René-Marie Goblet

1828 - 1905

Informations générales
  • Né le 26 septembre 1828 à Aire (Pas-de-Calais - France)
  • Décédé le 13 septembre 1905 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 2 juillet 1871 au 7 mars 1876
Département
Somme
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 14 octobre 1881
Département
Somme
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Somme
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Somme
Groupe
Républicain progressiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 septembre 1893 au 31 mai 1898
Département
Seine
Groupe
Gauche radicale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 3 mai 1891 au 14 novembre 1893

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 30 décembre 1886 au 18 mai 1887

Biographies

Représentant en 1871, député de 1877 à 1889, et ministre, né à Aire (Pas-de-Calais) le 26 novembre 1828, il étudia le droit, puis s'inscrivit au barreau d'Amiens. Avocat, il se fit dans cette ville une situation en vue. Journaliste, il concourut sous l'Empire à la fondation du Progrès de la Somme, organe libéral et démocratique.

Le gouvernement du Quatre septembre 1870 nomma M. Goblet procureur général près la cour d'Amiens. Mais il aspira bientôt aux fonctions électives, donna sa démission de magistrat pour se présenter comme candidat républicain à l'Assemblée nationale, obtint, le 8 février 1871, sans être élu, 24 153 voix (123 345 votants), et fut plus heureux à l'élection complémentaire du 2 juillet suivant, motivée par la démission de deux représentants. M. Goblet fut nommé, le second et dernier de la liste républicaine, représentant de la Somme, avec 75 519 voix (115 084 votants, 166 901 inscrits).

Il s'inscrivit au groupe de la gauche républicaine, vota:

- contre le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- pour le retour du parlement à Paris,
- pour la dissolution,
- contre la démission de Thiers,
- contre le septennat,
- contre l'état de siège,
- contre la loi des maires,
- contre le ministère de Broglie,
- pour les lois constitutionnelles.

Il intervint comme orateur dans plusieurs discussions, où sa parole nerveuse, précise, un peu sèche, fut remarquée, notamment lors du débat sur la révision des pensions accordées aux fonctionnaires de l'Empire.

Le 20 février 1876, il échoua dans la 2e circonscription d'Amiens avec 10 885 voix contre 13 815 à l'élu, M. Langlois de Septenville, conservateur. Mais l'année suivante, aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre des députés (14 octobre 1877), il fut choisi par les républicains de la 1re circonscription du même arrondissement, comme candidat républicain à la place de Barni, que sa santé écartait de la vie parlementaire, et il l'emporta avec 13 279 voix (22 504 votants, 27 384 inscrits), sur M. de Favernay, monarchiste, officiellement soutenu par l'administration.

Il revint alors s'asseoir sur les bancs de la gauche, prit une part très active aux dernières luttes de la majorité de la Chambre nouvelle contre le gouvernement du Seize-Mai, ainsi qu'aux travaux de la commission d'enquête électorale sur les agissements de ce gouvernement, commission dont il avait été nommé membre, fut rapporteur (janvier 1878) de la loi d'amnistie, et acquit dans son parti une influence qui le désigna, en février 1879, pour le poste de sous-secrétaire d'Etat à la justice. Ces fonctions l'amenèrent fréquemment à la tribune de la Chambre et du Sénat comme orateur du gouvernement. Après s'être associé jusqu'à la fin de la législature à la plupart des votes de la majorité républicaine, il combattit cependant (novembre 1880) le projet des suppression de l'inamovibilité de la magistrature ; il proposa (janvier 1881) un amendement à la loi sur la presse tendant à donner au gouvernement le droit d'interdire l'introduction en France de tel ou tel journal (adopté).

Il fut réélu député, le 21 août 1881, par 12 253 voix (21 537 votants, 28 086 inscrits), contre 6.694 à M. de Franqueville et 2 260 à M. Delambre. M. Goblet, qui jusque-là ne s'était guère séparé de la politique opportuniste suivie à l'instigation de Gambetta par le plus grand nombre de ses collègues du côté gauche, commença de manifester une certaine indépendance personnelle, peu de temps après le commencement de la législature, lorsque les tendances « autoritaires » du chef de l'opportunisme s'affirmèrent plus nettement.

