Amand, Georges Duforest
1890 - 1976
Né le 4 janvier 1890 à Roubaix (Nord)
Décédé le 4 décembre 1976 au Mans (Sarthe)
Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Sarthe)
Député de la Sarthe de 1946 à 1951
Amand Duforest appartient à une famille nombreuse, solidement implantée à Roubaix, profondément catholique et militante. Très jeune, tout en faisant ses études au collège Notre-Dame-des-Victoires, il a été révolté par les conditions de vie des ouvriers du Nord. Aussi, habité par l'enseignement du catholicisme social, a-t-il cherché à préconiser la justice plutôt que la charité. A l'âge de 16 ans, il appartient aux cercles d'études du Sillon de Marc Sangnier dont il devient l'ami. Dès lors, il n'a cessé de militer tout à la fois sur les terrains professionnel, associatif et politique pour ne pas laisser aux socialistes et aux communistes le monopole de la défense des plus démunis.
Devenu négociant-transformateur en tissus de laine, il fut secrétaire général de la Fédération nationale artisanale et en 1931 délégué à la première conférence européenne des Associations patronales chrétiennes. Il milite, en outre, dans de nombreuses associations d'entr'aide, il est membre du secrétariat social de Roubaix-Tourcoing, du conseil d'administration des caisses primaires d'assurances sociales et de sociétés de secours mutuels familiales. Il appartient aussi à la Confédération Générale des Professions qui groupe des employeurs soucieux de traduire dans leurs entreprises le message des encycliques « Rerum novarum » et « Quadragesimo anno » et organise tous les ans depuis 1885 à l'initiative de Léon Harmel un pélerinage à Rome de la France au Travail. C'est ainsi qu'en novembre 1934, pour préparer le jubilé, Amand Duforest est reçu en audience privée par Pie XI dont il aimait à rappeler la phrase : « L'action politique est la plus haute forme de la charité ».
Aussi n'est-ce pas un hasard si Amand Duforest témoigne de son engagement de catholique dans la société en devenant l'un des responsables du Parti Démocrate Populaire dans le Nord et animateur des Semaines sociales. Il se lie alors d'amitié avec les principaux responsables du futur M.R.P. et intimement avec Robert Schuman.
En 1940, devant la poussée allemande, il installe sa femme et ses dix enfants dans le département de la Sarthe qu'il connaissait bien pour y avoir de nombreux ateliers. Sa famille à l'abri, cet ancien combattant de la Grande guerre participe à la Résistance chrétienne contre la barbarie nazie : il est affilié à la N.E.F. (Nouvelles Equipes Françaises) et aux R.I.C. (Résistants d'Inspiration Chrétienne). Il est alors chargé de différentes missions circulant entre Paris, Le Mans et Roubaix. Tout naturellement, il fut l'initiateur dans la Sarthe du Mouvement Républicain de la Libération, préfiguration du M.R.P. Son comité directeur lui demande d'être candidat derrière Jean Letourneau aux élections à la seconde Constituante.
Du 21 octobre 1945 au 2 juin 1946, la liste M.R.P. double ses suffrages. Avec 60 511 voix sur 194 129 suffrages exprimés, le M.R.P. passe de la troisième à la première place en prenant des voix aux modérés et à la S.F.I.O.
Amand Duforest, élu à la plus forte moyenne, est nommé membre de la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il est, en outre, désigné comme juré à la Haute Cour de justice. A l'instar de ses collègues républicains populaires, il approuve le second projet de Constitution de la IVe République.
Aux élections à la première Assemblée nationale de la IVe République, toujours placé en deuxième position, Amand Duforest est réélu mais la liste M.R.P. (53 690 suffrages sur 183 989 exprimés) concède du terrain à la liste modérée qui a fait campagne contre le tripartisme et la Constitution.
Fort de son expérience professionnelle et de la fréquentation ancienne des leaders républicains populaires, Amand Duforest présente, au cours de la législature, de nombreux rapports au nom de la Commission des affaires économiques, et dépose des propositions de loi et de résolution qui témoignent de son double souci de la défense de l'industrie textile et de l'amélioration de la législation sociale : ainsi, le 24 novembre 1949, une proposition de loi sur la lutte contre le « travail au noir » ou bien encore, le 21 février 1951 une proposition de loi portant organisation de l'artisanat. De même, le 16 novembre 1948, dépose-t-il une demande d'interpellation sur les mesures que le Gouvernement compte prendre contre les importations irrégulières de textile. Ses votes sont conformes aux orientations du M.R.P. Avec Jules Catoire, le député de la Sarthe anime le groupe de spiritualité des Assemblées parlementaires.
Le 17 juin 1951, aux élections à la deuxième Assemblée nationale, Amand Duforest ne sollicite par le renouvellement de son mandat. Du reste, la forte poussée du R.P.F. dans la Sarthe et la répartition des sièges à la représentation proportionnelle lui eût interdit tout espoir de succès. Amand Duforest abandonne alors la politique active tout en restant proche du M.R.P. pour se consacrer à l'animation de diverses associations. Il apporte ainsi un soutien actif à la campagne de l'abbé Pierre en 1954.