Aymar Achille-Fould

1925 - 1986

Informations générales
  • Né le 17 juillet 1925 à Tarbes (Hautes-Pyrénées - France)
  • Décédé le 11 avril 1986 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Gironde
Groupe
Rassemblement démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Gironde
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Gironde
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 12 mai 1973
Département
Gironde
Groupe
Union centriste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 11 avril 1986
Département
Gironde
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

ACHILLE-FOULD (Aymar)
Né le 17 juillet 1925 à Tarbes (Hautes-Pyrénées)
Décédé le 11 avril 1986 à Paris

Député de la Gironde de 1962 à 1973, puis de 1976 à 1978 et en 1986

Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, du 12 avril 1973 au 27 février 1974
Secrétaire d’Etat chargé des Transports, du 1er mars 1974 au 27 mai 1974
Secrétaire d’Etat aux Postes et télécommunications du 21 novembre 1976 au 2 avril 1978

Aymar Achille-Fould est né à Tarbes, le 17 juillet 1925. Il est issu d’une famille d’origine lorraine, qui compte dans son ascendance plusieurs ministres et hommes d’Etat, dont Achille Fould, ministre des finances du Second Empire, et cinq générations de parlementaires. Dès 1942, élève au lycée parisien Janson-de-Sailly, et bachelier la même année, il rejoint les Forces françaises libres (F.F.L.). Il choisit alors la marine pour se mettre au service de la France : il entre à l’Ecole navale de Casablanca, dans la promotion de 1943, après une évasion de France par l’Espagne. Officier, il sort du second conflit mondial avec de multiples décorations : croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (Indochine), croix de la valeur militaire avec Palme (Algérie). Il est aussi titulaire de la médaille des évadés, de la médaille coloniale et de la croix des services militaires volontaires. Chevalier de l’Ordre royal des Epées de Suède et du Million d’éléphants (Laos), il a été fait officier de l’ordre national du Dahomey et de l’Etoile équatoriale, ainsi que de celui du Gabon.

Marié à Edith Forissier et père de deux filles, il mène une brillante carrière d’officier dans la marine, qu’il quitte en 1949, avec le grade de capitaine de corvette. Entre-temps, il a été attaché à l’amiral Auboyneau, commandant des Forces navales en Extrême-Orient (1947), avant de devenir son officier d’ordonnance à Paris. En 1956, engagé volontaire, il reprend le commandement de la 34e compagnie de fusiliers-marins en Algérie, troisième bataillon de Nemours. A l’issue de cette carrière, il est capitaine de réserve, de corvette, de frégate, puis de vaisseau.

Aymar Achille-Fould commence alors une deuxième vie, celle de chef d’entreprise, à partir de 1951. Il est gérant et directeur général de la Société commerciale de matériel industriel (SOCOMI), jusqu’en 1973. Il est aussi président de la société Nigeria Marine and Trading Company. Simultanément, il est administrateur de la société de Luze à Bordeaux. Par ailleurs, le chef d’entreprise Aymar Achille-Fould est aussi un propriétaire et exploitant viticole, du vignoble de Beychevelle, situé sur les bords de la Gironde. Il redonne à ce cépage le rang qui fut le sien au début du XIXe siècle, en faisant le deuxième grand cru du Médoc. De cet attachement professionnel autant que familial, il allait garder pour cette terre girondine une grande affection, en même temps qu’une identification certaine à ses habitants.

Fort de son expérience des relations humaines, Aymar Achille-Fould est attiré par la carrière politique. Déjà en 1956, il s’était porté candidat aux élections législatives en Gironde sur la liste du Centre départemental des indépendants et paysans, du Parti républicain de la liberté et de la Réconciliation française. En juin 1961, au moment où débute sa troisième vie, ce grand bourgeois, apprécié pour sa cordialité et ses allures simples, entre à l’assemblée départementale, en remportant le canton girondin de Saint-Laurent-Médoc. Il conserve ce mandat jusqu’à sa mort, en 1986. Aussi cet enracinement local est-il au fondement de sa candidature aux élections législatives de l’automne 1962, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle.

Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, pour faits de guerre en Algérie, Aymar Achille-Fould mène campagne dans la cinquième circonscription de Gironde. Cette très vaste portion du département recouvre l’ensemble du Médoc et regroupe les cantons de Blanquefort, de Castelnau-de-Médoc, de Lesparre-Médoc, de Pauillac, de Saint-Vivien-de-Médoc, ainsi que la commune de Bruges. Investi par le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Aymar Achille-Fould est secondé par son suppléant, René Girol, maraîcher et conseiller municipal à Eysines, président de l’Union syndicale des maraîchers de la Gironde, et membre de la Chambre d’agriculture du département. De surcroît, son attachement familial au Médoc est inscrit au fondement de sa légitimité de jeune candidat de 37 ans. Il souhaite conserver sa singularité à cette région du Sud-Ouest, tout en envisageant sa rénovation, avec le concours entier de la population. C’est la raison pour laquelle, dans sa plus large partie, sa profession de foi est consacrée à l’économie locale, à la pêche, à l’ostréiculture, mais aussi à la vigne, à laquelle il est très attaché. Au soir du premier tour, avec 7 087 voix, soit 22,20 % des suffrages exprimés, le conseiller général de Saint-Laurent est devancé de près de 6 000 voix par le député sortant gaulliste, Emile Liquard, viticulteur également, vice-président du Conseil de l’Europe, conseiller général et maire de Saint-Germain-d’Esteuil. Cependant, la semaine suivante, Aymar Achille-Fould obtient le ralliement presque unanime des trois autres candidats en lice au premier tour, et bénéficie vraisemblablement d’un accroissement du nombre des votants de l’ordre de 3 000. Au soir du second tour, il est élu député de la Gironde, avec 19 080 des 34 685 voix, soit 55 % des suffrages exprimés, et 4 000 voix d’avance sur le député sortant.

A son arrivée à l’Assemblée nationale, le nouveau député de la Gironde s’apparente au groupe du Rassemblement démocratique. Jeune parlementaire et sans stricte appartenance à un groupe parlementaire, il siège à la commission des affaires étrangères. Il est également membre de la délégation à l’Union interparlementaire. Il ne dépose aucun texte, mais intervient en séance publique, à l’occasion de quelque vingt débats. Son activité se développe dans plusieurs domaines de compétence : l’agriculture et la forêt, les questions de défense et la question, nouvelle, des communautés urbaines. Au chapitre de la première, il prend la parole essentiellement dans les discussions budgétaires. Le 11 janvier 1963, il s’inquiète du sort des gemmeurs et du problème des prix des résineux et, dans le projet de loi de finances rectificative pour 1963, quelques mois plus tard, il se penche sur le problème des coopératives et des petits propriétaires viticoles vendant directement en bouteilles leur production. Le 18 octobre suivant, il s’adresse au ministre de l’Agriculture, en lui présentant les problèmes que rencontrent les vignobles de la Gironde. A la fin de ce premier mandat, il prend part au débat sur les questions orales relatives aux revenus agricoles et aux problèmes du Marché commun, montrant la nécessité de mettre l’agriculture française au service de l’Europe : l’exemple des vins du Médoc maritime est largement cité.

Aymar Achille-Fould intervient également dans les débats sur l’organisation de l’armée. Ce passionné de la mer montre la nécessité de développer la marine française, pour resserrer les liens avec les pays africains, lors du débat sur les crédits militaires pour 1963. La coopération franco-africaine est un objet de préoccupation constante, notamment lors de la présentation du projet de loi autorisant l’approbation d’accords de coopération avec la République du Mali : le député y développe la nécessité pour la France de lancer une grande politique africaine, en défendant l’inclusion éventuelle de l’Afrique anglophone dans ce programme d’aide et de coopération. Son investissement dans les questions de défense est à son acmé, dans la discussion du projet de loi relatif au recrutement en vue de l’accomplissement du service national, le 26 mai 1965. Comme les membres du groupe auquel il est apparenté, le député de la Gironde considère que le texte défendu par le ministre des Armées Pierre Messmer est « ambigu », et souhaite le renvoyer en commission. Il pointe la contradiction entre la mission que doit remplir l’armée et les moyens dont elle dispose, ainsi que l’opposition entre les impératifs du matériel et l’utilisation des armes. L’année suivante, sur ce même thème, il prend part à la discussion du projet de loi portant création du corps militaire du contrôle général des armées. A cette occasion, le 16 juin 1966, il présente les avantages et les inconvénients d’une fusion effectuée au grade de contrôleur général.

