Amédée Mercier
1890 - 1973
MERCIER (Marie, Joseph, Amédée)
Né le 2 décembre 1890 à Malafretaz (Ain)
Décédé le 4 mai 1973 à Bourg-en-Bresse (Ain)
Député de l’Ain de 1958 à 1962
Fils de meuniers – Pierre Marie Mercier et Marie Prudence Roux, dit Riche –, Amédée Mercier fréquente l’Ecole normale annexe de Bourg-en-Bresse, où il obtient le brevet élémentaire. Il accomplit quatre années de service militaire, participant à la campagne en Allemagne au lendemain de la Grande guerre.
Revenu à la vie civile, Amédée Mercier exerce comme greffier au tribunal civil de Bourg. Tout d’abord membre de la SFIO, il quitte ce parti en 1933 pour se consacrer aux organisations laïques. Il se fait connaître à Bourg-en-Bresse avant 1939 par son action en faveur de la jeunesse laïque, dont il est l’un des fondateurs, ainsi que de l’Oeuvre laïque des enfants à la montagne et à la mer.
À la libération, la Résistance le désigne comme Président du comité local de Libération, le 7 septembre 1944, et président du Comité départemental (Front National) et surtout de fait le président de la délégation municipale de Bourg-en-Bresse. Quelques mois plus tard, en avril-mai 1945, il est régulièrement élu maire. Il est ensuite reconduit en 1947 et 1953, comme, tête de listes comprenant des socialistes et des radicaux.
Amédée Mercier, maire du chef-lieu de l’Ain bénéficie par ailleurs d’une implantation départementale forte, dans le mouvement laïque – il préside la Fédération des Œuvres scolaires post-scolaires laïques de l’Ain du 24 mai 1945 au 12 novembre 1953 – et dans les associations d’élus : il préside l’Association départementale des maires de l’Ain du 8 février 1947 au 24 mars 1965. Il est encore membre fondateur et responsable de nombreuses institutions départementales : président de la mutuelle des sapeurs-pompiers de l’Ain, à partir de la fin 1947, président du syndicat intercommunal pour le curage de la rivière La Reyssouze, administrateur délégué de l’Office départemental HLM, membre de la société coopérative départementale d’HLM, membre de la société d’équipement du département de l’Ain, membre de l’Office départemental du tourisme et vice-président du syndicat intercommunal d’électricité.
Cette implantation très forte fait d’Amédée Mercier l’un des candidats de la gauche laïque et démocratique aux élections sénatoriales à deux reprises. Aux élections sénatoriales partielles d’octobre 1951, il se présente sous l’étiquette “indépendant de gauche”, manquant l’élection au 2e tour de 2 voix (306 voix contre 308). La SFIO avait présenté un candidat au 1er tour et s’était retirée en sa faveur au second, mais trop tardivement. Les radicaux en tiennent longtemps rigueur aux socialistes. Aux élections sénatoriales de 1955, Mercier se présente de nouveau comme indépendant de gauche, avec cette fois l’appui de la SFIO et du MRP, mais les socialistes se retirent ensuite au profit des radicaux mieux placés que lui au premier tour (il lui manque 30 des 80 voix MRP). Il obtient 280 voix, contre 572 aux radicaux. Le retour au scrutin d’arrondissement en 1958 lui permet enfin d’accéder au Palais-Bourbon.
Amédée Mercier est élu député en novembre 1958 dans la première circonscription (Bourg-en-Bresse). Il se lance dans la bataille électorale en dehors de tous les partis, avec comme colistier suppléant Louis Robin, conseiller général socialiste qui rompt pour l’occasion avec son parti et lui apporte l’appui d’électeurs des cantons ruraux. Sa profession de foi, très générale est dans l’air du temps. Il approuve le changement constitutionnel et prône l’autorité de l’État, mais insiste sur la nécessité de la pérennité du régime républicain. Il insiste sur la défense des intérêts des populations rurales et surtout la recherche de l’équilibre dans différents domaines entre la ville et la campagne. Enfin, il demande « l’abandon des querelles partisanes », prône « la paix sociale et le respect des convictions de chacun », sans explicitement se situer.
