Valéry Giscard d'Estaing
1926 - 2020
Président de la République du 19 mai 1974 au 19 mai 1981
Le fonds d’archives de la présidence de la République sous Valéry Giscard d’Estaing (mai 1974-mai 1981) se trouve aux Archives Nationales sous la cote 5 AG 3.
Il s’agit du premier fonds d’archives présidentielles à avoir été constitué à l’Élysée de manière systématique et raisonnée, et à représenter ainsi un ensemble complet et homogène : le chef de cabinet du Président Giscard d’Estaing s’est attaché, avec une archiviste des Archives nationales, à la conservation systématique des archives présidentielles.
Considérant « les archives de la présidence de la République comme appartement à la nation », le Président Giscard d’Estaing a signé avec le ministre de la Culture un contrat de dépôt des archives présidentielles, le 25 octobre 1979.
Le fonds est librement communicable à l’exception de certains documents soumis à des délais spéciaux de communicabilité. Une dérogation peut être octroyée par le Service interministériel des archives de France qui statue, après accord du Président Giscard d’Estaing qui garde un droit d’accès permanent à ce fonds. À l’expiration d’un délai de 60 ans, le fonds deviendra propriété de l’État.
Le fonds est constitué des dossiers provenant du secrétariat particulier de la présidence, du secrétariat général de la présidence, et des dossiers des services de l’Élysée.
Il est impératif de se reporter aux sources complémentaires, exhaustives, de l’inventaire du fonds 5 AG 3. Une mention particulière doit être faite des fonds suivants :
- Le fonds500 AJ (anciennement 500AP) couvre les périodes de ses ministères et de ses campagnes présidentielles (1969-1981). Les articles 500 AJ 1 à 264 concernent la période de ses deux ministères de l’Économie et des Finances (1962-1966, 1969-1974). Les dossiers 500 AJ 104 à 264 ont trait plus précisément à l’action de ses conseillers. Viennent ensuite les archives des campagnes des élections présidentielles de 1974 (500 AJ 265 à 272) et de 1981 (500 AJ 273 à 317).
- Le fonds 95AJ rassemble les archives de Philippe Sauzay, chef de cabinet du Président Giscard d’Estaing de 1974 à 1978, puis directeur de cabinet de 1981 à 1988.
Aux archives de l’Assemblée nationale, le fonds photographique, coté 2007-095, permet de retrouver Valéry Giscard d’Estaing président de la République, invité à l’hôtel de Lassay (1977-1978), puis député et président de la commission des Affaires étrangères (des années 1980 aux années 2000). Valéry Giscard d’Estaing a remis une lettre de démission de son mandat de député le 3 novembre 1989 ; celle-ci est conservée sous la cote 1 P 172.
Enfin, plus de six cents vidéos sont accessibles en ligne sur le site de l’INA.
Né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne)
Député du Puy-de-Dôme de 1956 à 1958
Valéry Giscard d'Estaing est né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne) où son père, Edmond Giscard d'Estaing, inspecteur des finances, exerçait les fonctions de directeur des finances au Haut-commissariat de France en Rhénanie.
Engagé volontaire, il sert au 2e dragons d'avril à octobre 1945 et fait l'objet d'une citation à l'ordre du corps d'armée comportant l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1944) et de l'Ecole nationale d'administration (promotion Europe, 1951), il entre en 1952 à l'inspection des finances. Adjoint à l'inspection générale des finances dès le 1er janvier 1952, il devient inspecteur des finances le 16 février 1954.
Au cours de l'année 1955, Valéry Giscard d'Estaing est successivement membre du comité restreint chargé d'enquêter sur les obstacles à la libération des échanges dans certains secteurs de l'économie (janvier), attaché au cabinet d'Edgar Faure, président du Conseil (mars) et directeur-adjoint de ce cabinet (22 juin -12 décembre).
C'est alors que commence une carrière politique à laquelle le prédestine son ascendance dans la ligne maternelle. Son arrière-grand-père, Agénor Bardoux (1829-1897), membre de l'Institut, fut en effet sénateur et ministre de l'instruction publique sous la présidence de Mac-Mahon (1877-1879). Son grand-père, Jacques Bardoux (1874-1959), également membre de l'Institut (voir dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 458 et 459 et 1940-1958, tome II, p. 252 à 254), sénateur du Puy-de-Dôme de 1938 à 1944, membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante, fut également député de ce département de 1946 à 1955, sous l'étiquette des Indépendants et paysans.
Jacques Bardoux n'étant pas candidat aux élections du 2 janvier 1956, Valéry Giscard d'Estaing se présente en deuxième position sur la liste d'Union des indépendants et paysans conduite par Joseph Dixmier, député sortant.
Dix listes sont en présence dans le département du Puy-de-Dôme pour sept sièges à pourvoir. Des apparentements ont été conclus entre, d'une part, les listes MRP et Indépendants-paysans, d'autre part, la liste d'Union et de fraternité française présentée par Pierre Poujade, une liste d'Action civique de défense des consommateurs et des intérêts familiaux, et une liste de Défense des intérêts agricoles et viticoles. Les autres listes sont celles du PCF, de la SFIO, de Défense paysanne et d'action populaire, du Parti radical-socialiste et des Républicains sociaux.
Sur 235 489 suffrages exprimés, les deux apparentements n'obtiennent respectivement que 49 092 et 43 535 voix. Les sièges sont donc répartis à la représentation proportionnelle.
Arrivée en tête avec 50 210 voix, la liste du PCF a deux élus. Celle de la SFIO (41 872 voix) obtient un siège. La liste d'Union des indépendants et paysans (36 095 suffrages) en remporte deux, compte tenu du score obtenu par la liste MRP qui lui était apparentée (12 997 voix). Les deux autres sièges de la circonscription sont attribués à la liste poujadiste (32 232 voix) qui bénéficie des suffrages obtenus par la liste de Défense des intérêts agricoles et viticoles (7 296 voix) et la liste d'Action civique de défense des consommateurs et des intérêts familiaux (4 007 voix). Les listes Radicale-socialiste (20 563 voix), de Défense paysanne et d'action populaire (19 850 voix) et des Républicains sociaux (8 207 voix) n'ont pas d'élu.
Valéry Giscard d'Estaing siège, tout naturellement, à la Commission des finances en qualité de membre suppléant. Il est, en outre, nommé membre de la Commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions.
De l'intense activité parlementaire qu'il déploie, il y a lieu de retenir surtout sa participation constante aux débats sur les grands problèmes qui se posent à la nation au cours de cette brève législature.
Ses interpellations sur le Marché commun européen témoignent de son souci de voir clairement posées toutes les questions que soulèvent la construction européenne et ses incidences sur l'économie française : nécessité d'une législation anti-trust, fixation du tarif extérieur commun, échanges avec les pays extérieurs au marché commun, mesures à prendre pour abaisser les prix français.
A l'occasion de la discussion, au mois de mars 1958, des conclusions d'un rapport relatif à la révision constitutionnelle, il intervient fréquemment pour souligner la nécessité d'opérer une véritable réforme constitutionnelle inspirée par des motifs de politique générale et le souci de modifier les mœurs parlementaires.
Il prend part à la discussion d'un projet de loi portant reconduction des lois prises successivement depuis le 16 mars 1956 relatives aux mesures exceptionnelles en Algérie (20 mai 1958).
Ne perdant pas de vue pour autant les questions intéressant son département, il intervient le 14 juin 1956, lors de la discussion du budget de l'éducation nationale, à propos de la transformation de l'école libre de droit de Clermont-Ferrand en faculté d'Etat.
Valéry Giscard d'Estaing vote la confiance au gouvernement du général de Gaulle le 1er juin 1958 et se prononce, le lendemain, pour l'adoption du projet de loi relatif aux pleins pouvoirs.
Il exerce aussi des responsabilités dans son département en tant que conseiller municipal de Chanonat et conseiller général du canton de Rochefort-Montagne.
En novembre 1956, il fait partie de la délégation française aux XIIe et XIIIe sessions de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
Réélu député dans la 2e circonscription du Puy-de-Dôme aux élections de novembre 1958, Valéry Giscard d'Estaing conserve ce mandat lors des renouvellements de 1962, 1967, 1968 et 1973. Ministre des finances du général de Gaulle et de Georges Pompidou, il succède à celui-ci à la Présidence de la République en mai 1974. Le 10 mai 1981, François Mitterrand, son concurrent de 1974, le distance. Valéry Giscard d'Estaing revient alors « à la base » : conseiller général de Chamalières en 1982, il retrouve son siège de député en 1984, mandat qui lui sera renouvelé lors des scrutins de 1986, 1988, 1993 et 1997.
Marié à Anne-Aymone Sauvage de Brantès (petite-fille d'Eugène Schneider, le maître de forges du Creusot), Valéry Giscard d'Estaing est père de quatre enfants.
