Emile Engel
1913 - 2002
Né le 23 octobre 1913 à Knutange (District de Moselle, Empire allemand)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Moselle)
Député de la Moselle de 1956 à 1958
Emile Engel est né le 23 octobre 1913 à Knutange, une petite ville industrielle du canton de Hayange (Moselle), dans une famille lorraine de paysans et d'artisans, puis de cheminots. Après avoir fréquenté l'école primaire de Basse-Yutz, près de Thionville, il va au cours complémentaire de Thionville, avant d'entrer, en 1927, comme apprenti-menuisier à la formation professionnelle des chemins de fer. Il travaille dans les chemins de fer de 1927 à 1938 puis à nouveau de 1940 à 1944.
Dès 1929, Emile Engel entre à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne). Il accède à des postes de responsabilité avant de devenir secrétaire permanent de l'organisation pour les départements du Rhin et de la Moselle (1938-1939). De 1937 à 1939, il est rédacteur d'un mensuel bilingue, Jeunesse ouvrière, édition Lorraine-Alsace. Après avoir accompli son service militaire en 1934-1935, Emile Engel est mobilisé le 25 août 1939, et fait la campagne de France dans le 2e division blindée. Sa conduite au cours du conflit lui vaudra la Croix de guerre avec étoile de bronze. Démobilisé le 17 juillet 1940, il reste actif dans la lutte anti-allemande pendant l'Occupation, et sera notamment président du Comité de libération de Basse-Yutz.
A la suite de la Libération, Emile Engel reprend très vite au grand jour ses activités syndicales et politiques. Il s'inscrit au MRP et deviendra membre du Comité fédéral. Secrétaire régional du syndicat chrétien des mineurs de Lorraine à partir de 1945, il est élu membre du Conseil municipal de Basse-Yutz (1945-1947). Il sera également secrétaire général, puis président du Syndicat des mineurs de charbon CFTC-Moselle, membre de la commission exécutive nationale et du Bureau fédéral du syndicat chrétien des mineurs de charbon, ainsi que secrétaire-adjoint de l'Internationale chrétienne des mineurs et, enfin administrateur de la Sécurité sociale dans les houillères. Par ailleurs, il renoue avec une activité journalistique, comme rédacteur de Travers banc, périodique syndical des mineurs de charbon CFTC.
Les élections pour la première Assemblée nationale constituante se déroulent le 21 octobre 1945, et Emile Engel se présente en quatrième position sur la liste d'entente républicaine conduite en Moselle par Robert Schuman. Avec 103 264 voix sur 237 421 suffrages exprimés, soit 44 % des suffrages, la liste emporte quatre des sept sièges à pourvoir.
Nommé membre de la Commission des moyens de communication et des PTT, et de celle du travail et de la Sécurité sociale, Emile Engel dépose trois textes, dont notamment, le 23 novembre 1945, une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à hâter le rapatriement des Alsaciens et des Lorrains retenus en captivité par les armées alliées. Il est en outre rapporteur pour avis de la Commission des moyens de communication sur le projet de loi relatif à la nationalisation de l'industrie des combustibles minéraux.
Favorable à la nationalisation des banques (2 décembre 1945), puis de l'électricité et du gaz (28 mars 1946), Emile Engel se prononce contre le projet de Constitution (19 avril 1946), projet dont le rejet par le référendum du 5 mai suivant, nécessite la convocation d'une nouvelle Assemblée nationale constituante.
A nouveau candidat lors du scrutin du 2 juin 1946 où il se présente en troisième position sur la liste du MRP toujours conduite dans la Moselle par Robert Schuman, Emile Engel est réélu avec 111 312 suffrages sur les 256 736 suffrages exprimés conservant ses quatre sièges. Membre de la Commission de l'équipement national et de la production (travaux publics, mines et forces motrices) et de celle du travail et de la Sécurité sociale, il dépose quatre propositions, et approuve le nouveau projet de Constitution (28 septembre). Celui-ci ayant été entériné par le référendum du 27 octobre 1946, il peut être procédé à l'élection d'une Assemblée nationale législative.
