Frédéric, Armand de Mackau
1832 - 1918
Député de 1866 à 1870 et de 1876 à 1889, né à Paris le 29 novembre 1832, fils d'Ange-René-Armand, comte de Mackau (1788-1855), député de 1830 à 1831, pair de France, ministre et sénateur du Second Empire, Frédéric Mackau fit son droit à Paris, devint auditeur de deuxième classe au conseil d'Etat en 1853, de première classe en 1860, fut attaché au ministère de l'Intérieur et fut membre du conseil du sceau.
Conseiller général du canton de Vimoutiers, chevalier de la Légion d'honneur quelques mois plus tard (14 août 1866), il fut élu, le 21 janvier 1866, au deuxième tour de scrutin, député au Corps législatif par la 2e circonscription de l'orne, en remplacement de M. David-Deschamps décédé, par 15 992 voix (30 968 votants, 37 177 inscrits), contre 14 859 à M. d'Audiffret-Pasquier, candidat de l'opposition.
Réélu, le 24 mai 1869, par 15 824 voix (24 074 votants, 27 786 inscrits), contre 8 250 à M. d'Audiffret-Pasquier, il siégeait silencieusement dans la majorité, quand (juin 1869) l'empereur lui adressa la lettre qui mettait fin aux espérances libérales entretenues par M. de Girardin dans la Presse : « Les concessions de principes ou les sacrifices de personnes, y était-il dit, sont toujours inefficaces en présence des mouvements populaires, et un gouvernement qui se respecte ne doit céder ni à la passion, ni à l' entraînement, ni à l'émeute. » C'était à la suite des tentatives de troubles qui avaient eu lieu à Paris sur les boulevards. M. de Mackau vota pour la guerre contre la Prusse, se retira dans ses propriétés à la chute de l'Empire, et resta quelque temps en dehors de la politique.
Il y rentra le 20 février 1876, comme député de l'arrondissement d'Argentan, élu par 15 991 voix (18 632 votants, 26 958 inscrits), contre 600 à M. Lherminier, radical, et 312 à M. Gévelot, républicain centre gauche. Il se fit inscrire au groupe de l'appel au peuple ainsi qu'au centre constitutionnel, et vota pour le ministère de Broglie, contre les 363.
De nouveau réélu, le 14 octobre 1877, par 16 572 voix (21 710 votants, 27 396 inscrits), contre 4 969 à M. Lherminier, il appuya les essais de résistance du cabinet du 16 mai, et vota contre les ministères républicains qui lui succédèrent.
Son mandat lui fut renouvelé, le 21 août 1881, par 14 917 voix (20 884 votants, 27 080 inscrits), contre 5 813 à M. Aug. Marais. Il continua de siéger à droite, commença à jouer dans la minorité un rôle important, et combattit la politique coloniale, scolaire et religieuse des ministres opportunistes, notamment la loi sur l'enseignement supérieur.
Porté sur la liste conservatrice de l'Orne, le 4 octobre 1885, il fut réélu, le 1er sur 6, par 45 603 voix (88 704 votants, 107 583 inscrits). Il avait signé, avant les élections, le manifeste des droites et l'appel aux électeurs catholiques. Nommé président de l'Union conservatrice, puis de l'Union des droites, il eut, en plusieurs circonstances. à prendre la parole au nom de la minorité ; en février 1886, il reprocha au gouvernement son « incapacité diplomatique » dans l'affaire de Madagascar ; à la chute du ministère Goblet (mai 1887), on attribua à la démarche personnelle qu'il fit auprès de M. Grévy, président de la République, l'échec de la combinaison Floquet, et la constitution du ministère Rouvier, qu'il soutint de ses votes en plusieurs occasions.
Lors du mouvement boulangiste, M. de Mackau se rallia au général pour suivre avec lui « les chemins que la Providence prendra pour nous conduire vers l'avenir nouveau que chacun pressent » (discours au banquet d'Alençon, 7 octobre 1888).
M. de Mackau a voté, à la fin de la législature, contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre les poursuites contre le général Boulanger.
On a de lui :
- Commentaire de la loi du 18 juillet 1868 sur les chemins vicinaux ;
- Le projet de la loi Ferry devant les conseils généraux (1879).
Né le 29 novembre 1832 à Paris, mort le 6 mai 1918 à Guerquesalles (Orne).
Député de l'Orne au Corps législatif de 1866 à 1870
Député de l'Orne de 1876 à 1918.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 213).
L'échec du boulangisme dont il avait été un des soutiens actifs devait affaiblir considérablement l'autorité du baron de Mackau au sein de la droite conservatrice, qui refusait désormais de le reconnaître comme son chef. Sensible à l'évolution des esprits, il se rapprocha du mouvement de la droite républicaine, dont le représentant le plus marquant sur le plan parlementaire était un ancien monarchiste, Jacques Piou, député de la Haute-Garonne. Dans un discours prononcé le 9 octobre 1892 à Carrouges Mackau reconnut que la grande majorité du pays voulait la République. Il lança un appel à l'apaisement et consomma alors sa rupture avec ses anciens amis politiques.
Plus heureux que Jacques Piou, il fut réélu sans difficultés aux élections générales du 20 août 1893. Dès le premier tour il recueille 13 026 voix contre 6 930 à Paul Boschet, conseiller général républicain.
Il devait conserver son siège lors des cinq législatures suivantes. Le 8 mai 1898, il fut élu sans concurrent avec 13.753 voix. Le 27 avril 1902, il fut élu toujours au premier tour avec 13.745 voix contre 43. Le 6 mai 1906, il recueillait 13.626 voix contre 724 ; le 24 avril 1910, un peu moins favorisé, il obtenait 11.284 voix contre 5.787 au docteur Amourel et enfin, le 26 avril 1914, il fut élu sans concurrent avec 11.450 voix.
Après son ralliement à la République, il siégea au groupe de l'action libérale. Au cours des années, son activité parlementaire se ralentit, bien qu'il ne cessât jamais de prendre part aux travaux de la Chambre, notamment pour les questions agricoles.
En 1914, il était doyen de la Chambre et, en cette qualité, il prononça des discours patriotiques appelant à l'union tous les députés et tous les Français.
Il est décédé le 6 mai 1918 dans sa propriété de Vimer, (commune de Guerquesalles) près de Vimoutiers, dans sa quatre-vingt-sixième année. Il avait représenté sans interruption pendant quarante-deux ans la même circonscription, donnant un rare exemple de la longévité politique. Il était le dernier représentant du Corps législatif au Parlement.