Raymond Marcellin

1914 - 2004

Informations générales
  • Né le 19 août 1914 à Sézanne (Marne - France)
  • Décédé le 8 septembre 2004 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 28 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Morbihan
Groupe
Centre républicain d'union paysanne et sociale
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1951 au 1er décembre 1955
Département
Morbihan
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 19 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Morbihan
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 16 juin 1962
Département
Morbihan
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 7 janvier 1963
Département
Morbihan
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 7 mai 1967
Département
Morbihan
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 12 août 1968
Département
Morbihan
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 5 mai 1973
Département
Morbihan
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Morbihan
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Morbihan
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Morbihan
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997
Département
Morbihan
Groupe
Union pour la démocratie française et du centre

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1974 au 21 juin 1981

Biographies


MARCELLIN (Raymond)
Né le 19 août 1914 à Sézanne (Marne)
Décédé le 8 septembre 2004 à Paris

Député du Morbihan de 1946 à 1973 puis de 1981 à 1997
Sénateur du Morbihan de 1974 à 1981
Sous-secrétaire d'État à l'Intérieur du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949
Sous-secrétaire d'État et secrétaire d'État à l'Industrie et au commerce du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950
Secrétaire d'État à la présidence du Conseil du 20 janvier 1952 au 8 janvier 1953
Secrétaire d'État à la Fonction publique et à la réforme administrative du 12 novembre 1957 au 14 mai 1958
Ministre de la Santé publique et de la population du 16 mai au 28 novembre 1962
Ministre de la Santé publique et de la population du 6 décembre 1962 au 8 janvier 1966
Ministre de l'Industrie du 8 janvier 1966 au 6 avril 1967
Ministre délégué, auprès du Premier ministre, chargé du Plan et de l'aménagement du territoire du 6 avril 1967 au 31 mai 1968
Ministre de l'Intérieur du 31 mai au 10 juillet 1968
Ministre de l'Intérieur du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969
Ministre de l'Intérieur du 22 juin 1969 au 6 juillet 1972
Ministre de l'Intérieur du 6 juillet 1972 au 2 avril 1973
Ministre de l'Intérieur du 5 avril 1973 au 27 février 1974
Ministre de l'Agriculture et du développement rural du 1er mars au 28 mai 1974

La figure de Raymond Marcellin se limite souvent dans l’imaginaire collectif à celle du ministre de l’Intérieur nommé le 31 mai 1968 afin de rétablir l’ordre face à la crise. Alors que les occupations d’université et les grèves ouvrières se poursuivaient, il avait lancé avec fermeté la police, jusqu’alors peu mobile, à l’assaut des barricades, assuré le bon déroulement des élections législatives de juin avant de dissoudre des groupuscules extrémistes. Après l’avoir installé place Beauvau en remplacement de Christian Fouchet, le général de Gaulle se serait exclamé pour saluer son efficacité : « Voilà Fouché, le vrai », en référence au très autoritaire ministre de la Police de Napoléon, tandis que la presse de l’époque et les manifestants évoquaient « le premier flic de France » ou « Raymond la matraque ». Pourtant, l’exceptionnelle carrière politique de Raymond Marcellin ne se limite pas à son seul passage au ministère de l’Intérieur de 1968 à 1974, de même que ce dernier poste ne se réduit pas au seul maintien de l’ordre face aux barricades même si celui-ci constitue l’essentiel de la légende noire construite dans la première moitié des années 1970 par ses adversaires de gauche. L’intéressé occupa de nombreuses autres charges gouvernementales sous la IVe République (Intérieur, Industrie et commerce, Fonction publique et réformes administratives) et sous la Ve (Santé et population, Industrie, Plan et aménagement du territoire, Agriculture et développement rural) dans lesquelles il déploie successivement une action énergique et modernisatrice. Enfin, son étonnante longévité parlementaire comme élu du Morbihan à l’Assemblée de 1946 à 1997, à l’exception d’un intermède au Sénat de 1973 à 1981, tout comme son dynamisme en séance publique et en commission en firent un des parlementaires les plus importants de la période.

Fils d'un banquier, Raymond Marcellin fréquente le collège de Meaux puis les facultés de droit de Strasbourg et de Paris. Docteur en droit, il exerce comme avocat à la Cour de Paris durant trois ans. Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier lors de la déroute de l'armée française de 1940. Il s'évade et occupe des fonctions au sein du régime de Vichy. Lié à Maurice Bouvier-Ajam, directeur de l'Institut d'études corporatives et sociales, chargé de « diffuser les idées sociales de la Révolution nationale par l'illustration de la doctrine corporative du maréchal dans les milieux professionnels et les organisations de jeunesse ». Il dirige le bureau d'orientation et de formation professionnelle, puis est nommé secrétaire général de l'Institut. C'est à ce titre qu'il est décoré de la Francisque. Mais, il s'engage par ailleurs dans la Résistance et appartient au réseau de renseignement Alliance de Marie-Madeleine Fourcade et de Georges Loustaunau-Lacau. Ce parcours complexe, de « vichysto-résistant » selon la définition désormais d'usage, lui a valu d'être décoré par Vichy puis de voir reconnaître son action résistante.

