Marcel Guislain
1899 - 1986
Né le 14 juin 1899 à Nomain (Nord)
Décédé le 10 juillet 1986 à Lille (Nord)
Député du Nord de 1951 à 1958
Fils d'un petit cultivateur qui fut maire de la commune de Nomain pendant trente ans et député radical de la deuxième circonscription de Douai de 1906 à 1919 (Voir 1re partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1921-1922), Marcel Guislain naît le 14 juin 1899 à Nomain, dans le Nord. Après des études secondaires à Douai, Marcel Guislain s'inscrit à la faculté de médecine de Lille, puis à celle de Paris où il obtient un doctorat en médecine ainsi que des diplômes de médecin légiste et de psychiatrie. Etabli comme médecin généraliste à Roubaix en 1924, il est nommé chef de service de médecine interne au centre hospitalier de la ville en 1931, et conserve ces fonctions jusqu'à sa mise à la retraite en 1964.
L'engagement politique de Marcel Guislain est des plus précoces : membre de la SFIO depuis 1920, il est élu conseiller municipal de Roubaix en 1935 et nommé adjoint au maire en 1938.
Marcel Guislain joue un grand rôle dans la Résistance à l'occupation nazie dans le Nord de la France ; prisonnier, il parvient à s'échapper au lendemain de la débâcle et regagne Roubaix en juillet 1940, apportant immédiatement une aide efficace aux soldats alliés en leur procurant de faux papiers.
Nommé maire de Roubaix par le préfet du Nord à la mort de Fleuris Van Herpe, le 19 août 1941, Marcel Guislain est contraint d'abandonner ce mandat pour avoir refusé de prêter serment au gouvernement de Vichy. Dès lors, il intensifie ses activités clandestines : après avoir crée le réseau « Action 40 », il s'intègre au groupe « Ali France » et prend part à la parution du journal clandestin La voix de la Nation jusqu'au démantèlement de l'équipe. Arrêté le 3 mai 1942, il est déporté dans plusieurs camps de concentration; il revient en mai 1945 de Buchenwald, physiquement très diminué.
En septembre 1945, Guislain fonde et prend la vice-présidence de la Fédération des déportés internés, résistants et politiques de France. Il est aussi le président-fondateur de l'Union nationale des victimes de guerre (1955) et de la Confédération nationale des déportés, internés et ayant-droits de la Résistance.
Accaparé par ses responsabilités à la direction de ces diverses associations d'anciens résistants, Marcel Guislain accroît néanmoins son action politique après la Libération de manière considérable. Dès 1945, il est élu conseiller municipal de Roubaix et conseiller général du canton ouest de la ville ; en 1947, il retrouve sa charge d'adjoint au maire.
C'est sans succès, en revanche, que Marcel Guislain se présente sur la liste SFIO. Lors des élections législatives d'octobre 1945 (première Assemblée constituante), de juin 1946 (seconde Assemblée constituante) et novembre 1946 (première Assemblée législative) ; il essuie aussi un échec lorsqu'il se présente en décembre 1946 aux élections pour le Conseil de la République. Les élections législatives du 17 juin 1951 lui sont enfin favorables : Marcel Guislain est inscrit en troisième position sur une liste SFIO qui recommande de ne voter « ni pour Thorez et l'occupation russe, ni pour de Gaulle et la guerre civile », mais « pour une France libre et prospère » et « pour la République maintenue et développée » ; conduite par Denis Cordonnier dans la deuxième circonscription du Nord, elle recueille 107 392 voix sur 451 713 suffrages exprimés. L'apparentement conclu entre les listes de la SFIO, du Rassemblement des gauches républicaines, du Mouvement des républicains populaires et la liste d'Union des Indépendants, des Paysans et des Républicains nationaux leur permet d'emporter la totalité des dix sièges à pourvoir : cinq pour la SFIO, quatre pour le MRP et un pour l'UIPRN.
Marcel Guislain est nommé secrétaire, puis vice-président de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et membre de la Commission des pensions. Au titre de la Commission de la famille, Marcel Guislain est désigné pour faire partie de la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires ; et au titre de la Commission des pensions, il est aussi désigné pour représenter l'Assemblée nationale au sein du Comité d'administration de l'office national des anciens combattants et victimes de guerre.
