André Morice
1900 - 1990
Né le 11 octobre 1900 à Nantes (Loire-Inférieure)
Décédé le 17 janvier 1990 à Paris
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Loire-Inférieure)
Député de la Loire-Inférieure de 1946 à 1958
Sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique du 26 novembre 1947 au 25 juillet 1948
Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil et à l'enseignement technique du 26 juillet au 5 septembre 1948
Secrétaire d'Etat à l'enseignement technique et aux sports du 11 septembre 1948 au 29 juin 1950 puis du 12 juillet 1950 au 10 août 1951
Ministre de l'éducation nationale du 9 juillet au 12 juillet 1950
Ministre de la marine marchande du 10 août 1951 au 8 mars 1952
Ministre des travaux publics, des transports et du tourisme du 8 mars 1952 au 28 juin 1953
Ministre du commerce et de l'industrie, du 23 février 1955 au 24 janvier 1956
Ministre de la défense nationale et des forces armées, du 12 juin au 5 novembre 1957
André Morice est né dans un milieu militant de gauche. Son père, Emile Morice, mécanicien à la SNCF, syndicaliste, franc-maçon, conseiller municipal de Nantes à partir de 1912, était vice-président du Comité radical socialiste de la Loire-Inférieure et un militant laïc convaincu, membre du Comité de patronage des cantines scolaires. Lorsqu'il décède en 1931, son fils prend sa relève politique dans une période où se produit un profond renouvellement de générations, avec, notamment la disparition d'Aristide Briand, leader des laïcs du département.
André Morice suit des études au lycée de Nantes, puis bachelier ès sciences, il s'inscrit à la Faculté de Droit de Paris, où il obtient une licence en droit. Entré à la « Libre-conscience », affiliée à la Grande loge de France en 1924, il milite à partir de cette date aux Jeunesses laïques et républicaines qu'il préside de 1930 à 1932. Dans cette antichambre du Parti radical, André Morice noue des amitiés politiques pré cieuses, celle de Jean Zay, président de la fédération du Loiret, et surtout celle de Léon Martinaud-Duplat. Signe de son ascension politique, André Morice est désigné comme commissaire général du congrès national radical-socialiste en 1934.
Dans le même temps, professionnellement, le 24 septembre 1931, André Morice fonde avec Théophile Padiou l'Entreprise nantaise des travaux publics et paysagers qu'il codirige jusqu'en 1968, avec un intermède durant la guerre.
Sur le plan local, en 1931-1932, André Morice redonne vie à la fédération républicaine et démocratique de la Loire-Inférieure, structure départementale qui unit, sur la base de la laïcité, radicaux et modérés hostiles aux forces cléricales et royalistes. Il unit les « bleus » contre les « blancs », selon la terminologie locale. Appuyé par Gaston Veil, leader de la gauche radicale dans le département et patron du « Populaire de Nantes », André Morice s'impose progressivement comme le chef de file incontesté du radicalisme ligérien. Alors qu'une fraction des radicaux rallie l'alliance démocratique, André Morice adhère au Front populaire. Il est l'un des trois conseillers municipaux élus en 1935 à la mairie de Nantes, dirigée par le socialiste Pageot.
En mai 1936, André Morice se présente pour la première fois aux élections législatives dans la troisième circonscription du sud de Nantes, secteur fidèle à la République française en 1793. Il obtient 3 884 voix, soit 24,8 % des suffrages exprimés. Cet échec ne le décourage pas. En juin 1936, le jeune radical, dont tout le monde loue les talents d'orateur, est élu président de la fédération radicale socialiste du département. Avec cet instrument, que Franck Liaigre décrit comme une « coquille vide », André Morice se lance à la conquête des campagnes alors que le radicalisme se délite au profit de la SFIO dans les milieux urbains. Il promeut de nouvelles pratiques politiques, s'efforce d'intégrer des formations locales républicaines autonomes, de transformer les méthodes des comités radicaux, jusqu'alors actifs principalement durant les périodes électorales, en instaurant une mobilisation permanente, en animant des commissions de travail durables et en homogénéisant les pratiques. Fidèle à la tradition radicale de défenseur des classes moyennes, partisan du Front populaire, il durcit progressivement au fil du délitement de ce dernier, un discours anticommuniste assumé. Et, en 1938, André Morice accepte sans états d'âme la rupture du Front populaire et la formation d'un gouvernement de défense nationale par Edouard Daladier. Il le suit dans ses choix, approuve Munich et les décrets-lois. Cet activisme est récompensé en novembre 1938, lors de la formation de la Fédération radicale socialiste de Bretagne couvrant six départements : André Morice en est nommé vice-président.