La Libération venue, célibataire de toujours, Raymond Marcellin consacre toute sa vie à son activité politique. Il rejoint « l'Union gaulliste pour la IVe République » dirigée par René Capitant. Jeune avocat talentueux, Raymond Marcellin est désigné comme délégué à la propagande de l'Union gaulliste dans le Morbihan.

Pour les élections à la première Assemblée de la IVe République en novembre 1946, Raymond Marcellin, qui se dit domicilié à Auray, s'impose comme tête de liste « Union gaulliste et parti paysan », comprenant essentiellement des candidats de tendance PRL (Parti républicain de la liberté). Dans ses professions de foi, il affirme « seul un gouvernement énergique, s'appuyant sur les partis d'ordre, peut sauver la France ». Sa qualification de « gaulliste » est discutée localement, mais le secrétaire général de l'Union gaulliste fait une mise au point « confirmant la confiance que le mouvement accorde à M. Marcellin ». En dépit de ce parachutage difficile, il est élu avec 29 009 suffrages sur 327 169 inscrits et 259 338 exprimés, soit 8,8 % des inscrits pour sa liste. Il s'apparente au PRL et débute un mandat de parlementaire du Morbihan qui s'étend sur plus de cinquante années.

Raymond Marcellin récupère rapidement l'héritage électoral de la droite conservatrice, provisoirement capté par le MRP à la Libération, et s'impose comme l'un des principaux élus de la droite bretonne, tandis que René Pleven occupe le centre. L'étiquette gaulliste est de courte durée pour lui, puisqu'il ne rejoint pas le général de Gaulle lors de la formation du Rassemblement du peuple français (RPF) et s'inscrit parmi les « Indépendants ». Il se situe tout d'abord aux marges de la Troisième force avant de l'intégrer. Il vote ainsi l'investiture de Léon Blum en décembre 1946 et celle de Ramadier en janvier 1947, mais refuse le projet de statut pour l'Algérie et contribue à renverser le gouvernement à l'automne. Vice-président de l'Union démocratique des indépendants à partir de 1948, il occupe la double fonction de secrétaire général du groupe parlementaire du Centre national des Indépendants à l'Assemblée nationale et de secrétaire général adjoint de ce parti, à partir de l'année suivante. Il est alors l'ami et le bras droit de Roger Duchet, l'accompagnant volontiers dans ses tournées provinciales mais participant peu à la vie active du mouvement, selon le portrait que Duchet dresse de lui dans La République épinglée.

Le 17 juin 1951, il est réélu sur une liste dite « Union (Action sociale et paysanne) », alliée avec le MRP, qui s'oppose à la liste du RPF car le siège national de ce mouvement a refusé l'alliance conclue entre les représentants départementaux du Rassemblement et la liste d' « Union ». Il affirme alors : « Voter pour la liste RPF, c'est risquer de faire élire un communiste ». Avec 105 260 voix sur 321 022 inscrits et 248 979 exprimés, sa liste obtient quatre élus et Raymond Marcellin est reconduit au Palais-Bourbon, où il s'inscrit dans le groupe du « Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants ».

Raymond Marcellin, ministre de seize gouvernements dans l'ensemble de sa carrière, occupe cinq postes ministériels durant la IVe République. Le 11 septembre 1948, à trente-quatre ans, il entre au cabinet d'Henri Queuille comme sous-secrétaire d'État à l'Intérieur du ministre socialiste Jules Moch. Il noue des liens d'amitiés avec ce dernier et acquiert dans cette période de guerre froide marquée par une agitation sociale et politique intense, une expérience qui lui sera utile comme ministre de l'Intérieur vingt ans plus tard. Après le renversement d'Henri Queuille, Georges Bidault, son successeur, nomme Raymond Marcellin sous-secrétaire d'État à l'Industrie et au commerce le 29 octobre 1949. Après le remaniement du 7 février 1950 consécutif à la démission des ministres socialistes, il accède au titre de secrétaire d'État. Sa décision de dissoudre la Chambre des métiers de la Seine, contrôlée par les communistes depuis la Libération, suscite de violentes protestations des élus du PCF et une interpellation mouvementée. Sa décision de renvoyer sept contractuels membre du Parti communiste et de la CGT, qui occupent des postes clés au Centre national du cinéma, est suivie par l'occupation de son ministère par des manifestants, par l'apposition sur les murs de la capitale de grandes affiches le dénonçant et par une nouvelle interpellation à l'Assemblée. Mais la majorité fait corps derrière lui à ces deux occasions. Totalement intégré à la majorité gouvernementale, il vote le projet de convention collective du travail en 1950 et approuve les apparentements, l'année suivante, lors du vote de la loi électorale du 9 mai 1951. Après les élections de 1951, il appuie l'évolution à droite de la nouvelle Assemblée. Il approuve notamment les lois Marie et Barangé d'aide à l'enseignement privé. Edgar Faure formant son cabinet le 20 janvier 1952, confie à Raymond Marcellin un poste de secrétaire d'État à la présidence du Conseil, chargé de le représenter à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le cabinet ne dure que deux mois et Antoine Pinay, qui succède le 8 mars 1952 à Edgar Faure pour dix mois, reconduit Raymond Marcellin dans ses attributions, y ajoutant le ministère de l'Information. Le député du Morbihan lance à cette occasion la construction de la maison de la Radio et fait financer l'accroissement du réseau de télévision en province. Il impose aussi le premier service minimum de radio et de télévision en cas de grève de la RTF. Après la chute d'Antoine Pinay en décembre 1952, Raymond Marcellin ne participe plus aux gouvernements suivants mais demeure dans la majorité jusqu'à la formation du gouvernement Mendès France. Favorable à une politique de maintien de la France en Indochine, il s'abstient sur l'investiture de celui-ci en juin 1954, vote contre le traité de Communauté européenne de défense, en approuvant la question préalable du général Aumeran le 30 août 1954 et contribue à la chute du cabinet en février, comme il contribue à la chute d'Edgar Faure en novembre 1955.