GISCARD D'ESTAING (Valéry)
Né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne)
Décédé le 2 décembre 2020 à Authon (Loir-et-Cher)
Député du Puy-de-Dôme en 1958 et 1959, en 1962, de 1967 à 1969, en 1973, de 1984 à 1989 et de 1993 à 2002
Secrétaire d’État aux Finances du 8 janvier 1959 au 17 janvier 1962
Ministre des Finances et des Affaires économiques du 18 janvier 1962 au 8 janvier 1966
Ministre de l’Économie et des Finances du 20 juin 1969 au 24 mai 1974
Président de la République du 27 mai 1974 au 21 mai 1981
Élu député du Puy-de-Dôme en janvier 1956 sous l’étiquette du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Valéry Giscard d'Estaing vote l'investiture de Charles de Gaulle le 1er juin 1958 et soutient la ratification des nouvelles institutions lors du référendum du 28 septembre. Le 23 novembre, il est candidat aux premières élections législatives de la Ve République, marquées par le retour au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
Un accord est conclu à l'échelle du Puy-de-Dôme entre les gaullistes, réorganisés en octobre dans l'Union pour la nouvelle République (UNR) à qui est réservée la 1e circonscription, et le CNIP, principale force à droite dans le département – les quatre autres circonscriptions lui reviennent –, depuis que la Fédération des indépendants et paysans du Puy-de-Dôme, fondée en avril 1957, s'est substituée à l'ancien et puissant Parti républicain fédéral de Jacques Bardoux, grand-père maternel de Valéry Giscard d'Estaing. Celui-ci, vice-président de la Fédération, se présente dans la 2e circonscription qui juxtapose les quartiers bourgeois de Clermont-Ferrand et les cantons ruraux conservateurs au Sud-Ouest de la ville, parmi lesquels celui de Rochefort-Montagne, dont il a été élu conseiller général en avril 1958. Il choisit comme suppléant le docteur Guy Fric, ancien résistant et figure locale du gaullisme, mais aussi médecin de la famille Bardoux. L’élection offre certes un grand chelem aux partis de droite qui emportent les cinq sièges mais la 2e circonscription se distingue par la victoire, dès le premier tour, du candidat CNIP avec 25 067 voix (55 % des suffrages exprimés) face à Charles Rauzier (SFIO, 10 759), Jean Loiseau (PCF, 6 118) et Jean Damasio (député poujadiste sortant élu en 1956 dans la Seine, 3 268). Comme dans la précédente législature, Valéry Giscard d'Estaing retrouve les bancs du groupe IPAS (Indépendant et paysan d'action sociale).
En octobre 1957, le président du CNIP Antoine Pinay, candidat malheureux à la présidence du Conseil, avait prévu de nommer le jeune député secrétaire d'État aux Finances. C'est précisément ce poste qu'il obtient dans le gouvernement de Michel Debré en janvier 1959, à 32 ans, aux côtés d'Antoine Pinay qui retrouve la Rue de Rivoli. Déjà premier énarque député (avec Pascal Arrighi) trois ans plus tôt, l'élu du Puy-de-Dôme devient alors le premier énarque membre d'un gouvernement. Sans céder aux injonctions de ses aînés, il compose son cabinet en s'entourant de ses amis de l’ENA Jean Calvet, Philippe Dargenton, Jean-Pierre Fourcade, Jean Sérisé, placés sous la direction de Michel Poniatowski, ancien directeur de cabinet de Pierre Pflimlin. Dans la foulée de cette brillante promotion, Valéry Giscard d'Estaing se présente aux élections municipales de mars 1959 à Clermont-Ferrand, mais il échoue à renverser la majorité socialiste, solidement installée. Sa liste, bien qu’unissant CNIP, UNR et MRP, n’obtient que 30 % des voix et se retire au soir du premier tour.
La répartition des tâches entre le ministre des Finances et son secrétaire d'État est aisée. Ce dernier se charge de la préparation des dossiers tandis qu’Antoine Pinay assume la politique économique au Parlement et dans les médias. Les choses changent brusquement en novembre 1959 quand le ministre des Finances décide, sans en référer au chef de l'État, de partir en voyage au Vietnam pour rencontrer Ngo Dinh Diem, fidèle allié des États-Unis, laissant le secrétaire d’État en première ligne pour défendre à sa place le projet de budget de l'année 1960. En accord avec Roger Duchet, secrétaire général du CNIP, Antoine Pinay prépare en effet sa sortie du gouvernement afin de se poser en recours face à Charles de Gaulle, qu’il conteste pour sa politique économique jugée trop interventionniste et sa politique extérieure trop peu européenne et atlantiste. Le budget de 1960 n'est adopté le 17 décembre 1959 qu'à la majorité relative (220 voix sur 579), de nombreux députés indépendants mais aussi républicains populaires et de l'Entente démocratique s'étant abstenus. Le 13 janvier 1960, Antoine Pinay est « révoqué », selon sa formule, du gouvernement Debré. Pour ne pas brusquer les choses, il demande toutefois aux quatre autres ministres indépendants de ne pas démissionner – seul son vieil ami Max Fléchet n’obéit pas à la consigne.
Alors que l'opération politique visant à préparer une nouvelle majorité gouvernementale autour d'Antoine Pinay vient d'entrer dans sa phase active, la « Semaine des barricades » (24 janvier-1er février 1960), fomentée par les « ultras » à Alger dans le but de provoquer un nouveau 13-Mai, bouleverse soudain la donne. Le conseil national du CNIP réuni les 28 et 29 janvier, en soutenant « l'Algérie française », isole en effet brutalement le parti dans un pays de plus en plus favorable à une rapide sortie de guerre, et le plonge dans une crise interne qui ne va cesser de s'approfondir jusqu'à la scission en 1962.
Dans cette crise, la position de Valéry Giscard d'Estaing est singulière. Il est loin d'approuver toute la politique de Charles de Gaulle, à qui il reproche d'être hostile à une Europe fédérale (lui-même est membre du Comité pour les États-Unis d'Europe depuis sa création par Jean Monnet en 1955) et, plus encore, de ne pas respecter les articles 20 et 21 de la Constitution qui confient au gouvernement la tâche de « conduire la politique de la nation ». Partisan du maintien de l'Empire, comme son père qui a bâti sa fortune dans les colonies et son grand-père Bardoux, il prend toutefois peu à peu conscience que l'Algérie ne peut demeurer française. Il n'adhère donc pas à la stratégie de Roger Duchet qui consiste à jouer la carte de l'Algérie française pour reconfigurer le rapport des forces sorti des urnes en 1958 en déstabilisant un parti gaulliste profondément troublé par la politique algérienne du chef de l'État. Cela explique que le jeune secrétaire d'État décide finalement de rester au gouvernement après le départ d'Antoine Pinay, alors qu’il avait d’abord annoncé qu'il suivrait prochainement son ministre. Il voit dès lors sa position consolidée, d'autant que le nouveau ministre des Finances, Wilfrid Baumgartner, n'a pas d’expérience politique. Valéry Giscard d'Estaing prend ainsi l'habitude, à partir du printemps 1960, de s'entretenir régulièrement avec Michel Debré des questions économiques et financières, sans consulter préalablement son ministre de tutelle.
Au printemps 1961, la direction du CNIP, en refusant de condamner le putsch des généraux, aggrave encore la crise du parti. Après avoir remplacé Michel Poniatowski, proche de l'OAS, à la direction de son cabinet par Pierre Dehaye puis Jean Sérisé, Valéry Giscard d'Estaing écrit le 2 mai à tous les députés IPAS une lettre dans laquelle il les appelle à refuser les outrances des « ultras » présents dans le groupe parlementaire – sont visés en priorité François Valentin, Henri Trémolet de Villers et Jean-Marie Le Pen – et se pose en figure de référence pour les modérés qui, derrière Raymond Mondon, Aimé Paquet et Paul Reynaud, s’inquiètent de la dérive des jusqu'au-boutistes de l'Algérie française. Son attitude est récompensée par sa promotion au rang de ministre des Finances en janvier 1962 à la place de Wilfrid Baumgartner, après qu’il a refusé les postes de l'Éducation nationale puis de l'Agriculture d’abord proposés. Le 20 mars 1962, Valéry Giscard d'Estaing dépose ses trois premiers projets de loi sur le bureau de l'Assemblée nationale.
Reconduit aux Finances dans le gouvernement de Georges Pompidou formé en avril 1962, il poursuit sa stratégie, tout à la fois politique et personnelle, en apportant son soutien au projet de révision constitutionnelle prévoyant l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Au Parlement, les oppositions de droite et de gauche se coalisent contre ce projet dans un « Cartel des non » pour le moins disparate puisque s’y côtoient la SFIO et le CNIP qui se retrouvent de facto sur la même position que les communistes. Valéry Giscard d'Estaing devient alors l’homme qui rassemble la minorité des députés du CNIP décidés à rester au pouvoir aux côtés des gaullistes, conscients que l'électorat des Indépendants et paysans est déjà quant à lui majoritairement acquis au chef de l'État, comme le prouvent les résultats des deux référendums de 1962, sur les Accords d'Évian en avril, sur la réforme constitutionnelle en octobre.
C'est dans ce contexte que le ministre des Finances présente pour la troisième fois sa candidature à la députation. Mais il est cette fois investi par l'Association pour la Ve République, une structure créée par Georges Pompidou pour soutenir les candidats non gaullistes fidèles au régime. Tandis que les trois autres députés sortants du CNIP dans le département sont battus, Valéry Giscard d'Estaing, qui a rompu les contacts avec la Fédération des indépendants et paysans du Puy-de-Dôme, est réélu dès le premier tour. Il obtient 24 404 voix (57 % des suffrages exprimés) face à Charles Rauzier (SFIO, 8 961), Pierre Blot (PCF, 6 296) et Gabriel Usclade (maire de Saint-Saturnin investi par le CNIP, 2 710). Au soir du second tour, l'élu de la 2e circonscription se retrouve seul député de droite dans le Puy-de-Dôme, les autres sièges revenant à trois socialistes et un communiste. À la rentrée de la nouvelle Assemblée, il s'inscrit au nouveau groupe des Républicains indépendants (RI), composé pour l'essentiel d'anciens députés IPAS ayant quitté le CNIP et présidé par Raymond Mondon. Nommé ministre des Finances dans le deuxième gouvernement Pompidou, il laisse à nouveau son siège à son suppléant, Guy Fric.