Lorsque la France entre en guerre en septembre 1939, André Morice, veuf et père de deux enfants, s'engage à 39 ans et participe à la campagne de Belgique comme capitaine d'une compagnie divisionnaire de génie. Fait prisonnier le 28 mai 1940, près de Lille, il est emmené comme prisonnier en Allemagne à l'Oflage IV D. Il y aurait dirigé un cercle Pétain. Libéré pour raison médicale en octobre 1943, après un bref séjour au Val de Grâce, il est démobilisé le 9 février 1944. Il a été confirmé comme co-gérant, le 31 décembre 1943, de la Société nantaise des travaux publics et paysagers (SNTPP) et reprend ses activités professionnelles en 1944, à une date discutée.
L'attitude durant l'Occupation d'André Morice a fait l'objet de polémiques récurrentes, locales et nationales réactivées par la parution aux Editions de l'Atelier en 2002 d'un ouvrage de Franck Liaigre, L'Etrange ascension d'un maire de Nantes, André Morice de la Collaboration à la Résistance. Durant sa captivité, André Morice a participé à l'augmentation de capital de sa société qui a travaillé depuis l'été 1940 pour les allemands et aurait ainsi touché de confortables appointements après son retour. A la Libération, l'entreprise fait l'objet d'une procédure du Comité de confiscation des profits illicites. S'est-elle mise au service de l'organisation Todt ou, comme l'avancent André Morice et son associé, a-t-elle été contrainte de le faire, profitant de l'occasion pour soustraire des ouvriers au STO ? La commission les frappe d'une forte amende, mais, en appel, le Comité supérieur des profits illicites considère que André Morice n'a pas participé à la gestion de son entreprise durant l'Occupation et supprime son amende personnelle. André Morice, épargné par l'épuration économique va voir cette affaire resurgir de façon récurrente dans sa vie politique, car des pièces du dossier sont publiées par la presse locale en 1946 et 1949 et par la presse nationale en octobre 1957.
Pourtant, la Libération voit la carrière politique d'André Morice s'affirmer. Dès octobre 1944, il réorganise la fédération départementale du Parti radical et s'efforce d'attirer à lui des éléments jeunes et dynamiques. Le Populaire de Nantes, rebaptisé Populaire de l'Ouest, reparaît en mars 1945. André Morice en possède le cinquième des parts et en est vice-président. Le mois suivant, il est réélu conseiller municipal de Nantes sur une liste Front national, fédérant communistes, socialistes et radicaux socialistes, sous la direction des premiers. Il est nommé quatrième adjoint.
Le 21 octobre 1945, André Morice, qui a subi le mois précédant un échec aux cantonales, est élu député radical-socialiste à la première Assemblée nationale constituante. Il est le seul des futures régions Bretagne et des Pays de la Loire, l'un des dix nouveaux parlementaires d'un groupe radical réduit à vingt-cinq unités seulement. Il a rassemblé 30 701 suffrages sur 411 641 inscrits et 315 299 exprimés et se trouve élu à la plus forte moyenne. Alors que le Parti radical arrive en dernière position à Nantes avec moins de 5 % des voix et encore plus bas à Saint-Nazaire (1,8 %), sa victoire, il la doit avant tout au vote des campagnes, secteur qu'il a particulièrement travaillé avant l'Occupation et au bon équilibre géographique de sa liste comprenant plusieurs conseillers généraux. Il est nommé à la commission de l'équipement national et de la production et à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Il se montre tout de suite un parlementaire particulièrement actif, déposant six propositions de loi dans divers domaines et, tout en critiquant les nationalisations, les vote néanmoins. En revanche, il vote contre le texte constitutionnel le 19 avril 1946.