Pour les élections du 2 janvier 1956, l'entente nouée dans le Morbihan en 1951 avec le MRP n'est pas renouvelée. Raymond Marcellin est tête de liste « d'Union des indépendants et des paysans et des républicains nationaux » présentée par le Centre national des indépendants et paysans (CNIP). Il obtient 42 097 suffrages sur 339 358 inscrits et 275 315 exprimés (soit 13,9 % des exprimés). Il siège dans le « groupe des indépendants et paysans d'action sociale ». Son adversaire principal étant le patron MRP du journal Ouest-France, son ancien colistier de 1951, Paul Hutin-Desgrées, la presse locale n'a pas fait écho à sa campagne de terrain.

Raymond Marcellin s'abstient sur le vote de la confiance à Guy Mollet, en février 1956, mais, homme d'ordre « défenseur farouche de l'Algérie française » selon Roger Duchet, il approuve ensuite sa politique algérienne. Il vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement, le 12 mars 1956, et les renouvellements de ceux-ci. Il approuve la politique d'intervention à Suez en octobre et novembre. Par contre, il contribue à la chute du cabinet à direction socialiste le 21 mai 1957, par opposition aux mesures fiscales revendiquées par les socialistes pour financer les frais de la guerre d'Algérie. Mais, les deux gouvernements suivants de Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard marquant un recentrage, il vote leur investiture et réintègre totalement la majorité.

Eloigné du pouvoir direct durant plus de quatre années, Raymond Marcellin revient dans le cabinet de Félix Gaillard, le 12 novembre 1957, comme secrétaire d'État à la Fonction publique et à la réforme administrative dans une période ou l'agitation sociale augmente et où des menaces de grève de la fonction publique couvent. Après la chute du gouvernement Gaillard, Raymond Marcellin n'approuve pas les intentions attribuées à Pierre Pflimlin de changer de politique en Algérie et vote contre son investiture. Le 1er juin 1958, il vote l'investiture du général de Gaulle comme dernier président du Conseil de la IVe République puis les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin.

Durant la IVe République, Raymond Marcellin occupe une place modeste dans la vie du département du Morbihan. Député, il consolide sa position en se faisant élire conseiller général de Sarzeau en 1953. Réélu en 1955, il préside plusieurs syndicats d'intérêt local, le Syndicat d'adduction d'eau de la presqu'île de Rhuys, le syndicat d'assainissement des marais de Trévolo et le syndicat de repurgation de la presqu'île de Rhuys.