Il ne soutint qu'avec réserve le ministère Ferry, combattit le cabinet Gambetta, et se trouva tout désigné pour faire partie, avec le portefeuille de l'Intérieur, du ministère « libéral » que M. de Freycinet réussit à constituer le 30 janvier 1882. Il fut mêlé à presque toutes les luttes que ce cabinet eut à soutenir, apporta dans ses actes et dans la défense de ses actes une vigueur un peu âpre qui semblait parfois en contradiction avec les déclarations anti-autoritaires dont M. Goblet s'était montré prodigue dans l'opposition, et essaya de justifier, en réponse à MM. de Lanessan et Clemenceau, la conduite du gouvernement lors des grèves du bassin houiller du Gard, et, en réponse à M. Freppel, l'expulsion des bénédictins de Solesmes dont la congrégation s'était reformée, malgré une première dissolution : le ministre de l'Intérieur déclara qu'il continuerait à faire exécuter les lois. Au Sénat, il s'appliqua à réfuter les arguments présentés par M. Bocher en faveur du maintien de l'adjonction des plus imposés au conseil municipal pour le vote de certaines contributions extraordinaires. M. Goblet déposa vers la même époque un projet qui étendait à toutes les communes de France, moins Paris, le droit pour les conseils municipaux d'élire leurs maires et adjoints. Il prit part à la discussion de la proposition Chevandier sur les enterrements civils, et fut mêlé encore, comme ministre, au débat relatif au droit qu'a le gouvernement d'expulser les étrangers du territoire français : il avait proposé de modifier l'article 7 de la loi des 3-11 décembre 1849 dans le sens d'une restriction des pouvoirs dont l'Etat dispose actuellement, et de substituer à l'arbitraire absolu « un arbitraire défini ». Il fut combattu par l'extrême gauche qui réclama, mais sans succès, la suppression pure et simple du droit d'expulsion. Quant à la question de la mairie centrale de Paris, que les autonomistes ne désespéraient pas de voir résoudre par le cabinet Freycinet conformément à leurs théories, M. Goblet contribua à la préparation d'un projet « sur l'organisation de Paris », qui, à vrai dire, ne vit pas le jour à l'époque fixée, des difficultés pratiques, dit le ministre, ayant forcé le gouvernement d'ajourner sa décision. L'attitude de M. Goblet, en cette circonstance, parut aussi peu satisfaisante aux partisans qu'aux adversaires de la mairie centrale, dont la Chambre repoussa l'institution en adoptant un ordre du jour de MM. Devès et Casimir-Perier, par 256 voix contre 153.

M. Goblet remit son portefeuille le 6 août 1882, en même temps que ses collègues du cabinet Freycinet. Il reprit alors son rôle dans l'opposition, et, sans aller jusqu'à s'inscrire au groupe de l'extrême-gauche, fit plus d'une fois cause commune avec les intransigeants contre la politique des héritiers politiques de Gambetta.

Etant au pouvoir, outre son projet de décentralisation administrative, il avait proposé la création de conseils cantonaux de onze membres fixes et d'un délégué par commune, ayant un budget particulier et jouissant de la personnalité civile. Ce second projet fut écarté, mais le premier vint en discussion en janvier 1883, et M. Goblet prit la parole dans le sens décentralisateur au profit « des collectivités secondaires » du pays. Il combattit encore (24 mai 1883) le projet de réforme de la magistrature présenté par M. Martin-Feuillée : « Il peut paraître naturel à la majorité, dit-il, de faire une magistrature à son image ; mais moi, qui ne vote pas toujours avec la majorité, j'ai le droit de vous dire « Etes-vous sûrs d'être toujours la majorité, et de n'avoir pas besoin, quelque jour de la protection d'une magistrature indépendante ? »

La session de 1884 le vit souvent à la tribune : pour développer (janvier 1884) un amendement de détail au projet de loi du rattachement au budget de l'Etat des dépenses de la préfecture de police, pour discuter (février) l'art. 2 du projet de loi sur les manifestations séditieuses, et faire voter, par 264 voix contre 218, une nouvelle rédaction de l'art. 5, établissant la compétence de la cour d'assises ; pour intervenir (juin) dans la discussion du programme du Congrès, et s'efforcer d'y faire comprendre la révision intégrale par une Constituante ; pour déposer et soutenir (octobre) le rapport sur la réforme du code d'instruction criminelle.

