Arthur Dehaine
1932 - 2020
DEHAINE (Arthur)
Né le 20 juin 1932 à Senlis (Oise)
Décédé le 24 mai 2020 à Senlis (Oise)
Député de l’Oise de 1976 à 1981 puis de 1986 à 2002
Issu d’une famille de charbonniers, Arthur Dehaine nait le 20 juin 1932 à Senlis, dans l’Oise. Après le lycée à Senlis, il suit des études d’expertise comptable et d’audit, ainsi que de droit des affaires à Paris. Il est diplômé de l’Institut de contrôle de gestion. Au terme de son service militaire (1952-1953), il s’installe dans l’Oise comme comptable agréé (1953). Par la suite (et après un rappel sous les drapeaux en Algérie en 1956), il devient expert près les tribunaux de grande instance et de commerce, ainsi que commissaire aux comptes de sociétés (1958), expert près la cour d’appel d’Amiens (1963), secrétaire de la Compagnie des commissaires aux comptes près la cour d’appel d’Amiens (1964) et enfin expert-comptable (1967). Il exerce également comme commissaire aux comptes agréé près la cour d’appel d’Amiens. En juin 1954, il s’est marié avec Micheline Maury. Deux filles naissent de cette union.
De sensibilité gaulliste, Arthur Dehaine, qui a rejoint l’Union pour la nouvelle République (UNR) en 1962, entre activement en politique à partir de mars 1971 quand il devient conseiller municipal puis premier adjoint du maire de Senlis. Lors des législatives du printemps 1973, ce membre du Nouveau Contrat Social d’Edgar Faure (club gaulliste réformiste) est choisi comme suppléant par René Quentier, maire Union des démocrates pour la République (UDR) de Chambly et député de la 4e circonscription de l’Oise depuis 1958. René Quentier est reconduit au Palais-Bourbon avec 50,9 % des suffrages exprimés. En janvier 1974, la démission du maire de Senlis, Jean-Emile Reymond, permet à Arthur Dehaine de devenir le premier édile de la cité. Il le reste jusqu’en 2008. Pendant ses trente-quatre ans de mandat, il contribue à moderniser la ville qui profite du développement économique de l’agglomération parisienne. La création de l’autoroute du Nord qui dessert Senlis à partir de 1964, comme l’ouverture de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle en 1974, créent une conjoncture favorable. De nouveaux quartiers sont érigés en périphérie d’une ville dont la population augmente rapidement (11 000 habitants en 1968, 16 000 en 2008). Une zone d’activité économique et commerciale est créée près de l’autoroute tandis que sont construits des établissements secondaires (comme le lycée Hugues Capet inauguré en 1987), des infrastructures sportives (piscine, gymnase, terrains de football) et une nouvelle gendarmerie. L’hôpital est aussi rénové. Cette modernisation ne se fait pas au détriment de l’héritage médiéval de la vieille ville (lieu de séjour royal) bien préservée grâce à la loi Malraux sur le patrimoine. 42 hectares sauvegardés abritent maisons d’époque et bâtiments religieux (cathédrale gothique) ou militaires (ceinture de remparts). Senlis reste d’abord une ville de garnison jusqu’au départ en 2009 du 41e régiment de transmission (représentant près de 600 emplois militaires et civils). Constamment réélu à la mairie (en 1977, 1983, 1989, 1995 et 2001), toujours au premier tour (sauf en 2001), Arthur Dehaine, membre du comité directeur de l’Association des maires de France depuis novembre 1976, a été une figure de la vie politique municipale de Senlis.
Après le décès de René Quentier le 18 novembre 1976, Arthur Dehaine, devenu conseiller régional de Picardie en mars 1975, le remplace au Palais-Bourbon. Il s’inscrit au groupe UDR, qui devient Rassemblement pour la République (RPR) en décembre 1976, et rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. En mai 1977, il quitte cette dernière pour la commission des finances où il est chef de file du groupe RPR. En avril 1977, il prend part au débat après la déclaration du gouvernement sur la situation et les perspectives de la sidérurgie française. Il s’exprime lors de l’examen des projets de loi de finances sur les questions financières, fiscales et douanières.