Enfin, l’ancien officier de marine s’investit dans la discussion du projet de loi relatif aux communautés urbaines, aux mois d’octobre et de novembre 1966. Dans ce débat, il ne défend pas moins de onze amendements – dont un sera retiré – et trois sous-amendements. Il s’interroge sur l’opportunité du projet de loi au regard des libertés communales et, notamment, de la responsabilité des maires. Il souhaite une plus grande clarté des relations entre les communautés et les communes, sur le plan fiscal comme sur celui de la représentation des élus et de leur désignation dans les deux structures urbaines.

Au cours de la législature, Aymar Achille-Fould fait la démonstration de son indépendance politique, à l’occasion des scrutins les plus importants. Le 13 juin 1963, il approuve la ratification du traité de l’Elysée, entre la République française et la République fédérale d’Allemagne, sur la coopération franco-allemande. En revanche, quelques semaines plus tard, le 26 juillet, il vote contre l’ensemble du projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics. Il soutient le gouvernement, le 20 décembre suivant, dans la réforme constitutionnelle relative à l’article 28 concernant la modification de la date des sessions parlementaires. Mais à nouveau, les 21 mai et 17 juin 1964, en première et en deuxième lectures, il s’oppose au gouvernement de Georges Pompidou, en rejetant le projet de loi sur l’élection des conseillers municipaux. Le 26 mai 1965, il fait de même, après le rejet – à cinquante voix près – de son sous-amendement s’y rapportant, sur le projet de loi relatif au recrutement en vue de l’accomplissement du service national.

Aux élections législatives de 1967, le député de la Gironde est à nouveau candidat. Entre-temps, en 1965, il a été élu maire de Saint-Laurent-Médoc, ce qui a contribué au renforcement de son ancrage local. Au premier tour, il est en seconde position parmi les quatre candidats. Il obtient, par rapport au premier tour de 1962, l’augmentation en nombre de voix la plus importante du département. Le républicain indépendant Jean-François Pintat, directeur du Gaz de Bordeaux, conseiller général et maire de Soulac, devance Aymar Achille-Fould de 400 voix, lequel obtient 15 778 voix et 35,77 % des suffrages exprimés. A nouveau, comme en 1962, mais malgré une baisse d’un millier de votants en une semaine, le maire de Saint-Laurent-Médoc rattrape son retard, et obtient 9 000 voix supplémentaires : il est réélu député de la Gironde avec 19 080 voix et 55 % des suffrages exprimés. La campagne électorale a illustré la volonté de défense des intérêts locaux : la sauvegarde et la protection, en même temps que la rénovation, de la presqu’île girondine du vieux Médoc, pour l’inscrire « dans un monde moderne ».

A son retour à l’Assemblée nationale, le député de la Gironde s’inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne (PDM), mouvement qu’il a cofondé avec Jacques Duhamel, député du Jura. Il retrouve la commission des affaires étrangères. Par ailleurs, il est élu président de la commission spéciale sur sa proposition de loi tendant à réserver à la loi l’affectation des ressources publicitaires à l’ORTF (Office de radio et télédiffusion française), et de cinq autres commissions spéciales dont trois sur l’audiovisuel. Il dépose cinq propositions de loi. Trois sujets motivent ses initiatives parlementaires : l’interdiction et la dissolution des associations ou groupements de fait provoquant à la haine raciale (1er juin 1967) ; la réforme du Code des pensions civiles et militaires de retraite (22 juin 1967) ; les ressources financières provenant de la publicité de marques commerciales et affectées à l’ORTF, et les règles applicables par cette dernière organisation aux annonceurs en matière de diffusion de messages publicitaires. En une année, jusqu’à ce que les événements du mois de mai n’entraînent la dissolution de l’Assemblée nationale, Aymar Achille-Fould prend la parole en séance publique, au cours de huit débats, dont l’intérêt commun est local. Le 12 avril 1967, il regrette la mauvaise répartition des crédits budgétaires pour l’Aquitaine, dans le débat qui suit les questions orales relatives au prix des produits laitiers et de la viande. Le 26 avril suivant, il défend aussi la protection du littoral contre les risques du pétrole, à la suite du naufrage du Torrey Canyon. S’interrogeant sur les risques envers les tiers couverts par les compagnies d’assurances protégeant les ostréiculteurs, les pêcheurs et les municipalités, l’élu médocain démontre la nécessité pour l’Etat de faire un effort financier complémentaire. La viticulture n’est pas oubliée : le député demande, deux jours plus tard, une aide à l’exportation, et la création d’une école de sommellerie. La défense des intérêts de sa circonscription est bien aussi présente, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1968. A cet effet, le 8 novembre 1967, il appelle l’attention du gouvernement sur la concurrence entre les organismes de crédit libre et le crédit maritime. Aussi, quand la fiscalité du vin vient en discussion, Aymar Achille-Fould est-il à la tribune, notamment le 19 avril 1968.

