Léon Dagain
1893 - 1958
Né le 11 juillet 1896 à Saint-Loup de la Salle (Saône-et-Loire)
Décédé le 3 janvier 1958 à Paris (15e)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Nièvre)
Député de la Nièvre de 1946 à 1958
Léon Dagain est né le 11 juillet 1896 à Saint-Loup de la Salle, petite commune rurale du canton de Verdun-sur-le-Doubs, non loin de Beaune. Pendant le premier conflit mondial, il est mobilisé dans l'infanterie, et sa conduite lui vaudra d'être décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec une citation. Après ses études, Léon Dagain, qui est titulaire du certificat d'études secondaires, entre comme employé surnuméraire dans l'administration des P.T.T. où il deviendra successivement commis, puis rédacteur, inspecteur et inspecteur principal. Mais, surtout, dès 1917, Léon Dagain adhère au Parti socialiste S.F.I.O.: délégué à la propagande par la Fédération socialiste de la Nièvre (1934), il devient secrétaire fédéral (1939). Le 12 mai 1935, il est élu au deuxième tour au Conseil municipal de Nevers, avec 4 008 voix, sur la Liste républicaine et socialiste (S.F.I.O.) de redressement municipal : à la mairie, il s'occupera tout particulièrement des problèmes de gestion des œuvres scolaires et post-scolaires. Destitué par le gouvernement de Vichy, Léon Dagain, dès septembre 1940, organise la lutte contre les Allemands dans la Nièvre où, en 1942, il est nommé chef départemental de la Résistance P.T.T. (groupe « Vengeance »). Il poursuit son action militante pendant toute la durée des hostilités, est élu secrétaire fédéral du Parti socialiste clandestin en 1942, et sera réélu en 1944, 1945 et 1946. Le 6 juin 1944, Léon Dagain rejoint les maquis, et est nommé membre du Comité départemental de libération de la Nièvre. Cette activité dans la Résistance lui vaut d'être à nouveau décoré de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes et de la Légion d'honneur à titre militaire.
En application de l'ordonnance du 21 avril 1944, l'arrêté du préfet de la Nièvre en date du 14 octobre suivant dissout le Conseil municipal de Nevers nommé en 1941, et rétablit partiellement la municipalité issue des élections des 7 et 12 mai 1935. Léon Dagain devient donc à nouveau conseiller municipal de la préfecture de la Nièvre.
Il sera réélu au Conseil municipal de Nevers lors des scrutins de 1945, 1947 et 1953.
Léon Dagain se présente, le 21 octobre 1945, aux élections pour la première Assemblée nationale Constituante, en tête de la liste S.F.I.O. dans la Nièvre. Deux circulaires électorales éditées à cette occasion par sa Fédération insistent, la première, sur le problème constitutionnel : « Il faut substituer à la Constitution de 1875 une Constitution nouvelle (...) rappelant en tête les principes essentiels de 1789 et 1793 » et la seconde, sur la politique économique, la reconstruction et l'« organisation internationale de la paix ». Avec 30 479 voix sur 124 821 suffrages exprimés, la liste socialiste obtient, à la plus forte moyenne, l'un des quatre sièges à pourvoir dans le département, et Léon Dagain est donc élu : le Parti communiste emporte deux sièges et le M.R.P., un.
A l'Assemblée, Léon Dagain est nommé membre des Commissions des moyens de communication et des P.T.T., et des finances et du contrôle budgétaire. Il intervient à plusieurs reprises dans les discussions parlementaires, et notamment comme rapporteur sur l'article du budget de 1946 consacré aux missions françaises dans les pays anglosaxons (Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis). Suivant la position de son parti, il soutient le processus de nationalisation des banques (2 décembre 1945), de l'électricité et du gaz (28 mars 1946), et des assurances (24 avril) et est partisan de la loi sur la dévolution des biens de presse (6 avril). Enfin, Léon Dagain approuve le projet de Constitution (19 avril).
Mais le rejet de ce projet par le référendum du 5 mai 1946, nécessite la convocation rapide d'une nouvelle Assemblée. Aux élections du 2 juin suivant pour la seconde Assemblée nationale Constituante, Léon Dagain sollicite donc le renouvellement de son mandat, toujours en tête de la liste socialiste S.F.I.O. dans la Nièvre. Celle-ci, avec 27 682 voix sur 125 367 suffrages exprimés, enregistre un certain reflux, mais lui-même peut conserver son siège. Nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, et de celle de la presse, de la radio et du cinéma, Léon Dagain dépose notamment, le 2 août, une proposition de résolution relative aux indemnités servies au personnel des P.T.T.
Le 19 juin 1946, il vote pour la candidature de Georges Bidault comme Président du gouvernement provisoire, et, le 26, pour la confiance au cabinet Bidault. Il est, enfin, partisan du nouveau projet de Constitution (28 septembre 1946).
Lors des élections du 10 novembre 1946 pour la première législature de la IVe République, Léon Dagain conduit, toujours dans la Nièvre, la liste du Parti socialiste S.F.I.O.: les résultats du scrutin font apparaître une certaine remontée de cette tendance, qui réunit 28 509 voix sur 118 547 suffrages exprimés, tandis que la liste communiste perd l'un de ses deux élus au profit de la Liste d'action républicaine, et que le M.R.P. conserve son siège.