Lors des législatives de mars 1978, Arthur Dehaine obtient l’investiture du RPR et se présente dans la même 4e circonscription de l’Oise (qui regroupe les cantons de Betz, Nanteuil-le-Haudoin, Neuilly-en-Thelle, Senlis, Chantilly, Creil-Nogent-sur-Oise, Creil-Sud et Montataire). Bien qu’arrivé en tête au soir du premier tour avec 36,8 % des suffrages exprimés, le député sortant fait face à une gauche puissante représentée par le communiste Maurice Bambier (26,4 %) et le socialiste Jean Anciant (24,7 %). Grâce à une campagne de second tour très dynamique aux côtés de son suppléant, le médecin ophtalmologiste Jean Descamps, et grâce aussi aux divisions entre ses adversaires de gauche, le maire de Senlis l’emporte de justesse le 19 mars 1978 avec 50,26 % des suffrages exprimés. Il reste fidèle au groupe RPR et rejoint la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il la quitte en 1979 pour la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Durant cette législature, il est membre de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes. Il appartient à plusieurs commissions mixtes paritaires et à plusieurs commissions spéciales chargées d’examiner des projets de loi (réglementation de la publicité extérieure et des enseignes, modération du prix de l'eau). Arthur Dehaine est rapporteur spécial du projet de loi de finances pour 1981 (formation professionnelle, postes et télécommunications). Il dépose deux propositions de loi, la première en octobre 1978 tendant à compléter le code des communes afin de créer des délégués suppléants de communes aux comités des syndicats de communes et de prévoir leur participation éventuelle aux délibérations de ces comités, la seconde en octobre 1980 tendant à la suppression de l'interdiction de transformation de locaux d'habitation en locaux professionnels pour l'exercice d'une profession libérale. Le député de l’Oise participe régulièrement aux discussions sur les projets de loi de finances, s’exprimant notamment sur les questions de fiscalité, de travail et de Participation. Il vote en faveur du projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (la loi du 6 janvier 1978). En 1979, il prend position contre la reconduction de la loi Veil. Il soutient le projet de loi dit Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (la loi du 2 février 1981).
En mars 1979, Arthur Dehaine est candidat RPR aux cantonales dans le canton de Senlis mais se retire après le premier tour. Par ailleurs, de janvier à mai 1980, il siège dans le comité régional de tourisme de Picardie. Soutien de Jacques Chirac lors de la présidentielle du printemps 1981, Arthur Dehaine doit affronter une difficile campagne législative en juin 1981 après la dissolution de l’Assemblée nationale par le nouveau président de gauche François Mitterrand. Victime de la « vague rose », le maire de Senlis, bien qu’arrivé en tête au premier tour avec 38,5 % des suffrages exprimés, s’incline au second tour derrière son ancien rival socialiste de 1978, Jean Anciant, qui s’impose avec 57,2 %. La suppléante d’Arthur Dehaine pour ce scrutin était Monique Dreux, technicienne de laboratoire et maire adjointe de Saint-Leu-d’Esserent.
Membre du comité central du RPR à partir de novembre 1984, Arthur Dehaine prend sa revanche lors des législatives de mars 1986 qui se tiennent au scrutin départemental proportionnel de liste. Figurant en quatrième position sur la liste de droite conduite par Marcel Dassault, il retrouve le Palais-Bourbon le 18 avril, après le décès du célèbre patron des usines aéronautiques. Il s’inscrit au groupe RPR et à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, qu’il quitte en septembre 1986 pour la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Durant cette législature, il est chaque année rapporteur spécial du projet de la loi de finances pour les questions touchant aux affaires sociales et à l’emploi. Spécialiste reconnu de la fiscalité, il intervient aussi à l’occasion sur des sujets divers : droits de l’homme et francophonie (octobre 1986), épargne (avril 1987), transparence financière de la vie politique (février 1988). Il vote en faveur du projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France (la loi du 9 septembre 1986). A partir de 1986, il assure les fonctions de trésorier de l’association « Concurrence et Liberté ».
