Jean Grenet
1939 - 2021
GRENET (Jean)
Né le 12 juillet 1939 à Bayonne (Basses-Pyrénées)
Décédé le 23 février 2021 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)
Député des Pyrénées-Atlantiques de 1993 à 1997 et de 2002 à 2012
Jean Grenet a passé son enfance au cœur du centre-ville de Bayonne, aux allées Paulmy. Ses parents divorcent jeunes, mais son père, Henri Grenet (chirurgien, maire de Bayonne de 1959 à 1995 et député des Pyrénées-Atlantiques de 1962 à 1967), marque la personnalité de son fils. Jean Grenet a une vie lui ressemblant en bien des points et, lorsqu’il prend sa retraite politique en 2014, il concède peut-être avoir voulu, selon ses mots, « prouver à mon père que j’existais ».
Jean Grenet suit ses études de médecine à Bordeaux. Il s’investit parallèlement dans l’association sportive étudiante. Le sport joue un rôle essentiel tout au long de son existence. Devenu chirurgien libéral, il exerce à la clinique Paulmy fondée et dirigée par son père. Il en reprend la direction en 1975. La même année, il prend également la succession de son père à la direction de l’Aviron Bayonnais, club omnisport mais où la section rugby est particulièrement développée. Il le dirige jusqu’en 1989, et, après sa retraite politique, la direction du club lui confie ses « relations institutionnelles ». Cet engagement associatif l’amène, à être membre, en 1991, du comité directeur de la Fédération française de rugby.
Jean Grenet obtient son premier mandat électif avec la victoire de la liste conduite par son père aux élections municipales de 1989. Cette entrée en politique relève plus d’une logique familiale que d’une dynamique partisane. Il n’adhère que brièvement au Rassemblement pour la République (RPR). Quand il le quitte en 1993, il explique qu’il ne parvient pas à penser que « tout est noir ou blanc » et que donc il ne sera « jamais un militant de parti ». Par la suite, il adhère au Parti radical valoisien, mais demeurera toujours en retrait.
Après son élection en 1992 comme conseiller général des Pyrénées-Atlantiques dans le canton de Bayonne-Est, Alain Lamassoure propose à Jean Grenet d’être son suppléant aux élections législatives de mars 1993. Celui-ci reconnaîtra la part utilitaire de ce duo : « J’étais le fils de mon père et président de l’Aviron. Je lui apportais la notoriété des Grenet. » Alain Lamassoure, sous l’étiquette de l’Union pour la démocratie française (UDF), rassemble 47,02 % des suffrages exprimés dès le premier tour, puis remporte le second tour par 59,63 % dans un duel contre la candidate du Parti socialiste (PS) Nicole Péry (21,31 % au premier tour, et 40,37 % au second). Alain Lamassoure est nommé ministre délégué aux Affaires européennes le 30 mars 1993, et Jean Grenet le remplace comme député le 2 mai 1993.
Il s’apparente au groupe RPR et siège à la commission de la défense nationale et des forces armées.
Son mandat national ne le détourne pas de son territoire, bien au contraire : le 21 juin 1993, Jean Grenet est nommé adjoint à l’urbanisme du maire de Bayonne. En 1994 il devient membre de la commission permanente du conseil général. Son père étant malade, Jean Grenet est élu maire de Bayonne par le conseil municipal le 3 février 1995. Aux élections municipales qui suivent des 11 et 18 juin 1995, il devance certes la liste de Nicole Péry au premier tour (42,06 % des suffrages exprimés contre 28,78 %), mais subit la concurrence d’une liste conduite par Jean-Louis Domergue (UDF), ancien adjoint d’Henri Grenet. Dans la triangulaire, il remporte cependant le second tour avec 47,5 % des suffrages. Il est réélu maire de Bayonne aux élections municipales de 2001 et de 2008. Il approfondit cet ancrage en étant élu conseiller régional d’Aquitaine (1998-2002).
Jean Grenet démissionne de son mandat de député le 14 juillet 1995. Alain Lamassoure, qui n’est plus membre du gouvernement et souhaite retrouver son mandat, est élu à l’élection partielle de septembre 1995, avec Jean Grenet pour suppléant. Lors de son retour au gouvernement le 7 novembre 1995 en tant que ministre délégué au Budget, Jean Grenet redevient député le 8 décembre 1995.
A l’Assemblée nationale, il siège alors à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, avant de revenir en février 1996 à la commission de la défense nationale et des forces armées.
Aux élections législatives de 1997, Nicole Péry bat Alain Lamassoure en recueillant 50,73% des suffrages exprimés au second tour. Jean Grenet, qui est son suppléant, est donc lui aussi battu. En 2002, Jean Grenet se présente lui-même aux élections législatives, en étant investi par l’Union pour une majorité présidentielle (UMP) dans la 5e circonscription (celle de Bayonne). Il se place en tête de la quinzaine de candidats présents au premier tour, obtenant 42,19 % des voix contre 29,44% au socialiste Jean Espilondo et 6,13% des voix à Josette Allizan étiquetée Front national (FN). Il est élu au second tour avec 55,08% des suffrages exprimés face à Jean Espilondo (PS). Il siège à la commission des affaires étrangères. En février 2003, il devient également membre de la commission d’enquête sur l’application des mesures préconisées en matière de sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants et l’évaluation de leur efficacité.