Il revint au pouvoir, le 6 avril 1885, comme ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, dans le cabinet Brisson, soutint à ce titre le projet de désaffectation du Panthéon, fit rétablir au budget des cultes cent mille francs pour le clergé d'Algérie, ainsi que le crédit des chanoines, et encourut ainsi de nouveaux reproches des radicaux, bien qu'il fût connu comme un partisan théorique de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il interdit encore la représentation de Germinal, drame tiré d'un roman d'Emile Zola, et, en décembre, ayant, en qualité de ministre des Cultes, suspendu le traitement d'un certain nombre de prêtres compromis dans la politique, il eut à répondre à une interpellation de M. Baudry d'Asson.

Réélu député de la Somme, le 18 octobre 1885, au second tour, par 67 211 voix sur 135 681 votants et 158 144 inscrits, il resta ministre de l'Instruction publique, lorsque le ministère Brisson fit place à une nouvelle combinaison Freycinet (7 janvier 1886). Il combattit, au nom du gouvernement, la proposition d'amnistie déposée par M. Henri Rochefort, s'appliqua à assurer, par d'importantes circulaires, l'exécution d'une réforme de l'organisation de l'enseignement supérieur, dont il avait posé les bases en 1855, et qui avait pour principal objet d'étendre les droits et les attributions des Facultés de province ; soutint contre la droite du Sénat la loi sur l'enseignement primaire adoptée par la Chambre dès 1884 ; défendit la conduite de l'administration dans l'incident provoqué à Châteauvillain par la fermeture d'une chapelle privée ; réforma, par un décret du 8 août, les programmes de l'enseignement secondaire spécial, etc.

Après la retraite du ministère Freycinet, tombé sur la question de la suppression des sous-préfets, les longues négociations entreprises par M. Grévy, président de la République, pour former un cabinet nouveau, se terminèrent par l'appel de M. Goblet au poste de président du Conseil, avec le portefeuille de l'Intérieur et des Cultes. M. Goblet conserva la plupart des collaborateurs de M. de Freycinet, fit passer M. Sarrien de l'Intérieur à la Justice, et désigna MM. Dauphin et Berthelot pour les Finances et l'Instruction publique ; quant aux Affaires étrangères, ses négociations furent plus laborieuses, et, après avoir fait lui-même l'intérim de ce département pendant deux jours, il le confia à M. Flourens.

Dans la déclaration qu'il lut aux Chambres, le 11 décembre 1886, M. Goblet dit qu'il ne se dissimulait pas les difficultés de sa tâche, se rallia à la politique « prudente et ferme » exposée par le président du précédent cabinet, se prononça pour « l'ordre financier, la sincérité et la régularité du budget » et pour de sérieuses économies, écarta les réformes « pour lesquelles il n'appartient ni au parlement ni au gouvernement de devancer l'opinion publique », et réclama modestement le vote de deux douzièmes provisoires, en prenant pour base de ses calculs toutes les réductions de crédits sur lesquelles le cabinet démissionnaire avait réussi à se mettre d'accord avec la Chambre ou la commission du budget ; les douzièmes furent votés le 14 décembre sur le rapport de M. Wilson par 522 voix contre 11. Dans le cours de la discussion devant la Chambre, M. Goblet, répondant à M. Clemenceau au sujet de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ne cacha pas qu'il la jugeait contraire au désir de la majorité du pays et refusa de prendre aucun engagement. Devant le Sénat il se défendit, non sans succès, contre les critiques de M. Léon Say qui avait reproché au cabinet de ne pas savoir prendre la direction de la majorité et de se laisser aller à des formules vagues et dangereuses.

