Marcel Hoffer

1916 - 1979

Informations générales
  • Né le 13 juillet 1916 à Thaon-les-vosges (Vosges - France)
  • Décédé le 24 juillet 1979 à Epinal (Vosges - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Vosges
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Vosges
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Vosges
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Vosges
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

HOFFER (Marcel, Joseph)
Né le 13 juillet 1916 à Thaon-les-Vosges (Vosges)
Décédé le 23 juillet 1979 à Epinal (Vosges)

Député des Vosges de 1962 à 1978

Marcel Hoffer naît en pleine bataille de Verdun, dans le nord du département des Vosges, à quelques kilomètres du front. Ses engagements futurs seront marqués au sceau du patriotisme de frontière et d’un profond attachement à la tradition républicaine. Son père travaille à Paris comme directeur commercial de la Société d’impression des Vosges et de Normandie. Après avoir obtenu son brevet d’enseignement supérieur, Marcel Hoffer étudie pendant deux ans la chimie au Conservatoire national des arts et métiers, puis devance l’appel et effectue son service militaire de 1935 à 1937. Mobilisé en 1938, avant que soient signés fin septembre les accords de Munich, il l’est à nouveau en septembre 1939, après l’attaque de la Pologne par l’Allemagne. Versé au 69ème régiment d’infanterie, il vit la drôle de guerre en Lorraine mais ne se trouve pas en première ligne. Le 19 juin 1940, soit deux jours après la demande d’armistice formulée par le maréchal Pétain, il rencontre enfin les troupes ennemies et donne l’ordre aux hommes qu’il commande d’engager le combat. Cette résistance aurait pu valoir une condamnation à mort aux soldats du 1er groupe de la compagnie de commandement, sans l’intervention d’un officier supérieur. Après la défaite, Marcel Hoffer connaît le sort de la plupart des prisonniers français. Envoyés Outre-Rhin, ils y constituent une main d’œuvre nombreuse, bon marché et corvéable. Le jeune Vosgien ne supporte pas la captivité et tente de s’évader de son camp de prisonniers en 1942. Le sort lui est longtemps favorable, jusqu’à son arrestation en Hongrie : les autorités de ce pays le remettent aux Allemands. Marcel Hoffer voit se succéder les lieux de détention avant la déportation dans un camp situé à la frontière hongroise. Après deux semaines d’enfer concentrationnaire, il réussit une nouvelle évasion. Caché par des prisonniers travaillant dans des fermes allemandes, il est libéré par l’avancée des troupes russes en 1945.
Il s’installe d’abord à Epinal comme métreur vérificateur et suit une formation de technicien supérieur en bâtiments et travaux publics en 1946-1947. C’est cette profession qu’il exerce avant de conquérir des mandats électifs. On ne lui connaît pas d’engagement politique sous la IVème République, même à l’heure où le RPF recueille une audience très large dans les Vosges. En 1958, il occupe pourtant les fonctions de secrétaire au sein d’un « Comité des anciens gaullistes » à Epinal. Les circonstances de son investiture comme candidat UNR dans la première circonscription des Vosges pour les élections législatives de novembre 1962 restent mal connues. Le député sortant Charles Guthmüller, ancien délégué départemental du RPF et maire d’Epinal de 1947 à 1959, s’est éloigné du gaullisme politique sur la question de l’Algérie et avait adhéré au Parti libéral européen de Jean-Paul David au début des années 1960. Il convient donc de trouver un nouveau candidat apportant toutes les garanties de fidélité au gaullisme et de respect de la discipline majoritaire. Aux yeux de Maurice Lemaire, patron officieux de l’UNR dans les Vosges, comme des dirigeants nationaux de cette formation politique, Marcel Hoffer, ou Christian Poncelet dans la troisième circonscription incarnent probablement une forme de relève du gaullisme. Ces candidats représentent ces « couches nouvelles » sur lesquelles le régime entend asseoir sa légitimité et sa pérennité.