De 1962 à 1965, Valéry Giscard d'Estaing s'occupe avant tout de conduire la politique économique et financière du pays. Il réorganise les services du ministère (transformation du Service des études économiques et financières en Direction de la prévision, intégration de la Direction des finances extérieures dans la Direction du Trésor, etc.) et poursuit la politique libérale d'Antoine Pinay visant à rétablir les grands équilibres monétaires et financiers. Il défend devant l'Assemblée nationale 73 projets de loi en trois ans (46 en 1963, 17 en 1964 et 10 en 1965), dont plus de la moitié portent sur les questions douanières dans le cadre de la mise en œuvre du Marché commun institué par le traité de Rome en 1957. Le plus important est sans conteste le « projet de loi de finances rectificative pour 1963, portant maintien de la stabilité économique et financière », déposé le 17 mai. Destiné à contenir l'inflation, il est resté connu sous le nom de « plan de stabilisation », entré en vigueur en septembre 1963. Les effets de cette politique sont indéniables. Le reliquat de la dette française contractée auprès des États-Unis durant la Deuxième Guerre mondiale est remboursé – le ministre rencontre John Fitzgerald Kennedy à la Maison-Blanche le 24 juillet 1962 – et le budget de 1965 est (légèrement) bénéficiaire pour la première fois depuis la Libération, tandis que de nouveaux dispositifs fiscaux (l'épargne-logement par exemple : projet de loi déposé le 1er juin 1965) permettent de collecter l'épargne en faveur des investissements.
Dans le même temps, le ministre décide de doter le groupe des députés RI d'une doctrine et d'une stratégie spécifiques. Il lance en 1963 le Bulletin d'information des républicains indépendants, mensuel. L'hebdomadaire d'Aimé Paquet, France rurale, bien diffusé chez les élus locaux et bientôt rebaptisé France moderne, devient la même année « l'organe des RI ». Le ministre écrit très régulièrement dans Le Figaro et donne de nombreuses conférences. En juillet 1965, le premier club Perspectives et Réalités est fondé à Paris par Jacques Dominati afin de rassembler les notables des nouveaux temps, entrepreneurs, professions libérales et cadres supérieurs, invités à élaborer un programme libéral d'avenir. Ils s’inscrivent dans la perspective ouverte par Valéry Giscard d'Estaing dans son discours de janvier 1965 à Vincennes, où il appelle de ses vœux un « humanisme libéral » et une « démocratie moderne ». Mais sa carrière ministérielle est stoppée net à l'issue de la première élection présidentielle au suffrage universel, nombre de gaullistes voyant en effet dans la mise en ballottage du président sortant une conséquence directe de la politique financière menée depuis 1962. Non reconduit au ministère des Finances en janvier 1966 dans le troisième gouvernement Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing se consacre alors à transformer les RI en force politique à part entière.
Le 15 février, un mois après son départ du gouvernement, il est l’invité de la nouvelle émission politique sur la première chaîne de télévision, intitulée « Face à face ». Devant cinq journalistes et dix millions de téléspectateurs, il modifie son image de technocrate distant et ne dément pas son ambition d’être un jour président de la République – L’Express titre « Naissance d’un dauphin ». En juin 1966 est créée la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI). L’ancien ministre en assure la présidence et nomme Raymond Mondon, président du groupe RI au Palais-Bourbon, président délégué, aidé par Jean de Broglie au secrétariat général. Une quinzaine de permanents, dont plusieurs ont été membres du cabinet de l’ancien ministre (Roger Chinaud, Bernard Lehideux, André Mousset, Marguerite Villetelle, Victor Chapot, etc.) assurent le fonctionnement de la machine. Parallèlement, les clubs Perspectives et Réalités se multiplient, coordonnés par Charles-Noël Hardy. Toute l’activité du nouveau parti est bientôt tournée vers la préparation des élections législatives de 1967. Tandis que Michel Poniatowski se charge des négociations avec l’UNR sur les candidatures uniques de la majorité (83 candidats de la FNRI investis finalement), Valéry Giscard d’Estaing lance la campagne de façon remarquée. Lors d’une conférence de presse le 10 janvier 1967, il n’attaque pas Charles de Gaulle directement mais dénonce le conservatisme du gouvernement qui tient en lisière le Parlement. Sans remettre en cause l’alliance de ceux qu’on nomme désormais couramment les « giscardiens » avec les gaullistes, il demande une évolution de la politique européenne et un meilleur équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif. Une position qu’il résume dans la formule provocatrice « oui, mais ».
Bien que les résultats ne soient pas tout à fait ceux espérés (42 élus RI, soit seulement 5 de plus que dans la précédente législature), le groupe giscardien n’en consolide pas moins sa position dans la majorité aux côtés des gaullistes, qui ont perdu plus de 30 sièges face aux gauches unies. Après avoir créé au printemps 1966 une fédération des RI dans le Puy-de-Dôme, absorbant les restes de la fédération du CNIP, Valéry Giscard d’Estaing se représente en mars 1967 dans la 2e circonscription de son département, Guy Fric étant son suppléant pour la troisième fois. Il est réélu dès le premier tour avec 29 695 voix (56 % des suffrages exprimés) face à Jean Parent, candidat pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et le Parti socialiste unifié (PSU) qui arrive en deuxième position avec 11 517 voix, devant Jean-Paul Sérandon (PCF, 7 904) et Alain Le Duval (Centre démocrate, 3 367). Un autre candidat RI, Michel Duval, est élu dans la 5e circonscription face au député communiste sortant.
L’ancien ministre se réinscrit au groupe RI. Le 6 avril, il est élu président de la commission de l’Assemblée nationale chargée des finances, de l’économie générale et du Plan (il est aussi élu membre de la commission consultative du cinéma le 9 juin), une manière de reconnaître la place incontournable des giscardiens dans une majorité qui ne compte plus que 242 députés face aux 235 élus des forces d’opposition et aux 9 non-inscrits. Il dépose trois rapports au nom de la commission qu’il préside : sur le projet de loi de finances pour 1968 (10 octobre 1967) et sur le projet de loi de programme relatif à la restauration des monuments historiques (1er décembre et, après les modifications apportées par le Sénat, le 19 décembre). Il intervient longuement et à plusieurs reprises dans les débats économiques et budgétaires (les 30 juin et 1er juillet, le 17 octobre, les 9, 10 et 23 novembre, le 7 décembre 1967), ainsi que sur les questions relatives à la restauration des monuments historiques (6 et 19 décembre). Il prend aussi part aux débats sur les motions de censure déposées en mai et en octobre 1967 par les gauches contre les ordonnances économiques : soutien au gouvernement mais appel à une meilleure prise en compte des avis des parlementaires dans la conduite de la politique du pays (27 mai et 10 octobre 1967).
En septembre 1967, il renforce son ancrage dans le Puy-de-Dôme dont il est déjà conseiller général, se faisant élire conseiller municipal de Chamalières, une commune aisée de près de 18 000 habitants située entre Clermont-Ferrand et Royat. C’est la démission du maire radical Pierre Chatrousse, en place depuis 1919, qui offre l’occasion de ce scrutin partiel. Face à un seul adversaire, communiste, il obtient 82 % des suffrages exprimés avant d’être désigné, à l’unanimité, au poste de maire par l’équipe municipale sortante.
Le début de l’année 1968 est marqué par la parution chez Grasset de la première biographie consacrée à l’ancien ministre, écrite par le journaliste Michel Bassi – futur porte-parole de l’Élysée en 1976 – qui termine son livre par un chapitre consacré à la succession de Charles de Gaulle. Dans les débats sur la motion de censure déposée par les gauches en avril contre l’introduction de la publicité à la télévision, l’ancien ministre n’intervient qu’incidemment le 24 pour demander à Georges Pompidou de respecter la règle de ne pas faire allusion aux décisions, discussions ou délibérations prises dans les instances gouvernementales, et dément avoir participé à une réunion antérieurement mentionnée par le Premier ministre dans le débat.
Lorsque se déclenche la crise sociale de Mai-68, le président de la FNRI adopte d’abord une attitude prudente, comme dix ans plus tôt. Il envoie ses proches à l’Odéon pour observer les événements. Puis surviennent la grève générale et le dépôt d’une nouvelle motion de censure par les gauches, discutée les 21 et 22 mai. Valéry Giscard d’Estaing défend la position du groupe tout entier, que Georges Pompidou rencontre juste avant le scrutin pour aplanir les réticences et promettre l’amnistie générale sur la guerre d’Algérie, demandée par les RI et les centristes. En refusant « d’ajouter l’aventure au désordre », il apporte le soutien des 42 députés RI au gouvernement, menacé par la défection de quelques gaullistes de gauche. Mais il ne manque pas de se distinguer du pouvoir en soulignant la nécessité d’un « humanisme dialogué » et d’une « démocratie partagée ». Le 30 mai au matin, alors que Charles de Gaulle a « disparu » la veille en RFA, il réclame dans un communiqué la démission du gouvernement. Valéry Giscard d’Estaing espère-t-il alors devenir Premier ministre ? Le soir, déçu par les mesures annoncées par le chef de l’État revenu entre-temps de Baden-Baden, il ne participe pas à l’immense manifestation gaulliste aux Champs-Élysées.
