Emile, Léopold Flourens
1841 - 1920
Ministre des affaires étrangères, député de 1888 à 1889, né à Paris le 27 avril 1831, fils du scientifique Jean Pierre Flourens qui avait été député et pair de France et de la fille du général baron Clément, et frère du révolutionnaire Gustave Flourens (1838-1871), il fit son droit, entra comme auditeur au conseil d'Etat, puis donna sa démission, se fit inscrire au barreau de Paris, et rentra au conseil d'Etat en 1872 comme maître des requêtes.
Nommé, en 1877, directeur général des cultes, il ne quitta ces fonctions qu'en mars 1885, pour devenir président de la section de législation de la justice et des affaires étrangères au conseil d'Etat, et président du comité consultatif des protectorats au ministère des Affaires étrangères. Il avait épousé la fille du célèbre économiste Michel Chevalier.
Le 11 décembre 1886 il accepta, dans le cabinet présidé par M. Goblet, le portefeuille des Affaires étrangères. Il observa en toute circonstance, dans ses relations avec les puissances européennes et particulièrement avec l'Allemagne, une attitude des plus pacifiques qui provoqua quelques dissentiments avec le ministre de la guerre, le général Boulanger. En février 1887, notamment, le ministre de la guerre ayant eu, a-t-on dit, l'idée d'écrire une lettre au czar, M. Flourens, prévenu par hasard, réussit à empêcher la lettre de partir. Il fit plus encore, prétendit-on, et informa de l'incident l'ambassadeur d'Allemagne, redoutant que M. de Bismarck, renseigné par ses agents, ne vît là une provocation de la France. M. Flourens montra plus de sang-froid dans le grave incident motivé par l'arrestation (21 avril), à la gare de Pagny-sur-Moselle, de M. Schnæbelé, commissaire spécial français. En même temps qu'une enquête administrative était ouverte à Pagny par les soins des ministres de l'Intérieur et de la Justice, M. Herbette, ambassadeur de France à Berlin, était chargé par M. Flourens de se renseigner officieusement sur les motifs de l'arrestation de notre compatriote. Le 29 avril, après diverses péripéties, notre ambassadeur obtint enfin la mise en liberté de M. Schnæbelé.
M. Flourens conserva son portefeuille dans le cabinet Rouvier (du 30 mai 1887 au 11 décembre de la même année), ainsi que dans le cabinet Tirard (du 11 décembre 1887 au 2 avril 1888). Son passage au pouvoir fut encore marqué par plusieurs négociations importantes. Il parvint à résoudre, le 24 septembre 1887, à la satisfaction de la France, un différend entre notre résident général à Madagascar, M. le Myre de Vilers, et les Hovas. En ce qui concerne l'Egypte, il adressa à nos représentants diplomatiques à l'étranger une circulaire établissant l'attitude observée par la France dans les négociations poursuivies à Constantinople pour la neutralisation du canal de Suez ; puis, le 24 octobre, deux conventions furent signées à Paris, l'une ayant trait aux affaires égyptiennes, la seconde aux Nouvelles-Hébrides et aux îles Sous-le-Vent.
En février 1888, M. Flourens, ministre des Affaires étrangères, posa sa candidature au siège de député dans le département des Hautes-Alpes, en remplacement de M. Chaix, élu sénateur. Cette candidature fut très vivement combattue par les radicaux et par les partisans du général Boulanger ; au cours de la campagne électorale, M. Flourens fut plus d'une fois accusé de pratiquer la pression officielle comme sous l'Empire. MM. Anatole de la Forge et Le Hérissé déposèrent à la Chambre une proposition de loi tendant à interdire aux ministres d'être candidats dans les élections partielles, et l'urgence, réclamée en faveur de la proposition, ne fut rejetée, le 17 février, que par 238 voix contre 221. Malgré tout, M. Flourens fut élu député des Hautes-Alpes le 26 février 1888, par 12,617 voix sur 24,000 votants et 31,120 inscrits, contre 11,094 voix accordées à M. Euzière, républicain radical.
Sorti du ministère le 2 avril, M. Flourens prit place au centre gauche, combattit le ministère Floquet, qu'il questionna à propos du cas de M. Jourdanne, maire de Carcassonne, condamné pour fraudes électorales, et se prononça, à la fin de la législature :
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution (chute du ministère Floquet),
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 26 avril 1841 à Paris, mort le 6 janvier 1920 à Paris-16e.