Raymond Marcellin poursuit sa carrière politique sous la Ve République d’autant plus facilement qu’il soutient le nouveau régime gaulliste même s’il reste fidèle à sa famille des Indépendants. Ne fut-il pas élu député en 1946 sous l’étiquette « Union gaulliste et parti paysan » ? Il est ainsi réélu sous l’étiquette CNI au second tour des législatives de novembre 1958 dans la 1ère circonscription du Morbihan, obtenant 23 857 voix face à ses adversaires Gilles Mabin (UNR), et Guy de Lyrot, sans étiquette, et n’en changera pas par la suite. Inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS), il siège dans la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Il dépose, en décembre 1959, une proposition de loi tendant à préciser le statut des coopératives d’administration publique et d’entreprises nationalisées et privées. En décembre 1960, il dépose une autre proposition de loi relative aux filiales d’entreprises publiques. À l’été 1959, il prend part aux discussions du projet de loi de programme relatif à l’équipement économique général. Il s’intéresse plus particulièrement aux équipements électriques et notamment aux barrages sur le Rhône. Chaque année de cette Ière législature, le débat sur le projet de loi de finances est l’occasion pour lui de défendre l’agriculture bretonne - il le fait aussi lors de la discussion de la loi d’orientation agricole en mai 1960 -, ce qui ne l’empêche pas d’aborder plus généralement les problèmes des PME, de l’apprentissage ou de la modernisation industrielle. Il approuve, le 4 février 1960, le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre par application de l’article 38 de la Constitution certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’État, à la pacification et à l’administration de l’Algérie. Il est nommé, le 16 mai 1962, ministre de la Santé publique et de la population et remplacé à l’Assemblée nationale par Léonce Franco, conseiller municipal de Vannes. En cette qualité, il prend part en fin de législature - écourtée par la dissolution- à la discussion, à l’Assemblée, de propositions de loi concernant l’aide sociale aux aveugles et aux grands infirmes.

Réélu au premier tour, comme candidat Indépendant Ve République, avec 38 626 voix face à ses adversaires Louis de Maître et Edouard Le Bossenec n’obtenant respectivement que 3 986 et 2 765 voix aux législatives de novembre 1962, il rejoint sous cette IIème législature le groupe des Républicains indépendants et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République mais il abandonne son mandat pour le gouvernement. Son parcours parlementaire reste d’ailleurs le même jusqu’en 1974. Constamment réélu au premier tour, Raymond Marcellin est nommé à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République - après les législatives de juin 1968, il rejoint toutefois la commission de la défense nationale et des forces armées – et il adhère au groupe des Républicains indépendants puis laisse son siège à son suppléant Jean Grimaud, maire de Questembert, après sa nomination à un poste ministériel. Il retrouve ainsi le 6 décembre 1962, dans le deuxième gouvernement de Georges Pompidou, son poste de ministre de la Santé et de la population. Il y reste jusqu’en janvier 1966 et s’y fait remarquer par quelques réalisations majeures comme la création de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en 1964 et du Centre international de recherche contre le cancer à Lyon en 1965. Sous son impulsion, la vaccination antipoliomyélitique est rendue obligatoire par la loi du 1er juillet 1964. Il prend part à la discussion en juin et juillet 1963 du projet de loi sur les prestations familiales pour mineurs infirmes. Il défend aussi notamment le projet de loi tendant à assurer le bon emploi des prestations familiales, des allocations aux personnes âgées et des allocations d’aide sociale, celui relatif à la lutte contre les moustiques, celui relatif au contrôle sanitaire aux frontières terrestres, maritimes et aériennes, celui relatif à l’exercice illégal de l’art dentaire, celui relatif à la francisation des noms et prénoms des personnes qui acquièrent ou se font reconnaître la nationalité française. Il prend part, chaque année, à la discussion du projet de loi de finances sur les crédits de la santé publique et de la population et répond aux questions orales telles celles posées sur la profession d’infirmière, les allocations aux orphelins, les aides sociales aux personnes âgées, l’aide aux myopathes.

Ministre de l’Industrie de janvier 1966 à avril 1967, il impose un service minimum à EDF en cas de grève et rédige le premier plan de reconversion de la sidérurgie qui vise à permettre aux entreprises françaises de ce secteur en crise de regagner une partie de leur compétitivité internationale. En novembre 1966, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1967, il intervient sur les crédits de l’industrie et notamment sur la politique énergétique de la France, la modernisation des houillères nationales, la situation des houillères de bassin du Nord et du Pas-de-Calais, la situation de l’industrie lorraine, la recherche scientifique et technique, la lutte contre toutes les formes de pollution.

Le 5 mars 1967, il est réélu au premier tour des législatives, avec 39 466 voix, contre 5 095 au candidat Centre démocrate Joseph Dumas, 5 003 au candidat communiste Jean Tanguy et 4 414 à celui du Parti socialiste unifié (PSU) Eugène Queverdo. Ministre du Plan et de l’aménagement du territoire d’avril 1967 à mai 1968, il crée les zones de rénovation rurale en Bretagne, en Auvergne et dans les régions de montagne. Il est l’initiateur des parcs régionaux et contribue largement à la préparation du VIe Plan de développement économique et social. Il intervient à l’Assemblée, dans le cadre du projet de loi de finances de 1967, sur les schémas directeurs et métropoles d’équilibre, la mise en place des organismes régionaux d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine (OREAM), la décentralisation industrielle, les zones de conversion industrielle et les prêts du Fonds de développement économique et social (FDES) en faveur de la création d’emplois.

