nozeroy, les poursuivit (1807) au collège de Lons-le-Saulnier, sous la direction de son oncle, l'abbé Jouffroy, et les termina au lycée de Dijon en 1811. Ses dispositions remarquables pour les études littéraires frappèrent ses maîtres, qui le préparèrent à l'Ecole normale; il y fut admis en 1814.
Le jeune Jouffroy fit à l'Ecole la découverte de son incrédulité, et ce fut là, a-t-il écrit lui-même (Nouveaux mélanges philosophiques), ce qui décida de la direction de sa vie. « Ne pouvant supporter l'incertitude sur l'énigme de la destinée humaine, n'ayant plus la lumière de la foi pour la résoudre, il ne me restait que les lumières de la raison pour y pourvoir. Je résolus donc de consacrer tout le temps qui serait nécessaire et ma vie s'il le fallait à cette recherche; c'est par ce chemin que je me trouvai amené à la philosophie, qui me semble ne pouvoir être que cette recherche même. » Il prit d'abord pour guide Victor Cousin ; mais ses premiers efforts demeurèrent stériles. Du moins il conquit brillamment le grade de docteur ès lettres avec deux thèses : Du beau et du sublime, De la causalité, dont le mérite le fit charger presque aussitôt de conférences à l'Ecole normale.
Admis, en 1817, à l'agrégation de philosophie, il professa la philosophie en même temps à l'Ecole normale et au collège Bourbon; mais ayant épuisé sa santé à rechercher une méthode et à éclairer les points obscurs de la psychologie, il dut solliciter un congé. Bientôt après, la suppression de l'Ecole normale (1822) le laissa sans emploi. Jouffroy ouvrit alors chez lui un cours auquel se rendirent avec empressement de nombreux auditeurs.
Son entrée au journal le Globe et l'article fameux qu'il y publia : Comment les dogmes finissent, marquèrent une phase nouvelle du développement de son esprit. Une traduction des œuvres de Dugald-Stewart, parue en 1827, avec une très remarquable Préface, une autre de Thomas Reid, suivie des leçons de Royer Collard, recueillies et rédigées par Jouffroy, achevèrent de le mettre en évidence. Le ministère Martignac le rendit à l'enseignement. Nommé professeur suppléant de philosophie ancienne à la Sorbonne, il rentra aussi à l'Ecole normale, qu'on venait de rétablir.
En 1830, après la révolution de juillet, le duc de Broglie lui donna la suppléance du cours d'histoire de la philosophie moderne. Ce fut là qu'il professa son cours de droit naturel.
Vers la même époque, il aborda, sous les auspices du gouvernement de juillet, la carrière politique, et se fit élire (5 juillet 1831), par 84 voix sur 135 votants et 150 inscrits, député du 5e collège du Doubs (Pontarlier). Membre de la majorité conservatrice, il mit toute son influence et tous ses votes au service du pouvoir, et prit plusieurs fois la parole à la Chambre, notamment pour demander sans succès le changement du règlement sur les pétitions. Il s'étonnait de la multiplicité des questions proposées et de la rapidité des décisions prises.
En 1833, il entra à l'Académie des sciences morales. Réélu député, le 21 juin 1834, par 91 voix (134 votants, 152 inscrits), contre 41 à M. Spierenail, il échangea son cours de l'Ecole normale pour une chaire de professeur au Collège de France, fonctions qu'il résigna en 1837 pour devenir titulaire de la chaire de philosophie de la faculté des lettres. Cependant la mélancolie naturelle de son caractère avait augmenté, et les attaques de la presse n'y étaient pas étrangères. L'état précaire de sa santé l'obligea à faire un voyage en Italie, après avoir obtenu sa réélection comme député, le 4 novembre 1837, par 117 voix (173 votants, 198 inscrits). De retour en 1838, il voulut reprendre son cours et n'y obtint que peu de succès. L'année suivante, il fut obligé de l'interrompre.
A la Chambre, chargé, en 1840, de la rédaction de l'Adresse, il voulut formuler pour le ministère nouveau un programme nouveau; mais la majorité et le ministère rejetèrent cette innovation. Ses forces diminuaient progressivement. Ce fut en vain que le gouvernement l'appela en 1840 à remplir au Conseil supérieur de l'Université la place qu'y laissait vide la mort de Victor Cousin, et qu'il le nomma, la même année, au poste de conseiller à la cour de Besançon : Jouffroy ne put jouir longtemps de ces places. Son état mental empirait sans cesse.
Confirmé dans son mandat législatif, le 4 avril 1840, par 147 voix sur 173 votants, il mourut en mars 1842, après s'être recueilli, pendant les derniers jours, dans une solitude complète. Il fut remplacé à la Chambre, le 9 avril suivant, par M. Demesmay.
Comme orateur, Jouffroy, qui manquait surtout de vigueur et d'action, possédait cependant d'éminentes qualités : sa parole était simple, son timbre clair et ému, son accent persuasif. Comme écrivain, la pureté de la diction, le caractère élevé de la pensée et l'émotion poignante qu'il communique parfois au lecteur le placent au premier rang. Comme philosophe et moraliste, il n'innova guère, et s'il a soulevé beaucoup de problèmes, il n'en a résolu aucun, ce qui a fait le désespoir de sa vie.
Jouffroy était officier de la Légion d'honneur.
Outre un grand nombre d'articles publiés dans les journaux et dans les revues, outre les traductions citées plus haut, on a de Th. Jouffroy : des Mélanges philosophiques (1833); le Cours de droit naturel (1835); de Nouveaux mélanges philosophiques, publiés par Damiron (1842), un Cours d'esthétique 1843), etc.
Date de mise à jour: août 2013