Lucien, Jean Dutard
1912 - 2003
Né le 22 février 1912 au Buisson (Dordogne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Dordogne)
Député de la Dordogne de 1946 à 1951
Issu d'une famille périgourdine, Lucien Dutard, à l'issue d'études primaires et primaires supérieures, est reçu à l'Ecole normale d'instituteurs de la Dordogne dont il sort en 1931 avec le brevet supérieur. Nommé instituteur en Dordogne, il est également un fervent sportif puisqu'il est capitaine de l'équipe de rugby du stade buissonnais de 1934 à 1939. Il est mobilisé pendant la campagne 39-40 au 50e régiment d'infanterie. Pendant l'Occupation il s'engage dans la Résistance et milite au Parti communiste. Elu conseiller général à la Libération, Lucien Dutard est le second sur la liste de son parti pour les élections à la première Assemblée nationale Constituante. En Dordogne, les trois partis alliés lors du Front populaire arrivent en tête du scrutin. Derrière la S.F.I.O. (62 780 voix), on trouve la liste communiste (55 820 voix) et la liste radicale d'Yvon Delbos (35 279 suffrages). Les deux partis « marxistes » emportent chacun deux sièges, le cinquième revenant au radical Yvon Delbos, ancienne figure politique dominante en Périgord. Lucien Dutard est donc élu avec le chef de la liste communiste, Yves Péron. Pendant son premier mandat, il appartient à la Commission de la presse, de la radio et du cinéma et est élu à la Haute Cour de justice mais n'intervient pas dans les débats et ne rédige pas non plus de texte parlementaire.
Pour la seconde Constituante, la configuration des forces politiques est similaire mais les rapports de force électoraux se modifient. Les communistes prennent la tête avec 60 677 voix contre 52 861 au Rassemblement des gauches républicaines d'Yvon Delbos qui distance nettement la liste socialiste (49 947 voix) de Robert Lacoste. Les deux députés sortants communistes sont donc réélus, tandis que le cinquième siège passe des socialistes au M.R.P. Siégeant aux mêmes commissions, Lucien Dutard n'a pas non plus l'occasion, pendant ce bref mandat, de participer aux débats. Il dépose toutefois un rapport sur les opérations électorales du département de la Mayenne, le 12 juin 1946.
Pour les premières législatives en 1946, la poussée communiste du scrutin précédent se confirme et s'amplifie puisque la liste d'Yves Péron et Lucien Dutard enregistre son maximum historique de 64 086 voix, soit près de 10 000 voix de plus que le Rassemblement des gauches républicaines (54 619), 23 000 de plus que les socialistes (41493) et plus du double du score du M.R.P. (31057 voix). Deux réélections sanctionnent ce succès. Le député de la Dordogne siège à la Commission de la presse, à celle du suffrage universel, puis à la Commission des moyens de communication (1948-1951), à la Commission du ravitaillement (1948) et à celle de la famille (1949-1951).
A ce titre, il rédige de nombreux avis ou rapports sur des mesures sociales en faveur de certains usagers des transports. Il dépose également quatre propositions de loi prévoyant divers avantages pour certaines catégories de personnel des transports ou des ponts et chaussées. Ses nombreuses et courtes interventions dans les débats sont liées également à des textes concernant les transports ou diverses mesures sociales. Le 4 mai 1948 par exemple, il explique pourquoi le groupe communiste ne votera pas le projet de nationalisation d'Air France : les raisons invoquées sont notamment la place insuffisante de la représentation du personnel au conseil d'administration, la présence possible d'intérêts étrangers dans le capital, l'absence d'expropriation des membres du conseil d'administration qui ont mis à la disposition de l'ennemi le matériel et le personnel aéronautique. Le premier août 1950, il s'appuie sur l'énumération d'un certain nombre d'accidents graves récents survenus à des passages à niveau pour dénoncer l'insuffisance de l'amélioration du réseau routier normal. Enfin, sa dernière intervention importante de la législature, le 4 mai 1951, fait un sombre tableau de la situation des dispensaires tant à Paris qu'en banlieue ou dans son département. Les crédits prévus au budget soumis au vote ne permettront aucune amélioration dans ce domaine, souligne-t - il.
Aux législatives du 17 juin 1951, le système des apparentements produit son plein effet : la liste communiste, bien qu'en recul avec 61 517 voix en moyenne, arrive nettement en tête (31,8 % des suffrages) mais ne compte aucun élu. Lucien Dutard, placé cette fois en troisième position pour faire une place à Charles Serre, député sortant d'Oran, perd son siège tout comme ses deux colistiers mieux placés. Pendant la IVe République, l'ancien député de la Dordogne continue de remplir ses mandats locaux de conseiller général (1945 -1951) et de maire de Boulazac (à partir de 1953) mais échoue à toutes les élections législatives jusqu'en 1973. Marié deux fois, Lucien Dutard a eu deux enfants de sa première union et trois de son second mariage.