Après les élections, André Morice mène une active campagne contre le tripartisme, qui remporte un certain succès en cette période de pénurie, et présente son organisation comme parti d'opposition. Le préfet estime dès 1946 que sa popularité est en hausse très nette, écrivant : « Il a su se créer des amitiés, aussi bien dans les milieux ouvriers que dans le monde rural dont il a retenu l'attention à la suite d'une interpellation relative à la paysannerie, qu'il a développé à la chambre ». A l'Assemblée, André Morice se fait remarquer pour la première fois dans le débat sur le plan de Sécurité sociale, en interpellant le ministre communiste Antoine Croizat. Il critique le principe de la caisse unique et demande qu'au moins les conseils soient élus, au scrutin secret, par les assurés. Il se fait aussi le défenseur du groupement de défense des cadres en demandant la garantie des droits acquis par ces derniers.
Le 2 juin 1946, André Morice, tête de liste du Rassemblement des gauches républicaines (RGR) rassemble 32 310 suffrages, sur 413 138 inscrits et 332 102 exprimés. Sa liste a progressé de plus de 1 700 suffrages, surtout à Nantes où elle a triplé ses voix. Le cinquième bureau de l'Assemblée valide à l'unanimité son élection le 12 juin 1946, en dépit des attaques portées par les anciens responsables du CDI. Il reprend sa place à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre et à celle de l'équipement national. En six mois, il dépose 9 propositions de loi et trois propositions de résolution et multiplie les interventions publiques et les amendements dont Le Populaire de l'Ouest rend compte. Il vote contre le nouveau projet constitutionnel le 28 septembre 1946.
Pour l'élection à la première assemblée de la IVe République, le 10 novembre 1946, la liste RGR progresse nettement, avec 38 330 voix. André Morice, réélu est désigné à la commission de la production industrielle, à celle de la sécurité sociale et il est reconduit à la commission de reconstruction et des dommages de guerre. Il se montre toujours aussi actif en déposant de nombreux textes ou propositions de résolution et à la tribune où il intervient très souvent sur la sécurité sociale. En octobre 1947, il est élu conseiller municipal de Nantes et désigné comme maire adjoint. Très soutenu par une clientèle de commerçants et artisans qui va jusqu'au PRL et au RPF, il fédère autour de lui un électorat allant du centre gauche à la droite.
Toujours critique envers le tripartisme, André Morice vote la confiance au gouvernement Ramadier après le renvoi des ministres communistes. Il approuve encore le projet de statut de l'Algérie des ministres communistes. Après la rupture définitive du tripartisme et la formation de la Troisième force à l'automne 1947, les radicaux-socialistes se réinstallent dans la République dont ils sont un des partis charnières dans les différents gouvernements. André Morice est l'un d'eux, il demeure dans tous les gouvernements successifs jusqu'au bout de la législature, puis deux ans dans la suivante, jusqu'au 28 juin 1953.
Il débute sa carrière ministérielle modestement, comme sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique du gouvernement Schuman du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948, le dernier sur la liste protocolaire. Puis il est secrétaire d'Etat à part entière du gouvernement Marie, à la présidence du Conseil et toujours à l'enseignement technique, du 26 juillet au 5 septembre 1948. Dans le très long cabinet du gouvernement Henri Queuille, du 11 septembre 1948 au 29 octobre 1949, ses attributions s'étoffent, il est secrétaire d'Etat à l'enseignement technique et aux sports, puis dans le cabinet Bidault, il ne conserve que l'enseignement technique (du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950) - après un bref intermède de trois jours comme éphémère ministre de l'éducation nationale du 9 juillet au 12 juillet 1950 - et retrouve sa double attribution, enseignement technique et sports dans le gouvernement Pleven et Queuille, du 12 juillet 1950 au 10 août 1951. Durant pratiquement quatre années, André Morice en charge de l'enseignement technique a contribué au développement et à l'organisation de la formation des jeunes travailleurs. Il effectue aussi de nombreuses missions concernant l'éducation en Afrique et à l'étranger. Il est enfin l'auteur d'une loi sur la mutualité qui porte son nom et d'une proposition de loi sur la formation professionnelle.