De retour de Baden-Baden, le général de Gaulle veut en finir avec les manifestations étudiantes et ouvrières de Mai 68. Dans un discours radiodiffusé, il annonce le 30 mai 1968 la dissolution de l’Assemblée nationale et le remaniement du gouvernement, maintenant Georges Pompidou à son poste de premier ministre. Nommé le 31 mai à l’Intérieur, Raymond Marcellin reprend fermement les choses en main. Début juin, les responsables de la police et de la gendarmerie sont quotidiennement convoqués dans le bureau du ministre pour faire le point sur la remise en ordre. Le ministre n’hésite pas à s’informer personnellement et descend chaque soir dans les rues du Quartier Latin et dans les couloirs de la Sorbonne qu’il avait fréquentés dans sa jeunesse comme étudiant en droit. Il n’hésite pas à interdire les manifestations et, ayant appris que des groupes maoïstes entendaient saboter les élections législatives de juin 1968 en s’emparant des urnes, il procède à près de 300 arrestations préventives en usant de l’article 30 du code de procédure pénale. Aux législatives, il est élu le 23 juin 1968 avec 43 095 voix contre le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Pierre Bernard, 3 653, du PCF Jean Tanguy, 3 447, et du PSU Corentin Hily, 2 664. Maintenu à son poste dans le gouvernement de Maurice Couve de Murville, il réoriente la police vers un travail de répression et de renseignement contre les groupuscules gauchistes d’obédience trotskiste, comme la Ligue communiste, ou maoïste spontanéiste comme la Gauche prolétarienne. Persuadé que ces organisations menacent l’État dans le cadre d’une entreprise de subversion menée de concert avec des pays communistes étrangers et des organisations d’extrême gauche européennes - il s’en explique à l’Assemblée en novembre 1968 lors de la discussion du projet de loi de finances pour le budget de l’Intérieur-, le ministre utilise tous les moyens légaux pour enquêter sur leurs agissements. Les Renseignements généraux développent à son initiative une section spécialisée dans « les mouvements révolutionnaires » tandis qu’à la Préfecture de police de Paris, la direction centrale collecte des informations sur les groupuscules suspects. 19 000 policiers supplémentaires sont recrutés et le budget de la police double en six ans et même quadruple s’agissant du budget matériel. Le 31 octobre 1968, il présente en conseil des ministres la dissolution du mouvement politique d’extrême droite Occident en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Le 23 juin 1973, après l'attaque d’un meeting qui causa une centaine de blessés parmi les forces de l'ordre, la Ligue communiste et le mouvement d’extrême droite, Ordre nouveau, sont également dissous. Par arrêtés du 23 novembre 1968 et du 27 janvier 1969, pris sur la base du décret du 6 mai 1939, le ministre de l’Intérieur interdit, au nom du danger pour l’ordre public, la circulation, la distribution et la mise en vente en France de la revue Tricontinentale éditée à Cuba, ainsi que son édition française. Certains titres de la presse gauchiste sont interdits tels que La Cause du peuple, journal de la Gauche prolétarienne. Jean-Pierre Le Dantec, le directeur de la publication est arrêté et placé en détention provisoire. Jean-Paul Sartre lui-même est arrêté, le 26 juin 1970, pour avoir vendu dans la rue après son interdiction La Cause du Peuple, l’hebdomadaire dont il était devenu directeur. Jean-Paul Sartre a déclaré par la suite que les maoïstes, avec lesquels il n’était pas d’accord, lui avaient demandé de les aider : « Ils se méfiaient du vedettariat, mais dans le même temps ils faisaient appel à un intellectuel connu qui puisse dévier les coups de Marcellin. » Raymond Marcellin soupçonne l’association « Les amis de la cause du peuple », soutenue par Simone de Beauvoir, de reconstituer la Gauche prolétarienne précédemment dissoute. Le préfet de police refuse aux fondateurs de l’association de délivrer le récépissé de la déclaration d’association prévu par la loi du 1er janvier 1901. Or, ce refus est annulé par le tribunal administratif. Rejetant la possibilité de faire appel, le ministre de l’Intérieur décide de prendre un décret visant à donner un fondement au refus de délivrer un récépissé. Suite à l’avis défavorable du Conseil d’État, estimant que la mesure relevait du domaine de la loi, le gouvernement dépose un projet de loi modifiant la loi de 1901, permettant aux autorités administratives d’attendre, pour délivrer le récépissé de déclaration, la décision de l’autorité judiciaire, dans des délais très brefs, dont le dépassement entraînerait la délivrance de plein droit du récépissé.

À l'Assemblée nationale, en commission des lois, certains commissaires estiment « que le projet porte atteinte à la liberté d'association qui est essentielle dans un régime républicain, en ce qu'il institue un contrôle a priori » et, dont d'autres « sont d'avis que les dispositions en vigueur sont suffisantes pour permettre le respect de la loi, tout en considérant qu'aucun pouvoir nouveau n'était donné au préfet, puisque l'autorité judiciaire demeurait seule compétente pour statuer », le texte soutenu par le rapporteur et les amendements, proposés par ce dernier, sont rejetés.

