Pierre Claisse
1923 - 2023

- Informations générales
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- Né le 30 novembre 1923 à Cambrai (Nord - France)
- Décédé le 9 septembre 2023 à Amiens (Somme - France)
1923 - 2023
CLAISSE (Pierre)
Né le 30 novembre 1923 à Cambrai (Nord)
Décédé le 9 septembre 2023 à Amiens (Somme)
Député de la Somme de 1986 à 1988
Pierre Claisse naît le 30 novembre 1923 à Cambrai, au sein d’une famille d’enseignants. Il y suit sa scolarité au lycée Paul Duez et y obtient son baccalauréat. Il intègre par la suite, au sein du lycée Faidherbe de Lille, l’une des premières classes préparatoires spécifiques aux concours des écoles nationales vétérinaires (qui apparaissent à partir de 1941). Comme bon nombre de ses camarades, il doit cependant interrompre sa scolarité lorsqu’il est mobilisé. Démobilisé le 31 août 1945, il reprend son cursus au sein de l’école nationale vétérinaire d’Alfort et obtient en 1949 son doctorat. La même année naît de son union avec Jeanne-Marie Dumarquez, son premier enfant. Deux autres naîtront de ce mariage. Docteur vétérinaire de 1949 à 1986, l’homme s’intéresse vite à la politique.
Elu conseiller municipal en 1959 à Villers-Bocage, bourg picard d’environ 650 âmes, puis conseiller général du canton en 1964, il devient l’année suivante premier adjoint du maire Lucien Houllier (1959-1973), puis de Gustave Garbe (1974-1989). Son ascension politique se confirme lorsqu’en 1974 le conseiller général, dorénavant affilié au Centre des démocrates sociaux (CDS), accède à la vice-présidence du conseil général de la Somme.
Assurant la présidence du Syndicat intercommunal à vocations multiples de Villers-Bocage, celle de l’association Les Alençons (fondée en 1973), qui gère plusieurs établissements et services destinés à accompagner de multiples manières les personnes en situation de handicap, sans oublier celle du SIRTOM (ramassage et traitement des ordures ménagères) des cantons de Domart-Bernaville-Villers-Bocage, Pierre Claisse devient administrateur de la fédération des chasseurs de la Somme. Ses fonctions attestent d’un ancrage local renforcé.
Sur le plan national, sa situation est plus contrastée. Ses ambitions sont, un temps du moins, contrariées par l’échec de sa candidature comme « candidat isolé » lors des élections sénatoriales de 1977 face au socialiste Max Lejeune, « l’homme fort de la Somme », ancien ministre sous la IVe République, député depuis le Front populaire, maire d’Abbeville et président du conseil général de la Somme depuis 1947, socialiste qui refuse le programme commun de la gauche en 1972 et rejoint la majorité présidentielle avec l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Pierre Claisse ne renonce toutefois pas à un mandat parlementaire. Au lendemain de sa réélection lors du renouvellement cantonal de mars 1985, les élections législatives de mars 1986 lui offrent une nouvelle opportunité au sein de la liste conduite par André Audinot, député sortant, le seul à avoir résisté au raz-de-marée électoral socialiste et communiste en 1981.
Bien décidée en 1981 à prendre sa revanche sur la gauche, la droite entend bien profiter du scrutin proportionnel de liste départementale à un seul tour. Elle fustige ainsi le cortège des promesses non tenues et des échecs du gouvernement, à savoir « l’échec d’une expérience socialiste marquée par l'appauvrissement des Français, le chômage et l'affaiblissement de la France » (document électoral mars 1986). Rassemblant le Rassemblement pour la République (RPR), l’Union pour la démocratie française (UDF), le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et les non-inscrits, cette liste de « l’Opposition unie » comprend Pierre Claisse. Elle arrive en tête des neuf listes présentées dans la Somme (107 931 voix, 36,8% des suffrages exprimés) et obtient d’emblée trois sièges (André Audinot, Gilles de Robien, Joël Hart), contre deux à la liste de la majorité présidentielle (socialiste) qui obtient 30,6 % des suffrages et un à la liste du Parti communiste (14,5 % des voix). Le décès soudain d’André Audinot, un mois plus tard, victime d’une crise cardiaque à 52 ans, ouvre toutefois les portes du Palais-Bourbon à Pierre Claisse, quatrième sur la liste, qui devient donc député le 19 avril.