Le 17 juin 1951, André Morice conduit la liste d'Union des Républicains, comprenant le parti radical, le RGR, le Groupement national de défense des libertés professionnelles et des contribuables. Il obtient personnellement 53 978 voix (48 331 pour la moyenne de liste), sur 422 032 inscrits et 323 721 exprimés (soit 14,9 % de ceux-ci). Il a fait campagne sur les thèmes de la Troisième force, avec une particulière sévérité pour le général de Gaulle, écrivant : « d'un côté, on vous offre la servitude dans un régime policier, la fin de nos libertés, le régime autoritaire privatif de tous droits, la condition d'esclave ! De l'autre, on vous propose on ne sait quelle forme imprécise de pouvoir personnel après avoir été le responsable de tant de maux qu'on dénonce aujourd'hui ! »
André Morice participe à quatre cabinets ministériels successifs, sur deux années. Il est successivement ministre de la marine marchande dans les gouvernements Pleven et Edgar Faure, du 10 août 1951 au 8 mars 1952, puis ministre des travaux publics, des transports et du tourisme des gouvernements Antoine Pinay et René Mayer du 8 mars 1952 au 28 juin 1953. Dans cette dernière fonction, il doit faire face à des mouvements sociaux à la RATP en avril puis à une grève de la marine marchande le mois suivant qui touche notamment sa ville de Nantes. Il met en place le statut de la marine marchande, celui des aérodromes et la loi sur les voies navigables. Puis, durant dix-huit mois, André Morice est écarté des cabinets ministériels. Il n'appartient ni au gouvernement Laniel, ni à ceux de Pierre Mendès-France.
André Morice a été conduit naturellement à voter pour la politique des gouvernements auxquels il participait mais la question scolaire lui a posé problème puisque la politique de la majorité allait à l'encontre de ses principes laïcs. Il a voté ainsi la loi Marie le 21 septembre 1951, mais n'a pas pris part au vote de la loi Barangé. Il ne se détache de la majorité qu'après Dien-Bien-Phu, en s'abstenant volontairement sur la question de confiance, en mai 1954, puis en contribuant à la chute de Laniel le mois suivant. Il vote l'investiture de Pierre Mendès-France et accepte les accords de Genève en juin-juillet 1954 et, après avoir voté en faveur de la Communauté européenne de défense, vote avec le gouvernement les Accords de Londres en décembre. Mais, avec André Marie, il est le 4 février 1955 l'un des leaders radicaux qui contribuent à la chute de Mendès-France dont il est un adversaire déterminé dans le parti radical.
André Morice joue un rôle grandissant dans les débats internes du Parti radical. Avec René Mayer, Jean-Paul David, Léon Martinaud-Déplat, il appartient au courant « néo-radi cal » qui tend à recentrer la rue de Valois et qui s'impose provisoirement après le départ des socialistes du gouvernement consécutif aux élections de 1951. Représentant du Parti radical dans le RGR, il est un point d'appui essentiel de cette sensibilité. Les divergences entre les « néo-radicaux » et le courant situé plus à gauche s'accentuent avec l'apparition du phénomène mendésiste et l'arrivée à la présidence du Conseil du député de l'Eure. André Morice, comme René Mayer, défend une politique de maintien colonial, alors que Pierre Mendès-France joue les syndics de faillite en Indochine et négocie la présence française en Tunisie et au Maroc. André Morice est encore un farouche partisan de la construction européenne et n'accepte pas la position mendésiste qu'il accuse d'avoir favorisé l'échec de la Communauté européenne de défense. Pour sa part, il a voté contre la question préalable du général Aumeran qui a provoqué l'échec de la CED. Enfin, il dénonce l'interventionnisme en matière économique de Mendès-France. Dans un article de La Depêche du Midi du 1er octobre 1954, il lui reproche de ne penser qu'à des réformes de structures et lui oppose le pragmatisme d'Edgar Faure. André Morice est un des « tombeurs » de Mendès-France le 5 février 1955 et dans l'affrontement consécutif à la chute du gouvernement, il se range, avec sa fédération, André Marie et René Mayer, dans le camp des adversaires les plus résolus du député de l'Eure. Il se trouve dans la minorité lorsque Mendès-France prend la direction du parti au congrès extraordinaire de Wagram, le 4 mai 1955.
