Olivier Dassault

1951 - 2021

Informations générales
  • Né le 1er juin 1951 à Boulogne-Billancourt ( - France)
  • Décédé le 7 mars 2021 à Touques (Calvados - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 19 septembre 1988 au 1er avril 1993
Département
Oise
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997
Département
Oise
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 19 juin 2002 au 19 juin 2007
Département
Oise
Groupe
Union pour la majorité présidentielle
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 20 juin 2007 au 19 juin 2012
Département
Oise
Groupe
Union pour un mouvement populaire
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 20 juin 2012 au 20 juin 2017
Département
Oise
Groupe
Union pour un mouvement populaire
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XVe législature
Mandat
Du 21 juin 2017 au 7 mars 2021
Département
Oise
Groupe
Les Républicains

Biographies

Biographie de la Ve République

DASSAULT (Marcel)
Né le 22 janvier 1892 à Paris
Décédé le 17 avril 1986 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)

Député de l’Oise de 1958 à 1986

(suite de la notice biographique sous la IVe République)

Lorsque débute la Ve République à l’automne 1958, Marcel Dassault, riche et influent patron de la société aéronautique portant son nom, continue de s’engager politiquement. L’ancien député RPF des Alpes-Maritimes, devenu en avril 1957 sénateur de l’Oise (en remplacement de M. Robert Séné démissionnaire, et réélu sénateur du même département le 8 juin 1958), reste dans le giron gaulliste. Ayant obtenu l’investiture de l’Union pour la nouvelle République (UNR) dans la 1ère circonscription de l’Oise lors des législatives de novembre, Marcel Dassault est élu député. Il s’impose au second tour, en recueillant, avec l’aide de son suppléant, le médecin et conseiller de l’Union française, Jean Natali, 53,1% des suffrages exprimés. Dans le cadre d’une triangulaire, il a battu le conseiller général socialiste Maurice Segonds et le professeur communiste Antoine-Georges Pelletier. Il s’inscrit au groupe gaulliste et rejoint la commission des finances, des affaires économiques et du Plan. Il approuve le projet de loi qui autorise le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (la loi du 4 février 1960). Il vote contre la motion de censure du 4 octobre 1962.

Lors des législatives anticipées de novembre 1962, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, Marcel Dassault se présente dans la même circonscription de l’Oise. Toujours secondé par son suppléant, le médecin Jean Natali, il est élu dès le premier tour en battant nettement avec 63,8 % des suffrages exprimés ses deux mêmes rivaux de gauche de 1958. Cette deuxième législative permet à Marcel Dassault de consolider son fief politique en ayant recours à des pratiques de « générosité personnelle » bientôt célèbres, ce fameux « Système D » décrié par ses adversaires politiques et consistant pour le député sortant à multiplier les dons sur le terrain lors de la campagne (distribution de cadeaux aux collectivités locales et aux particuliers, restauration des clochers de la ville, abonnement des électeurs à Jours de France…). Une fois réélu, Marcel Dassault s’inscrit au groupe UNR-Union démocratique du travail et rejoint la commission de la défense nationale et des forces armées. Il se montre peu actif à l’Assemblée durant cette législature.

Directeur technique, ingénieur-conseil, conseiller du président au sein de ses sociétés aéronautiques et filiales, Marcel Dassault, qui avait été à l’origine de la série des Ouragans, Mystères et Super-Mystères, joue un rôle important, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, dans la conception puis l’amélioration des Mirages III (1956) et IV (1958) qui équipent l’armée de l’air et constituent, conformément au nouveau dogme gaullien de souveraineté nationale, l’un des piliers de la force de dissuasion française avec les sous-marins SNLE et les missiles du plateau d’Albion. Les Mirages III, qui s’exportent beaucoup à l’étranger, surtout après la guerre des Six Jours qui démontre l’excellence du petit chasseur français à aile delta, font la prospérité de la firme Dassault. Marcel Dassault en vendra 1 412 exemplaires dans vingt-et-un pays. Sa société est en 1966 le plus gros exportateur de toute l’industrie aéronautique française, elle fusionne l’année suivante avec la société Bréguet (qui fabriquera le Jaguar), permettant à Marcel Dassault de contrôler désormais la quasi-totalité de la production aéronautique française.

