Eugène Baudin

1853 - 1918

Informations générales
  • Né le 29 août 1853 à Vierzon (Cher - France)
  • Décédé le 11 avril 1918 à Granges-sur-aube (Marne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 6 octobre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Cher
Groupe
Socialistes parlementaires
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Cher
Groupe
Socialistes parlementaires

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 29 août 1853 à Vierzon (Cher), mort le 11 avril 1918 à Granges-sur-Aube (Marne).

Député du Cher de 1889 à 1898.

Ouvrier porcelainier et céramiste, comme son père et son jeune frère, Eugène Baudin fréquente l'école communale jusqu'à 10 ans, puis fait son apprentissage à l'usine de M. Bazille à Vierzon. Acquis très jeune aux idées de Blanqui, il devient socialiste révolutionnaire. À peine âgé de 16 ans, il combat le candidat officiel aux élections législatives de 1869 et se voit infliger par le tribunal correctionnel de Bourges une condamnation à deux mois de prison pour outrage à l'empereur. Sa peine accomplie, et comme les entreprises de la région refusent de l'embaucher, il vient à Paris où il fait partie de « l'Internationale » et prend part à la journée du 4 septembre. Durant le siège de la capitale, il sert dans les francs-tireurs, Sous la Commune, il combat au fort d'Issy et il est nommé officier. Après l'échec de celle-ci, il prend le chemin de l'exil avec Edouard Vaillant, se réfugie en Suisse, puis en Allemagne et en Angleterre où il reprend son travail d'ouvrier porcelainier et se marie. Condamné à mort par contumace, il lui faut attendre l'amnistie de 1880 pour regagner la France. Il revient alors à Vierzon où il est élu conseiller municipal en 1884. L'année suivante, le canton de la Guerche l'envoie au conseil général. C'est la première fois dans le Cher que les socialistes conquièrent un siège dans cette Assemblée. Il se présente la même année aux élections législatives et, s'il est battu, obtient cependant plus de 15.000 voix.

Des grèves ayant éclaté à Vierzon, notamment à la Société française, de matériel agricole, il intervient avec vigueur au côté des ouvriers.

Sa résistance à la force armée le fait condamner par le tribunal de Bourges à deux mois de prison et à la privation de ses droits civiques pendant cinq ans. Ce jugement est confirmé en appel et ce n'est qu'après quatre-vingt douze jours de détention qu'il revient à Vierzon où il reçoit un chaleureux accueil. Il est élu aussitôt conseiller municipal et adjoint au maire. En dépit de sa condamnation il tente de participer à la session du conseil général. Le préfet lui ayant intimé l'ordre de quitter la salle des séances, il refuse et doit être expulsé.

Sa réélection en 1886, toujours dans le canton de la Guerche, est de nouveau annulée du fait de sa condamnation. Mais les élections législatives des 22 septembre et 6 octobre 1889 où il se présente dans la deuxième circonscription de Bourges, comme candidat socialiste hostile au boulangisme, lui donnent sa revanche. il est élu député au second tour de scrutin avec 8.000 voix contre 7.133 à M. Guerin conservateur, sur 15.358 votants.

Durant les années 1890-1892, il participe à l'action des syndicats de bûcherons. A la Chambre, il dépose deux propositions de loi, l'une relative aux conditions de travail dans les fabriques d'allumettes, l'autre contre l'intervention de l'armée entre le capital et le travail. Il intervient dans la discussion de l'interpellation de M. Lachize concernant l'annulation de la délibération par laquelle le conseil municipal de Paris avait voté une aide aux grévistes du Rhône (1889). La même année, lors du vote d'un crédit de 1.600.000 francs pour les dépenses secrètes de la Sûreté générale, il proteste contre l'utilisation des fonds secrets pour payer des agents provocateurs qui s'introduisent dans les rangs du parti socialiste et agissent de manière à le discrétiser. Au cours de l'interpellation consécutive à l'accident survenu au puits Villeboeuf à Saint-Etienne (1890), il souligne l'insuffisance des précautions prises contre le grisou. Dans la discussion du Budget de 1891, il demande une augmentation des crédits accordés à la manufacture de Sèvres. Avec ses collègues Férroul et Dumay, il interpelle le Ministre de l'Intérieur, M. Constans, au sujet de l'attitude de la police qui, le dimanche 7 juin 1891, avait dispersé avec brutalité - bien que le cortège eût été autorisé - les manifestants socialistes réunis près du Sacré-Cœur de Montmartre pour déposer une couronne à la place où Varlin, ancien membre de la Commune, avait été fusillé. En 1892, la grève des mineurs de Carmaux qui dure depuis deux mois, suscite une interpellation de MM. Dupuy-Dutemps et Després. Eugène Baudin, appuyé par Millerand, proteste contre le licenciement par la direction des Houillères de l'ouvrier Calvignac qui était en même temps maire socialiste de Carmaux. Le 1er mai 1893, le Gouvernement ayant ordonné la fermeture de la Bourse du travail, Baudin participe à la manifestation de protestation. Alors qu'il est auprès de Vaillant qui vient de s'adresser à la foule, la police intervient et charge les manifestants. Avec MM. Dumay, Millerand et Thivrier, Baudin interpelle le Gouvernement. Il proteste contre les violences policières et déclare avoir été lui-même frappé avec brutalité sur les lieux de la manifestation puis au commissariat où un des policiers lui répondit, alors qu'il faisait état de sa qualité de parlementaire, « On va t'apprendre comment on traite un député ».

Le Président du conseil Charles Dupuy, qui a en même temps le portefeuille de l'Intérieur, observe que, d'après le rapport de police, c'est Baudin qui, le premier, aurait frappé les agents ; Baudin dément cette version des faits et dit que le Gouvernement a le moyen, s'il le veut, d'établir la vérité en intentant contre lui une action en justice.

Il se représente aux élections du 20 août 1893 avec le programme du parti ouvrier : révision de la Constitution monarchique de 1875, suppression du Budget des cultes et retour à la nation des biens de mainmorte de l'église, élection des magistrats, liberté pour les communes en matière administrative et financière, fixation par la loi de la durée du travail et d'un salaire minimum, création d'une caisse de retraites pour les vieillards et d'un organisme de crédit agricole. Il est élu au premier tour de scrutin, toujours dans la deuxième circonscription de Bourges, par 8.562 voix contre 7.187 à Monnier, républicain libéral, sur 15.985 votants. À la Chambre, on ne relève aucune intervention de sa part, et il se borne à déposer une proposition de loi relative à l'organisation du monopole des raffineries de sucre en vue de protéger les intérêts des travailleurs (1897).

Fatigué et déçu il ne se représente pas aux élections de 1898. Il reste cependant au parti socialiste révolutionnaire et collabore au Journal La démocratie de l'Ouest. Le 14 juillet 1899, il signe le manifeste socialiste contre l'entrée de Millerand dans le Ministère Waldeck-Rousseau. Après avoir résidé à Saint-Briac, en Bretagne, il s'installe à Monaco où il reprend son métier et fonde au Cap-d'Ail les Poteries de Monaco. Il n'a plus guère, semble-t-il, d'activité politique. Il meurt le 11 avril 1918 à Granges-sur-Aube (Marne).