Après la chute de Pierre Mendès-France en février 1955, deux présidents du Conseils pressentis échouent : Pierre Pflimlin, qui proposait à André Morice le ministère de l'intérieur, et Christian Pineau, qui lui offrait de retrouver les travaux publics et les transports. Après ces deux tentatives infructueuses, Edgar Faure investi le 23 février 1955, nomme André Morice ministre de l'industrie et du commerce. Il signe dans les entreprises nationalisées des accords d'intéressement des travailleurs à la productivité. Le 2 décembre, lorsque le président du Conseil radical décide la dissolution de l'Assemblée nationale sans avoir préalablement rétabli le scrutin d'arrondissement auquel il est particulièrement attaché, André Morice est un des cinq ministres radicaux qui tentent de s'opposer à cette décision et présentent leurs démissions. André Morice démissionne aussi de la délégation spéciale radicale au sein du RGR et ne se trouve ainsi pas exclu du parti comme René Mayer et Martinaud-Déplat. Désormais, il est le leader de l'opposition à Pierre Mendès-France place de Valois.
Pour les législatives du 2 janvier 1956, André Morice conduit la liste « d'union des républicains ». Il bénéficie de la double investiture de la place de Valois et du RGR qui s'affrontent pourtant pratiquement partout. Avec 42 659 voix, sur 463 269 inscrits et 370 633 exprimés, sa liste perd 4 % des suffrages, au profit des socialistes. Au comité exécutif radical de janvier 1956, André Morice se prononce contre la formation d'un gouvernement de Front républicain minoritaire. Il organise dès le lendemain l'opposition parlementaire à la direction du parti en réunissant une quarantaine de députés radicaux dans les locaux de son ministère. En avril suivant, il est à l'initiative d'un manifeste signé avec des radicaux exclus, comme Martinaud-Déplat.
Les événements d'Algérie creusent encore plus la fracture entre radicaux. André Morice, qui milite pour la réintégration des exclus, soutient résolument le gouvernement Guy Mollet et la politique de fermeté de Robert Lacoste en Algérie. En avril 1956, avec Jacques Soustelle, Roger Duchet et Georges Bidault, ce jacobin intransigeant participe à l'équipe fondatrice de l'Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie française. Le 15 du même mois, sa fédération exige un ferme soutien au ministre résident. Et, alors que Pierre Mendès-France s'apprête à démissionner de la vice-présidence du gouvernement, André Morice rédige un manifeste demandant que les partisans de la négociation en Algérie soient traduits devant la Haute Cour de justice. Il est approuvé par 17 députés et 16 sénateurs radicaux. Lors du congrès de Lyon du Parti radical en octobre, André Morice conduit l'opposition ; il exige une direction collégiale, accusant les mendésistes « de pratiques totalitaires » dans le fonctionnement interne du parti. Le député de Nantes défend avec enthousiasme la politique algérienne de Guy Mollet et Robert Lacoste. Sa motion rassemble 426 mandats, contre 1 006 à celle de la majorité. La scission du parti est consommée à l'issue du congrès. Les radicaux « dissidents » regroupent une quinzaine de députés et une vingtaine de sénateurs, dont Henri Queuille et André Marie. Quatre-vingt-quatorze pour cent des militants de Loire-Inférieure suivent André Morice dans la dissidence. Ce parti, dont il assume le secrétariat général, prend le nom de Centre républicain après une décision de justice. Il tient son premier congrès du 5 au 7 avril 1957 à Asnières et affirme rester dans la véritable tradition radicale de la Troisième République.