En plus de ses responsabilités aéronautiques, Marcel Dassault est aussi, depuis l’après-guerre, à la tête d’un important groupe de presse. Directeur-fondateur de l’éphémère hebdomadaire Semaine de France (depuis 1952) et de Jours de France (lancé en 1954 et qui, en 1967, tire à un million d’exemplaires), il prend une participation de 50 % dans Paris-Presse (qu’il conserve jusqu’en novembre 1959), devient le gérant unique de la Société Régie-Jours de France à partir de 1967. Très attaché à ce dernier titre, il en est le rédacteur en chef tout en confiant la direction de l’hebdomadaire à son ami personnel, le général Pierre Guillain de Bénouville, ancien député Républicain social d’Ille-et-Vilaine et député de Paris de 1970 à 1993. L’hebdomadaire, spécialisé dans les têtes couronnées, stars de cinéma et vedettes de la chanson, connaît un grand succès avant d’être bientôt concurrencé par Paris-Match. Marcel Dassault prend lui-même la plume pour rédiger régulièrement la chronique humoristique des « Cafés du commerce ». Editeur depuis la fin 1956 du bi-hebdomadaire L’Oise libérée, fondé à la Libération, le député l’utilise pour consolider son implantation politique dans le département. D’octobre 1965 à septembre 1966, il édite également l’éphémère quotidien 24 heures. A partir de 1968, Marcel Dassault se lance également dans l’immobilier en prenant la gérance de la Société immobilière du Rond-Point des Champs-Elysées, ainsi que d’une autre société du même type à Cannes. Sa société d’électronique construit des calculateurs, des radars, de l’électronique médical pour l’équipement des hôpitaux et ambulances. Fondateur de la Banque commerciale de Paris, dirigée par Albin Chalandon, il décide en 1971 de fusionner cet établissement avec la Banque Vernes. Sur le plan privé, Marcel Dassault voit son épouse enlevée le 22 mai 1964, au retour d’un dîner, par des gangsters qui exigent une rançon. Deux jours plus tard, les ravisseurs sont arrêtés et l’épouse libérée.

A l’occasion des législatives du printemps 1967, Marcel Dassault parvient de nouveau à s’imposer dès le premier tour avec 52 % des voix en dépit de la présence d’un candidat Centre démocrate. Il rejoint le groupe UD.Ve et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Dans les années 1960, le patron de l’aéronautique fréquente le premier cercle du pouvoir gaulliste, à commencer par le Premier ministre Georges Pompidou auprès duquel il favorise l’ascension politique de Jacques Chirac. Marcel Dassault finance les campagnes de nombreux candidats gaullistes et bénéficie d’importants contrats d’armements passés par l’Etat. L’opposition dénonce régulièrement la situation monopolistique dont profiterait le député de l’Oise sur le marché de la défense. Dans tous les cas, l’avionneur est devenu une figure médiatique au point d’entrer dans la culture populaire. En 1967, il inspire ainsi Hergé qui, dans son nouvel album Vol 714 pour Sydney, le représente de manière assez transparente sous les traits du personnage Laszo Carreidas, un fantasque patron de l’aéronautique, très fier de son nouveau supersonique aux ailes à géométrie variable, le jet Carreidas 160, et qui arbore en toutes circonstances un improbable pardessus élimé.

Lors des législatives anticipées de juin 1968, Marcel Dassault, profitant d’une dynamique électorale très favorable à la majorité, s’impose avec l’aide de son suppléant, l’agriculteur Pierre Jacoby, dès le premier tour avec 62,7 % des suffrages exprimés face au communiste Robert Dusert et le socialiste Maurice Segonds. Il s’inscrit au groupe Union des démocrates pour la République (UDR) et reste fidèle à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Le député de l’Oise dépose deux propositions de loi inspirées de l’esprit de la Participation cher aux gaullistes : la première, en décembre 1968, tend à permettre aux salariés d'investir dans l'accession à la propriété les droits résultant de la participation aux fruits de l'expansion des entreprises et à prévoir la collaboration des comités d'entreprise à la mise en œuvre de cette possibilité, la seconde, en avril 1969, tend à permettre aux comités d'entreprise, ou à tout autre organisme qui serait appelé dans l'avenir à se substituer à eux, d'intervenir dans les opérations d'accession à la propriété intéressant un ou plusieurs membres du personnel de l'entreprise. Comme lors des législatures précédentes, Marcel Dassault se montre un député peu assidu, participant rarement aux travaux en commission et aux débats en séance plénière. Il soutient le projet de loi portant création et organisation des régions (la loi du 5 juillet 1970). En 1970, il publie un roman largement autobiographique, Le Talisman, où il rapporte comment il a trouvé son emblème favori, un trèfle à quatre feuilles…