Léon Dagain retrouve donc son siège de parlementaire. Il est à nouveau nommé membre de plusieurs Commissions importantes : finances et contrôle budgétaire (1946, 1948, 1951) et moyens de communication (1951). Egalement membre de la Commission chargée d'enquêter sur l'accident de l'avion « Cormoran N.C. 211 », il est encore désigné par la Commission des finances pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises industrielles nationalisées et des sociétés d'économie mixte.
Au cours de cette législature, Léon Dagain ne dépose pas moins de vingt-quatre textes souvent relatifs à la gestion des P.T.T. et au statut des personnels de cette administration. Sa proposition de loi du 14 mars 1947 vise à « fixer le sort du traitement des fonctionnaires suspendus (...) pour activité antinationale et réintégrés dans leur emploi ». Nommé à plusieurs reprises rapporteur ou rapporteur pour avis de la Commission des finances sur différents aspects du budget des P.T.T., Léon Dagain intervient en outre très largement sur les problèmes de financement et de personnel de cette administration.
Le 12 décembre 1946, Léon Dagain vote pour la candidature de Léon Blum comme président du gouvernement provisoire de la République et, le 17, pour la confiance au cabinet Blum. Après l'élection de Vincent Auriol à la Présidence de la République (16 janvier 1947) et la désignation de Paul Ramadier comme Président du Conseil (22 janvier), la crise gouvernementale, qui se développe à partir du printemps, est finalement portée devant l'Assemblée. Le 4 mai, Léon Dagain vote la confiance au gouvernement Paul Ramadier lors du scrutin à la suite duquel celui-ci se sépare de ses ministres communistes. Egalement partisan de l'adoption du projet de statut de l'Algérie (27 août), il vote pour la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948) et soutient le Plan Marshall (7 juillet), la formation du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et le pacte de l'Atlantique (26 juillet). Cette même année, Léon Dagain est élu conseiller général de la Nièvre.
Enfin, le 7 mai 1951, il est partisan de la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements.
Le 17 juin suivant ont lieu les élections pour la deuxième législature : toujours tête de liste du Parti socialiste S.F.I.O. dans la Nièvre, Léon Dagain obtient 20 055 voix sur 117 465 suffrages exprimés et est à nouveau réélu. Ses engagements électoraux insistent tout spécialement sur le danger auquel la République est selon lui, confrontée, entre les « néogaullistes » et les communistes staliniens, « partisans les uns et les autres de la dictature soit d'un homme, soit d'un parti unique ».
A l'Assemblée, Léon Dagain retrouve la Commission des finances et celle-ci le désigne à nouveau pour la représenter au sein de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte (1951, 1953, 1955). Toujours très actif, il ne dépose pas moins de vingt-cinq textes au cours de cette législature, textes le plus souvent relatifs aux problèmes des P.T.T., sur le budget desquels il est également régulièrement nommé rapporteur.
Léon Dagain soutient l'adoption de l'échelle mobile des salaires (20 septembre 1951) mais il s'oppose, le 21, au projet de loi dit « loi André-Marie » sur le compte spécial scolaire et, le 13 décembre, il vote pour la ratification du traité de Paris instituant la C.E.C.A. (pool charbon-acier). Opposé à l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952) puis à celle de Joseph Laniel (26 juin 1953), il se prononce contre le cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954) et contre la confiance au gouvernement Laniel après Diên-Biên-Phû (13 mai 1954). Ayant à nouveau refusé la confiance à Laniel lors du scrutin du 12 juin à la suite duquel le cabinet est renversé, il soutient l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin) et approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet).
Partisan de l'intégration européenne, Léon Dagain se prononce le 30 août suivant, contre l'adoption de la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.). Puis, le 10 décembre, il vote pour la confiance au gouvernement sur sa politique en Algérie, avant d'aprouver, le 29, la ratification des traités de Paris autorisant le réarmement de l'Allemagne et son entrée dans l'O.T.A.N. Enfin le 4 février 1955, Léon Dagain accorde sa confiance à Pierre Mendès-France lors du scrutin sur la situation en Afrique du Nord à la suite duquel le gouvernement est renversé. Opposé à l'investiture d'Edgar Faure (23 février), il se prononce à nouveau contre l'état d'urgence en Algérie (31 mars) et refuse toujours la confiance à Edgar Faure lors du scrutin du 29 novembre sur la date des élections. Le 2 décembre 1955, l'Assemblée nationale est dissoute.
Léon Dagain se présente en tête de la liste du Parti socialiste S.F.I.O. dans la Nièvre aux élections anticipées du 2 janvier 1956 pour la troisième législature de la IVe République, et, avec 23 891 voix sur 123 298 suffrages exprimés, il est à nouveau réélu. Il retrouve alors, comme membre suppléant, puis membre titulaire, la Commission des finances (1956), dont il est élu secrétaire (1956-1957). Le 7 décembre 1957, il prend longuement la parole, comme rapporteur spécial, à propos notamment du déficit du budget des P.T.T. et des remèdes à y apporter.
Partisan de la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), Léon Dagain accorde également, le 25 octobre, sa confiance au gouvernement sur sa politique générale et sur la situation à Suez et en Algérie et il soutient, le 12 juin 1957, la candidature de Maurice Bourgès-Maunoury comme président du Conseil. Il est également partisan de la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet) et de la prorogation des pouvoirs spéciaux en Algérie (19 juillet), mais la dégradation de sa santé lui interdit de prendre part à nombre des scrutins importants qui ont marqué les derniers mois de la IVe République. Il décède en effet le 3 janvier 1958, d'un malaise cardiaque, à l'hôpital Boucicaut de Paris.
Léon Dagain était commandeur du Mérite postal.