Raymond Gernez
1906 - 1991
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 27 novembre 1906 à Avesne-les-Aubert (Nord).
Député du Nord de 1936 à 1942.
Né à Avesnes en 1906, dans une famille de condition sociale modeste, Raymond Gernez quitte l'école assez rapidement pour apprendre le métier d'ébéniste qu'il exerça avec autant de goût que de talent.
Très vite il s'intéressa à la politique et s'inscrivit au parti socialiste (S.F.I.O.).
Secrétaire de section du parti, puis élu conseiller d'arrondissement, ses qualités de « militant ardent et propagandiste infatigable », selon ses camarades du parti, le firent choisir en 1936 comme candidat du parti S.F.I.O. pour la 1re circonscription de Cambrai (Nord).
Le 26 avril 1936, au premier tour, M. Gernez se plaçait avec 6.702 voix derrière le candidat radical, M. Deltour (11.288 voix) mais devant le candidat communiste M. Glay (4.486 voix) et M. Moithy (2.291 voix), disciple de Camille Pelletan, sur 25.800 votants et 28.603 inscrits. Au second tour, le 3 mai 1936, il était élu grâce au désistement communiste par 13.375 voix contre 12.382 pour M. Deltour et 273 voix pour des candidats divers.
A la Chambre des députés, il fit partie des commissions de l'Algérie, des colonies et du commerce et industrie en 1936, puis aussi de la commission de l'aéronautique en 1938.
Il intervint le 24 février 1938 en qualité de rapporteur pour avis à la commission du commerce et de l'industrie sur le projet de loi modifiant les conventions collectives du travail.
Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Né le 27 novembre 1906 à Avesnes-les-Aubert (Nord)
Décédé le 13 février 1991 à Cambrai (Nord)
Député du Nord de 1936 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Nord) Député du Nord de 1946 à 1958
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1826)
Démobilisé le 11 juillet 1940, avec le grade de sous-lieutenant de réserve, Raymond Gemez entre dans la Résistance dès le mois de juillet 1940. Il y déploie une activité intense, luttant efficacement contre le STO, organisant les actions de résistance dans la région de Saint Etienne et dirigeant les opérations de sabotage dans le Nord. Membre du réseau « Brutus », il est également responsable de presse clandestine en zone sud.
Appelé au commandement militaire du corps franc de la région de la vallée des Baux, il apporte, par son intervention judicieuse, un concours essentiel à l'entrée des troupes alliées dans cette région.
Cette brillante et courageuse participation aux combats de la Résistance est rappelée dans la citation accompagnant sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire (1948). Elle lui vaut également la médaille de la résistance avec Rosette (1946), la croix de guerre avec palmes (1948) et la croix du combattant volontaire de la Résistance (1953)
Promu au grade de lieutenant (1944), de capitaine (1947), puis de chef de bataillon (1957), il est admis à l'honorariat de son grade en 1965.
Raymond Gemez se présente aux élections à la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, dans le département du Nord (3e circonscription). Il figure en deuxième position, derrière l'ancien ministre Eugène Thomas, sur la liste SFIO qui recueille 133 674 voix sur 430 182 suffrages exprimés. Trois des neuf sièges de la circonscription sont attribués à cette liste. Raymond Gemez est donc élu, ainsi qu'Eugène Thomas et Madeleine Léo Lagrange. La liste du Parti communiste recueille 159 623 suffrages et obtient quatre sièges. les deux sièges restants vont à la liste MRP qui a recueille 87 396 suffrages. Les listes Union des Républicains (37 286 suffrages), Radical-socialiste (7 823 suffrages) et UDSR (4 380 suffrages) n'ont pas d'élus.
Raymond Gemez siège à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre.
Lors des élections à la seconde Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946, il figure encore en deuxième position sur la liste SFIO, toujours conduite par Eugène Thomas. Il est l'un des trois élus à cette liste, qui recueille 126 770 voix sur 439 159 suffrages exprimés. La liste du Parti communiste avec 153 590 suffrages obtient également trois sièges, celle du MRP (107 795 voix) emporte deux sièges, le neuvième siège de la circonscription étant attribué à la liste de l'Union des républicains du Nord (41 040 voix). La liste RGR qui recueille 9 965 suffrages, n'a pas d'élu.