Il interroge en séance la ministre de l’Écologie et du développement durable, le 27 novembre 2002, sur ce thème. Réagissant au naufrage du pétrolier libérien « Prestige » au large de la Galice et au désastre écologique qui en découle, il réclame des précisions sur les mesures entreprises pour que la marée noire n’atteigne pas le Pays basque français, et sur les dispositions que le gouvernement compte demander au niveau de l’Union européenne.
A la suite d’un colloque organisé à Bayonne en mars 2003 pour les quarante ans de la loi Malraux, il s’intéresse aux révisions possibles de ce dispositif. Le 3 avril 2003, il défend ainsi un amendement visant à modifier le code de l’urbanisme, pour y introduire un assouplissement en ces termes : « A condition qu'il ne soit pas porté atteinte à son économie générale, le plan de sauvegarde et de mise en valeur peut être modifié par l'autorité administrative, à la demande ou après consultation du conseil municipal, après avis de la commission nationale des secteurs sauvegardés et enquête publique. » Celui-ci est adopté. Le 22 novembre 2006, Jean Grenet demande aussi que la défiscalisation prévue par la loi Malraux soit étendue à la réhabilitation des logements, et s’inquiète du projet gouvernemental de revenir sur les loyers conventionnés.
Jean Grenet candidate à nouveau aux élections législatives de juin 2007 dans la 5e circonscription. Il obtient au premier tour 43,21% des voix, devançant largement les onze autres candidats, notamment le socialiste Jean Espilondo (27, 65%) et Marie-Hélène Chabaud-Nadin UDF-Mouvement démocrate (9, 85%). Jean Grenet est réélu au second tour avec 52,93% des suffrages exprimés contre Jean Espilondo (47% des voix). S’il retrouve la commission des affaires étrangères et le groupe UMP, il participe aussi à divers groupes d’études : il est membre de celui sur la trufficulture, vice-président de « Villes d'art et d'histoire », et co-président de celui sur la tauromachie (afficionado déclaré, il assume y participer pour contrer l’influence des partisans de l’interdiction).
Jean Grenet intervient aussi sur divers dossiers touchant à la vie quotidienne. Pour lutter contre le surendettement des ménages, il dépose une proposition de loi le 22 janvier 2010 interdisant de coupler une carte de fidélité commerciale et une carte de crédit dite revolving. Le 7 septembre 2011, il propose la constitution d’une commission d’enquête relative aux maltraitances à l’égard des personnes âgées en maisons de retraite. Le 18 octobre 2011, il présente une proposition de loi pour réviser l’article 226-4-1 du Code pénal pour y créer une infraction d’usurpation d’identité commise par le biais d’un réseau de communication électronique. Enfin, le 18 janvier 2012, lors du débat sur le cadre juridique à appliquer aux professionnels de santé titulaires d'un diplôme obtenu dans un Etat non membre de l'Union européenne, il plaide pour le dispositif de titularisation mais, face au déserts médicaux, ajoute la nécessité de relever le numerus clausus.
Il n’omet pas de continuer à défendre les intérêts de son territoire, et réclame le 24 septembre 2009, au ministre de l'Intérieur, une « aide exceptionnelle » pour le Pays basque, après de très violentes intempéries. Le premier juin 2010, lors du débat parlementaire sur la réforme des collectivités, il défend l’originalité de la communauté Pays basque.
Enfin, durant cette législature, Jean Grenet fait partie des treize députés UMP qui cosignent le 1er avril 2010 dans le quotidien Le Monde un appel à suspendre le « bouclier fiscal », au nom de « l’équité » et contre « une société qui s'émiette ».
Aux élections législatives de juin 2012, Jean Grenet fait campagne en soulignant sa spécificité centriste : « Je suis centriste les deux pieds à droite, dit-il, mais dans l'aile gauche de l'UMP. » La candidate socialiste Colette Capdevielle le devance cependant au premier tour avec 37,9 % des suffrages exprimés contre 32,09 %, et gagne au second tour avec 56,57 % des suffrages exprimés. L’ancien député se retire alors de la vie politique, abandonnant son mandat de maire de Bayonne en 2014.
Le 26 février 2021, dans le respect du protocole sanitaire, environ 600 personnes participent aux obsèques de l'ancien député-maire de Bayonne à la cathédrale Sainte-Marie. Parmi les personnalités politiques figurent le Haut-commissaire au Plan, François Bayrou, et la ministre déléguée à la Mémoire et aux anciens combattants, Geneviève Darrieussecq. Laurent Nuñez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, représente le président de la République Emmanuel Macron ; ayant été sous-préfet de Bayonne, il connaissait personnellement le défunt.
Jean Grenet était chevalier de la Légion d'honneur.