Investi par l’UNR à l’automne 1962, Marcel Hoffer se présente aux électeurs vosgiens comme « un homme jeune, sans aucun passé politique », ayant « toujours vécu dans l’arrondissement d’Epinal ». Dans sa profession de foi, il revendique le soutien et la « confiance » de Maurice Lemaire et met en avant son investiture par « l’Association pour la Vème République ». Il appelle en effet les électeurs à confirmer leur « oui » du référendum d’octobre en portant leurs suffrages sur sa candidature. L’extrême division des opposants au gaullisme dans la première circonscription des Vosges fait le jeu de Marcel Hoffer. Le maire d’Epinal André Argant, membre du MRP, pourrait apparaître comme le concurrent le plus sérieux, d’autant qu’il a pour suppléant l’ancien député Lucien Nicolas, maire de Rambervillers. La municipalité d’Epinal est alors dirigée par une majorité de type « Troisième Force » : or, Pierre Blanck, adjoint socialiste d’André Argant, brigue également les suffrages, tandis que les radicaux, les communistes et les anciens poujadistes présentent des candidats. Au premier tour de scrutin, Marcel Hoffer rassemble 40,02% des voix et arrive en tête dans les cinq cantons de la circonscription. Il obtient ses meilleurs résultats dans des secteurs habituellement classés « à gauche », à Charmes et Châtel-sur-Moselle, canton dont il est originaire (43% et 47% des suffrages exprimés). Avant le second tour, le maire d’Epinal André Argant se retire en faveur de son adjoint socialiste pour autoriser un bon report des suffrages communistes et défaire Marcel Hoffer. Ce calcul est mis en échec par des électeurs qui accordent leur confiance au candidat gaulliste à hauteur de 62%, le 25 novembre 1962.
Le député des Vosges s’inscrit au groupe de l’UNR-UDT à l’Assemblée nationale. Membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de décembre 1962 au printemps 1965, il travaille ensuite au sein de la Commission de la production et des échanges, que préside son compatriote vosgien Maurice Lemaire. Marcel Hoffer s’implique dans le travail législatif et intervient à dix reprises dans l’hémicycle entre 1962 et 1967. Il s’intéresse en particulier à l’organisation de la défense du territoire dans le cadre des régions militaires (24 janvier 1963), à la gestion des forêts françaises (11 juillet 1963) ou aux déductions fiscales accordées à l’industrie textile (20 avril 1966). Ces questions touchent particulièrement les électeurs des Vosges, département où se trouvent des bases de l’armée, et où les industries du bois et du textile emploient alors de nombreux salariés. Rapporteur pour avis du budget des voies navigables et ports pour 1966 et 1967, il s’attache à défendre l’idée d’un axe mer du Nord-Méditerranée où il voit une chance pour son département d’élection. Il envisage les voies de navigation intérieure comme une alternative au transport routier et regrette la stagnation des crédits d’entretien des canaux pour 1966 et 1967. Il propose en outre de fusionner les ports autonomes du Havre et de Rouen ou rappelle que l’Allemagne fédérale prévoit d’achever le canal Rhin-Main-Danube en 1978 (8 novembre 1966). Marcel Hoffer partage certaines des orientations des « gaullistes de gauche » sans se reconnaître dans le libéralisme politique. Il regrette ainsi la place accordée aux « films cinématographiques d’origine étrangère » à la télévision et prend la parole lors du débat sur la création de l’ORTF pour dénoncer « des images tendant à imposer un mode de vie et un mode de pensée qui nous sont totalement étrangers et dont la valeur est très discutable ». Il observe à la même occasion que l’histoire du ministère de l’information présente des analogies avec « l’effeuillement d’une marguerite » et souhaite au contraire que le gouvernement renforce son autorité sur l’audiovisuel. Il s’agit selon lui que les media publics portent « le message de la France et de son gouvernement dans le monde » (28 mai 1964). L’élu vosgien soutient le gouvernement de Georges Pompidou tout au long de la deuxième législature de la Vème République (1962-1967), qu’il s’agisse de ratifier le traité de l’Elysée, qui scelle la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), d’encadrer l’exercice du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963) ou de réformer le service national (26 mai 1965).