La préparation des élections législatives anticipées est difficile pour les giscardiens, déclarés adversaires par Charles de Gaulle qui exige qu’un candidat gaulliste soit opposé à chaque député RI sortant – Georges Pompidou obtient que des exceptions soient faites, notamment pour Valéry Giscard d’Estaing. Celui-ci se représente dans la 2e circonscription du Puy-de-Dôme mais avec un nouveau suppléant, non gaulliste cette fois, Jean Morellon, maire de Messeix depuis 1965 et conseiller général du canton de Bourg-Lastic depuis 1967. Il est réélu dès le premier tour avec 32 482 voix (60 % des suffrages exprimés) contre Roland Viel (FGDS-SFIO, 9 021), Jean-Paul Sérandon (PCF, 7 705) et Pierre Lenain (Centre démocrate, 3 724). Le groupe RI compte 61 députés, soit 19 de plus qu’en 1967. Sa position est néanmoins affaiblie : le groupe gaulliste (292) dispose désormais de la majorité absolue des sièges et peut donc se passer de l’apport de ses alliés giscardiens. Valéry Giscard d’Estaing, élu membre de la commission des finances de l’Assemblée, n’en retrouve pas la présidence. C’est la sanction pour son attitude depuis 1966. Il est reconduit le 13 décembre à la commission consultative du cinéma.
Désigné rapporteur spécial pour les questions de patrimoine dans le projet de loi de finances de 1969 (dépôt du rapport le 10 octobre 1968), il intervient le 13 novembre. En tant que simple député, il intervient aussi longuement à deux reprises sur la politique scolaire : le 24 juillet 1968 dans le débat sur la déclaration du gouvernement à propos de l’Éducation nationale, puis le 10 octobre sur le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, dite « loi Edgar Faure ». À chaque fois, il défend le principe de l’autonomie des établissements, leur ouverture sur l’Europe, la rénovation des méthodes d’enseignement et la construction de liens étroits avec les entreprises. Le 24 octobre, il intervient ponctuellement dans le débat budgétaire sur la question des droits de succession qui doivent, selon lui, permettre de sauvegarder la cellule familiale.
Alors que Charles de Gaulle décide de consacrer toute son énergie à son projet de « participation » annoncé dans son allocution du 24 mai 1968, Valéry Giscard d’Estaing prend de plus en plus nettement ses distances avec le pouvoir gaulliste. En décembre, lors de la troisième convention des clubs Perspectives et Réalités, il insiste pour que la réforme régionale projetée soit adoptée par la voie parlementaire, un référendum risquant à ses yeux de raviver les conflits du printemps précédent. La FNRI qu’il préside est très divisée : presque toutes les fédérations de Jeunes indépendants sont favorables au « non », les trois quarts des députés sont pour le « oui ». Le comité directeur du parti, réuni le 10 avril 1969, décide donc de laisser la liberté de vote aux adhérents. Mais le 14, dans une conférence de presse qu’il donne à la mairie de Chamalières, Valéry Giscard d’Estaing déclare : « [Le référendum] ne rend pas service à la France. […] Je ne l’approuverai pas ». Cette prise de position contribue, avec les déclarations de Georges Pompidou en janvier et en février, à renverser le rapport des forces en faveur du « non » qui l’emporte le 27 avril, entraînant la démission immédiate de Charles de Gaulle et une élection présidentielle anticipée.
Après un court moment d’hésitation, Valéry Giscard d’Estaing, conscient que son heure n’est pas encore arrivée et qu’il doit revenir au gouvernement pour consolider son image d’homme d’État, annonce au journal télévisé de 20 heures le 29 avril, qu’il choisit de soutenir la candidature de Georges Pompidou (et non celle du centriste Alain Poher), un homme dont il s’est rapproché depuis l’automne 1968, qu’il a défendu lors de « l’affaire Markovic » et avec lequel il est à l’unisson en matière de politique économique et européenne. Il s’engage pleinement dans la campagne de l’ancien Premier ministre. C’est ainsi qu’il affronte Pierre Mendès France le 28 mai à Grenoble devant 4 000 personnes réunies au Palais des glaces. Georges Pompidou, élu président de la République le 15 juin, nomme Jacques Chaban-Delmas à Matignon. Celui-ci propose le ministère de l’Éducation nationale à Valéry Giscard d’Estaing qui hésite, compte tenu de la situation difficile dans le monde scolaire un an après les « événements ». De son côté, Georges Pompidou, inquiet de la situation du franc, propose à Antoine Pinay le ministère des Finances mais celui-ci refuse et la Rue de Rivoli échoit finalement au président de la FNRI. À ce poste, il demeure cinq années de suite, dans le gouvernement Chaban-Delmas jusqu’en juillet 1972 puis dans les trois gouvernements de Pierre Messmer, de juillet 1972 à mai 1974.
Durant ces cinq années, il dépose au Parlement 59 projets de loi, au rythme d’environ une dizaine par an, avec un maximum de 13 projets en 1971. Outre les lois de finances et lois rectificatives, on ne compte que deux projets de loi concernant le régime douanier avec les pays européens, le libre-échange au sein de la CEE étant déjà établi. En revanche, la réglementation du secteur des assurances intéresse le ministre qui dépose cinq projets de loi sur ce sujet (14 octobre 1969, 2 avril 1971, 2 octobre 1971 – deux projets pour modifier les règles de résiliation des contrats et organiser le démarchage –, 2 octobre 1972). Le projet de loi, déposé le 3 juin 1970, met en place le premier mécanisme d’indemnisation des rapatriés d’Algérie. Ceux du 17 décembre 1970 et du 25 avril 1972 instituent diverses mesures en faveur des commerçants âgés tandis que le ministre des Finances dépose le 15 juin 1973, en lien avec son collègue Jean Royer, le projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat. Parmi les douze projets de loi réformant la fiscalité, déposés par le ministre (13 mai et 9 décembre 1970 ; 2, 6 et 29 avril, 14 et 18 mai 1971 ; 23 et 30 juin 1972 ; 21 juin et 2 octobre 1973 ; 2 avril 1974), deux sont particulièrement importants : l’instauration du paiement mensualisé de l’impôt sur le revenu (2 avril 1971) et le remplacement de la patente par la taxe professionnelle (2 avril 1974).
Entouré d’une équipe de collaborateurs élargie (Michel Poniatowski, Jacques Calvet, Jean Sérisé, Jean-Pierre Fourcade, Xavier Gouyou-Beauchamps, Claude Pierre-Brossolette, Jacques Wahl), flanqué d’un secrétaire d’État au Budget pompidolien, Jacques Chirac, avec lequel les relations sont excellentes, Valéry Giscard d’Estaing se pose d’entrée de jeu en nouveau sauveur de l’économie, menacée par les conséquences des « événements » de 1968. Le 16 juillet 1969, invité au journal télévisé de la première chaîne, il déclare œuvrer, en ce jour où décolle la mission Apollo 11, à « installer l’économie française au bord de la mer de la tranquillité ». Deux jours plus tard, la dévaluation du franc de 12,5 % – la première depuis la création du « nouveau franc » – est décidée, en concertation avec l’Élysée. Mise en application le 8 août, elle annule l’effet des hausses de salaires de juin 1968 sur les prix de revient des produits français à l’exportation.
Il se détache progressivement du projet de « nouvelle société » de Jacques Chaban-Delmas – au demeurant de plus en plus critiqué par le chef de l’État et les gaullistes d’ordre – qui, selon lui, mise trop sur les mesures sociales et pas assez sur les mesures de « civilisation ». En contre-point, il élabore son propre programme de « changement », fondé sur l’accroissement des libertés individuelles dans le cadre d’un libéralisme économique consolidé. Fidélité sans faille à la personne du président de la République pendant que Michel Poniatowski se charge de dénoncer les scandales politico-financiers qui impliquent des gaullistes ; développement de la FNRI à l’échelle locale par le ralliement d’un certain nombre de fiefs du CNIP grâce à l’activité efficace de Roger Chinaud, Michel d’Ornano et Jean-Pierre Soisson ; consolidation des liens avec les médias (en septembre 1970, dans une émission animée par Danièle Gilbert, il joue en direct de l’accordéon ; le 4 juin 1973, il donne une interview, torse nu, dans les vestiaires après avoir participé à un match de football) : autant d’éléments qui confortent peu à peu la place des giscardiens et de leur dirigeant dans la majorité. Les élections législatives de mars 1973 n’en sont pas moins difficiles pour celle-ci, désormais directement menacée par l’union des partis de gauche autour d’un « Programme commun », signé en juin 1972.
