Gaston Dassonville
1893 - 1965
Né le 16 mars 1893 à Lewarde (Nord)
Décédé le 8 mai 1965 à Auchy-les-Mines (Pas-de-Calais)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1946 à 1955
Gaston Dassonville est né à Lewarde, un village situé non loin de Douai, le 16 mars 1893. Mobilisé dans l'infanterie en 1914, il passera ensuite dans l'aviation : sa conduite pendant le premier conflit mondial lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre 1914-1918. Après ses études, Gaston Dassonville entre dans l'enseignement, devient instituteur, puis directeur d'école. Le 1er août 1920, il épouse Simone Deleplancque, qui est également institutrice.
Dès avant l'armistice de juin 1940, Gaston Dassonville s'engage très activement dans la lutte anti-allemande, et déclarera à ce sujet, après la Libération, avoir « écrit plus de 3 000 lettres à ses anciens élèves. Nous sentions déjà qu'il fallait les aider à résister. Puis ce fut l'invasion. Nous avions senti venir, dans le Nord, le coup qui frappait la France. Nous avons résisté tout de suite, en abritant les premiers soldats en retraite... »
Commandant la compagnie des F.F.I. d'Hazebrouck, Gaston Dassonville participe surtout à la fondation du mouvement « Voix du Nord », qu'il dirige, avant d'assurer, sous le pseudonyme de « Timéon », le commande ment de la 1re région des Forces françaises de l'intérieur. « Voix du Nord » avait lancé, le 17 juillet 1943, un appel pour la création d'un « Comité départemental de coordination » de la Résistance, et Gaston Dassonville est donc, tout naturellement, nommé président du Comité départemental de libération du Pas-de-Calais lors d'une réunion qui se tient à Lens dans les derniers jours de novembre 1943.
Inquiété à plusieurs reprises par la Gestapo, Gaston Dassonville joue ainsi un rôle absolument essentiel dans le développement de la Résistance dans le Nord. Organisateur hors pair, il reviendra en ces termes sur son action menée dans une région classée « zone interdite » par les Allemands : « J'ai mobilisé, dans le vrai sens du mot, c'est-à-dire que tous les combattants du Nord ont fourni leur photographie, ont eu leur carte de combattant, ont été inscrits sur des registres (...) ; et je puis vous déclarer qu'en juin (1944) 112 000 hommes étaient inscrits sur nos contrôles dans le Nord et dans le Pas-de-Calais seulement (...). Je suis l'auteur du statut des cadres des F.F.I., que le général Kœnig a ensuite entériné avec très peu de modifications...»
En outre, Gaston Dassonville communique aux Alliés des renseignements très précis sur l'organisation des défenses côtières et les bases de lancement des fusées VI, réussit à récupérer les armes parachutées à Laventie (Pas-de-Calais) pour armer la Résistance et à s'emparer d'importants stocks de dynamite dans les mines, coordonne le sabotage en série des ponts et des écluses « entre l'Epte et la Sambre », c'est-à-dire sur les arrières du front de Normandie, et fait prisonniers quatre-vingt-huit Allemands lors de la libération d'Hazebrouck. Il termine la guerre avec le grade de lieutenant-colonel, et est titulaire de la médaille de la Résistance et de la Croix de guerre 1939-1945.
Gaston Dassonville est désigné au titre du réseau « Voix du Nord », le 8 novembre 1944, comme délégué à l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Paris. Il est nommé membre des Commissions de la défense nationale et de la France d'outre-mer, et prend part, le 7 mars 1945, aux discussions parlementaires sur les problèmes d'intégration des cadres F.F.I. dans l'armée française, déclarant notamment : « C'est avec (...) une inexprimable angoisse que la Résistance a pu constater, depuis la Libération, qu'elle n'était pas comprise et qu'elle était même parfois combattue... » Il intervient encore, le 28 mars, dans la discussion du projet de budget de l'Education nationale pour 1945, puis, le 1er août suivant, à propos des opérations d'épuration.
Tête de liste communiste dans la 1re circonscription du Pas-de-Calais (Boulogne-sur-Mer) aux élections du 21 octobre 1945, pour la première Assemblée nationale Constituante, il est élu à la plus forte moyenne, avec 32 019 voix sur 173 181 suffrages exprimés. Nommé membre de la Commission de la défense nationale et de celle de la reconstruction et des dommages de guerre, Gaston Dassonville est également juré à la Haute Cour de justice, et intervient, dans les discussions parlementaires, à propos des problèmes de reconstruction sur le littoral du Pas-de-Calais. Favorable à la nationalisation des banques (2 décembre 1945), de l'électricité et du gaz (28 mars 1946) et des assurances (24 avril), il vote, le 16 avril 1946, la dévolution des biens de presse, puis, le 19, le projet de Constitution, qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.