Au premier tour, Mercier arrive en deuxième position, mais devant tous les candidats officiels des trois grands partis de gauche : avec 7 566 voix sur 43 001 votants et 67 589 inscrits, il devance le radical Bouvard (4 964 voix), le communiste Machurat (4 708 voix) et le socialiste SFIO Pioud (3 281 voix). Au second tour, Mercier se présente explicitement comme « indépendant de gauche » et profite de la division des voix de droite et des modérés qui se partagent sur trois candidats, le mieux placé, l’avocat Joseph Georges, le talonne d’une centaine de voix avec 13 603 suffrages. Mercier obtient pour sa part 13 727 suffrages sur 45 784 exprimés, l’emportant en dépit du maintien du candidat communiste qui ne perd qu’une centaine de suffrages (4598). Élu député, Mercier s’inscrit comme apparenté au très maigre groupe SFIO, avec Deschizeaux (Indre) et Poignant (Sarthe).
Amédée Mercier à l’Assemblée se montre pour le moins discret. Il ne fait aucune intervention orale, ne présente aucun rapport, ne dépose pas ou ne signe pas de proposition de loi. Tout au plus, pose-t-il quelques questions écrites. Ses votes sont généralement conformes à ceux du groupe socialiste. Il vote ainsi contre l’approbation du programme du gouvernement Debré en janvier 1959, s’efforce avec la gauche et le MRP d’amender le nouveau règlement de l’Assemblée imposé par l’UNR qui limite le contrôle parlementaire (il vote contre l’ensemble du texte le 3 juin 1959) et approuve avec la SFIO la déclaration de politique générale faite par Michel Debré le 15 octobre 1959, après le discours du général De Gaulle sur le droit à l’autodétermination de l’Algérie. Puis repasse dans l’opposition, notamment à propos du vote de la loi Debré sur l’enseignement privé en décembre 1959 et conserve ce positionnement de façon continue. Mais, il ne prend pas part au vote de levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, chef de l’OAS, le 5 juillet 1962, alors que les socialistes votent pour la plupart pour. Enfin, il est l’un des parlementaires qui votent la motion de censure qui renverse Georges Pompidou le 4 octobre 1962. La dissolution de l’Assemblée le renvoie alors devant les électeurs.
Mercier n’est pas réélu aux élections législatives de novembre 1962. Il obtient 9 987 voix au premier tour, puis en dépit du désistement du candidat communiste en sa faveur, Mercier est devancé au second tour, avec 16 513 voix sur 41 432 suffrages exprimés. Le candidat MRP, Paul Barberot, l’emporte, avec 17 790 voix.
Son positionnement d’opposant résolu au gaullisme fragilise sa situation au plan local. En 1959, menacé par son adjoint MRP, il a constitué une liste de large union comprenant des modérés, dont 20 candidats sur 27 sont élus au premier tour. Personnellement en ballottage, réélu au deuxième tour seulement, il a retrouvé difficilement son fauteuil de maire. Après son échec aux élections législatives, Amédée Mercier adhère de nouveau à la SFIO et trois ans plus tard, il conduit une liste de gauche aux élections municipales, comprenant socialistes, radicaux et une majorité de personnalités. Le 24 mars 1965, toujours soutenu par la SFIO, il perd la municipalité au profit du MRP Paul Barberot, l’homme qui lui a déjà ravi le siège de député en 1962. Il cesse alors toute activité politique.
Amédée Mercier avait épousé, le 5 avril 1919, Félicie Paviot, avec laquelle il a eu deux enfants. Veuf, il s’est remarié le 19 septembre 1959, en secondes noces, avec Jeanne Corsain, née le 26 septembre 1913, secrétaire au tribunal de grande instance de Bourg.
Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 31 août 1949.