Saisi par le président du Sénat, Alain Poher, le Conseil constitutionnel décide, le 16 juillet 1971, qu’ « à l’exception des mesures susceptibles d’être prises à l’égard de catégories particulières d’associations, la constitution d’associations, alors même qu’elles paraîtraient entachées de nullité, ou auraient un objet illicite, ne peut être soumise pour sa validité à l’intervention préalable de l’autorité administrative ou même de l’autorité judiciaire ». Le Conseil constitutionnel censure la loi sur le fondement d’un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, le principe d’association. Cette décision, d’une portée considérable quant à l’autorité juridictionnelle du Conseil, est alors considérée par la presse comme un désaveu du ministre.

Face au danger de la subversion, Raymond Marcellin justifie dans un ouvrage paru en 1969 aux éditions Plon, L’ordre public et les mouvements révolutionnaires, le rétablissement de l’ordre afin d’être en mesure de faire face à l’avenir à des événements du même genre qu’en Mai 1968. Il considère que « les manifestations et les émeutes des mois de mai et de juin ont été le point culminant d’une longue suite de manifestations qui ont commencé à Paris » en 1967 et entend faire comprendre comment les manifestations ont pu se transformer en émeutes « car nous pouvons être confrontés avec des événements du même genre » et il est préférable que chacun connaisse bien « le mécanisme de l’action des groupements révolutionnaires ».

Dans le prolongement de cette politique, René Pleven, garde des Sceaux dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, présente à l’Assemblée nationale le projet de loi dit anticasseurs tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance. Instituant une responsabilité pénale des organisateurs et instigateurs de manifestations ayant dégénéré en violences, dégradations et pillages, le projet de loi est adopté en première lecture le 29 avril 1970. Il provoque les réticences du groupe Union pour la défense de la République (UDR) et il est remanié en commission des lois. Une question préalable de François Mitterrand dénonçant l’introduction d’une responsabilité pénale collective est rejetée. Michel Rocard, fustigeant la mise en cause du droit de manifestation et de réunion par le ministère de l’Intérieur, critique le soin confié aux autorités de police de qualifier toute infraction. Le texte de la commission mixte paritaire pour l’article 314 du code pénal, adopté le 4 juin 1970, introduit des dispositions précédemment adoptées relatives aux manifestations mais les organisateurs ne pourront être poursuivis que s’ils n’ont pas donné l’ordre de dislocation dès qu’ils auront eu connaissance de violences.

Dans un ouvrage paru chez Plon en 1978, L’Importune vérité, Raymond Marcellin dresse un bilan de six années de son action place Beauvau au service de l’ordre public et adresse un message à ses successeurs : « La volonté du pays, c’est l’ordre, et le gouvernement doit exécuter cette volonté sans jamais connaître ni découragement ni lassitude et encore moins l’intimidation […]. Les gouvernements français […] devront placer puis maintenir par un effort persévérant, en tête de leurs objectifs, la sécurité intérieure et la sécurité extérieure, bases fondamentales de leur légitimité […] ».

Mais cette fermeté s’accompagne parfois de violences policières, sans compter le recours à des pratiques jugées discutables. En janvier 1974, la découverte d’une équipe de « plombiers » de la DST en train d’installer des micros au siège du Canard Enchaîné provoque un scandale exploité par la gauche. À l’Assemblée, la défense de Raymond Marcellin est maladroite ; il refuse en fait de s’expliquer et accusera plus tard Robert Galley, ministre de la Défense, alors très engagé dans le combat antisubversif, d’être à l’origine de cette initiative. Menaçant à l’encontre des députés de l’opposition dont Gaston Defferre, il met ainsi le gouvernement dans l’embarras. Affaibli par la maladie, Georges Pompidou, qui éprouve de l’estime pour le ministre de l’Intérieur, préfère l’écarter de la place Beauvau au profit d’un jeune fidèle en pleine ascension politique, Jacques Chirac. Cet ultime épisode, baptisé « Watergaffe » par la presse satirique, allusion au scandale du Watergate qui avait acculé Richard Nixon à la démission en août 1974


, ternit le bilan ministériel de Raymond Marcellin à l’Intérieur et tend à estomper les nombreuses réformes engagées par le ministre de l’Intérieur : la suppression de la tutelle budgétaire sur les communes, la loi du 31 décembre 1970 supprimant l'approbation préalable du budget des communes et réduisant de manière très significative le nombre des délibérations des conseils municipaux soumises à cette approbation ; l’institution d’une retraite des maires et la revalorisation de leurs indemnités ; la loi du 16 juillet 1971 sur le regroupement communal prenant la forme de la fusion simple et de la fusion-association ; la création d’un centre de formation du personnel communal, l’extension du pouvoir des conseils généraux ; l’octroi d’aides supplémentaires aux rapatriés ; le décret de déconcentration dit anti-remontée du 13 novembre 1970, sur le fondement duquel le préfet prend seul les décisions en ce qui concerne la répartition des crédits d’investissement de l’État dans le département, sans que le dossier ne remonte aux autorités centrales de l’État ; la création de neuf écoles de police, de trois préfectures de police de Lyon, Marseille et Lille ; l’attribution des pouvoirs de police aux départements de la petite couronne de Paris. Raymond Marcellin se montre aussi très fier de son bilan dans un domaine parfois négligé par les ministres de l’Intérieur, celui de la Protection civile. En six ans, il aura affecté douze compagnies militaires à la disposition de la Protection civile, créé une seconde unité de Protection civile et fait acheter des avions Canadair pour la lutte contre les feux de forêt.

