Jules Gaillard
1847 - 1933
Député de 1882 à 1889, né à Apt (Vaucluse) le 10 avril 1847, il étudia le droit, fut reçu avocat, appartint quelque temps à la magistrature après le 4 septembre 1870, puis se fit inscrire en 1874 au barreau de Paris.
Il se porta comme candidat républicain radical, le 26 février 1882, à l'élection législative complémentaire, motivée dans l'arrondissement d'Orange par la démission de M. Alphonse Gent, et fut élu député par 6,008 voix (11,817 votants, 22,336 inscrits), contre 5,313 voix à M. Eugène Raspail, ancien représentant.
M. Jules Gaillard siégea à l'extrême-gauche, vota avec la fraction de ce groupe qui obéissait aux inspirations « libertaires » de MM. Henry Maret et de Lanessan, et soutint alors le ministère Freycinet. Il parut quelquefois à la tribune, notamment pour demander, le 9 décembre 1883, que la question du Tonkin fût soumise à l'arbitrage international. Partisan en principe de l'abolition des armées permanentes, il crut devoir, toutefois, s'abstenir, dans le vote qui eut lieu sur la proposition Gambon tendant à cette abolition immédiate. Il se prononça, d'ailleurs, en plusieurs circonstances, contre la politique opportuniste.
Inscrit sur la liste républicaine radicale aux élections d'octobre 1885, dans le département de Vaucluse, il fut élu, au scrutin de ballottage, le 2e sur 4, par 33,305 voix (62,052 votants, 77,730 inscrits), prêta son appui aux ministères radicaux de la législature, vota pour la révision de la Constitution, renouvela, à différentes reprises, ses propositions d'arbitrage, se sépara de ses collégues, MM. Laguerre et Alfred Naquet, lors de la formation du parti boulangiste, qu'il combattit, proposa, au moment de l'interpellation Andrieux sur le Tonkin (28 février 1889), la neutralisation de ce pays, et continua de voter avec le groupe de l'extrême-gauche, où il resta inscrit. Dans la dernière session il s'est prononcé :
- contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligne des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 10 avril 1847 à Apt (Vaucluse), mort le 30 septembre 1933 à Courthézon (Vaucluse).
Député du Vaucluse de 1882 à 1893.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 86.)
Aux élections générales de 1889, qui se déroulent le 6 octobre au scrutin uninominal, Jules Gaillard est réélu député du Vaucluse, dans l'arrondissement d'Orange, par 9.594 voix contre 7.688 à Marcel Habert, candidat boulangiste.
A la Chambre il est nommé membre de la commission relative à la réglementation du travail, en 1890, et de la commission de la réforme générale des impôts (1891).
On lui confie le rapport sur le projet de loi portant modification de la loi du 21 mars 1884 relative à la création des syndicats professionnels.
Il interpelle le gouvernement sur l'utilité qu'il y aurait à provoquer un congrès destiné à élaborer une législation internationale du travail. Ainsi, Jules Gaillard faisait figure de précurseur : c'est en effet la première apparition, de cette question à la Chambre. L'idée a fait son chemin puisque la charte du travail a été incluse dans le traité de Versailles.
Il intervient dans la discussion de la proposition de loi tendant à déférer en cour d'assises les coups et blessures portées par les pères, mères ou ascendants à leurs enfants ou descendants légitimes ou adoptifs.
Puis il combat la politique coloniale entreprise par le gouvernement au Congo, au Dahomey et au Soudan par des moyens militaires.
Aux élections législatives de 1893, il est en ballottage au premier tour et se désiste pour le candidat de la gauche le plus favorisé, ce qui n'empêche pas l'élection du maire d'Orange le commandant Ducos porté par les conservateurs au second tour de scrutin.
Il n'a pas plus de succès aux élections sénatoriales du 1er avril 1894 puisque, en tête au premier tour de scrutin, il est néanmoins battu au troisième tour.
Ainsi s'achève la carrière parlementaire de Jules Gaillard. Nommé conseiller de préfecture à Lyon, il abandonne son poste au bout de quelques années. Fixé désormais à Avignon, il s'y consacre à des travaux littéraires et philosophiques - on lui doit une étude nourrie sur Bergson - et n'en continue pas moins à combattre pour ses idées, notamment pour la paix entre les nations et l'arbitrage. En 1931 - il était alors âgé de 84 ans - il prononça à Avignon une conférence très remarquée sur la Société des Nations.
Il devait mourir deux ans plus tard, le 30 septembre 1933, au château de Courthézon, où il s'était retiré depuis peu.