Albert Mora
1896 - 1959
Né le 4 avril 1896 à Bayonne (Basses-Pyrénées)
Décédé le 16 octobre 1959 à Tarbes (Landes)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Basses Pyrénées)
Député des Basses-Pyrénées de 1946 à 1958
Albert Mora est né le 4 avril 1896 à Bayonne. Issu d'un milieu très modeste (sa mère est domestique), il devient ouvrier aux Forges de l'Adour. Ancien combattant de la première guerre mondiale (il reçoit la Croix de guerre 1914-1918), il s'engage au lendemain de l'armistice dans l'action politique, d'abord à la SFIO, puis, en 1923, au Parti communiste. Au cours des années vingt et trente, il est l'un des principaux meneurs des luttes politiques et syndicales dans le Sud-Ouest, conduisant à deux reprises la liste du Parti communiste aux élections législatives dans les Landes.
Mobilisé en septembre 1939, Albert Mora est arrêté par les autorités de Vichy au lendemain de l'armistice. Il parvient toutefois à s'évader, et rejoint les rangs des FTP.
A la Libération, il est désigné par son parti pour conduire la liste communiste dans les Basses-Pyrénées aux élections pour l'Assemblée constituante du 21 octobre 1945. La liste recueille 36 277 voix sur 193 740 suffrages exprimés, et, bénéficiant du système de la répartition des restes à la plus forte moyenne, obtient l'un des cinq sièges à pourvoir. Le scrutin est marqué par le score très élevé de la liste d'« action républicaine et sociale » conduite par l'ancien chef d'état-major du général Kœnig à Londres, Pierre de Chevigné, qui obtient 101 660 voix et remporte trois sièges.
Albert Mora est nommé membre de la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il n'intervient qu'à une reprise à la tribune de l'Assemblée, au cours de la discussion du budget de l'année 1946, pour demander au ministre des travaux publics, Jules Moch, l'ouverture de travaux d'aménagements dans les ports de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz.
Avec ses collègues communistes, Albert Mora vote les nationalisations et soutient, le 19 avril 1946, le premier projet de Constitution de la IVe République ; le texte est cependant rejeté lors du référendum du 5 mai, ce qui entraîne la convocation d'une nouvelle Assemblée Constituante.
Les élections se tiennent le 2 juin ; Albert Mora conduit de nouveau la liste communiste, dont les positions sont en léger repli, avec 37 537 voix sur 207 203 suffrages exprimés ; il bénéficie de nouveau du système de la répartition des restes à la plus forte moyenne.
Albert Mora retrouve la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il soutient le second projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre, et présente sa candidature aux élections législatives qui suivent, quatre semaines plus tard. Il regagne alors une partie du terrain perdu, recueillant 36 990 voix sur 199 905 suffrages exprimés ; son élection est aussi rendue plus facile par le fait que ce sont cette fois six sièges qui sont à pourvoir dans les Basses-Pyrénées.
Albert Mora est nommé membre de la Commission des affaires économiques et de la Commission de la marine marchande et des pêches ; il est par ailleurs élu secrétaire de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, et désigné pour siéger comme juré à la Haute Cour de Justice. Dans son activité parlementaire, le député des Basses-Pyrénées se montre particulièrement soucieux des affaires de sa circonscription, multipliant les textes et les interventions destinés à mieux prendre en compte par le gouvernement les intérêts de celle-ci. Albert Mora est aussi l'auteur de quelques textes de portée plus générale : il dépose notamment, le 6 août 1947, un rapport au nom de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique sur la proposition de résolution de la député communiste des Côtes-du-Nord Hélène Lejeune, visant à permettre aux directeurs d'écoles publiques de mettre à la disposition des municipalités les locaux des établissements scolaires en dehors des heures dévolues à l'enseignement, pour y organiser des garderies d'enfants.
Réélu lors des élections législatives du 17 juin 1951, malgré l'effritement sensible des positions communistes, dont la liste dans les Basses-Pyrénées ne recueille plus que 27 726 voix sur 198 454 suffrages exprimés, Albert Mora retrouve la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et la Commission de la marine marchande et des pêches. Son activité parlementaire reste très axée sur la défense des intérêts du Pays basque et du Béarn, même s'il manifeste une attention toute particulière au sort des personnes atteintes de maladies graves (tuberculose et poliomyélite), déplorant à plusieurs reprises, à la tribune de l'Assemblée, l'insuffisance des moyens consacrés par le gouvernement à leur traitement.
La dissolution par Edgar Faure de l'Assemblée nationale, le 2 décembre 1955, conduit Albert Mora à solliciter de façon anticipée, le 2 janvier 1956, le renouvellement de son mandat. Le député des Basses-Pyrénées bénéficie de la stabilité des positions du parti communiste dans son département : dans un scrutin marqué par une participation sensiblement accrue, celui-ci recueille 30 783 voix sur 217 221 suffrages exprimés.
Albert Mora est nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et de la Commission de la production industrielle et de l'énergie. De nouveau, le député des Basses-Pyrénées consacre une large part de son activité parlementaire à réclamer au gouvernement les moyens d'une politique de la santé plus ambitieuse, qui permettrait notamment de créer ou de rénover les dispensaires nécessaires au traitement des personnes atteintes de la tuberculose.
Au cours de cette législature comme au cours des précédentes, Albert Mora se conforme, à l'occasion des grands scrutins au Parlement, aux positions arrêtées par le parti communiste. Fermement opposé au retour au pouvoir du général de Gaulle, il est victime de la poussée gaulliste qui se manifeste, dans les Basses-Pyrénées comme partout ailleurs en France, aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958. Il se retire alors de la vie politique, et décède moins d'un an plus tard, le 16 octobre 1959, à Tarbes.