Nommé le 1er mars 1974 dans le troisième gouvernement de Pierre Mesmer, au ministère de l’Agriculture, Raymond Marcellin y reste moins de trois mois. La mort prématurée de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, puis l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, le 19 mai 1974, comme président de la République consacrent la fin de la carrière ministérielle de cet Indépendant proche des gaullistes et qui, même s’il figurait dans les instances dirigeants des Républicains indépendants, préférait Georges Pompidou à Valéry Giscard d’Estaing. Raymond Marcellin ne retrouvera plus jamais le gouvernement. Il se replie alors sur son fief breton et, renonçant à retrouver lors d’une élection partielle le siège de député auquel il avait été élu au premier tour en mars 1973 avec 39 466 voix, il se fait élire au Sénat en septembre 1974.

Maire de Vannes de 1965 à 1977, président du conseil général du Morbihan de 1964 à 1998, président du conseil régional de Bretagne de 1978 à 1986 puis vice-président jusqu’en 1989, Raymond Marcellin est une figure locale, départementale et régionale. À Paris, l’ancien ministre de l’Intérieur, adversaire résolu de la « chienlit » et de la « subversion marxiste » (thématique centrale de son deuxième ouvrage L’Importune vérité et de nombreux articles dans Le Figaro, Ouest France et Le Quotidien de Paris) se revendique comme un homme de droite et un conservateur assumé ; ainsi en 1993, alors que les groupes de la nouvelle majorité de droite occupent une large part de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, jusque dans sa partie gauche, il refuse de siéger au banc qui lui est réservé, estimant qu’il se situe trop à gauche et l’échange contre celui situé plus à droite de son collègue Dominique Bussereau. Dans sa terre d’élection, il se garde de tout sectarisme, refuse l’affrontement brutal avec un adversaire socialiste en progression électorale constante. Il ne cache pas ses liens avec son voisin, le maire PS de Lorient, Jean-Yves Le Drian. Homme de réseaux et d’arrangement, il met en place ce que ses adversaires nomment « le système Marcellin ». Celui-ci consiste à faire profiter la région, le département et la ville de Vannes de certains avantages en termes d’infrastructures. Fort de son influence politique et bien décidé à mener localement une politique de grands travaux d’aménagement, Raymond Marcellin installe dans sa ville une école d’infirmières lorsqu’il est ministre de la Santé puis une école nationale de police une fois à l’Intérieur. Ce docteur en droit maîtrise les aspects juridiques et les enjeux économiques de ces dossiers d’aménagement du territoire. Son départ du gouvernement en 1974 n’entame en rien son dynamisme : il s’occupe de la rénovation et de l’extension des hôpitaux, de la construction de maisons de retraite, de la création d’une école municipale de droit. Il obtient l’aménagement de ports de plaisance, l’installation de Michelin et d’une filiale de Renault. Avant que Raymond Marcellin ne vienne de Paris par avion présider le conseil municipal de Vannes, le conseil général du Morbihan ou le conseil régional de Bretagne, les problèmes sont souvent réglés en amont via son directeur de cabinet, Yves Carof, ancien fonctionnaire d’Outre-Mer. Interlocuteur privilégié des élus locaux, ce dernier connaît bien le terrain et les hommes, il sait préparer les sessions et notamment les dossiers de subventions. Ce système assure à Raymond Marcellin une exceptionnelle longévité politique.

Après son passage au Sénat de 1973 à 1981, il retrouve l’Assemblée à l’occasion des législatives de 1981. Réélu au premier tour dans la même circonscription le 14 juin 1981, avec 37 240 voix, soit 59,1 %, il s’inscrit au groupe Union pour la démocratie française (UDF) et intègre la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Devenu, depuis l’alternance de mai 1981, un député d’opposition, Raymond Marcellin se révèle un parlementaire moins politique. Il économise ses interventions dans les débats de politique générale et limite ses interventions à des domaines techniques relatifs à des sujets qui lui sont chers comme la modernisation de l’administration, l’organisation de la défense civile et la protection des espaces naturels. En mai 1985, il dépose une proposition de loi tendant à définir, délimiter et protéger le domaine public maritime naturel. Il vote contre le projet de loi portant abolition de la peine de mort, le 9 octobre 1981, s’oppose au projet de loi Defferre relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions mais vote pour le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d’invalidité et de veuvage adopté à l’unanimité en première lecture le 21 juin 1982.