Lors des législatives de juin 1988, après la deuxième dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République François Mitterrand, Arthur Dehaine se représente dans la nouvelle 4e circonscription de l’Oise (redécoupée après la loi électorale de novembre 1986, celle-ci comporte désormais les cantons de Betz, Chantilly, Nanteuil-le-Haudouin, Pont-Sainte-Maxence et Senlis). Avec l’aide de son suppléant, Yves Pingeot, maire de Verberie, Arthur Dehaine s’impose au second tour avec 54,1 % des suffrages exprimés face au socialiste Jean-Pierre Hanniet. Le scrutin a vu la poussée du Front national (FN) qui a atteint 11,5 % au premier tour. Désormais dans l’opposition, le maire de Senlis rejoint le groupe RPR et la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Membre de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes, Il est en 1988 et 1989 rapporteur spécial du projet de loi de finances pour les monnaies et médailles. Il prend part aux débats lorsqu’il est question de sécurité et de transparence du marché financier (avril 1989), de la réforme de certaines professions judiciaires et juridiques (juin 1990), de l'abolition des frontières fiscales à l'intérieur de la Communauté économique européenne en matière de taxe sur la valeur ajoutée et de droits indirects (mai 1992), de l'organisation et de la promotion des activités physiques et sportives (mai 1992). Durant cette législature, il dépose deux propositions de loi relatives à la répartition entre les communes des charges de fonctionnement des écoles publiques accueillant des enfants de plusieurs communes (novembre 1990) et à l'obligation de réserve des fonctionnaires (juin 1992). Il soutient le projet de loi relatif au revenu minimum d’insertion (RMI) (la loi du 1er décembre 1988). Il s’abstient lors du projet de loi constitutionnelle du 25 juin 1992 ajoutant à la Constitution un titre : « De l’Union européenne » (traité de Maastricht). En 1992, il vote contre les projets de lois bioéthiques proposées par le gouvernement.
De 1990 à 1995, Arthur Dehaine assure les fonctions de secrétaire national du RPR chargé des relations avec les groupes parlementaires. En avril 1993, le député sortant se représente dans la même 4e circonscription de l’Oise sous l’étiquette RPR. Dans un contexte politique national très favorable à l’opposition de droite, il s’impose facilement au second tour avec 69,1 % des voix face au candidat du FN Philippe Evrard. Fragilisé par l’échec de la gauche au pouvoir sur le double terrain économique (chômage) et moral (scandales politico-financiers), le candidat socialiste Olivier Deuil a été éliminé dès le premier tour avec 11,7 % des voix. A nouveau dans la majorité, Arthur Dehaine reste fidèle au groupe RPR (il siège au bureau du groupe) et à la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. D’avril 1993 à avril 1997, il assure la vice-présidence de la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes. D’avril 1994 à avril 1997, il préside la commission des immunités. Il est enfin membre titulaire du comité des finances locales. Il intervient dans les débats lorsqu’il est question des privatisations (juin 1993), d’urbanisme et de construction (décembre 1993), de plan d’épargne entreprise retraite (janvier 1997). Il est rapporteur spécial du projet de loi de finances (jeunesse et sports) en 1996 et 1997. Il vote en faveur de la loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale.