Valéry Giscard d’Estaing est à nouveau candidat dans la 2e circonscription du Puy-de-Dôme le 5 mars 1973, sous l’étiquette URP (Union des républicains de progrès) commune à la majorité. Il est réélu dès le premier tour mais avec une proportion de suffrages en nette diminution par rapport aux scrutins précédents, obtenant 27 826 voix (50,4 % des suffrages exprimés) face à Louis Thiéblot (PS, 10 212), Jean-Paul Sérandon (PCF, 8 213), Pierre Lenain (Mouvement réformateur, 5 176), Jean Erhard (PSU, 2 372) et Daniel Séguy (LO, 1 436). Le député RI sortant du département Michel Duval est en revanche battu et les quatre autres sièges du département reviennent aux socialistes. La FNRI, avec 55 députés au Palais-Bourbon, perd 6 sièges mais renforce paradoxalement sa position face aux gaullistes qui perdent de leur côté 109 sièges et la majorité absolue qu’ils détenaient depuis juin 1968 – première manifestation d’un déclin électoral qui va se confirmer l’année suivante. Valéry Giscard d’Estaing retrouve son poste de ministre des Finances dans le deuxième gouvernement Messmer. C’est donc son suppléant, le député sortant Jean Morellon, qui siège jusqu’à la fin de la législature.
La fin de l’année 1973 et le début de l’année 1974 sont marqués par l’entrée du pays dans « la crise », précipitée par le premier « choc pétrolier », par l’essor considérable des luttes sociales tous azimuts et par le malaise politique qui s’installe, Pierre Messmer ne parvenant pas à s’imposer dans l’opinion alors que Georges Pompidou est de plus en plus diminué par la maladie qui le frappe depuis plusieurs années. Dans ces conditions, le ministre des Finances, promu ministre d’État dans le troisième gouvernement Messmer formé le 1er mars 1974, apparaît désormais aux yeux de beaucoup comme l’homme politique capable de rassembler la droite face à l’Union de la gauche. Le décès du chef de l’État le 2 avril 1974 provoque, comme en 1969, une élection présidentielle anticipée. Cette fois-ci, Valéry Giscard d’Estaing est fermement décidé à présenter sa candidature. Ce qu’il fait le 8 avril, depuis la mairie de Chamalières.
Face à François Mitterrand, candidat de l’Union de la gauche, le candidat gaulliste Jacques Chaban-Delmas est jugé trop « social » par les proches du président défunt, emmenés par Jacques Chirac. Ils décident donc de soutenir « VGE ». Celui-ci semble en effet mieux placé pour l’emporter grâce à sa volonté d’« ouverture au centre », susceptible de disputer au PS rénové son influence grandissante parmi les classes moyennes urbaines et salariées. C’est précisément dans cette perspective qu’il a mené depuis 1972, en compagnie de Michel Poniatowski, des négociations secrètes avec les dirigeants du Centre démocrate, Jean Lecanuet et Pierre Abelin, pour préparer l’alliance entre les deux forces.
Sa campagne est filmée par le cinéaste Raymond Depardon. C’est une première en France. Grand admirateur de « JFK » dont la photographie est depuis le début des années 1960 sur son bureau, le candidat du « libéralisme avancé » souhaite sans doute laisser une trace de sa campagne, comparable au film Primary tourné par Richard Leacock en 1960 – pour des raisons en partie inexpliquées. Il n’autorise toutefois la sortie du film en salles qu’en 2002, sous le titre 1974. Partie de campagne. Avec 32 % des voix contre seulement 15 % au député-maire de Bordeaux, le ministre des Finances accède au second tour. Il fait face avec efficacité au candidat d’Union de la gauche lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours, le 10 mai – une première dans la vie politique française –, lui adressant notamment cette réplique restée célèbre : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Il l’emporte de justesse (50,8 % des suffrages) sur François Mitterrand le 19 mai 1974. Lors de sa première allocution officielle, le 27 mai, le nouveau président déclare : « De ce jour date une ère nouvelle de la politique française, celle du rajeunissement et celle du changement ».
Le septennat commence par le lancement d’une série de réformes volontairement proches de celles prônées par les gauches afin d’enrayer leur essor. C’est « le changement sans la révolution », selon la formule de Michel Poniatowski : majorité à 18 ans, élargissement de la « loi Neuwirth » sur la contraception et légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (les deux « lois Veil »), collège unique, divorce par consentement mutuel, loi en faveur des handicapés, allocation personnalisée au logement, etc. L’entrée concomitante du pays dans « la crise » (400 000 chômeurs fin 1973, 900 000 fin 1975, plus d’1,7 million en avril 1981) devient toutefois rapidement l’obstacle majeur sur la voie du « consensus » que le président ne cesse d’appeler de ses vœux. Un sujet d’affrontement aussi avec le Premier ministre, Jacques Chirac. Celui-ci, après le relatif échec de son plan de relance de septembre 1975, souhaite en découdre avec les gauches devenues majoritaires dans le pays (56 % aux élections cantonales de 1976) en précipitant les échéances électorales et en renonçant à certaines réformes, telle la taxation des plus-values. Ce que le président refuse. Le 25 août 1976, Jacques Chirac démissionne dans des conditions totalement inédites, prenant l’initiative de convoquer lui-même les journalistes pour rendre publique la nouvelle en des termes peu diplomatiques : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre et dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin ».
L’arrivée de Raymond Barre à Matignon en ce même 25 août 1976 marque le début d’une nouvelle politique économique et sociale. La priorité est désormais d’aider les entreprises confrontées aux mutations de la troisième révolution industrielle tout en combattant l’inflation. Trois grands chantiers sont ouverts, qui amorcent de profonds changements dans le monde salarié : développement du travail à temps partiel, essentiellement réservé aux femmes ; dispositifs spécifiques pour les jeunes – les quatre « Plans Barre » successifs (prise en charge par l’État des cotisations des apprentis et des jeunes salariés, création du contrat de travail « à durée déterminée », essor des stages, etc.) ; réduction du nombre des travailleurs immigrés dans les grandes usines avec l’instauration d’une « prime au retour ».
En cette période marquée par l’apogée de l’expansionnisme soviétique, la politique extérieure, qui occupe plus exclusivement le président à partir de 1976, prolonge celle de ses prédécesseurs en matière nucléaire ou de politique africaine. Du 15 au 17 novembre 1975, c’est à son initiative que se réunit à Rambouillet le premier sommet des dirigeants des plus grands pays industriels (G6, avant que le Canada rejoigne le groupe en 1976, devenant alors le G7). L’essentiel n’en est pas moins pour Valéry Giscard d’Estaing de poursuivre activement la construction de l’Europe : consolidation de l’axe Paris-Bonn (favorisée par l’amitié entre le président et le chancelier allemand Helmut Schmidt), institution des conseils européens, création de l’« ECU », élection du Parlement européen au suffrage universel (juin 1979), nouvel élargissement de la CEE (entrée de la Grèce en 1981, négociations avec l’Espagne et le Portugal). Dans la dernière partie de son mandat, alors que le monde est entré dans la « guerre fraîche », le chef de l’État contribue, aux côtés des responsables américain, britannique et allemand, à définir lors du sommet de la Guadeloupe en janvier 1979, de façon officieuse, une position occidentale commune de fermeté (présentée un an plus tard par l’OTAN comme la double décision) face au déploiement des missiles SS-20 par l’URSS. Publiquement, il s’engage toutefois personnellement pour sauvegarder la « détente », considérant qu’il faut maintenir le dialogue avec la puissance soviétique. Il refuse le boycott des Jeux olympiques de Moscou en 1980 et rencontre Leonid Brejnev à Varsovie, soulevant des protestations face à ce qui apparaît, à certains dirigeants occidentaux, comme un manque de solidarité.
L’existence d’un chômage de masse, l’évolution accélérée des mœurs, la politique européenne sont autant d’éléments qui modifient dans le même temps le système partisan mis en place au début de la Ve République. Sans que l’affrontement droites-gauches s’atténue, le rapport des forces interne au « quadrille bipolaire », selon l’expression de Maurice Duverger, se modifie. À gauche, le PS dépasse désormais le PCF. Désemparé, celui-ci fait échouer les négociations de réactualisation du « Programme commun » en septembre 1977. Contrairement aux prévisions, les élections législatives sont perdues par la gauche en mars 1978. À droite, Jacques Chirac réorganise les gaullistes dans le Rassemblement pour la République (RPR) en décembre 1976, ce qui précipite l’union des « giscardiens » dans l’Union pour la démocratie française (UDF), réalisée en février 1978 – le chef de l’État reçoit la carte n°1. Cette nouvelle formation, mise en place par Michel Pinton, François de Sesmaisons et présidée par Jean Lecanuet, fait bonne figure aux législatives de mars 1978, et creuse l’écart au détriment du RPR lors du scrutin européen en juin 1979. La réélection de Valéry Giscard d’Estaing semble acquise en 1981.
Malgré les effets démobilisateurs du chômage sur les salariés, un sentiment de profonde insatisfaction sociale se maintient toutefois, que les gauches, exclues du pouvoir depuis 23 ans, sont les mieux placées pour capter. À cela s’ajoutent les inquiétudes soulevées par la « loi Sécurité et liberté » (février 1981) jugée attentatoire aux libertés individuelles, les répercussions de divers scandales dont celui dit « des diamants de Bokassa » qui touche directement le président, et l’ambition de Jacques Chirac. Entre les deux tours, celui-ci, arrivé en troisième position (18 % des voix), rencontre secrètement le candidat socialiste François Mitterrand et Charles Pasqua fournit au PS la liste des adhérents du RPR, ce qui permet l’envoi aux militants chiraquiens d’une lettre signée Philippe Dechartre, gaulliste de gauche, appelant à voter pour Mitterrand. À côté de cette manœuvre (qui n’eut cependant pas tous les effets qu’on lui prête ordinairement), il faut souligner l’évolution qui s’amorce alors au sein de l’électorat écologiste naissant, encore majoritairement à droite en 1978 mais majoritairement à gauche trois ans plus tard. Le déclin du PCF, incapable de prendre ses distances avec l’URSS engagée en Afghanistan, fait le reste. Le président sortant ne recueille que 28 % des suffrages le 26 avril et 48 % le 10 mai 1981. Le 19, il dit « au revoir » aux Français, bien décidé à revenir au premier plan de la vie politique.