Réélu aux législatives de 1986, en tête de liste RPR-UDF dans le département du Morbihan, il s’inscrit au groupe UDF et siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est rapporteur spécial du projet de loi de finances pour 1987 sur les crédits de la justice.

Reconduit à l’Assemblée le 5 juin 1988 avec 26 917 voix, soit 56 % des suffrages exprimés, il reste fidèle au groupe UDF mais opte pour la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. En 1988 et 1989, ce fidèle défenseur de la protection civile intervient dans ce domaine lors de la discussion du projet de loi de finances. En décembre 1989, il dépose une proposition de loi tendant à instituer un scrutin uninominal à un tour pour l’élection des députés et intervient, en 1991, dans la discussion du projet de loi d’orientation relatif à l’administration territoriale de la République. Il vote, en 1988, pour le projet de loi relatif au revenu minimum d’insertion et, en 1992, pour le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « Des Communautés européennes et de l'Union européenne »

Réélu au premier tour pour un dernier mandat le 28 mars 1993, cette fois au second tour, avec 26 827 voix, soit 49,9 %, il retrouve le groupe UDF et la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Rapporteur spécial de la loi de finances chaque année en ce qui concerne les crédits de la justice, il intervient aussi dans la discussion du projet de loi de programme relatif à la justice présenté sous le gouvernement Balladur par Pierre Méhaignerie. Cet ancien avocat prend aussi part le 4 juillet 1994 aux débats sur le projet de loi relatif à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative.

Ce brillant parcours politique s’est effectué avec le soutien du courant des Indépendants fidèle au début de la Ve République au pacte majoritaire unissant modérés et gaullistes. Vice-président en juin 1966 de la Fédération nationale des Républicains indépendants (FNRI), Raymond Marcellin, par ailleurs directeur du Républicain indépendant de l’Ouest, accède l’année suivante à la présidence de la fédération bretonne de ce même parti. En 1977, il anime le conseil des cadres et classes moyennes de la FNRI. Très attaché à ses responsabilités d’élu local, Raymond Marcellin fonde et préside, dès mars 1968, l’Association nationale des maires, conseillers généraux et conseillers municipaux de la Ve République. En 1982, il accède au comité directeur du Parti républicain (PR) et à son bureau politique en 1986. Fin 1988, il devient conseiller du président de cette formation, François Léotard. Au début des années 1990, Raymond Marcellin, conseiller du nouveau président du Parti républicain, Gérard Longuet, est encore membre de droit du bureau politique et du comité directeur du PR.

En 1997, à l’âge de 82 ans, il annonce sa retraite politique. Vice-président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, il reçoit alors un vibrant hommage pour ses cinquante ans de vie parlementaire. Passant désormais l’essentiel de son temps à Paris, où il réside dans son appartement du VIIIe arrondissement, Raymond Marcellin y est victime d’une pénible mésaventure, en mai 2000, quand des cambrioleurs s’introduisent chez lui sous une fausse identité, le bâillonnent et le ligotent une nuit entière, avant de partir au matin sans butin. L’ancien ministre de l’Intérieur décède, le 8 septembre 2004, à Paris à l’âge de 90 ans. Le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, rend hommage à « sa haute conception de l’autorité de l’État ». Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin salue une « grande figure de la vie politique française », une « personnalité profondément attachée aux valeurs de la République », qui a exercé « avec courage de hautes responsabilités gouvernementales, notamment pendant six ans au ministère de l'Intérieur où il a témoigné d'un sens élevé de l'État ». « Il s'est investi avec détermination dans ses mandats d'élu local et a fait preuve d'une grande ambition au service de ses concitoyens auxquels il se consacrait sans relâche ». Son successeur comme député du Morbihan, le secrétaire d’État aux Transports et à la mer, François Goulard, déplore la disparition d’un « homme d’État, de décision et de caractère ». Ce passionné de l’ordre qui s’était présenté quarante-huit fois devant les électeurs, constamment élu ou réélu, cet homme de poigne et de conviction qui avait occupé quatorze fois un poste ministériel régalien ou relevant des domaines économiques et sociaux, était revenu sur son parcours politique et son action gouvernementale dans deux ouvrages, La Guerre politique, publié chez Plon en 1985, et L’Expérience du pouvoir, publié à la Table ronde en 1990 et distingué par le prix Lucien Dupont de l’Académie des sciences morales et politiques. Chevalier de la Légion d’honneur, il était décoré de la Croix de Guerre, commandeur du Mérite commercial, du Mérite artisanal et de l’Ordre de la santé publique, titulaire de la Médaille des évadés et de la Grand-Croix du Mérite de l’Ordre de Malte ainsi que de dix neuf autres ordres étrangers.