Au début de l'année 1887, il n'obtint le vote des fonds secrets du ministère de l'Intérieur qu'en posant la question de confiance. Plus tard il rallia les modérés en prononçant la dissolution du conseil municipal de Marseille qui avait levé sa séance le 18 mars « en l'honneur et en commémoration de la Commune ». Une interpellation de M. Cunéo d'Ornano à la Chambre sur le désordre administratif et judiciaire en Corse permit au président du conseil d'affirmer la volonté du gouvernement d'employer tous ses efforts à se tenir en dehors des factions qui divisaient l'île. M. Goblet se montra opposé à la création d'une mairie centrale de Paris, et déposa à cet égard un projet qui conservait au gouvernement la direction de la police, tout en étendant les attributions du conseil parisien, dont le mode d'élection était changé d'après un système de représentation proportionnelle. Il se rallia, après l'avoir combattue, à l'idée de la disjonction du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine, mais n'eut aucun succès, soit à la Chambre, soit au Sénat, sur ces projets de réforme administrative. Il en eut moins encore sur les questions de finances, et l'examen du budget de 1888, en dépit des efforts du président du conseil, fut bientôt fatal à l'existence du cabinet qu'il dirigeait. La commission du budget s'était séparée à l'approche des vacances de Pâques, en priant le gouvernement de rechercher quelles économies il pourrait réaliser sur ses propositions primitives, et M. Goblet s'était prêté à cet examen.

À la reprise de la session, il apporta à la commission 12.700.000 francs de réductions qui furent trouvées insuffisantes : la commission invita le gouvernement à lui présenter de nouvelles propositions. M. René Goblet répondit à cette invitation par une lettre adresse à M. Rouvier, président de la commission, et où il se déclarait disposé à attendre l'initiative de la commission elle-même ; mais le rapporteur, M. Camille Pelletan, persista à réclamer, devant la Chambre, l'initiative du gouvernement. M. Goblet répondit que le cabinet était en butte à une attaque politique bien plus qu'à une critique dirigée contre son budget ; lorsque le moment de voter arriva, un ordre du jour de confiance, de M. Anatole de la Forge, fut repoussé par 275 voix contre 257, et le projet de résolution de la commission, hostile au ministère, réunit 306 voix contre 133. Le soir même (17 mai 1887), le ministère Goblet était démissionnaire. Il fut remplacé, le 29 seulement, par un cabinet Rouvier.

Lors de la crise provoquée par les agissements de M. Wilson (novembre), M. Goblet fut un de ceux qui insistèrent sur la nécessité de la démission de M. Grévy. Le nouveau président de la République, M. Carnot, s'adressa, à lui, à son avènement au pouvoir, pour former un ministère de concentration républicaine ; mais M. Goblet échoua pour avoir incliné trop à gauche. En février 1888, il se prononça contre l'opportunité d'une révision de la Constitution. Le 3 avril suivant, M. Floquet, appelé à former un ministère, confia à M. Goblet le portefeuille des Affaires étrangères. On s'étonna d'abord de voir placer à un poste qui demande des qualités de sang-froid et de modération toutes particulières, un homme politique dont le caractère entier et cassant était connu de tous ; mais M. Goblet s'adapta rapidement à ses fonctions nouvelles, et ce fut avec une entière possession de lui-même qu'il prononça (31 mai) une très digne réponse aux allégations du ministre hongrois, M. Tisza, relatives au peu de sécurité que Paris offrait aux exposants de 1889. Il fit maintenir (octobre) l'ambassade du Vatican, prit une position très nette dans la question du blocus de Zanzibar par les flottes anglo-allemandes, déposa (novembre) un projet de loi accordant aux produits tunisiens soumis au tarif général un traitement de faveur, mais ne put faire passer (décembre) un projet de convention commerciale avec la Grèce relatif surtout à l'importation des raisins secs. M. Goblet tomba avec le cabinet Floquet, le 14 février 1889.