Les législatives du printemps 1973 voient Marcel Dassault, secondé de son suppléant, Jean-Pierre Jordan, battre au second tour son rival de gauche, le pharmacien et conseiller général socialiste Walter Amsallem. Avec 56,5 % des suffrages exprimés, le député sortant est reconduit au Palais-Bourbon. Il retrouve le groupe UDR (qui devient Rassemblement pour la République fin 1976) et siège dans la commission de la production et des échanges. Il soutient le projet de loi dit Royer (la loi du 27 décembre 1973) d’orientation du commerce et de l’artisanat. En avril 1975, Marcel Dassault dépose une proposition de loi tendant à faciliter l’accession des salariés à la propriété des locaux d’habitation destinés à leur usage personnel et la construction d’immeubles locatifs d’entreprise. Il s’oppose au projet de loi dit Simone Veil, relatif à l’interruption volontaire de grossesse (la loi du 17 janvier 1975) et ne prend pas part au vote du projet de loi portant réforme du divorce (la loi du 11 juillet 1975). Il approuve le projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (la loi du 6 janvier 1978).

Lors des élections législatives du printemps 1978, Marcel Dassault retrouve son adversaire de 1973, Walter Amsallem (élu maire de Beauvais à l’occasion des municipales de l’année précédente), qu’il défait dès le premier tour avec 51,1 % des suffrages exprimés avec l’aide de son suppléant, Guy Desessart, conseiller général et maire de Cuvilly. Très populaire dans sa circonscription, qu’il arpente dans son éternel manteau taillé large, il bénéficie du soutien répété de ses électeurs. Si l’opposition dénonce les « enveloppes » généreusement distribuées sur les marchés, le candidat qui se campe en « bienfaiteur » de l’Oise, assume un certain paternalisme électoral. De fait, le député sortant reste fidèle aux recettes efficaces appliquées depuis 1958 : organisation de banquets (où il se fait représenter par son suppléant), subventions pour la construction et/ou l’entretien des terrains de sports, piscines et chenils des mairies de sa circonscription, abonnements à Jours de France et à L’Oise libérée dimanche, réfection des églises, appui aux activités des associations de jeunes et clubs de troisième âge… Reconduit au Palais-Bourbon, il s’inscrit au groupe RPR et rejoint la commission de la production et des échanges. Doyen de l’Assemblée, il prononce comme président d’âge, le 3 avril 1978, l’allocution d’ouverture de la VIe législature. Après avoir donné communication de la composition du bureau d’âge, de la liste des députés élus, des requêtes en contestation d’opérations électorales, il évoque le problème du chômage, lié selon lui à des importations excessives et préconise la création d’un impôt sur les grosses fortunes dont le produit alimenterait la création d’une caisse de financement des investissements. Il revient sur cette idée en mars 1979, en présentant aux députés ce qu’il appelle « un Plan Marshall pour la France » consistant en un impôt de solidarité nationale sur la fortune dont le produit serait utilisé pour le développement des entreprises, avant de suggérer également une aide pour les petits commerçants et la relance de Manufrance. Le même mois, il dépose une proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquête sur la situation de l’emploi et du chômage. Il approuve le projet de loi dit Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (la loi « sécurité et liberté » du 2 février 1981).