Raymond Gernez retrouve son siège à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre.
Il est réélu député du Nord aux élections générales du 10 novembre 1946 (première législature de l'Assemblée nationale), de nouveau en deuxième position sur la liste SFIO qui réunit 110 977 voix sur 435 161 suffrages exprimés et a deux élus. La liste du Parti communiste (160 074 voix) a quatre élus, celle du MRP (76 202 voix), deux élus et a liste de l'Union des républicains et du rassemblement gaulliste (87 908 voix) emporte également deux sièges, le nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription étant passé de neuf à dix.
Raymond Gernez est nommé membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre, de la commission du travail et de la sécurité sociale, de la commission du ravitaillement et de la commission de la production industrielle.
Nommé à trois reprises juré de la Haute cour de justice, il y est désigné en qualité de juge suppléant, le 11 mars 1947.
Son activité parlementaire témoigne à la fois de son souci des problèmes concernant sa circonscription et de l'intérêt qu'il porte aux anciens combattants de la guerre et de la Résistance.
C'est ainsi qu'il dépose, le 25 février 1948, une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à accorder un secours d'urgence aux victimes de la catastrophe de chemin de fer de Thumeries (Nord), et, le 25 juillet 1950, une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à mettre une somme de cinq milliards à la disposition de la région du Cambrésis ravagée par la tornade du 21 juillet 1950. Il prend également part à la discussion d'une proposition de loi relative à l'imposition des tisseurs à domicile, particulièrement nombreux dans le département du Nord (mai 1950).
Le 2 novembre 1950, il dépose une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à autoriser le port de la médaille des engagés volontaires aux membres des Forces françaises de l'intérieur et aux membres des Forces françaises combattantes engagées pour la durée de la guerre.
Raymond Gemez sollicite à nouveau les suffrages des électeurs de la 3e circonscription du Nord, lors des élections législatives du 17 juin 1951. Conservant la deuxième place derrière Eugène Thomas, sur la liste SFIO qui recueille 105 348 voix sur 440 256 suffrages exprimés, le jeu des apparentements entre les listes SFIO, RGR, MRP et Indépendants-paysans, qui recueillent au total 177 574 voix, vaut au trois premiers de la liste d'être élus. Parmi les autres listes apparentées, seule celle du MRP emporte un siège avec 50 217 voix, la liste Indépendants-paysans et la liste RGR obtenant respectivement 120 985 et 9 024 voix. La liste du Parti communiste, avec 163 809 voix, a quatre élus et la liste RPF (97 351 voix) deux élus.
Raymond Gemez est nommé membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Le 21 novembre 1951, il dépose, au nom de cette commission, un rapport sur la proposition de résolution de plusieurs députés tendant à inviter le Gouvernement à passer avec le Gouvernement belge, une convention de réciprocité concernant les dommages mobiliers et immobiliers provoqués par la guerre aux ressortissants français habitant la Belgique et aux ressortissants belges habitant la France.
Le 20 mai 1952, il dépose une proposition de loi tendant à compléter l'article 22 de la loi de finances du 24 mai 1951 pour l'extension aux ventes de bière de la taxe unique.
Le 3 mai 1955, il interpelle la Gouvernement sur les incidents électoraux du Nord.
Raymond Gemez est renouvelé dans son siège de député, aux élections législative du 2 février 1956. Il occupe encore la deuxième place, sur la liste SFIO conduite par Eugène Thomas. Des apparentements ont cette fois, été conclus entre les listes SFIO et Radical-socialiste qui recueillent respectivement 114 601 et 41 482 voix sur 485 909 suffrages exprimés. L'application de la règle de la représentation proportionnelle entraîne l'attribution de trois sièges à la liste SFIO et d'un siège à la liste Radical-socialiste. La liste du Parti communiste emporte à nouveau quatre sièges, avec 181 593 voix, celles du MRP et des Indépendants-paysans ont chacun un élu, obtenant respectivement 47 329 et 60 130 voix. Enfin, la liste d'Union et de fraternité française présentée par Pierre Poujade, recueille 38 982 voix et n'a pas d'élu.