Gaston Dassonville sollicite le renouvellement de son mandat, toujours en tête de la liste communiste dans la même circonscription, lors des élections du 2 juin 1946, pour la seconde Assemblée nationale Constituante. Il est réélu, avec 37 298 voix sur 185 105 suffrages exprimés, retrouve, à l'Assemblée, les deux Commissions de la défense nationale et de la reconstruction et est à nouveau nommé juré à la Haute Cour de justice. Il dépose, le 20 août, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder un secours de 2 millions de francs aux familles des pêcheurs de Boulogne-sur-Mer disparus au cours du naufrage de leur chalutier « la Concorde », et suit, dans les scrutins, les positions du Parti communiste, s'opposant, le 19 juin, à l'élection de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire, mais votant, le 26, la confiance au cabinet Bidault et soutenant pour finir le projet de Constitution (28 septembre 1946).
A nouveau réélu, tête de liste communiste, aux élections du 10 novembre 1946 pour la première législature de la IVe République, avec 41 649 voix sur 183 743 suffrages exprimés, Gaston Dassonville siège dans les Commissions de la défense nationale (1946-1951), de la reconstruction et des dommages de guerre (1946), de la marine et des pêches (1949-1951), et est nommé juge titulaire à la Haute Cour de justice (1947). Le 10 janvier 1950, il est élu secrétaire de l'Assemblée nationale, et sera réélu à ce poste le 11 janvier 1951.
Gaston Dassonville dépose, au cours de cette législature, sept textes dont la majorité ont trait à des questions militaires : sa proposition de loi du 19 janvier 1950 tend ainsi à suspendre l'envoi en Indochine d'anciens combattants des F.F.I., et à rapatrier ceux qui y seraient déjà affectés. Il intervient en outre à plusieurs reprises dans les débats de l'Assemblée, notamment, le 30 mai 1947, sur la question de la dévolution des biens de presse.
Favorable à la candidature de Léon Blum comme président du gouvernement provisoire de la République (12 Décembre 1946), le député du Pas-de-Calais vote, le 17, la confiance au cabinet Blum. Mais après la désignation de Ramadier comme président du Conseil (22 janvier 1947) et l'entrée de ministres communistes au gouvernement, la crise ne tarde pas à se développer : le 4 mai 1947, Gaston Dassonville refuse la confiance au gouvernement Paul Ramadier lors du scrutin à la suite duquel celui-ci se sépare de ses ministres communistes. Egalement opposé au projet de statut de l'Algérie (27 août 1947), il soutient la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), avant de se prononcer contre l'intégration occidentale, votant contre le plan Marshall (7 juillet 1948), contre la formation du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et contre le pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949).
Enfin, le 7 mai 1951, il vote naturellement contre la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements.
Gaston Dassonville conduit toujours la liste communiste dans la 1re circonscription du Pas-de-Calais aux élections législatives du 17 juin 1951, et est à nouveau réélu, avec 42 142 voix sur 191 783 suffrages exprimés. Nommé membre de la Commission de la défense nationale (1951) et de celle de la marine marchande et des pêches (1951-1955), il est également réélu juge titulaire à la Haute Cour de justice (1951).
Son état de santé lui interdit cependant de participer très activement aux travaux parlementaires : il dépose trois propositions de loi ou de résolution, et intervient une seule fois dans les débats, le 21 novembre 1952, sur une proposition de loi portant amnistie.
Favorable à l'échelle mobile des salaires (20 septembre 1951), Gaston Dassonville se prononce, le lendemain, contre la loi sur le compte spécial scolaire, puis contre la ratification du traité de Paris instituant la C.E.C.A. (13 décembre 1951). Il refuse la confiance à Antoine Pinay comme président du Conseil lors du vote de l'investiture du 6 mars 1952, la refuse à nouveau à Joseph Laniel le 26 juin 1953, se prononce contre le cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954) et refuse à nouveau la confiance au gouvernement après Diên-Biên-Phû (13 mai). Toujours opposé à la confiance lors du scrutin du 12 juin suivant sur l'Indochine (scrutin ayant entraîné la chute du cabinet Laniel), Gaston Dassonville vote l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin) et approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet).
Le 30 août 1954, il approuve la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense, puis il refuse la confiance au gouvernement sur sa politique en Algérie (10 décembre 1954), s'oppose aux accords de Paris, qui autorisent le réarmement de la République fédérale allemande et son entrée dans l'O.T.A.N. (29 décembre 1954) et refuse à nouveau la confiance lors du vote du 4 février 1955 à la suite duquel le cabinet Pierre Mendès-France est renversé.
Enfin, opposé à l'investiture d'Edgar Faure (23 février 1955), Gaston Dassonville se prononce contre l'état d'urgence en Algérie (31 mars) et contre la réforme électorale rétablissant le scrutin d'arrondissement (16 novembre).
Malade, Gaston Dassonville ne peut pas se présenter aux élections anticipées du 2 janvier 1956 qui suivent la dissolution de l'Assemblée nationale et il abandonne alors volontairement la vie politique. Titulaire de la Médaille militaire, il était officier de la Légion d'honneur.