Profondément blessé par sa défaite qu’il impute – à tort – exclusivement à Jacques Chirac, il ne participe pas aux élections législatives de juin à l’issue desquelles le PS emporte la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale, provoquant du même coup l’échec de la stratégie chiraquienne qui escomptait, après la mise à l’écart de l’ancien président, une victoire du RPR aux législatives afin d’imposer une cohabitation à François Mitterrand. Après divers voyages et une retraite au Mont Athos en Grèce, Valéry Giscard d’Estaing décide à l’automne 1981 de revenir en politique.
En février 1982, il lance le Conseil pour l’avenir de la France, une instance de réflexion qui doit fournir analyses et éléments de programme. Parmi les 51 membres du Conseil, on ne compte que 15 élus à côté d’une majorité de patrons et de professions libérales, sur le modèle des clubs Perspectives et Réalités. Le mois suivant, à la surprise générale, il dépose sa candidature aux élections cantonales, profitant de la création du nouveau canton de Chamalières, calqué sur le territoire de la commune dont il a été maire : une façon de reconstruire sa carrière par en bas et de démontrer son intérêt pour la vie quotidienne de ses concitoyens. Le 14 mars, il est élu dès le premier tour avec 72 % des suffrages. En juin, il publie trois longs articles dans Le Figaro. Le 16 septembre, il est l’invité de l’émission télévisée « L’Heure de vérité ». En novembre, il participe au congrès annuel de l’UDF. En décembre, il déjeune avec Jacques Chirac dans un grand restaurant parisien, scellant ainsi une réconciliation amorcée depuis une année.
Mais ce retour dans la vie publique, bien mis en scène, est troublé par le retour concomitant de Raymond Barre qui cultive la différence avec ses deux rivaux par son refus de toute cohabitation et sa posture au-dessus des partis, même s’il a de solides soutiens au Centre des démocrates sociaux (CDS). Face à cette concurrence inattendue, Valéry Giscard d’Estaing cherche à renforcer sa position de deux façons.
Défenseur convaincu de l’union RPR-UDF dans la perspective des élections législatives de 1986, il renonce définitivement à son « libéralisme avancé » de 1974 qui incluait un certain nombre de réformes de société souhaitées par les gauches. Il adhère désormais sans la moindre réserve au néolibéralisme qui domine sans partage ou presque à droite. Dans son nouvel ouvrage de réflexion politique, Deux Français sur trois (Flammarion), présenté lors de l’émission « L’heure de vérité », le 5 mars 1984, il précise sa vision de l’avenir, déjà largement esquissée en 1976 dans Démocratie française : les mutations sociales depuis vingt ans ont donné naissance à une vaste classe moyenne urbanisée, salariée et instruite, aspirant selon lui à des relations politiques « décrispées » afin de jouir paisiblement du bien-être offert au plus grand nombre ; il devient dès lors possible de faire entrer la France dans le rang des pays dits « modernes » où majorité et opposition s’affrontent sans menace de bouleversement social, grâce à un large consensus rassemblant au moins deux tiers des citoyens autour du libéralisme économique et politique.
Parallèlement, il décide de revenir siéger au Palais-Bourbon. Son fidèle lieutenant auvergnat, Claude Wolff, maire de Chamalières depuis 1974, conseiller général de Rochefort-Montagne depuis 1976 et député de la 2e circonscription du Puy-de-Dôme depuis 1981, est élu député européen en juin 1984. En partant siéger à Strasbourg, il libère le siège que Valéry Giscard d’Estaing brigue dans l’élection partielle du 23 septembre. Il est élu dès le premier tour avec 63 % des suffrages exprimés (55 % des inscrits ont participé au scrutin) face à sept autres candidats, le principal étant le socialiste Georges Allain (20 %). Le mois suivant, il s’affiche aux côtés de Jacques Chirac à la tribune du conseil national du Parti républicain (PR) – le nom adopté par la FNRI en 1977 – qui porte François Léotard à sa tête.
Inscrit au groupe de l’UDF et membre de la commission des lois à l’Assemblée nationale, il prononce le 28 novembre son premier discours depuis son retour dans l’hémicycle en attaquant vivement le Premier ministre Laurent Fabius qu’il accuse de laisser les indépendantistes imposer leurs vues en Nouvelle-Calédonie. Le 10 avril 1985, il intervient contre le projet de loi visant à instaurer la proportionnelle intégrale aux prochaines élections législatives et régionales. Le 29 juin, il dépose une proposition de loi, emblématique du néolibéralisme triomphant, pour abroger les ordonnances de juin 1945 qui fixaient le cadre général de l’intervention de l’État dans l’économie depuis la Libération. Le 16 octobre, il prend longuement la parole à l’occasion du débat budgétaire : il dresse un bilan particulièrement négatif de la politique économique des gauches au pouvoir depuis 1981. Le 6 janvier 1986 enfin, il dépose une proposition de loi sur la liberté de communication qui prône la libéralisation du secteur des médias.
Souhaitant ardemment être nommé Premier ministre à l’issue des législatives de 1986, Valéry Giscard d’Estaing cherche à se poser en maître d’œuvre de la future majorité RPR-UDF. Le 9 juin 1985, il marque un premier point en présidant, entouré de ses deux anciens Premiers ministres, la Convention libérale qui pose les bases du programme commun des droites. Mais le président du RPR profite bientôt des négociations sur la composition des listes d’union, dans le cadre départemental comme le prévoit la nouvelle loi électorale, pour placer en position éligible plus de candidats du RPR que de l’UDF, moins homogène, et pour écarter l’ancien président de la rédaction finale du programme dont le pilotage est confié à Alain Juppé (RPR) et Alain Madelin (PR).
Le 16 mars 1986 ont lieu les élections législatives de l’alternance, couplées aux premières élections régionales au suffrage universel dans le cadre de la décentralisation organisée par les « lois Defferre ». Valéry Giscard d’Estaing se présente dans le Puy-de-Dôme (six sièges à pourvoir désormais) à la tête de la « liste d’union de l’opposition » aux législatives. Celle-ci obtient 47 % des suffrages exprimés (39 % en 1981) et trois députés – outre l’ancien président, Georges Chometon (CDS) et Pierre Pascallon (RPR) – face à la liste du PS menée par Roger Quilliot, sénateur-maire de Clermont-Ferrand et ancien ministre du Logement, qui emporte 36 % des voix (47 % en 1981) et trois sièges. Les six autres listes, avec moins de 10 % des voix, n’ont aucun siège : PCF (8 %), Front national (6 %), trois listes d’extrême gauche (2,5 % au total) et une liste divers droite (0,5 %). À l’échelle nationale, l’union RPR-UDF gagne de justesse la majorité absolue des sièges mais le parti de Jacques Chirac ayant davantage d’élus que l’UDF, l’ardent espoir de Valéry Giscard d’Estaing d’entrer à Matignon s’évanouit. Il espère alors se voir confier un grand ministère du « Redressement économique ». Mais dans la perspective de la présidentielle de 1988, ni Jacques Chirac, ni François Léotard ne le souhaitent. Il réclame ensuite la présidence de l’Assemblée nationale, mais le Premier ministre l’a promise à Jacques Chaban-Delmas pour sceller leur réconciliation. On lui propose le ministère de la Justice ou celui des Affaires étrangères, qu’il refuse. Tête de liste au scrutin régional qui se déroule le même jour que les législatives, Valéry Giscard d’Estaing est aisément élu président du conseil régional de l’Auvergne et décide de se consacrer pleinement à cette tâche afin de consolider son image d’homme politique enraciné et proche des Français.
À l’échelle nationale, il soutient loyalement le gouvernement Chirac. Inscrit au groupe de l’UDF à l’Assemblée nationale et élu membre de la commission des affaires étrangères, il dépose à nouveau le 23 avril 1986 les deux propositions de loi portées lors de la législature précédente, sur l’abolition des ordonnances économiques de juin 1945 et sur la liberté de la communication. Il intervient sur le projet de loi de finances rectificative le 27 mai 1986 puis sur la ratification de l’Acte unique européen, qu’il approuve sans réserve, le 20 novembre suivant. L’ancien chef de l’État comprenant peu à peu que ses chances d’être candidat des droites aux présidentielles s’amenuisent au fur et à mesure que le duel entre Jacques Chirac et Raymond Barre se précise, il choisit en février 1987 de se tenir « à équidistance » des deux rivaux. Dans les faits, un peu moins loin de Jacques Chirac que de Raymond Barre tout de même, car il redoute que ce dernier, s’il se qualifie pour le second tour, ait plus de chances de l’emporter face à François Mitterrand et lui ferme la porte d’un retour à l’Élysée. À nouveau invité à l’émission « L’Heure de vérité » le 11 février 1987, il y parle longuement de l’avenir de l’Europe unie. Devant son ami Helmut Schmidt, ancien chancelier de la RFA, qu’il a fait venir sur le plateau, il exprime son souhait de devenir un jour président des Communautés européennes. Le 8 avril 1987, il est élu président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale et c’est à ce titre qu’il intervient, le 16 juin, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère.