Raymond Gemez est à nouveau nommé membre de la commission de la reconstruction des dommages de guerre et du logement.
Le 1" juin 1958, il vote la confiance au général de Gaulle, et le 2 juin, les pleins pouvoirs.
Parallèlement à son mandat national, Raymond Gemez a été élu maire de Cambrai en 1945 et à conservé ces fonctions jusqu'en 1977. Il s'est attaché avec succès à la reconstruction de sa ville, sinistrée à 56 °o, faisant preuve de grandes qualités d'administrateur.
Il a également exercé les responsabilités de conseiller général du canton de Cambrai-Ouest de 1945 à 1951.
Sous la Ve République, aux élections de novembre 1958, Raymond Gemez est réélu député dans la 16e circonscription du Nord (Cambrai). Il conserve son mandat lors des renouvellements de 1962, 1967 et 1968.
Raymond Gemez a été promu officier de la légion d'honneur, à titre militaire le 2 décembre 1958.
Il était également titulaire de la Médaille d'or de l'éducation physique.
Il a publié plusieurs ouvrages qui reflètent ses préoccupations politiques et son souci du respect des libertés et de la démocratie (Les responsables de la défaite, Socialistes et communistes peuvent-ils s'unir ?, Les saboteurs du redressement français, Preuves, Le Parti communiste et l'Algérie, Laïcité, source de liberté et de paix, rempart contre la dictature).
Il meurt à Cambrai le 13 février 1991.
GERNEZ (Raymond, Auguste)
Né le 27 novembre 1906 à Avesnes-les-Aubert (Nord)
Décédé le 13 décembre 1991 à Cambrai (Nord)
Député du Nord de 1936 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Nord)
Député du Nord de 1946 à 1973
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1826, et dans le Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome IV, p. 179-181)
Après avoir retrouvé le conseil général en remportant l'élection cantonale d'avril 1958 à Cambrai-ouest, Raymond Gernez se porte candidat dans la 16e circonscription du Nord, celle de Cambrai-est et ouest, Carnières, Marcoing, aux élections législatives de novembre. Il obtient 17 580 voix. Il devance Emilienne Galicier, députée communiste, également élue depuis 1945, 11 295 voix ; le candidat gaulliste Henri Lepan, 9 289 voix ; Octave Décupère, conseiller général Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et adjoint de Raymond Gernez à la mairie de Cambrai, 5 045 voix et le candidat du Mouvement républicain populaire (MRP) 4 026 voix. Raymond Gernez remporte le second tour avec 19 762 voix et 40 % des 49 381 suffrages exprimés, contre Henri Lepan qui, avec 18 576 voix, double son total du premier tour grâce à un bon report de celles des candidats du MRP et du CNIP et Emilienne Galicier, 11 043 voix, dans le cadre d’une triangulaire. A l’Assemblée nationale, inscrit au groupe socialiste et élu secrétaire du Bureau, il est nommé à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales et la quitte en octobre 1959 pour siéger ensuite au sein de la commission de la Défense nationale et des forces armées. Lors des grands scrutins publics, il suit les orientations de son groupe parlementaire tout comme il suit la discipline de la fédération socialiste du Nord. Membre de la commission administrative de cette fédération jusqu'en 1976, qui appartient à la majorité du parti, il suit ses consignes dans les votes sur la politique de Robert Lacoste en Algérie et d’approbation du retour au pouvoir du général de Gaulle. Raymond Gernez s'oppose au projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale, le 3 juin 1959, et au projet de loi Debré concernant l’enseignement privé, le 23 décembre 1959. Il vote pour la levée de l'immunité parlementaire de Georges Bidault, le 5 juillet 1962, et approuve la motion de censure du 4 octobre 1962, provoquant la chute du gouvernement Pompidou. Candidat de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) aux législatives anticipées par la dissolution de l’Assemblée nationale, il recueille 16 132 voix au premier tour et devance Octave Décupère, qui a reçu l'investiture de l'Union pour la nouvelle République (UNR) et obtient 12 384 voix. Au second tour, le député socialiste sortant retrouve son siège avec 28 436 voix et 62,3 % des suffrages exprimés contre 17 199 voix au candidat gaulliste. Inscrit au groupe socialiste de l’Assemblée nationale, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, n’intervenant