André Monteil
1915 - 1998
Né le 15 août 1915 à Juillac (Corrèze)
Décédé le 9 novembre 1998 à Paris
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Finistère)
Député du Finistère de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat aux forces armées (marine) du 12 juillet 1950 au 11 août 1951
Secrétaire d'Etat aux forces armées (marine) du 19 juin 1954 au 3 septembre 1954
Ministre de la santé publique et de la population du 3 septembre 1954 au 23 février 1955
André Monteil est fils de gendarme. Il étudie au collège de Brive, puis à Paris au lycée Louis-le-Grand. Reçu à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, il obtient l'agrégation de lettres classiques. Il est nommé en 1938 professeur au lycée de Quimper. Il se marie la même année avec Madeleine Marquetoux. Cinq enfants vont naître de cette union. Il est mobilisé en 1940 et sa participation à cette phase du conflit va lui valoir la Croix de guerre 1939-1945. Il entre dans la Résistance. Il appartient au mouvement Libération Nord. En 1944, il commande les FFI de Quimper. Son action clandestine va le faire distinguer par la médaille de la Résistance et la Légion d'honneur.
Aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale constituante, la liste du Mouvement républicain populaire (MRP) du Finistère est dirigée par André Colin qui a derrière lui des années de militantisme au sein du courant démocrate chrétien. Ce n'est pas cette sorte de titre, mais son action dans la Résistance, qui permet à André Monteil de se trouver deuxième dans cette liste. Cette dernière affronte une liste communiste, une liste socialiste, une liste radicale, une liste « républicaine de la résistance » et une liste de droite (dite d'union républicaine). La liste MRP arrive en tête devant les listes communiste et socialiste. Avec 126 803 voix (pour 366 073 suffrages exprimés), elle obtient quatre députés.
André Monteil siège à la Commission de la défense nationale (il est capitaine de réserve) et à celle des territoires d'outre-mer. Il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Il prend part au débat portant sur les dépenses militaires.
Aux élections de juin 1946 à la seconde Assemblée nationale constituante, la liste MRP du Finistère (toujours dirigée par André Colin et André Monteil) se retrouve face aux mêmes adversaires socialistes et communistes. Mais la liste radicale (maintenant Rassemblement des gauches républicaines) comme la liste de droite (maintenant Parti républicain de la liberté) ont été profondément remaniées. La liste républicaine de la résistance a disparu, remplacée par la liste du parti communiste internationaliste. Le MRP enregistre un beau succès. Il obtient 163 312 voix (pour 387 313 suffrages exprimés) et passe de quatre à cinq élus.
André Monteil siège aux même commissions que durant la première Constituante. Le 2 août 1946, il dépose un projet de loi étendant aux baux à domaine congéable le statut du fermage et du métayage prévu par la loi du 13 avril 1946.
Aux législatives de novembre 1946, la situation du Finistère ne change guère par rapport à juin de la même année : la principale modification vient de ce que la liste Crouan (PRL) disparaît au profit d'une liste d'union gaulliste dirigée par René Guérin. Le MRP sous la houlette des deux André améliore de nouveau son score. Il recueille 172 285 voix (pour 380 219 suffrages exprimés) alors que la liste d'union gaulliste obtient des résultats proches de ceux obtenus en juin par la liste PRL. Le Finistère a de nouveau cinq élus républicains populaires (pour une représentation qui vient de passer de neuf à dix députés).
André Monteil siège à la Commission de la marine marchande et des pêches et à la Commission de la défense nationale dont il est élu vice-président. André Monteil est un député actif. Au nom de la Commission de la défense nationale il est l'auteur de dix rapports. En outre, il dépose une proposition de loi et deux propositions de résolution. Il intervient souvent en séance, notamment sur les questions militaires. Lors de la séance houleuse du 29 novembre 1947, il est pris à partie par le député communiste du Finistère, Alain Signor, qui l'accuse d'avoir porté la francisque et d'avoir aussi tenté d'entrer au PC à la Libération. Le 3 mars 1949, André Monteil laisse entendre que le ministre de la défense Ramadier favorise les militaires francs-maçons (« nous avons l'impression que du haut en bas de l'échelle, mais surtout en haut, les promotions se font en fonction de l'appartenance à telle ou telle secte philosophique »). Ses votes ne se distinguent pas de ceux de son parti. Il se montre hostile à l'égard de toute compromission avec le RPF. Secrétaire-d'Etat aux forces armées des cabinets Pleven et Queuille (juillet 1950 - août 1951) il est placé sous la coupe du ministre de la défense, Jules Moch. A ce titre, il participe à la renaissance de la marine nationale. De plus en plus sceptique sur le bien-fondé de l'engagement indochinois du pays, il n'en assure pas moins son devoir d'Etat, fournissant au corps expéditionnaire les moyens maritimes dont il a besoin. Il a pris comme directeur de cabinet Jacques Flaud qui avait exercé les mêmes fonctions auprès de Robert Lecourt.
Six listes s'affrontent dans le Finistère pour les législatives du 17 juin 1951, représentant les grandes forces politiques du temps. La liste MRP est de nouveau dirigée par André Colin et André Monteil. Aucun apparentement n'est conclu et, dans leurs professions de foi, les républicains populaires du Finistère accusent les gaullistes du Rassemblement du peuple français (RPF) d'avoir par son sectarisme refusé la nécessaire alliance anticommuniste. Avec 25,2 % des suffrages exprimés, la liste MRP arrive en deuxième position (derrière la liste RPF). Chacune de ces listes fait élire trois députés.