Lorsque Marcel Hoffer se représente aux suffrages des électeurs en mars 1967, il ne dispose pas encore d’une implantation réellement personnelle. Les suffrages qu’il recueille s’adressent avant tout au candidat des gaullistes. En 1964, le député a en effet échoué dans sa tentative d’entrer au Conseil général des Vosges face au docteur Alfred Thinesse, ancien maire d’Epinal (1945-1947), proche des démocrates-chrétiens. Il préside cependant le « district de la Moyenne-Moselle » depuis février 1966 : ce groupement de communes a pour objectif de favoriser l’industrialisation et la construction de logements. La profession de foi de Marcel Hoffer offre, en 1967, de nombreux points communs avec celle de Maurice Lemaire : même discrétion quant aux questions proprement politiques, même revendication des succès industriels et entrepreneuriaux de la circonscription, même technicité de l’argumentaire. Le député sortant va jusqu’à expliquer les propositions de lois à l’initiative desquelles il s’est trouvé, comme celle prévoyant d’accorder un droit au maintien aux occupants des lieux d’habitation fournis par des entreprises, lorsque ces entreprises cessent leurs activités. Marcel Hoffer connaît les mêmes émotions que nombre de candidats gaullistes en mars 1967. Après un excellent résultat au premier tour de scrutin (25343 voix, soit 46,9%), il ne l’emporte que de 2028 suffrages et par 51,9% des suffrages exprimés le 12 mars 1967, contre le docteur Jean-Louis Lefrançois, candidat de la FGDS. La qualité du report des voix centristes et communistes sur le candidat de la gauche modérée explique ce résultat serré.
Inscrit au groupe de l’Union démocratique pour la Vème République, Marcel Hoffer retrouve la Commission de la production et des échanges sous la troisième législature (1967-1968). Le 9 juin 1967, il alerte le ministre de l’industrie au moyen d’une question orale sans débat sur la situation des usines cotonnières, nombreuses dans les Vosges. L’étroitesse de la majorité condamne les gaullistes à la solidarité en 1967-1968. Marcel Hoffer ne déroge pas à ce constat, qui ne vote pas la motion de censure déposée par l’opposition pour protester contre les pouvoirs spéciaux réclamés par l’exécutif en matière économique et sociale, au printemps 1967.
Le contexte des élections législatives de juin 1968 inspire le discours de Marcel Hoffer aux électeurs. Contrairement à 1967, sa profession de foi électorale se concentre sur les questions nationales. Elle fustige « les étudiants Cohn-Bendit, Geismar et Sauvageot » qui « en déchirant le drapeau tricolore, (…) déchiraient les institutions républicaines », comme l’opportunisme de François Mitterrand, président de la FGDS. Les troubles récents feraient ainsi un « devoir sacré » aux électeurs de s’ « unir pour la défense de la République » derrière les gaullistes. Ce discours convainc 51,4% des électeurs dès le 23 juin 1968. Lors de ce vote, Marcel Hoffer avait notamment pour concurrent le jeune journaliste Georges Valance, originaire de Granges-sur-Vologne, investi par le PSU et futur directeur de la rédaction de L’Express.
Le député de la première circonscription des Vosges prend place au groupe de l’UDR dès juillet 1968. Il siège à la Commission de la production et des échanges de juillet 1968 à avril 1969, puis à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, et enfin à la Commission des affaires culturelles familiales d’avril 1971 à 1973. Ses huit interventions en séances publiques entre 1968 et 1973 reflètent cette diversité d’intérêts. Elles portent entre autres sur la « nécessaire » dépolitisation des campagnes pour la désignation des conseillers régionaux (12 décembre 1968) ou le traitement de la « pathologie des camps » (31 octobre 1969). Marcel Hoffer intervient le 12 décembre 1968 dans le débat sur les réformes du Sénat et de la région soumises à ratification référendaire : il se réjouit de l’ « immense espoir » soulevé par la régionalisation et suggère de « laisser chaque région élaborer elle-même sa procédure administrative ». Il se prononce, à titre personnel, pour un redécoupage régional qui rattache le département des Vosges à l’Alsace. Il se consacre de surcroît à la question des retraites, notamment celles des travailleurs non salariés des professions agricoles (2 décembre 1969). Il défend le projet de loi portant amélioration des retraites du régime général en qualité de rapporteur, à la fin de l’année 1971 : une des dispositions du texte consiste à revaloriser les pensions liquidées sur la base de trente annuités avant 1972 (1er décembre 1971). Membre du Comité de contrôle du Fonds forestier national à partir d’octobre 1968, Marcel Hoffer est distingué par ses collègues qui le choisissent pour occuper les fonctions de secrétaire de l’Assemblée nationale en 1969-1970.