pas dans l’hémicycle, Raymond Gernez s’oppose, dans les grands scrutins de la deuxième mandature, à la ratification du traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 entre la République française et la RFA sur la coopération franco-allemande (13 juin 1963), au projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics (26 juillet 1963), de même qu’au projet de loi constitutionnelle portant modification de la Constitution (20 décembre 1963), au projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et au projet de loi relatif au recrutement en vue de l’accomplissement du service national (25-26 mai 1965). Aux législatives des 5 et 12 mars 1967, investi par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), le député sortant obtient 18 844 voix au premier tour. Il devance son adversaire gaulliste, Jacques Bardoux, candidat unique des Républicains indépendants et de l'Union des démocrates pour la Ve République (UD-Ve), qui obtient 13 449 voix. Au second tour, Raymond Gernez récolte 32 334 voix et 66,6 % des suffrages exprimés. Sous la troisième législature de la Ve République, il vote à l'unisson des députés de son groupe, qui prend l'appelation de groupe de la FGDS, pour approuver les motions de censure déposées au cours de la discussion du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social, les 20 mai et 9 juin 1967, ainsi que les motions de censure des 24 avril et 22 mai 1968. Aux élections législatives de juin 1968, auxquelles il se représente, se reproduit un duel droite-gauche. Après un premier tour, avec 16 982 voix, il est devancé de 1 687 voix par le gaulliste Francis Dehaine, chirurgien-dentiste investi par l'Union pour la défense de la République (UDR). Le député-maire socialiste de Cambrai est réélu au second tour, le 30 juin, avec 27 624 voix et 55,6 % des suffrages exprimés contre 22 025 voix à son adversaire gaulliste.
Inscrit au groupe FGDS puis au groupe socialiste après octobre 1969, toujours membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, Raymond Gernez ne se signale que lors des scrutins publics, en se prononçant en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) comme sur l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968), s'opposant ensuite au projet de loi Pleven dit « anti-casseurs » (4 juin 1970). Il vote pour la réforme du service national (10 juin 1970). Raymond Gernez désapprouve les déclarations de politique générale de Jacques Chaban-Delmas le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972, de même que la création des régions (27 avril 1972).
Aux élections législatives du 4 mars 1973, Raymond Gernez doit se retirer à l'issue du premier tour, ayant obtenu 15 130 voix, soit 480 de moins que le candidat communiste, Henri Cary, en raison des accords de désistement réciproque conclus en application du programme commun entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. Avec 25 985 voix, ce dernier est néanmoins battu de 522 voix au second tour par Jacques Legendre de l’Union des républicains de progrès (URP), qui a recueilli 1 259 voix au premier tour et sur lequel une part de l'électorat du député socialiste sortant s'est portée au second tour. A l'image d'autres élus socialistes, comme Georges Donnez (Nord) et Max Lejeune (Somme), Raymond Gernez se montre hostile à la politique d’Union de la gauche et quitte à leur suite, mais plus tardivement, le Parti socialiste, en octobre 1976, après avoir été battu aux élections cantonales du mois de mars par le gaulliste Jacques Legendre puis mis en minorité au sein de la section socialiste de Cambrai, dont il était secrétaire. A l'échelle locale, Raymond Gernez, réélu conseiller général, en 1964 puis 1970 et maire de Cambrai, en 1959, 1965 et 1971, est battu aux élections municipales de 1977, lorsqu’il se présente sous l’étiquette de « socialiste indépendant » contre la liste d'union constituée par le PS et le Parti communiste français (PCF), ces listes étant finalement devancées par celle du député Rassemblement pour la République (RPR) de la circonscription. Cette troisième défaite face à Jacques Legendre met un terme à la longue carrière politique de Raymond Gernez. C'est dans son fief de Cambrai, dont il fut député-maire pendant près de 30 ans, que Raymond Gernez s'éteint à l'âge de 85 ans.