Ministre des Affaires étrangères du 11 décembre 1886 au 3 avril 1888.
Député des Hautes-Alpes de 1888 à 1898.
Député de la Seine de 1902 à 1906.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 18.)
C'est alors qu'il était, sans appartenir au Parlement, ministre des affaires étrangères du premier cabinet Tirard, qu'Emile Flourens posa dans les Hautes-Alpes, à la succession de Cyprien Chaix, élu sénateur, une candidature tellement combattue que fut déposée une proposition de loi, d'ailleurs rejetée, tendant à interdire aux ministres d'être candidats aux élections partielles. Malgré cette opposition, il était élu député le 26 février 1888. Cinq semaines plus tard, la démission du cabinet Tirard mettait fin à la carrière ministérielle du nouveau député.
Au renouvellement général des 22 septembre et 6 octobre 1889, Flourens se présenta dans la circonscription d'Embrun et fut élu dès le premier tour de scrutin par 3.753 voix sur 4.992 votants contre 1.090 au boulangiste Bouchié-Debelle.
Il fut réélu le 20 août 1893 avec 2.922 voix sur 5.828 votants contre 2.870 à Pavie. Cette réélection ayant été acquise de justesse et ayant même été contestée à la Chambre lors des opérations de validation, il abandonna la place à Pavie lors du renouvellement de 1898 et présenta sa candidature aux électeurs de la 5e circonscription de Lyon contre le socialiste Kraus qui fut élu. Celui-ci, déjà en tête au premier tour, le 8 mai, de peu il est vrai, avec 2.227 voix contre 2.211 à l'ancien ministre et 1.614 à Péronnet, sur 6.132 votants, l'emportait le 22 mai, au scrutin de ballottage avec 3.380 voix sur 6.969 votants alors que Flourens n'en obtenait lui-même que 2.611.
Ce fut encore un candidat socialiste, le député sortant Charles Gras, qu'il choisit de combattre les 27 avril et 11 mai 1902, mais dans la 2e circonscription du Ve arrondissement de Paris cette fois-ci. Il enleva le siège dès le premier tour avec 5.179 suffrages sur 11.485 votants contre 5.060 au député sortant.
Quatre ans plus tard, le 6 mai 1906, l'ancien président du Conseil municipal de Paris, Georges Desplas, qui représentait le quartier du Jardin des Plantes du Ve arrondissement dans cette assemblée depuis le 23 octobre 1898, lui fit subir un échec dès le premier tour en étant élu avec 5.915 voix sur 11.856 votants alors que Flourens n'en rassemblait que 2.364 sur son nom. Il abandonna dès lors la carrière politique.
Il siégea à la Chambre dans les rangs progressistes.
Expert en politique étrangère, l'ancien chef de ce département ne s'intéressa pratiquement à aucune autre discipline durant ces deux législatures. Il fut en effet le rapporteur du traité de commerce et de navigation franco-japonais du 4 août 1896 et de la convention franco-bolivienne du 5 août 1897.
Ses interventions à la tribune furent peu nombreuses. Elles lui permirent d'émettre des réserves sur la politique africaine du gouvernement, sur son attitude vis-à-vis de l'empire chinois et de la naissante puissance japonaise et de marquer sa réprobation devant l'envoi d'une escadre française pour l'inauguration du canal de Kiel en Allemagne.
Après quatre années d'éloignement, Emile Flourens revint siéger en 1902 à la Chambre comme représentant de Paris.
Ses initiatives et ses interventions furent peu nombreuses.
Après son échec au renouvellement législatif de 1906, Emile Flourens abandonna la carrière politique et reprit sa place au Conseil d'Etat jusqu'au 8 janvier 1918, date à laquelle il fut nommé Conseiller d'Etat honoraire.
Il mourut à Paris le 6 janvier 1920, dans sa soixante dix-neuvième année.
Il était officier de la Légion d'honneur depuis 1880.
IL a publié une Organisation judiciaire et administrative de la France et de la Belgique de 1814 à 1875 (1875), gros ouvrage de 400 pages couronné par l'Académie française et de nombreuses brochures.