Emile Engel ne se présente pas aux élections pour la première législature de la IVe République (10 novembre 1946), souhaitant se consacrer entièrement à ses mandats locaux et à ses activités syndicales. Maire de Merlebach (1947-1959), il devient président départemental de l'Association populaire des élus municipaux et départementaux, et secrétaire de l'Association des maires de l'arrondissement de Forbach. Ses responsabilités internationales sont également toujours importantes, notamment comme délégué de la Fédération nationale des mineurs CFTC à la commission internationale charbonnière du Bureau international du travail (BIT) à Genève. Il est en outre membre de la commission de surveillance des mines de la Sarre, de la commission de l'extension du plan Monnet à la Sarre, de la commission économique Lorraine Alsace Sarre, et de la commission consultative d'élaboration du plan Schuman, ainsi que vice-président du Conseil d'administration des houillères du Bassin de Lorraine, poste qu'il conservera jusqu'en 1957).
Le 7 mai 1951 est votée la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements, les élections pour la seconde législature se déroulant le 17 juin suivant. Emile Engel est candidat en quatrième position sur la liste d'Union lorraine (MRP, Union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux) conduite par Robert Schuman dans la Moselle. Malgré les accords d'apparentement conclus en Moselle entre la liste MRP et les deux listes SFIO et RGR, Emile Engel, avec 88 240 voix sur 278 653 suffrages exprimés, n'est pas élu.
A la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale (2 décembre 1955), des élections législatives anticipées sont organisées (2 janvier 1956), et Emile Engel se présente à nouveau dans la Moselle en troisième position sur la liste MRP de Robert Schuman. Avec 95 252 voix sur 339 983 suffrages exprimés, il est élu député de ce département, la liste MRP, qui avait conclu un accord d'apparentement avec la liste du Centre national des indépendants et du Groupement national des indépendants d'action démocratique et paysanne (CNI/GNIADP), réussissant à nouveau à enlever quatre des sept sièges à pourvoir.
Membre de la Commission de la production industrielle et de l'énergie (1956-1957), et de celle du travail et de la Sécurité sociale (1956-1957), le député de la Moselle est également désigné comme membre suppléant de la commission des immunités parlementaires (1956). Il ne dépose, au cours de cette brève législature, pas moins de onze textes, relatifs à l'amélioration des conditions de travail, à la lutte contre la silicose (1er août 1956), à la majoration des retraites minières (30 novembre 1956) et, d'une manière générale, aux problèmes des mines. Emile Engel intervient en outre très largement dans les débats, notamment à propos de la politique charbonnière (28 novembre 1956), de questions économiques ou financières générales (19 mars 1957), et, surtout, de la construction de l'Europe. Le 17 janvier 1957, il souligne à ce sujet : « Ce qu'il ne faudrait jamais perdre de vue, à mon avis, c'est que la mise en place d'un marché commun placera l'économie française devant l'impérieuse et bénéfique nécessité d'une expansion économique accrue. C'est cette chance nouvelle d'expansion qu'il ne faudrait pas laisser passer ou refuser, car là où il n'y a pas d'expansion économique, il y a stagnation, et là où il y a stagnation, il y a récession économique et sociale... »
Favorable à l'investiture du Gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956), au programme de réforme en Algérie (12 mars) et à la politique générale du Gouvernement en Afrique du Nord (5 juin), il approuve la ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom (12 juin 1957) et le projet de loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre, chute du cabinet Bourgès-Maunoury). A nouveau favorable au projet de loi sur les institutions de l'Algérie (28 et 31 janvier 1958), Emile Engel vote la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai), la déclaration d'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai), et le principe de la révision de certains articles de la Constitution (27 mai), avant d'appuyer le processus devant conduire au changement de régime politique : il accorde sa confiance au Général de Gaulle (1er juin), et vote les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Emile Engel est chevalier de la Légion d'honneur.