Dans la dernière session de la législature, il s'abstint sur la rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), et vota :

- contre l'ajournement indéfini de la révision de la constitution (chute du cabinet dont il faisait partie),
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.

Né le 26 septembre 1828 à Aire (Pas-de-Calais), mort le 13 décembre 1905 à Paris.


Représentant de la Somme à l'Assemblée Nationale en 1871.



Député de la Somme de 1877 à 1889.

Sénateur de la Seine de 1891 à 1893.

Député de la Seine de 1893 à 1898. Ministre de l'Intérieur du 30 janvier au 6 août 1882.

Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes du 6 août 1885 au 3 décembre 1886.

Président du Conseil du 11 décembre 1886 au 19 mai 1887.

Ministre des Affaires étrangères du 3 août 1888 au 14 février 1889.


Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 196.)

Le 14 février 1889, par suite du refus de la Chambre des députés de s'associer à son projet de révision immédiate de la constitution, René Goblet démissionna avec tout le cabinet Floquet.

Il resta dès lors un des chefs politiques et des orateurs de la gauche radicale. Au renouvellement général des 22 septembre et 6 octobre 1889, à nouveau au scrutin uninominal, René Goblet, candidat dans la 1re circonscription d'Amiens, échoua, obtenant 11.561 voix contre 12.527 à Millevoye, boulangiste, élu. Ecarté du Parlement, il vint s'inscrire au barreau de Paris.

Le 16 février 1890, M. de Belleval, boulangiste, ayant été invalidé, il se présenta dans l'arrondissement de Sceaux, mais il fut également battu avec 9.826 voix contre 11.022 au candidat invalidé, réélu.

La mort de M. Corbon, sénateur inamovible, ayant fait attribuer un siège au département de la Seine, René Goblet le brigua et, le 3 mai 1891, fut élu par 402 voix sur 642 votants.

Le 9 décembre suivant, il prit une vive part à la discussion de l'interpellation de M. Dide sur les rapports de l'Eglise et de l'Etat ; il soutint la thèse de la suppression du concordat et proposa un ordre du jour demandant que des lois sur la liberté d'association préparassent au plus tôt cette solution radicale.

Il ne resta étranger à aucun grand débat : travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels, atteintes portées à l'exercice des droits reconnus aux syndicats professionnels,conciliation et arbitrage facultatifs en matière de différends collectifs entre patrons et ouvriers, tarif général des douanes, modification de la loi de 1881 relative à la presse.

Peu satisfait du rôle effacé qu'il tenait au Sénat, il se présenta aux élections législatives de 1893 et fut élu, au scrutin de ballottage, le 3 septembre, par 5.052 voix contre 3.949 à M. Muzet, après le désistement de M. Yves Guyot, dans le premier arrondissement de Paris. Il démissionna du Sénat le 14 novembre 1893 et fut remplacé par Charles Floquet.

À la Chambre des députés, il se plaça dans les rangs du parti radical socialiste et il prit, comme toujours, une part active aux grands débats parlementaires : politique générale, révision de la constitution, instruction publique, questions municipales, questions ouvrières, liberté de la presse, liberté de réunion et d'association, aucun grand sujet ne lui resta étranger.

Au renouvellement général de 1898, René Goblet se présenta dans la même circonscription, mais après une lutte ardente où il obtint au premier tour 4.941 voix contre 6.184 aux deux autres candidats, il échoua au scrutin de ballottage, avec 5.563 suffrages contre 5.593 à M. Muzet, nationaliste, élu.

Retiré dans la vie privée, René Goblet ne se désintéressa pas totalement des affaires publiques. Il se prononça nettement contre la politique nationaliste, fit campagne contre elle et fut, en 1901, l'un des organisateurs du congrès sur la réforme et l'organisation du parti radical-socialiste.

C'est à Paris, le 13 septembre 1905, que René Goblet décédait, à l'âge de 77 ans.