Lors de la présidentielle de 1995 qui voit la déchirure entre les rivaux RPR Jacques Chirac et Edouard Balladur, Arthur Dehaine soutient le maire de Paris, dont il est proche. De 1995 à 1997, le député de l’Oise exerce les responsabilités de trésorier du RPR (il est l’un des très rares trésoriers de ce parti à n’avoir pas été mis en examen). A ce titre, il est membre de droit du bureau politique du Rassemblement. Lors des législatives de juin 1997 consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac, il se représente avec l’investiture RPR dans sa 4e circonscription de l’Oise. Son nouveau suppléant est Eric Woerth (ancien président de l’Agence pour le développement de l’Oise jusqu’en 1990, conseiller régional RPR en 1992, maire de Chantilly en 1995, directeur administratif et financier de la campagne présidentielle de Jacques Chirac de 1995 et enfin conseiller parlementaire du Premier ministre Alain Juppé de 1995 à 1997). Arrivé en tête au premier tour avec 34,8 % des suffrages exprimés, le député sortant profite d’une triangulaire avec le socialiste Jacques Dray (qui a obtenu 22 % au premier tour) et le frontiste Philippe Evrard (20,1% au premier tour) pour retrouver facilement le Palais-Bourbon avec 47,6 % des suffrages exprimés au soir du second tour. Il s’inscrit au groupe RPR (il siège au bureau du groupe à partir de juin 1999) et à la commission des finances, de l’économie générale et du Plan (dont il assure la vice-présidence de juin 1997 à octobre 1999).
De juin 1997 à octobre 1998, Arthur Dehaine préside la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée de vérifier et d’apurer les comptes. Il est vice-président du groupe d’étude sur la question du cheval et siège dans la mission d'information commune sur les obstacles au contrôle et à la répression de la délinquance financière et du blanchiment de capitaux en Europe. D’avril à juin 1999, le député de l’Oise est chargé du secteur légalité et finances au sein de l’équipe de campagne de la liste RPR-DL pour les élections européennes. En séance publique, Arthur Dehaine participe aux débats concernant la réduction négociée du temps de travail (décembre 1999) ou l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives (janvier 2000). Il profite des questions au gouvernement pour interpeler ce dernier sur sa politique fiscale (décembre 2000) et les réformes à engager face aux revendications des professions libérales (janvier 2001). Il vote contre le projet de loi d’orientation et d’incitation relative à la réduction du temps de travail (35 heures) (la loi du 13 juin 1998). Ce député conservateur sur les questions de société s’oppose également à la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité et signe la pétition des maires opposés au Pacs (loi du 15 novembre 1999). Il approuve en revanche le projet de loi constitutionnelle relative à l’égalité entre les femmes et les hommes (la loi du 8 juillet 1999). En 2000, il se prononce contre la réforme de l’IVG et de la contraception.
En 2000, Arthur Dehaine est de nouveau nommé secrétaire national du RPR chargé des relations avec le Parlement. Lors des législatives de 2002, le député sortant de la 4e circonscription, âgé de 70 ans, renonce à se représenter. Il s’efface au profit de son suppléant Eric Woerth, qui est élu triomphalement avec 64,1 % des suffrages exprimés face à l’écologiste Delphine Schwindenhammer. Arthur Dehaine, qui rejoint alors le Conseil économique et social, quitte le monde politique en 2008, après les municipales qui voient l’UMP Jean-Christophe Canter lui succéder à la tête de mairie de Senlis. Ne pas rejoindre le Sénat constituera pour lui un regret.
Malade depuis plusieurs années, Arthur Dehaine s’éteint, à l’âge de 87 ans, le 24 mai 2020 à l’hôpital de Senlis. Ses obsèques ont lieu dans la cathédrale de la ville le 30 mai en présence de la maire, Pascale Loiseleur. Le député Eric Woerth et le sénateur Jérôme Bascher y rendent hommage au « fils du charbonnier devenu député-maire de Senlis ». Celui qui était surnommé par les habitants « le roi Arthur » a marqué de son empreinte l’ancienne cité royale. Avec treize ans passés sur les bancs de l’Assemblée nationale, il a laissé également un fort souvenir au Palais-Bourbon où sa fidélité à sa famille politique, le RPR chiraquien, était légendaire. Il était chevalier des Palmes académiques et titulaire de la Médaille de la Jeunesse et des sports.