Il vote les trois motions de censure du 20 mai, du 9 et du 16 juin 1967, déposées sur le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social, ainsi que les deux motions de censure présentées en 1968, dont celle discutée le 22 mai au cœur des événements de « mai 68 ».

Aux élections législatives de 1968, malgré la présence d’un candidat investi par le parti gaulliste, dans une conjoncture pourtant favorable à l’Union pour la défense de la République (U.D.R.), Aymar Achille-Fould, est largement en tête du premier tour, avec 13 203 voix, soit 29,70 % des suffrages exprimés et une avance de 4 000 voix sur son principal concurrent, Jean-François Pintat. La semaine d’après, il est réélu avec 22 858 voix, soit 55,74 % des suffrages exprimés, avec le même écart de voix. Représentant du parti centriste PDM, dont il est vice-président, il oriente son combat politique, aux thèmes certes locaux, vers la volonté, au plan national, de voir la majorité élargie, pour oublier « les lourdes conséquences des méthodes d’un gouvernement pourtant stable et fort », et « une division arbitraire des Français en deux blocs antagonistes ». Dans un « pays déchiré », cette autre voie est celle « de la réflexion et de la raison », proposée par les centristes du PDM, pour « le renouveau plutôt que l’aventure », pour « le véritable progrès social plutôt que le désordre », pour « l’espoir plutôt que la crainte ». Une « politique économique et sociale plus généreuse, plus juste et plus fraternelle » en serait le juste témoignage.

Au Palais-Bourbon, toujours membre du groupe PDM, Aymar Achille-Fould retrouve la commission des affaires étrangères pour la durée de la législature. Il en est vice-président de 1972 à 1973. Il est membre de la commission de contrôle de la gestion de l’ORTF. Au cours de son troisième mandat, le député centriste dépose à nouveau les deux propositions de loi sur les associations et groupements provoquant à la haine raciale, et sur les pensions de retraites. Il est rapporteur pour avis sur les crédits de la coopération à partir de 1969. Il intervient également en séance publique à vingt-sept reprises, privilégiant trois thèmes : la défense nationale et la diplomatie ; les questions liées à la mise en place de l’ORTF ; la politique locale. Sur le premier point, Aymar Achille-Fould se fait le principal défenseur, au Parlement, de la politique maritime française. Il conçoit cette question dans toutes ses dimensions, militaires, stratégiques, économiques et humaines. C’est d’abord sur le plan budgétaire qu’il expose la situation de la flotte française. Le 5 décembre 1968, il ne manque pas de soutenir la répartition en pourcentage des moyens de la marine dans l’enveloppe globale des armées. Le 8 octobre 1970, il intervient, tout aussi précisément, dans la discussion du projet de loi de programme relative aux équipements militaires de la période 1971-1975. Il regrette le retard pris par la France dans la construction des cinq sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), et n’ignore pas les problèmes d’investissements. Il rappelle au gouvernement, à ce sujet, la responsabilité de la France dans la sécurité des départements et territoires d’outre-mer, au moment où certains bâtiments soviétiques se déplacent en Méditerranée. Lors de l’examen des projets de loi de finances pour 1971 et 1972, il n’a de cesse de défendre les crédits militaires. Le 27 octobre 1970, il insiste sur la nécessité de mettre en chantier un programme de vedettes rapides et, l’année d’après, le 2 novembre 1971, il souligne l’importance de la stratégie maritime, notamment l’utilité du milieu marin comme outil de dissuasion nucléaire. Il suggère également la constitution d’équipages entraînés, capables de mettre en œuvre le capital des bâtiments de guerre. A cet égard, il milite pour la réalisation du programme des bâtiments en surface. Quelques mois plus tard, le 3 mai 1972, il prend la parole dans la discussion du statut général des militaires, et défend leur liberté d’expression. Il suggère l’amélioration du corps des officiers mariniers et des marins, le 14 juin suivant.