L’échec de Jacques Chirac et de Raymond Barre à l’élection présidentielle d’avril-mai 1988 ouvre soudain de nouvelles perspectives aux ambitions de Valéry Giscard d’Estaing. Dès le soir du second tour, il se pose en chef de l’opposition et préside le 17 mai la réunion de lancement de l’URC (Union du rassemblement et du centre) pour les élections législatives anticipées de juin, après que le chef de l’État a décidé de dissoudre l’Assemblée élue en 1986. Les droites ayant supprimé la proportionnelle dès l’automne 1986, on revient au scrutin uninominal majoritaire à deux tours mais dans le cadre d’un nouveau découpage des circonscriptions, au nombre de 577 désormais.
Valéry Giscard d’Estaing se présente dans la 3e circonscription du Puy-de-Dôme, en partie différente de la précédente dont il était le député depuis 1958 et désormais constituée de 9 cantons dont ceux de Clermont-Ferrand Ouest et Sud-Ouest, Chamalières, Rochefort-Montagne et Royat. Il est élu dès le premier tour, le 5 juin 1988, avec 26 585 voix (59 % des suffrages exprimé) face à Gérard Sémetin (PS, 13 848), Maurice Vigier (PCF, 2 579) et Hubert Munier (FN, 2 325). Inscrit au groupe de l’UDF et reconduit à la présidence de la commission des affaires étrangères, il se consacre à une nouvelle tâche à compter du 30 juin : présider l’UDF en lieu et place de Jean Lecanuet, démissionnaire, dans le but d’en faire le pivot de l’opposition et de préparer ainsi sa candidature aux élections présidentielles de 1995.
D’entrée de jeu, la situation apparaît cependant plus complexe qu’il ne l’avait prévu. Les centristes du CDS décident en effet de constituer un groupe à part, l’Union du centre (UDC), manifestant leur volonté de coopérer avec le gouvernement de Michel Rocard dans lequel sont entrées plusieurs figures giscardiennes, dont Jean-Pierre Soisson, et que Raymond Barre a choisi de ménager. Valéry Giscard d’Estaing avait déjà présidé un parti – la FNRI de 1966 à 1974 – mais étroitement secondé par Michel Poniatowski. Sans ce soutien quinze ans plus tard, il peine à conduire la rénovation d’une confédération composite, laissant percer son peu d’appétence pour les tâches de gestion partisane. Il met trois ans à faire adopter une réforme des statuts qui améliore la représentation des différentes composantes de l’Union sans en faire pour autant un parti aussi bien organisé que le RPR rival. Il ne sait pas non plus empêcher la constitution, à l’instigation de François Bayrou, pourtant délégué général de l’UDF, d’une liste autonome du CDS menée par Simone Veil aux élections européennes de 1989, ni un certain nombre de dissidences dont la plus importante est celle de Philippe de Villiers qui crée, en 1991, Combat pour les valeurs.
Certes, la liste UDF-RPR qu’il conduit (sans le CDS) aux européennes de 1989 arrive en tête avec 29 %, loin devant la liste socialiste menée par Laurent Fabius (23 %), la liste de Simone Veil ne recueillant que 8 % des voix. Cela consolide un temps sa position de chef de l’opposition. Après avoir été très peu présent au Palais-Bourbon (une proposition de loi déposée le 23 novembre 1988 sur le calendrier des élections locales, une intervention le 6 juin 1989 dans le débat sur une motion de censure, une question au gouvernement sur les bouleversements en Europe de l’Est le 4 octobre suivant), il démissionne de son siège de député le 4 novembre 1989, remplacé par son suppléant Claude Wolff, pour mieux se consacrer à ses rôles de président de l’UDF et de leader des droites. Il multiplie les interventions en matière de politique étrangère pour faire entendre sa voix sur les grands sujets d’alors, effondrement du bloc de l’Est et première guerre du Golfe. En septembre 1991, il rédige un article dans Le Figaro qui fait grand bruit sur « l’invasion » de la France par les étrangers et le besoin d’abandonner le droit du sol en matière de nationalité. Mais cela a pour principale conséquence de renforcer l’opposition des « rénovateurs », génération de « quadras » désireux d’accéder aux premiers rôles, au moment où l’émission à succès « Les Guignols de l’info », en caricaturant « VGE » en vieillard sorti de l’hospice, contribue sans doute un peu plus à desservir ses ambitions élyséennes.
Les élections législatives de 1993 démontrent que sa marginalisation est déjà amorcée. Dans la préparation du scrutin, il est en effet tenu en lisière par les chefs des deux principaux partis composant l’UDF, François Léotard (PR) et François Bayrou (CDS). Certes, il est brillamment réélu député de la 3e circonscription dès le premier tour. Il obtient 25 228 voix (55 % des suffrages exprimés) face à Alain Baudot (PS, 7 598), Marc Saumureau (Verts, 4 240), Claude Jaffrès (FN, 3 887), Maurice Vigier (PCF, 2 509), Gilles Bavenel (Nouveaux écologistes, 1 520) et Jean-Marc Miguet (MDC, 1 089). Certes, les 207 députés UDF à l’échelle nationale se réunifient dans un groupe unique, après cinq années de division en deux groupes distincts. Mais face aux 242 élus RPR, Valéry Giscard d’Estaing, qui s’était comme en 1988 déclaré candidat à Matignon, ne peut finalement y prétendre. Édouard Balladur devient Premier ministre.
Président de la commission des affaires étrangères de 1993 à 1997, l’ancien chef de l’État consacre l’essentiel de ses interventions – au demeurant peu nombreuses – aux questions européennes, abordées sous l’angle des institutions ou celui de l’économie : nouveau statut de la Banque de France (8 juin 1993), Union économique et monétaire (20 février 1996), réactions aux déclarations des titulaires successifs du Quai d’Orsay, Alain Juppé puis Hervé de Charette, sur la politique extérieure de la France (24 janvier, 12 avril, 14 juin et 7 décembre 1994, 13 décembre 1995, 27 novembre 1996). Il intervient aussi, beaucoup plus ponctuellement, dans le débat budgétaire de l’automne 1993 (15 et 28 octobre), sur la loi d’orientation pour le développement territorial (9 et 10 juillet 1994) et lors de la ratification du traité instituant l’Organisation mondiale du commerce (14 décembre 1994).
Dès décembre 1993, François Léotard, ministre d’État et ministre de la Défense, déclare souhaiter une candidature d’Édouard Balladur, figure du RPR, à la présidentielle de 1995. Contre les dirigeants des différentes composantes de l’UDF qui se rallient progressivement presque tous au Premier ministre, il ne peut que constater son échec à transformer la confédération en une véritable fédération, capable de soutenir ses propres ambitions politiques. C’est donc avant tout en spectateur que le président de l’UDF assiste au duel qui s’engage par étapes entre les deux « amis de trente ans », même s’il attend le mois de mars 1995 pour annoncer officiellement qu’il ne sera pas candidat. Il soutient finalement – par dépit ? – Jacques Chirac contre Édouard Balladur au premier tour de l’élection présidentielle. Le 14 mai, invité pour la onzième et dernière fois à l’émission « L’Heure de vérité », il annonce que « la phase la plus active de [s]on action politique s’achève après cette élection ». Le 30 mars 1996, il démissionne de la présidence de l’UDF. Le lendemain a lieu l’élection de son successeur. Il tente une ultime manœuvre pour barrer la route à François Léotard, candidat des « rénovateurs », en soutenant Alain Madelin. Sans succès.
En 1997, pour la première fois depuis 1956, sa réélection à l’Assemblée nationale n’est pas acquise dès le premier tour. Candidat dans la 3e circonscription du Puy-de-Dôme à nouveau le 25 mai, il n’obtient en effet que 15 542 voix (34,5 % des suffrages exprimés) face à Danielle Auroi (Les Verts, avec le soutien du PS, 13 208), Serge Teillot (maire Divers droite de La Bourboule, 5 089), Claude Jaffrès (FN, 3 420), Marc-Antoine Sabatier (MPF, 1 517), Michel Lavigne (Génération écologie, 925), Jean-Marc Miguet (MDC, 843) et Annie Roucher (sans étiquette, 248). Il l’emporte au second tour avec 25 147 voix, soit 53,8 % des suffrages exprimés) contre Danielle Auroi (21 593).
