Jules Mercier
1835 - 1923
Né le 23 mars 1835, à Thonon (Haute-Savoie), mort le 19 avril 1923, à Thonon.
Député de Haute-Savoie de 1894 à 1909.
Sénateur de Haute-Savoie de 1909 à 1920.
Jules Mercier naquit sur les bords du Lac Léman sous le règne de Louis-Philippe et, après de brillantes études secondaires, son père, un chirurgien fort estimé de Thonon, l'envoya faire son droit d'abord à Turin puis à Paris. Après avoir obtenu sa licence, il se destina à la carrière d'avocat et s'inscrivit au barreau de Thonon. Il acquit très rapidement une grande réputation locale pour ses connaissances juridiques et son talent oratoire.
Cette réputation lui valut très jeune la confiance de ses concitoyens puisque, à l'âge de trente ans, en 1865, il entrait au conseil municipal de sa ville natale. Bientôt élu adjoint au maire, la majorité républicaine du conseil le porta au poste de maire en 1882, poste qu'il dut abandonner l'année suivante mais auquel il fut réélu en 1902.
En 1874, il était élu conseiller général du canton de Thonon et l'une de ses préoccupations majeures, au sein de l'assemblée départementale, fut l'amélioration du service vicinal, ce qui lui valut d'être souvent désigné comme rapporteur des questions relatives aux chemins.
Sur le plan communal, il fit de grands efforts en faveur des adductions d'eau potable, des canalisations d'égouts, de la construction d'écoles et fit édifier un collège.
Durant toute sa carrière publique, il se montra un spécialiste averti des questions économiques et locales, un défenseur passionné des intérêts agricoles ; il consacra beaucoup de son temps à favoriser l'amélioration des services des postes et télégraphes et fut surtout l'avocat fidèle des sociétés de secours mutuels. Il fut d'ailleurs président de la société de secours mutuels de Thonon en 1870 et de la fédération des sociétés de secours mutuels de l'arrondissement.
Originaire d'une région qui manifesta très tôt sa vocation touristique, il s'appliqua à développer ce mouvement et créa, en 1912, l'école hôtelière de Thonon.
Un homme aux activités si diverses ne pouvait pas se contenter de l'action locale ni même régionale ; il fut tenté par la députation. Il fut élu député pour la première fois le 18 février 1894 à l'occasion d'une élection partielle provoquée par l'entrée au Sénat de Folliet, élu député en 1893 mais démissionnaire de son mandat en janvier 1894. Jules Mercier obtint 9.447 voix contre 1.526 à Martin, sur 11.223 votants.
Il fut réélu, le 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, député de l'arrondissement de Thonon, avec 8.135 voix contre 5.147 voix au candidat conservateur Ri-volet et 306 voix au socialiste Jean Bon, sur 13.752 votants. Le 27 avril 1902, il fut de nouveau réélu, au premier tour de scrutin, avec 8.390 voix contre 7.308 voix au nationaliste Bussat, sur 15.806 votants. Le 6 mai 1906, il fut encore réélu, au premier tour de scrutin, avec 8.980 voix contre 7.565 à Phal, sur 16.690 votants.
Entre-temps, il avait été battu à l'élection sénatoriale partielle du 21 mai 1905, consécutive au décès de Folliet ; au deuxième tour de scrutin, il n'avait obtenu que 281 voix alors qu'Emile Chautemps en recueillait 317.
Son intense besoin d'activité se manifesta particulièrement à la Chambre des députés. Inscrit au groupe de la gauche radicale, il appartint à l'union démocratique, au groupe de l'enseignement, au groupe de défense des bouilleurs de cru. Il fit partie de la commission des congés et de la commission de l'assurance et de la prévoyance sociales.
Il déposa une proposition de loi sur les victimes de Montriand et une autre sur les chemins vicinaux, dont il fut nommé rapporteur, en 1900.
Il soutint régulièrement de ses votes favorables la politique des deux plus longs cabinets de la IIIe République, ceux de Waldeck-Rousseau et de Combes.
Ses interventions à la Chambre furent multiples. Tous les ans, on l'entendit dans la discussion budgétaire et son vaste champ de préoccupations le fit participer aux débats aussi bien sur les articles des lois de finances que sur tous les budgets.
Elu sénateur, il démissionna de son mandat de député le 26 janvier 1909. En effet, malgré son échec de 1905, Jules Mercier souhaitait vivement continuer sa carrière parlementaire au Palais du Luxembourg. Il attendit donc le renouvellement de 1909 pour se présenter aux élections sénatoriales de Haute-Savoie, qui eurent lieu le 3 janvier.
Il fut élu au deuxième tour. Au premier tour, il obtint 249 voix et arriva en troisième position derrière César Duval, 344 voix, et Emile Chautemps, 262 voix, mais devançant Félix Francoz, sénateur sortant, 229 voix, et Jules Payol, 228 voix, sur 642 votants. César Duval ayant été élu dès le premier tour, Jules Mercier arriva en tête du scrutin au deuxième tour et fut élu avec 333 voix sur 644 votants, précédant Emile Chautemps avec 302 voix et Francoz, 237 voix, dont il prenait ainsi le siège.
Au Sénat, Jules Mercier s'inscrivit au groupe de l'union républicaine.
Il intervint dans la discussion du projet de loi relatif à la convention entre la France et la Suisse au sujet des voies d'accès au Simplon (1909), de la proposition de loi portant révision du tarif général des douanes (1910), d'une interpellation sur l'enseignement technique (1912), du projet de loi relatif au warrant hôtelier (1913).
En raison de son âge - il avait alors 85 ans - Jules Mercier ne se représenta pas aux élections de janvier 1920, les premières qui suivirent la grande guerre. Il avait d'ailleurs été obligé de ralentir considérablement son activité depuis quelques années.
Il mourut le 19 avril 1923 à l'âge de 88 ans.
Jules Mercier avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1889 ; de plus, il était officier d'Académie.