Siégeant au sein du groupe UDF et ayant rejoint la commission de la production et des échanges (2 mai 1986), l’élu de la Somme entend s’appuyer sur son expérience de terrain, ainsi que sur sa connaissance des problématiques rurales. Il participe à ce titre au Conseil supérieur de la forêt et devient rapporteur de la proposition de loi relative à l'organisation régionale du tourisme (11 décembre 1986). Egalement rapporteur de la loi tendant à modifier le code forestier afin de favoriser les implantations de golfs (14 mai 1987), il n’oublie pas non plus les attentes de sa circonscription. Il appuie notamment les dossiers de subvention à présenter au conseil général de la Somme dans le cadre de l’extension et la modernisation en cours du Golf club d’Amiens. Il est enfin vice-président du groupe parlementaire chargé d’évaluer les perspectives et les implications du futur lien Trans-Manche, autre enjeu majeur pour un département qui redoute de subir un effet « tunnel » dans le cadre d’une infrastructure à grande vitesse reliant deux pôles, le Nord-Pas-de Calais (connecté à Londres), d’une part, et la capitale Paris, d’autre part.
Candidat unique de la majorité parlementaire dans la nouvelle sixième circonscription de la Somme aux élections législatives de juin 1988, Pierre Claisse centre sa campagne sur les enjeux nationaux et se présente comme le défenseur d’une République libérée de tout « sectarisme » et de toute « duperie » socialistes (document électoral du 5 juin 1988). Toutefois, opposé au député socialiste sortant Jacques Fleury, sa situation est délicate. Au soir du premier tour, le 5 juin, si l’Union du Rassemblement et du centre arrive en tête (104 490 voix) devant la France unie (93 205), le PCF (44 789) et le Front national (21 981), la situation par circonscription appelle à la nuance. Contrairement à Gilles de Robien, Jérôme Bignon, Joël Hart et Gautier Audinot, tous quatre arrivés en tête, Pierre Claisse est dominé dès le premier tour. Sans surprise, Jacques Fleury arrive en tête avec plus de 5 000 voix d’avance (22 123 contre 16 902), soit 45,35% des suffrages exprimés contre 34,65% pour le député UDF. Un « combat » qui promet d’être « difficile » (document électoral du 12 juin) d’autant plus que le communiste, Jean-Jacques Baron, arrivé en 3e position avec 10,91% des scrutins, assure une précieuse réserve de voix à gauche.
Au soir du second tour, le candidat socialiste triomphe avec 56,84% des suffrages exprimés, bénéficiant ainsi du report de voix. Loin d’être personnelle, cette défaite illustre celle d’une droite qui ne conserve que deux sièges remportés de justesse (52% des suffrages exprimés) par le député sortant Gilles de Robien d’une part (2e circonscription), et Gautier Audinot d’autre part, député sortant de l’Isère en remplacement d’Alain Carignon (nommé au gouvernement), candidat in extremis dans la Somme.
Chevalier de l’ordre national du Mérite, officier des palmes académiques, chevalier du Mérite agricole, Pierre Claisse se retire de la vie politique, profondément marqué l’année suivante (1989) par le décès de sa fille Anne, hôtesse de l'air à bord du DC-10 d'UTA, qui a explosé au-dessus du désert du Ténéré, en raison de l’attentat attribué à la Lybie. Son fils Jean-François suit toutefois ses traces comme conseiller municipal d’Amiens et conseiller de l’agglomération d’Amiens Métropole (2001-2008 ; 2014-2020).
Pierre Claisse décède le 9 septembre 2023, à Amiens, à l’âge de 99 ans.