Par ailleurs, Aymar Achille-Fould continue à s’investir dans les questions touchant à l’ORTF. Il affirme son intérêt pour la matière, dans les pas de celui qui constitue son modèle en politique, Jacques Duhamel, avec lequel il a fondé le parti Progrès et démocratie moderne, et qui est entré au gouvernement. Le député de Gironde défend la liberté de la presse et le régime fiscal des entreprises de presse dans les discussions budgétaires, dès le projet de loi de finances (PLF) pour 1969. A de nombreuses reprises, il évoque le problème de la publicité et des relations entre la presse écrite et l’ORTF. Le 10 mai 1972, à Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles, il pose une question orale avec débat, sur la nécessité d’une réforme profonde de l’ORTF avant la fin de la session parlementaire. Deux semaines plus tard, le 24 mai, face au Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, il défend la libéralisation de l’Office. Dans la discussion du projet de loi portant statut de l’ORTF, le 15 juin 1972, il confirme son impression que le monopole et l’autorité de l’Etat sont maintenus à travers les différentes structures nouvelles. Il souhaite d’ailleurs « la moralisation » des relations de l’ORTF avec l’extérieur, et défend avec fermeté l’indépendance de son président-directeur général. L’objectivité de l’institution est en jeu. Dans ce débat, il dépose deux amendements, dont un sera retiré.

Aymar Achille-Fould s’investit enfin sur les thèmes très locaux, à commencer par les questions liées à la viticulture. La chaptalisation des vins, engagement d’Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture, est une question dominante, évoquée par les soins du député-viticulteur, dans les discussions budgétaires. Au mois de juin 1971, Aymar Achille-Fould prend une part importante à la discussion sur le projet de loi relatif aux fusions et regroupements de communes. A cet effet, il dépose douze amendements, dont quatre sont retirés, alors que le gouvernement vient de lui donner satisfaction. Il souhaite notamment soumettre au conseil général le projet de regroupement communal. Sur ce thème nouveau de l’intercommunalité, il défend l’indépendance et l’autonomie réelles des communes, et la réforme des finances locales. Le 20 octobre 1972, il demande au ministre de l’intérieur de procéder au remboursement de la TVA aux collectivités locales.

De manière générale, les votes émis par Aymar Achille-Fould sont d’une tonalité critique vis-à-vis de la majorité gaulliste, moins il est vrai après l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République. Le 10 octobre 1968, le député de la Gironde vote pour l’ensemble du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur ; mais il s’agit d’un vote de la représentation nationale acquis à sa presque unanimité. Il en est de même sur l’ensemble du projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, le 4 décembre suivant. Le texte d’initiative gouvernementale tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens reçoit son soutien, le 28 mai 1970. Aymar Achille-Fould approuve également le projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, dit « anti-casseurs », le 4 juin suivant. Malgré ses amendements et critiques sur le texte que Pierre Messmer, ministre des armées du général de Gaulle, avait défendu devant le Parlement, Aymar Achille-Fould approuve sans réserve le projet de loi relatif au service national. Mais cette fois-ci, le texte est présenté par Michel Debré, ministre d’Etat, chargé de la Défense nationale, le 10 juin 1970. D’ailleurs, quelques mois après, le 15 octobre, le député de la Gironde apporte son plein soutien à Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre, en votant l’approbation de sa déclaration de politique générale, élu du même département que lui. C’est à nouveau le cas, le 24 mai 1972. Entre-temps, le 27 avril 1972, à l’occasion du vote de l’ensemble du projet de loi portant création et organisation des régions, son soutien à la politique du maire de Bordeaux est tout aussi confirmé.

Aymar Achille-Fould est candidat au renouvellement de son mandat de député, lors du scrutin législatif du printemps 1973. Avec un nouveau suppléant, Guy Antoune, maire d’Eysines, le député sortant, réélu maire de Saint-Laurent-Médoc en 1971, arrive largement en tête du premier tour de scrutin, avec 17 562 voix, soit 34,8 % des suffrages exprimés et une avance de 5 000 voix sur son principal concurrent, le docteur Raymond Julien, candidat de l’Union de la gauche démocrate et socialiste (UGDS). Une semaine plus tard, il est réélu avec 52 % des suffrages exprimés, recueillant sur son nom 26 442 voix. Dans une circonscription où le nombre d’inscrits a augmenté de 10 000 électeurs, le député reconduit améliore son score de 1968 de presque 4 000 voix.