Le début des années 1970 représente une période importante dans son engagement. Elu conseiller général d’Epinal en mars 1970, l’élu vosgien adhère en effet en mai 1970 à l’amicale parlementaire « Présence et action du gaullisme ». Ce groupe rassemble des gaullistes sceptiques à l’égard de la politique du président de la République Georges Pompidou, élu en 1969. Les votes de Marcel Hoffer dans l’hémicycle ne se distinguent pas cependant de la majorité des parlementaires UDR : il approuve la loi Faure sur l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) aussi bien que la loi « anti-casseurs » (4 juin 1970) ou la création et l’organisation des régions (27 avril 1972).
L’implantation de Marcel Hoffer dans la première circonscription des Vosges s’est renforcée avec son entrée au Conseil général comme élu d’Epinal, le 15 mars 1970. En 1971 en revanche, les gaullistes échouent face à la coalition de socialistes et des démocrates chrétiens aux élections municipales dans la préfecture des Vosges. Le principal adversaire de Marcel Hoffer lors des législatives de mars 1973 est du reste un élu socialiste d’Epinal en la personne de Pierre Blanck. Ce dernier a choisi pour suppléant Alain Gourdon, ancien élève de l’ENA et conseiller référendaire à la Cour des comptes, qui s’était présenté en région parisienne, contre Jacques Baumel, aux élections générales de mars 1967. Le député sortant, investi par l’UDR et les Républicains indépendants unis au sein de l’Union des Républicains de Progrès (URP), dresse un bilan positif de son action en faveur de la circonscription, s’attribuant une partie du mérite dans la création ou le maintien de 4 000 emplois. Il prône « une société plus humaine » et se prononce à titre individuel pour un salaire minimum à 1 000 francs et l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans. Ces propositions le situent parmi les gaullistes les plus « progressistes » en 1973. Nettement en tête (42%) à l’issue du premier tour de scrutin, Marcel Hoffer ne dispose d’aucune réserve de voix, sinon peut-être du côté des électeurs de Jean Beltran, candidat du Mouvement réformateur (11,1%). La mobilisation d’entre-deux-tours lui impose de tenir un langage plus musclé, qui fait jouer le ressort de l’anticommunisme. Le 11 mars 1973, 1032 bulletins de vote valent à Marcel Hoffer de retrouver les bancs de l’Assemblée nationale : il défait en effet Pierre Blanck par 29338 voix (50,9%) contre 28306.
Membre du groupe de l’UDR, puis du RPR sous la cinquième législature de la Vème République (1973-1978), Marcel Hoffer travaille d’abord au sein de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, avant d’accéder, en mai 1973, à la prestigieuse Commission des finances. Le député des Vosges est chargé d’une mission temporaire auprès du ministre de l’économie et des finances Jean-Pierre Fourcade de novembre 1974 à juin 1975 : il y anime en effet le comité des usagers et relaie ainsi les remarques, observations ou doléances des contribuables. Cette activité l’éloigne un temps des travées du Palais-Bourbon. Il siège pourtant au Conseil supérieur des prestations sociales agricoles à partir d’octobre 1974 et est désigné comme rapporteur spécial du budget qui leur est consacré pour 1975 et 1976. Préoccupé par l’avenir économique de la Lorraine et des Vosges en particulier, il interpelle l’exécutif sur la nécessité de protéger l’industrie textile face aux importations (8 décembre 1976) et participe au débat qui suit la déclaration du gouvernement sur l’avenir de la sidérurgie française (20 avril 1977). Il soutient les gouvernements de Pierre Messmer, puis de Jacques Chirac et de Raymond Barre entre 1973 et 1977. Il se prononce en faveur de la réduction du mandat présidentiel à cinq ans (16 octobre 1973), de l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974), du divorce par consentement mutuel (4 juin 1975) ou de l’élection de l’assemblée des communautés européennes au suffrage universel direct (21 juin 1977). Comme Maurice Lemaire, député de la deuxième circonscription des Vosges, il rejette en revanche le projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974).
La maladie contraint Marcel Hoffer à limiter ses apparitions publiques dans la deuxième moitié des années 70. Battu aux élections cantonales de 1976, le député des Vosges décide de ne pas se représenter aux législatives de 1978. La formation gaulliste accorde alors son investiture au jeune Philippe Séguin, ancien élève de l’ENA et membre de plusieurs cabinets ministériels.
Marcel Hoffer disparaît moins d’un an après avoir quitté la vie publique.