André Morice, partisan de la construction européenne, lors des débats préparatoires à la ratification du traité de Rome soutient à la tribune le 22 janvier 1957 la poursuite des négociations, mais il exige des garanties sur la participation des cinq autres Etats fondateurs de la Communauté aux investissements dans les territoires d'Outre-mer.
Maurice Bourgès-Maunoury appelle à ses côtés comme ministre de la défense nationale et des forces armées ce partisan convaincu de l'Algérie française. Avec Robert Lacoste et Max Lejeune, ils forment du 12 juin au 5 novembre 1957 une équipe soudée sur cet objectif et sur celui de la construction européenne. Désireux d'empêcher l'aide aux nationalistes algériens qui transite par la frontière tunisienne, André Morice fait entreprendre la construction d'une ligne de barrages électrifiés afin de « verrouiller la frontière » que toute la presse dénomme « ligne Morice ». Cet ouvrage lui vaut de violentes critiques des communistes. A la tribune de l'Assemblée, Jacques Duclos lui demande le 25 septembre de publier la liste des fournisseurs, insinuant qu'il serait « un spécialiste des murs fortifiés ». La presse nationale se saisit alors d'informations issues du dossier d'épuration de la Libération.
Redevenu simple parlementaire, André Morice est désormais à l'Assemblée l'un des principaux porte-parole des partisans du maintien de la France en Algérie et de l'Algérie française, incarnant, à tort ou à raison, une politique uniquement basée sur le rapport de force. En janvier 1958, il s'exprime ainsi : « Pas d'élections en Algérie avant la destruction du FLN, pas de cessez-le-feu sans remise par les rebelles de toutes les armes aux soldats français, pas de réduction des effectifs militaires ». Et lors d'une tournée en Algérie, il menace : « Nous avons cassé un parti, demain nous casserions avec la même force tout gouvernement qui se résoudrait à une politique d'abandon ». La rupture avec le gouvernement Gaillard est consommée avec l'affaire de Sakhiet-Sidi-Youssef. En mars, avec Georges Bidault, Roger Duchet et Jacques Soustelle, André Morice revendique un gouvernement de Salut public. La presse leur attribue alors le surnom de « quatre mousquetaires de l'Algérie française ». Après la chute de Gaillard, à laquelle il contribue, le maire de Nantes est pressenti par Bidault pour appartenir au cabinet que celui-ci tente en vain de former, puis par René Pleven Ce dernier lui propose le ministère de la Défense nationale pour compenser le départ de Robert Lacoste d'Algérie. Cette désignation soulève une violente réaction du parti radical. Lorsque Billières, Maurice Faure et Berthouin présent leur démission, René Pleven doit renoncer.
Le 13 mai 1958, André Morice ne vote pas l'investiture de Pierre Pflimlin après le soulèvement algérois. Le lendemain, Georges Bidault, Roger Duchet, Jacques Soustelle et lui publient un communiqué approuvant sans réserves les événements algérois et demandant « de toute urgence la constitution d'un gouvernement d'union et de salut national ». Le 1er juin 1958, il vote l'investiture du général de Gaulle, vote le lendemain les pleins pouvoirs au gouvernement et la révision constitutionnelle, escomptant que le général de Gaulle suivra la politique de maintien de l'Algérie française. En septembre, il se prononce pour le « Oui » au référendum.
Aux législatives de novembre, André Morice se présente comme candidat du Centre républicain, dans la cinquième circonscription de la Loire-Atlantique (Chateaubriand). Battu de justesse par le candidat MRP, il poursuit sa carrière politique et parlementaire sous la Ve République.
Durant la IVe République, André Morice a été par ailleurs désigné comme membre du conseil d'administration du Conservatoire national des Arts et Métiers et comme président du Conseil supérieur de l'électricité et du gaz (1956). Il préside la section française du Mouvement libéral pour l'Europe unie et la section française de l'Internationale libérale.
Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, il est commandeur du Mérite maritime.