Son activité parlementaire, particulièrement intense, se concentre autour des questions relatives aux déportés et résistants. C'est ainsi qu'il dépose, le 8 août 1951, une proposition de loi tendant à accorder un voyage annuel gratuit sur le lieu présumé du crime aux familles des déportés et internés : « pour permettre à ces familles de cultiver la mémoire de leur disparu et se replonger dans la douloureuse ambiance qui a précédé ses derniers moments, la France se doit d'accorder à ces victimes les moyens de se rendre annuellement sur la tombe de leur disparu. L'Assemblée nationale s'honorera en permettant ce voyage annuel et nous ne doutons pas que ses sentiments patriotiques se rangeront à notre proposition ». Le même jour, Marcel Guislain dépose une proposition de loi tendant à avancer l'âge légal de la retraite pour les travailleurs victimes de la déportation ; dans l'exposé des motifs, il explique que « l'âge légal de la retraite des vieux travailleurs est fixé par la loi à soixante-cinq ans. Nous proposons à l'Assemblée nationale d'abaisser cet âge d'une durée égale au temps passé en déportation pour permettre aux déportés de bénéficier de cette retraite ».
Marcel Guislain intervient notamment à la tribune de l'Assemblée le 27 mars 1953, lors de la discussion de la proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à procéder pour le 30 mai 1953 à un recensement par catégories des « victimes de guerre et hors-guerre, veuves, orphelins, ascendants, invalides et des titulaires de la carte d'anciens combattants dans tous les départements » : rapporteur de la Commission des pensions, il s'étonne et s'indigne de ce que le ministère des finances ait poussé le gouvernement à différer pour des raisons budgétaires un recensement dont le ministre des anciens combattants avait pourtant reconnu le 24 janvier 1953 l'absolue nécessité.
Marcel Guislain se présente aux élections du 2 janvier 1956 pour le renouvellement de son mandat, en troisième position sur la liste SFIO. Cette fois, aucun apparentement n'est conclu. Les socialistes manifestent une même défiance vis-à-vis du parti communiste ; mais le vote des lois Barangé-Marie et la chute du gouvernement de Pierre Mendès France séparent désormais les socialistes du MRP. La SFIO se présente donc seule aux suffrages des électeurs. Sur 507 934 suffrages exprimés, le Parti communiste français recueille 114 015 voix, soit 22,4 % du total des suffrages exprimés et remporte deux sièges ; la SFIO progresse avec 160 044 voix -31,5 % des suffrages exprimés - mais n'obtient plus que quatre sièges ; le MRP décline légèrement, et, avec 84 465 voix et 16,6 % n'obtient plus que deux sièges : ces modifications se font au profit des Indépendants et paysans (11,3 °o, un siège), et surtout au profit de la liste poujadiste d'Union et de fraternité française, qui recueille 47 004 voix, soit 9,3 % et emporte un siège.
Marcel Guislain retrouve la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et la Commission des pensions ; il est aussi élu vice-président de ces deux commissions. Son activité parlementaire, consistante, est pourtant moindre que durant la précédente législature. Parmi ses dépôts de textes, l'un des plus notables est la proposition de loi qu'il dépose le 17 avril 1956, relative à la responsabilité médicale : sa proposition tend à instituer par voie légale le droit à la réparation du préjudice causé aux victimes des vaccinations obligatoires. Marcel Guislain est aussi l'auteur d'une proposition de loi déposée le 31 mai 1956 tendant à lutter contre les méfaits de l'alcoolisme : il ne s'agit pas, écrit-il, de faire le procès des débits de boissons, mais plutôt de « les intéresser à la lutte. Ils doivent et ils sauront être - car ils réalisent tous les jours les drames de l'alcoolisme- les premiers artisans de cette évolution des goûts et des habitudes de leur clientèle ; mais qu'on leur donne à vendre des boissons sans alcool saines et agréables au goût et d'un prix modique. Et si ces prix à la clientèle (marge honnête comprise bien entendu) s'avèrent trop élevés, l'Etat doit intervenir par des subventions que doivent recevoir les débitants de boissons sur le vu de leurs factures. Des taxes supplémentaires sur les boissons alcoolisées assureront cette intervention de l'Etat ». Marcel Guislain vote pour le traité instituant la CEE, le 9 juillet 1957. Il approuve la loi-cadre en Algérie le 31 janvier 1958. Il vote pour le projet de révision de la Constitution le 27 mai 1958. Il apporte sa confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958 et il approuve les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin 1958.