Félix Grat

1898 - 1940

Mort pour la France

Informations générales
  • Né le 12 novembre 1898 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 13 mai 1940 à Volmerange-les-mines (Meurthe-et-Moselle - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 13 mai 1940 *
Département
Mayenne
Groupe
Fédération républicaine de France

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 12 novembre 1898 à Paris, mort au champ d'honneur le 13 mai 1940 à Volmerangeles-Mines (Meurthe-et-Moselle).

Député de la Mayenne de 1936 à 1940.

Lorsque la guerre de 1914 éclate, Félix Grat est encore élève au lycée Condorcet à Paris et semble, par tradition familiale, se diriger vers la carrière de l'enregistrement : mais sa véritable vocation n'est pas là. Il entreprend en effet une licence de lettres qu'il va passer avec succès trois mois après avoir devancé l'appel de sa classe en 1917, en même temps qu'il est nommé élève titulaire de l'Ecole pratique des hautes études. Envoyé au front, il y est cité et reçoit la croix de Guerre : il n'a pas vingt ans. Désigné comme élève aspirant à l'école de Saint-Cyr, il prépare concurremment une licence en droit par correspondance et le concours d'entrée à l'école des Chartes auquel il est reçu en 1919, avant même d'être démobilisé. Licencié en droit en 1922, il conquiert son diplôme d'archiviste-paléographe en 1923 avec une thèse de diplomatique carolingienne. L'Ecole des hautes études le désigne alors pour être nommé membre de l'Ecole française de Rome : il passera au Palais Farnèse deux années au cours desquelles ses recherches à la bibliothèque vaticane le conduisent à préciser une méthode d'établissement des textes latins classiques.

Ces premiers travaux furent à l'origine de la création - qu'il mit quelque douze ans à obtenir - parmi les laboratoires de la recherche scientifique, d'un « Institut de recherche et d'histoire des textes » où sera accomplie, dans le domaine des études latines classiques puis médiévales, grecques, d'ancien français et d'arabe, une tâche immense et précieuse pour l'érudition.

A son retour de Rome en fin 1925, Félix Grat se donne au professorat : chargé de conférence aux Hautes-études jusqu'en 1929, il est chargé à la Sorbonne de l'enseignement des sciences auxiliaires de l'histoire (paléographie) puis, à partir de 1931, de l'histoire du moyen-âge à Nancy.

Mais cela ne l'empêche nullement de se passionner pour la culture : les puissantes attaches terriennes de la famille de sa femme l'introduisent aisément dans les milieux agricoles de la Mayenne où l'influence qu'il a su s'acquérir incite des amis à lui demander vivement d'entrer dans l'arène politique. Réticent tout d'abord, Félix Grat finit par accepter de se présenter aux élections législatives de 1936 et affronte seul en toute indépendance la lutte électorale.

Il est élu au scrutin de ballottage : en tête au premier tour avec 9.025 voix sur 20.006 votants contre 7.225 au député sortant Bouëssé, il battait celui-ci, le 3 mai, avec 9.908 voix sur 19.795 votants contre 9.403.

Inscrit à la Chambre au groupe de la fédération républicaine, il entre notamment à la commission des affaires étrangères dont il sera secrétaire et au titre de laquelle il accomplira une mission aux pays du Levant.

Prenant très à cœur son rôle de député, il tint à défendre fidèlement et vigoureusement l'agriculture ainsi qu'à protéger la main-d'œuvre française dans la lutte contre le chômage. Il s'opposa à la dévaluation du franc réalisée en 1936 par Léon Blum, et la politique extérieure, qu'il s'agisse de la situation délicate créée par la guerre d'Espagne ou des prémices des orages qui allaient s'abattre sur l'Europe, fut une de ses inquiétudes majeures.

En 1939, bien que dégagé de toute obligation militaire, Grat avait demandé à reprendre du service comme capitaine de corps francs : il est cité une première fois dès le 14 mars 1940. Aussi, est-ce un homme particulièrement sensibilisé aux conditions de la « drôle de guerre » qui monta à la tribune de la Chambre lors des comités secrets des 19 mars et 19 avril 1940 pour dénoncer avec angoisse l'impréparation et le manque de défense sur le front de Lorraine : moins d'un mois plus tard, le 13 mai, il tombait en reprenant avec ses hommes la crête de Hetchenberg, à côté de Volmerange-les-Mines, entre Longwy et Sierck. Il avait 42 ans.

Relevé le 15 mai, son corps sera inhumé provisoirement à Fontoy.

Cité à l'ordre de l'armée le 22 mai 1940, la croix de Guerre 1939-1945 et la Légion d'honneur à titre posthume lui seront décernées.