De nouveau membre de la Commission de la défense nationale, André Monteil est pour elle l'auteur de six rapports. En mars 1953, il est désigné par la commission pour prendre part aux travaux de la sous-commission chargée de suivre et de contrôler l'emploi des crédits de la défense. A partir de janvier 1953, il siège également à la Commission de la marine marchande et des pêches. Durant la législature, il dépose deux propositions de résolution et six propositions de loi. Ces propositions ont trait surtout au statut de telle ou telle catégorie de militaires et à la lutte contre l'alcoolisme. Au sein du MRP, André Monteil prend ses distances à propos de ces deux sujets clés que sont l'armée européenne et l'engagement indochinois. En février 1952, il intervient à l'Assemblée dans le débat sur le projet de Communauté européenne de défense (CED). Il exprime ses réticences. Le 19 février 1952, il est un des rares députés MRP à voter contre le projet. A l'intérieur des instances de son parti, il critique de plus en plus vivement la poursuite de la guerre d'Indochine. Il se rapproche de Pierre Mendès France. En juin 1953 il fait partie de la minorité MRP qui vote en faveur de son investiture. Le 27 octobre 1953, il prend part au débat que l'Assemblée nationale consacre à l'Indochine. Il critique les buts de guerre proclamés par le gouvernement Laniel, estime la solution militaire impossible et déplore les nouveaux sacrifices demandés en attendant d'hypothétiques négociations. Au terme du débat il se prononce contre l'ordre du jour gouvernemental. Il rédige l'éditorial de Témoignage chrétien du 27 novembre 1953 : il réitère son appel à des pourparlers avec Ho Chi Minh. Il se distingue de nouveau de ses collègues républicains populaires en votant, le 9 mars 1954, l'amendement Delachenal sur le cessez-le-feu en Indochine. Le 2 juin, il prend part à la discussion des interpellations concernant la situation indochinoise : il se livre à une défense nuancée de l'action de Georges Bidault à Genève et affirme la nécessité d'un partage militaire du Vietnam. Le 12 juin, cependant, il fait partie de la minorité qui vote la confiance au gouvernement Laniel.
Le 17 juin 1954, alors que le MRP se réfugie dans l'abstention, André Monteil se prononce pour l'investiture de Pierre Mendès France. Comme Robert Buron, il brave l'hostilité de son parti à l'égard du nouveau président du Conseil et accepte de redevenir secrétaire d'Etat à la Marine. Il est placé sous l'autorité du ministre de la défense nationale, le général Koenig. Son attitude lui vaut d'être mis en congé du MRP. Lors du remaniement du 3 septembre 1954, André Monteil est promu ministre de la santé publique et de la population. Il remplace un autre parlementaire catholique, le docteur Aujoulat (passé au ministère du travail).
Le 5 février 1955, le ministère Mendès France est renversé. Redevenu simple député, André Monteil ne vote pas l'investiture d'Edgar Faure. Le 31 mars il ne prend pas part au vote du projet de loi relatif à l'état d'urgence en Algérie. Le 21 octobre 1955, il participe au débat sur le projet de loi relatif à la protection de la santé publique, reprenant son combat contre l'alcoolisme. Réintégré au sein du MRP, il se prononce le 29 novembre comme les autres républicains populaires : il fait partie de la minorité qui vote la confiance au gouvernement Faure.
Au cours de la législature André Colin et André Monteil ont alterné au sein des conseils de gouvernement. Ils ont, de surcroît, été en désaccord politique à plusieurs reprises. Entre les deux dirigeants MRP du Finistère la rivalité s'est affirmée. En 1955, André Monteil a été élu maire de Quimper, ce qui renforce ses positions locales. Aux législatives du 2 janvier 1956, André Colin et André Monteil se retrouvent premier et deuxième de la liste MRP. Par rapport aux élections de 1951, la situation s'est compliquée. Sont apparues une liste poujadiste ainsi qu'une liste de catholiques de gauche (dite Jeune République) et les zizanies au sein de la famille radicale ont conduit à ce que, face à la liste qui a l'aval de la direction du parti, se présente une liste RGR. Cette dernière s'apparente aux listes MRP et indépendante du CNIP. L'alliance ne réussit pas à franchir la barre des 50 % (elle n'obtient que 43,2 % des suffrages exprimés). Arrivée en tête, la liste MRP recueille 102 367 voix (pour 398 472 suffrages exprimés) et a trois élus : André Colin, André Monteil et Louis Orvœn. Usant du panachage, les électeurs les ont classés dans l'ordre inverse du classement officiel.
André Monteil siège aux mêmes commissions qu'avant la dissolution de l'Assemblée. En décembre 1957 il est de nouveau désigné pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et de contrôler les crédits affectés à la défense nationale. Durant cette législature, il dépose une proposition de résolution et six propositions de loi. Il est l'auteur de quinze rapports au nom de la Commission de la défense nationale. Sa proposition de loi du 14 novembre 1957 vise à abaisser la fiscalité des boissons non alcoolisées afin de lutter contre l'alcoolisme. Il dépose une demande d'interpellation sur les effets militaires du protocole franco-tunisien du 20 mars 1956 (et spécialement sur l'avenir de la base de Bizerte). Dans son intervention du 31 mai il développe son argumentation critique. Le 26 février 1958, intervenant comme rapporteur de la Commission de la défense, il déplore la faiblesse des crédits de la marine. Il reprend le thème dans son intervention du 7 mars 1958 : il dit sa crainte que la France, au nom d'une prétendue spécialisation des tâches au sein de l'OTAN, ne renonce à la puissance navale. Ses votes ne se distinguent pas alors de ceux des autres députés MRP : il appuie les différents gouvernements et soutient le retour au pouvoir du général de Gaulle.
Battu aux législatives de novembre 1958, André Monteil va continuer sa carrière parlementaire au Sénat.