Dans le domaine aéronautique, Marcel Dassault reste très actif, continuant, en dépit de son âge avancé, de suivre de près les prototypes dessinés par les bureaux d’études. Après avoir contribué aux travaux sur le Mirage F1 mis en service en 1973 puis sur le Mirage 2000 (le premier vol de ce chasseur au système d’armes très sophistiqué a lieu en 1978), il s’intéresse au début des années 1980 à la conception du Rafale destiné à équiper les forces françaises et européennes. L’aéronautique civile le passionne tout autant. Il participe à l’élaboration des biréacteurs d’affaires Falcon 50 (premier vol en 1976) puis Falcon 900. Seul le Mercure 100 (exploité à partir de 1974) constitue un échec, moins au demeurant pour des raisons techniques qu’à cause d’une conjoncture économique défavorable. Outre ses qualités de visionnaire et ses compétences personnelles, avérées, d’ingénieur aéronautique, Marcel Dassault doit la réussite de son entreprise à sa capacité à s’entourer de collaborateurs efficaces, des ingénieurs aux gestionnaires en passant par les pilotes. Estimant que la qualité a un prix, il rémunère généreusement ses employés et ouvriers, ce qui lui vaut une certaine popularité, y compris parmi les syndicats. Patron de presse, Marcel Dassault s’essaie également au cinéma. Après avoir acheté une salle sur les Champs-Elysées et pris des parts dans la société Gaumont, il produit ses propres films. Sa société est à l’origine des deux longs métrages de Claude Pinoteau La Boum (1980) et La Boum 2 (1982), qui lancent la carrière de Sophie Marceau.

Lors des législatives anticipées de juin 1981, Marcel Dassault résiste efficacement à la « vague rose ». Aidé de son suppléant, le conseiller général et maire de Cuvilly, Guy Desessart, l’industriel est, une fois de plus, élu dès le premier tour avec 53,9 % des suffrages exprimés. Doyen de l’Assemblée, il ouvre à ce titre, le 2 juillet 1981, la première législature de gauche de la Ve République en prononçant un discours concis et prosaïque, assez éloigné des usages, où il évoque le chômage et la situation délicate de certaines industries françaises (moto, appareils photos, meubles, automobile). Il s’abstient volontairement lors du vote du projet de loi portant abolition de la peine de mort (la loi du 9 octobre 1981) et vote contre le projet de loi de décentralisation dit Defferre (la loi du 2 mars 1982) relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions. Il approuve en revanche le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d’invalidité et de veuvage (la loi du 13 juillet 1982). Sur le terrain aéronautique, la firme Dassault est menacée de nationalisation par le nouveau pouvoir de gauche, ravivant le souvenir de l936. L’industriel ne s’oppose pas à cette prise de contrôle de l’Etat, estimant sans doute que ses bonnes relations avec François Mitterrand le protègent de certains excès de la puissance publique. Les conditions de l’opération sont négociées dans les locaux de Jours de France et, moyennant le don à l’Etat de 26 % de ses actions, Marcel Dassault échappe à une nationalisation totale. Au demeurant, le meccano industriel et financier de la société Dassault est à ce point complexe que le gouvernement de gauche peine à sortir gagnant de cette nationalisation partielle.

Marcel Dassault contribue, au milieu des années 1980, au choix de la France de faire cavalier seul avec le Rafale et d’abandonner la logique de coopération européenne autour du projet commun de chasseur multi-rôles (EFA) poursuivi par la RFA, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Il connaît les mêmes difficultés pour faire aboutir l’avion spatial Hermès en raison des tensions avec les autres partenaires européens en dépit du soutien du gouvernement français. Le début des années 1980 est globalement difficile pour la société (échec du Mirage 4000, une version biréacteur du Mirage 2000, auquel Marcel Dassault croyait au point de financer le projet sur fonds propres, mise à l’écart par les Saoudiens du Mirage 2000 au profit du Tornado britannique, baisse des commandes d’armement par l’Etat dans un contexte de restrictions budgétaires), mais Marcel Dassault tient bon et donne de sa personne à l’automne 1985 dans une conférence de presse pour démontrer la bonne santé maintenue de sa firme. Première fortune de France au milieu des années 1980, il dispose d’un patrimoine personnel alors estimé autour de sept milliards de francs. Ce milliardaire discret mais original, à la démarche frêle, emmitouflé été comme hiver dans d’épais lainages, fascine les médias qui rapportent avec amusement son goût présumé pour les romans à l’eau de rose et les films sentimentaux.