Au cours de cette législature, Aymar Achille-Fould ne siège que très peu. Il s’inscrit au groupe centriste, entre à la commission de la production et des échanges, mais par décret du 12 avril 1973, il est nommé au gouvernement, dans le deuxième cabinet de Pierre Messmer, au poste de secrétaire d’Etat auprès de Robert Galley, ministre des Armées, du 12 avril 1973 au 27 février 1974. En cette qualité, les 12 et 13 juin 1973, il défend le projet de loi modifiant certaines dispositions du Code du service national. Il rappelle alors la nécessité, reconnue, d’une armée de conscription. Dans la discussion du projet de loi de finances pour 1974, il défend en séance publique les dépenses militaires, en insistant sur les écoles du service de santé des armées, sur le problème du logement de la gendarmerie et de la Garde républicaine, et sur le problème de l’insertion de la jeunesse dans son armée. Il répond à deux questions, l’une de Claude Delorme, sur l’arrêt des expériences nucléaires, et l’autre de Pierre Baudis, sur l’emploi dans l’industrie aéronautique. Le 11 mai 1973, il répond également à Jean-Pierre Chevènement, jeune député du Territoire-de-Belfort élu quelques semaines auparavant, sur la question de la liberté d’expression des élèves de l’Ecole polytechnique.

Par décret du 1er mars 1974, Aymar Achille-Fould change d’attributions, et devient secrétaire d’Etat chargé des transports auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, de l’équipement et des transports, Olivier Guichard. Mais ce cabinet est de trop courte durée pour qu’Aymar Achille-Fould puisse y donner sa pleine mesure. La mort de Georges Pompidou, le 2 avril suivant, et l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, le tiennent éloigné du gouvernement pendant un an. Jacques Chirac l’appelle dans son cabinet, le 31 janvier 1975, au poste de secrétaire d’Etat aux Postes et télécommunications. Il reste dans cette fonction jusqu’au 12 janvier 1976, le temps pour lui de défendre le budget de son ministère, dans le débat sur le projet de loi de finances pour 1976. A cet effet, le 18 novembre 1975, il explique en quoi ledit budget amorce « une grande politique de communication », symbolisant la croissance des moyens nécessaires aux P.T.T., premier investissement de la Nation. Jugeant le renforcement de la présence des postes sur le territoire national plus que nécessaire, il défend la transformation des méthodes de travail dans les centres de tri. Il ne peut passer sous silence la situation du réseau téléphonique français, en promettant un téléphone à tous les Français, au nom de l’égalité de tous devant le service public. Il répond à six questions au gouvernement, dans l’exercice de cette fonction gouvernementale. Toutes les interrogations des parlementaires concernent le téléphone, la taxation des communications téléphoniques, le développement du téléphone en zone rurale, la suppression des avantages remboursables pour le candidat au téléphone et l’installation prioritaire du téléphone pour les personnes âgées.

Au début de l’année 1976, Aymar Achille-Fould quitte le gouvernement. Il retrouve son siège de député à la suite de sa victoire à l’élection législative partielle, consécutive à la démission de son suppléant, Guy Antoune. Au second tour de scrutin, le 21 novembre 1976, il obtient alors 26 328 des 51 242 suffrages exprimés. Il choisit de siéger à la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée. Dans la foulée, une semaine plus tard, il s’apparente au groupe des Réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux. Entre-temps, par décret du 29 novembre 1976, il est chargé d’une mission temporaire auprès du Premier ministre Raymond Barre. Par ailleurs, en qualité de député, il prend la parole à huit reprises en séance publique. Son intérêt se focalise désormais sur sa première passion, la mer. Il s’est toujours battu pour que la France s’impose en permanence les moyens d’une politique maritime qui concerne à la fois les pêches et l’exploitation minière, le développement du tourisme et la maîtrise du trafic lié au commerce extérieur de la France. Ainsi, le député de Gironde préside, à partir de juin 1977, le groupe interministériel de coordination de l’action en mer des administrations (GICAMA). A cet égard, dans la discussion du projet de loi relatif à la responsabilité civile et à l’obligation d’assurance des propriétaires de navires pour les dommages résultant de la pollution par les hydrocarbures, il demande, le 14 avril 1977, que le débat sur la mer n’intervienne qu’après la remise du rapport du GICAMA au gouvernement. Le 7 juin suivant, il réagit à la déclaration du gouvernement sur les problèmes de la mer. La prévention et la lutte contre la pollution sont les priorités qu’il convient de respecter. A ce titre, il souhaite la constitution d’un organisme de chercheurs et de spécialistes, appelés les « pompiers de la pollution ». Il milite en faveur de la création d’un comité interministériel de la mer, ainsi que d’un comité des usagers de la mer. Dans le projet de loi de finances pour 1978, au titre du budget annexe du service des essences, le 9 novembre 1977, il défend le financement du GICAMA dont le Premier ministre a voulu la poursuite de la mission. Aymar Achille-Fould réitère cette volonté dans le budget de la marine marchande. Il propose une politique de sécurité maritime et veut donner un statut aux gens de mer.

