Emile, Jacques, Amand Beaussire
1824 - 1889
Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, et député de 1876 à 1881, né à Luçon (Vendée), le 26 mai 1824, mort à Paris le 9 mai 1889, fils d'un négociant de Luçon, il fit de brillantes études à la Roche-sur-Yon et au lycée Louis Le Grand à Paris, entra à l'Ecole normale à l'âge de 20 ans, et fut reçu agrégé de philosophie en 1848 le second, Renan étant le premier et Caro le troisième, et docteur ès lettres en 1855. Professeur de philosophie à Lille, Rennes et Grenoble, professeur de littérature étrangère à la Faculté de Poitiers, puis professeur de philosophie à Paris au collège Rollin et au lycée Charlemagne, il collabora à la Revue des Deux Mondes et y publia notamment une Etude sur Hegel qui fut remarquée.
Etant à Paris pendant la Commune, il fut arrêté, le 13 mai 1871, par ordre du Comité de salut public, qui le relâcha au bout de quelques jours.
Candidat républicain dans la Vendée, aux élections du 8 février 1871, il échoua avec 15,542 voix; le dernier élu de la liste conservatrice, M. de Fontaine, obtint 53,467 voix.
Mais le général Trochu, élu en Vendée, ayant opté pour le Morbihan, M. Beaussire fut élu à sa place aux élections complémentaires du 2 juillet 1871, par 34 475 voix sur 61 498 votants et 114 665 inscrits, contre M. de la Boutetière, candidat conservateur, qui eut 25 987 voix. Dans cette Assemblée, il siégea à la gauche modérée, s'abstint (22 juillet 1871) sur la pétition des évêques, relative « à la situation intolérable faite au Souverain Pontife », ainsi que sur la proposition Vitet relative au pouvoir constituant de l'Assemblée (30 août), vota pour le retour de l'Assemblée à Paris (2 février 1872), contre le service de trois ans (8 juin), et parla, dans cette discussion, contre le volontariat d'un an (18 juin). En janvier 1873 il prit plusieurs fois la parole dans la discussion de la loi sur l'enseignement supérieur et vota contre la démission de Thiers (24 mai 1873), s'abstint, le 24 juin, sur l'interpellation Leroyer relative à l'arrêté préfet du Rhône sur les enterrements civils, vota contre la prorogation des pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon (19 novembre), pour la levée de l'état de siège (4 décembre), contre la loi sur la nomination des maires (17 janvier 1874), et s'abstint, le 28 mars, sur l'admission à titre définitif dans l'armée des princes de la famille d'Orléans. Il combattit le ministère de Broglie, et vota pour la dissolution de l'assemblée, pour l'amendement Wallon (30 janvier 1875) et pour l'ensemble des lois constitutionnelles (25 février). Il avait pris part à un certain nombre de discussions notamment sur la loi des maires, sur la loi d'électorat municipal, des écoles militaires, des pensions de retraite, etc.
M. Beaussire échoua, avec tous les candidats républicains, aux élections sénatoriales de la Vendée le 30 janvier 1876, mais, aux élections législatives du 2 février suivant, en ballottage au premier tour avec M. Pugliesi-Conti dans la 2e circonscription électorale de Fontenay-le-Comte, il fut élu, au second tour, le 5 mars, par 8 544 voix sur 16 020 votants et 20 369 inscrits, contre son concurrent bonapartiste qui eut 7 330 voix. Il continua à siéger à la gauche modérée, présenta, en avril, un projet de loi sur les retraites universitaires, combattit (novembre) la subvention accordée à l'Ecole des Carmes, et fut des 363 ; aux élections du 14 octobre 1877, qui suivirent la dissolution, il échoua, dans sa circonscription, avec 7 598 voix contre 9 806 voix accordées à M. Alfred Le Roux, bonapartiste. Mais l'élection ayant été invalidée, les électeurs, convoqués à nouveau le 2 février 1879, choisirent M. Beaussire par 9 085 voix, sur 11 986 votants et, 20 864 inscrits, contre 1 333 voix données à M. Alfred Le Roux. Dans la discussion de la loi sur l'enseignement primaire (novembre 1880), il se prononça pour l'obligation et la laïcité, mais combattit vivement la gratuité, prétendant qu'on transformait en question politique une question jusque-là purement municipale, et qu'il était injuste de faire payer à tous l'instruction de quelques-uns.
Nommé membre de l'Académie des sciences morales et politiques, le 22 mai 1880, M. Beaussire ne se représenta pas aux élections du 21 août 1881 ; il fit partie du Conseil supérieur de l'instruction publique.
Outre de nombreux articles dans le Temps, la Revue des Deux Mondes, et la Revue des cours littéraires, ses principaux ouvrages sont :
- Lectures philosophiques (1857),
- Antécédents de l'hégélianisme dans la philosophie française (1865),
- La liberté dans l'ordre intellectuel et moral (1866),
- La Guerre étrangère et la Guerre civile (1871),
- Les Principes de la morale,
- Les Principes du droit, etc.
M. Beaussire était chevalier de la Légion d'honneur.