Depuis 1986, Valéry Giscard d’Estaing s’est beaucoup investi dans son rôle de président du conseil régional d’Auvergne, concevant cette fonction comme un atout important pour servir son retour au tout premier plan de la vie politique. Il réunit chaque trimestre les présidents des quatre conseils généraux composant la région afin de s’assurer de leur soutien, s’appuie sur deux hommes de confiance (Jean Proriol, député de Haute-Loire, et René Chiroux, responsable de l’UDF dans le Puy-de-Dôme), délègue la conduite de l’action quotidienne à six vice-présidents dévoués, à qui il impose une gestion rigoureuse du budget régional, engage un plan autoroutier d’envergure : achèvement de l’A71 en 1989, lancement des autoroutes Clermont-Ferrand-Bordeaux et Clermont-Ferrand-Béziers. Défenseur depuis longtemps de la régionalisation, il se pose aussi en principale figure du pouvoir régional à travers la convocation, en 1987, de la première conférence nationale des présidents des conseils régionaux. Réélu en 1992 (sa liste emporte 45 % des voix), il poursuit son ambitieuse politique en matière scolaire, avec l’ouverture de l’Institut français de mécanique avancée et la création de « bourses régionales d’excellence », accordées en priorité aux chercheurs auvergnats travaillant en physique et dans les biotechnologies. Son projet de métropole auvergnate « Arvernia », nébuleuse urbaine de 500 000 habitants incluant Vichy, Thiers et Brioude, rencontre toutefois de nombreuses oppositions, à gauche mais aussi à droite. C’est pour les surmonter qu’il tente de conquérir en juin 1995 la mairie de Clermont-Ferrand, fief historique du PS. Face au sénateur-maire sortant Roger Quilliot, qui obtient 42 % des suffrages exprimés, la liste d’union des droites de Valéry Giscard d’Estaing ne recueille que 40,5 % et, malgré le soutien officiel de Jean-Marie Le Pen, est battue au second tour (49 % contre 51 %). Il conserve de justesse la présidence de la région en 1998 (39 % des voix et 22 élus contre 21 de gauche et 4 FN). L’année précédente a débuté l’impressionnant chantier – vigoureusement contesté par les écologistes – du Centre européen du volcanisme, plus connu sous le nom de « Vulcania », avec l’objectif d’en faire un grand pôle touristique national et européen, sur le modèle du Futuroscope, lancé par René Monory et créé avec l’appui de Jean-Pierre Raffarin près de Poitiers.
Difficilement réélu député et président de la région Auvergne, Valéry Giscard d’Estaing voit sa carrière politique entrer dans une nouvelle phase à la fin des années 1990. À l’Assemblée nationale où la « gauche plurielle » a désormais la majorité, il reste à la commission des affaires étrangères mais en perd la présidence. Ses interventions à la tribune sont moins rares que durant la précédente législature, sans être très nombreuses. Elles portent d’abord sur trois sujets. La politique extérieure de la France tout d’abord : réaction à la déclaration d’Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères (2 décembre 1997), demande de création d’un comité parlementaire de l’euro (21 et 22 avril 1997), ratification du traité d’Amsterdam (13 mars 1999), Kosovo (26 mars 1999), présidence française de l’Union européenne à partir du 1er juillet (9 mai 1999), ratification du traité de Nice (12 juin 2001), débat sur l’après-11 Septembre (3 octobre 2001). Sur les questions régionales ensuite, outre le dépôt d’une proposition de loi demandant l’introduction d’une part de système majoritaire dans le mode d’élection des conseillers régionaux (31 mars 1998), il intervient sur la réforme du mode de vote des budgets régionaux (11 février 1998), la mise en place d’une Assemblée de Corse (23 et 24 juin, 19 novembre et 22 décembre 1998) et le projet de loi organisant la « démocratie de proximité » (14, 19, 20 et 25 juin 2000). Enfin, le député de la 3e circonscription du Puy-de-Dôme prend à trois reprises la parole dans les débats sur un projet de loi relatif à la chasse (28 et 29 mars puis 13 juin 2000).
Durant cette législature, la principale contribution de Valéry Giscard d’Estaing à la vie parlementaire est sans conteste sa proposition de loi constitutionnelle, déposée le 9 mai 2000, portant réforme de l’article 6 de la Constitution en ramenant la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Il avait pour la première fois avancé cette idée lors de la campagne présidentielle de 1981. Il reprend ainsi le projet de réforme constitutionnelle amorcé en 1973 par Georges Pompidou, mais resté inachevé, en sachant que Jacques Chirac y est hostile (déclaration du 14 juillet 1999). Il est assuré en revanche du soutien du Premier ministre Lionel Jospin. Après d’âpres négociations dans le cadre de la troisième cohabitation et dans la perspective des prochaines présidentielles, la réforme est votée par les deux Chambres en juin et soumise à référendum le 24 septembre 2000. Le « quinquennat » est finalement adopté mais avec une faible participation : sur 40 millions d’électeurs, seuls 12 millions de citoyens se prononcent, parmi lesquels 2 millions votent blanc ou nul, 2,5 millions « non » et 7,5 millions « oui » (75 % des suffrages exprimés mais moins de 20 % des inscrits).
En ce même mois de septembre 2000, Valéry Giscard d’Estaing publie chez Plon un essai intitulé Les Français. Réflexions sur l’avenir d’un peuple, dans lequel il plaide pour la formation d’un grand parti des droites fusionnant RPR et UDF, et pour un approfondissement de l’intégration de la France dans l’Union européenne, sans être pour autant partisan d’un fédéralisme intégral. Il a toujours été favorable à la construction européenne qu’il a fait sensiblement progresser durant son septennat. De 1989 à 1991, il a présidé le groupe libéral au Parlement de Strasbourg. De 1991 à 1997, il a présidé le Mouvement européen international, créé en 1948, fédération de partis, d’associations et de personnalités pro-européens. Il a soutenu avec conviction le traité de Maastricht. Inquiet des conséquences d’un élargissement brutal de l’Union à l’Est, il est de ceux qui croient nécessaire un renforcement préalable des institutions communes. Au sommet de Laeken en décembre 2001, les chefs d’États et de gouvernements s’accordent sur ce sujet et créent une « Convention sur l’avenir de l’Europe » afin de préparer les réformes nécessaires. Valéry Giscard d’Estaing est choisi à l’unanimité pour la présider. Il inaugure la Convention le 28 février 2002 en donnant sa vision de l’Europe, « union d’États » qui « attribue des compétences à l’Union » que celle-ci « exerce seule », système intermédiaire entre la confédération et la fédération. Mais la méthode de travail qu’impose le président inquiète par les lenteurs qu’elle induit. L’Union le presse d’aboutir. Pour finir, Valéry Giscard d’Estaing décide de rédiger seul, du 19 au 21 avril 2003, un texte qu’il présente à la Convention le 24. Après d’ultimes négociations, celle-ci l’adopte par consensus, dans sa dernière session les 9 et 10 juillet 2003. Ce projet de Traité de Constitution pour l’Europe est très proche du Traité constitutionnel finalement signé à Rome le 29 octobre 2004. Soumis en France à ratification par référendum par Jacques Chirac, contre l’avis du président de la Convention, le TCE est pourtant rejeté par près de 55 % des électeurs.
Ce nouvel échec politique – indirect – de Valéry Giscard d’Estaing est le dernier d’une longue série ouverte par son renoncement à se présenter aux élections présidentielles en mars 1995 suivi de sa défaite aux municipales à Clermont-Ferrand en juin. En avril 2002, président en exercice de la Convention sur l’avenir de l’Europe, il choisit, après avoir soutenu la candidature de Jacques Chirac contre celle de François Bayrou à l’élection présidentielle, de ne pas se représenter aux élections législatives de juin, laissant son siège à son fils Louis, élu au second tour face à Danielle Auroi (Les Verts, avec le soutien du PS). Désormais membre de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) à laquelle il a adhéré dès sa fondation, et toujours président de la région Auvergne, il est convaincu que l’inauguration de « Vulcania » en 2002, puis de la Grande Halle à la sortie de Clermont-Ferrand (30 000 m² dédiés au tourisme d’affaires) l’année suivante lui permettront de l’emporter aux élections régionales de 2004. Mais ces grands travaux ne convainquent pas les Auvergnats et sa liste ne recueille que 36 % des voix au premier tour. La liste de gauche, menée par le socialiste Pierre-Joël Bonté, l’emporte au second tour avec 52 % des suffrages.
Il faut cependant noter un ultime succès personnel de Valéry Giscard d’Estaing : son élection à l’Académie française, réalisant l’ambition de son père Edmond Giscard d’Estaing et de son grand-père maternel Jacques Bardoux, tous deux membres de l’Académie des sciences morales et politiques. Il annonce sa candidature le 6 novembre 2003, quatre mois après la clôture de la Convention sur l’avenir de l’Europe. Une campagne de dénigrement est lancée contre lui, menée par l’académicien Maurice Druon, mais grâce au soutien sans faille d’Hélène Carrère d’Encausse et de Jean d’Ormesson, il est élu, par 19 voix sur 34, le 11 décembre 2003.
L’année suivante, après son échec en Auvergne, il décide de siéger au Conseil constitutionnel en tant qu’ancien président de la République, membre de droit – il y siège encore en 2020, seul ancien président à ce jour ayant accepté cette fonction. En septembre 2005, Nicolas Sarkozy fait appel à lui pour présider l’une des « conventions thématiques », celle sur l’Europe, destinées à lancer sa candidature à la présidentielle de 2007 puis le consulte régulièrement durant son quinquennat. L’ancien président ouvre, en juin 2007, « le blog de VGE pour la démocratie en Europe » qui lui permet de présenter ses analyses sur l’actualité nationale et internationale mais après 18 mois d’intense activité (130 articles donnés), ses contributions diminuent sensiblement.
Depuis le début des années 2010, ses articles dans Le Monde et Le Point, ses conférences dans les universités étrangères et ses interventions devant les organisations internationales se raréfient. En novembre 2020, il publie un cinquième roman, Loin du bruit du monde.
Plus ancien président de la République, membre du Conseil constitutionnel et de l’Académie française, il est demeuré une référence éminente dans la vie publique jusqu’à sa mort, des suites du coronavirus, pendant la pandémie, le 2 décembre 2020, à Authon, entouré des siens.