Aymar Achille-Fould est à nouveau candidat aux élections législatives de 1978, avec un nouveau suppléant, Jean-Pierre Delhomme, directeur régional d’assurance et maire de Blanquefort. Arrivé très largement en tête des huit candidats du premier tour, avec 26 117 des 68 736 suffrages exprimés, il est cependant battu au second tour par le docteur Raymond Julien, conseiller général socialiste de Gironde. La victoire échappe d’une courte tête au député sortant qui obtient 49,7 % des suffrages exprimés. Réélu maire de Saint-Laurent-Médoc l’année précédente, l’ancien député reçoit quelques mois après son échec aux élections législatives, par arrêté du Conseil des ministres en date du 2 août 1978, la présidence de la Mission interministérielle de la mer, chargée de la préparation des travaux du comité interministériel de la mer et de l’exécution de ses décisions. Il remplit ces fonctions jusqu’en mai 1981. L’année d’après, il préside le Groupement intersectoriel de coordination des activités de la mer (GICAMER). Il exerce aussi certaines fonctions dans le domaine de la presse : il est fondateur et animateur de l’hebdomadaire « Notre Médoc » jusqu’en juin 1981. A cette date, il est chargé de la rédaction du « Livre bleu » concernant les activités industrielles de service et d’exportation liées à la mer, comme président de la Mission interministérielle de la Mer.

Aymar Achille-Fould, qui se présente sous les couleurs de l’Union pour la démocratie française (UDF) aux élections législatives de 1981, est de nouveau battu par le député radical-socialiste sortant Raymond Julien. Bien qu’en tête au premier tour de scrutin, l’ancien député de Gironde, président de la Régie départementale des passages d’eau, et membre du conseil d’administration du Port autonome de Bordeaux, ne bénéficie pas des mêmes reports de voix de l’entre-deux-tours que ceux qui permettent la victoire du candidat de l’Union de la gauche, avec 37 016 des 67 925 suffrages exprimés. Aymar Achille-Fould ne recueille que 30 909 voix.

Cinq ans plus tard, il remporte un siège de député à l’occasion des élections législatives de 1986 au scrutin proportionnel départemental de liste. Candidat sur la liste menée par Jacques Chaban-Delmas, qui obtient 43,1 % des voix, il retrouve l’Assemblée nationale, avec le maire de Bordeaux, ainsi que Jean Valleix, maire du Bouscat, Gérard César, maire de Rauzan, et Robert Cazalet, maire de Lège-Cap-Ferret. Le député de Gironde ne siège pas longtemps à l’Assemblée nationale. Il n’a le temps que de s’inscrire au groupe de l’UDF. Très affaibli par un cancer du poumon, il se savait atteint dès le mois de janvier 1986, mais a tenu à mener campagne jusqu’au bout, avec dynamisme et efficacité. Il disparaît le 11 avril 1986, à l’âge de 60 ans. Jean-Claude Dalbos, maire de Pessac et vice-président du Conseil général, le remplace au Palais-Bourbon. Le 11 mai 1986, Martine Achille-Fould, épouse du député défunt, est élue conseillère municipale de Saint-Laurent-Médoc, avec 62 % des voix.

Grand bourgeois progressiste, mais surtout « homme du grand large », selon Jacques Chirac, Aymar Achille-Fould était un amateur de sports, membre du Yachting Club de France, du Polo de Paris et du Jockey-Club. Sa voix de stentor et sa carrure impressionnante soulignaient son caractère tout d’une pièce. Il était resté attaché à ses racines girondines. Celui pour qui « la politique, c’est la vie » aimait « cette bande du Médoc où le regard traverse les ondulations du terrain jusqu’aux vastes espaces océaniques ».