Les législatives du 16 mars 1986 se déroulent au scrutin proportionnel départemental de liste. Conduisant la liste RPR-UDF dans l’Oise, Marcel Dassault voit celle-ci arriver en tête avec 42 % des voix, devant celle du parti socialiste avec 31,8 %. L’industriel est reconduit au Palais-Bourbon. De nouveau doyen de l’Assemblée nationale, Marcel Dassault, malade, doit pour la première fois voter par procuration le 16 mars. Il ne peut prononcer son allocution d’ouverture le 2 avril et confie sa lecture au député le plus âgé après lui, Edouard Frédéric-Dupont. Dans ce discours, perçu comme « naïf » par beaucoup de parlementaires et de journalistes, et dans lequel Marcel Dassault demande aux Français de se « retrousser les manches » et de s’entendre enfin sur la politique à mener face au chômage et à la multiplication des dépôts de bilan, s’exprime une dernière fois son aspiration à l’unité nationale et à une certaine forme de justice sociale (il mentionne les lois sociales imposées par de Gaulle à la Libération et la mise en place d’une « démocratie à l’usine »).

Victime d’une mauvaise grippe, Marcel Dassault est hospitalisé à l’hôpital américain de Neuilly dans la nuit du 17 au 18 avril 1986. Alors que le gouvernement de cohabitation, dirigé par Jacques Chirac, prépare la remise sur le marché des parts acquises par l’Etat en 1981, le fondateur du groupe meurt d’un arrêt cardiaque à 94 ans. Disparaît une figure majeure de l’histoire aéronautique française qui, de l’invention de l’hélice Eclair à celle de l’aile Delta du Mirage III, avait transformé l’aéronautique française et mondiale. Ses premières créations avaient participé à la Première guerre mondiale tandis que ses dernières étaient conçues pour la conquête de l’espace. Ingénieur talentueux et très polyvalent, dessinateur, industriel, scénariste, cinéaste, financier, promoteur immobilier, journaliste, cet homme discret et pudique s’est engagé sur chacun de ces terrains avec ses qualités d’imagination, d’anticonformisme, de persévérance et de générosité. Si son parcours de pionnier et patron de l’aéronautique a éclipsé sa carrière parlementaire, celle-ci n’est pas négligeable et s’étale sur près de trente-trois ans de la IVe à la Ve République. Député des Alpes-maritimes de 1951 à 1956, sénateur de l’Oise en 1957-1958, puis député de l’Oise sans discontinuité de 1958 à 1986, il fut le doyen de l’Assemblée de 1978 à 1986. Ses obsèques ont lieu à l’église Saint-Louis-des-Invalides. L’éloge funèbre est prononcé par Jacques Chirac, Premier ministre. La classe politique salue de manière unanime le patron et député disparu. Président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas rend hommage à « l’un des hommes les plus géniaux de ce siècle ». Secrétaire général du RPR, Jacques Toubon loue « un grand Français, d’une qualité humaine exceptionnelle, génial ingénieur et inventeur ». Des responsables communistes, rescapés des camps de concentration comme le disparu, disent également leur émotion, à l’image de Guy Ducoloné, vice-président du groupe communiste à l’Assemblée et ancien de Buchenwald. S’exprime une dernière fois ce lien entre Marcel Dassault et les communistes qui l’avaient sauvé à Buchenwald en lui apportant l’aide de l’organisation clandestine du camp, dirigée par Marcel Paul.

Marcel Dassault est remplacé à l’Assemblée nationale par son suivant de liste, Arthur Dehaine. A la tête de la firme Dassault, le patron défunt est remplacé par son fils, Serge Dassault, un polytechnicien PDG de l’antenne électronique du groupe et conseillé par Pierre Guillain de Bénouville. Titulaire de la Croix de guerre (1939-1945) et de la médaille de l’aéronautique, ainsi que de plusieurs décorations étrangères (Grand Officier de l’Ordre de Léopold II, Commandeur de l’Ordre de Yougoslavie…), Marcel Dassault était Grand’Croix de la Légion d’honneur.