Joseph Nou

1926 - 1984

Informations générales
  • Né le 22 juillet 1926 à Daigny (Ardennes - France)
  • Décédé le 10 décembre 1984 à Bages (Pyrénées-Orientales - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1964
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

NOU (Joseph, Yvon)
Né le 22 juillet 1926 à Daigny (Ardennes)
Décédé le 10 décembre 1984 à Bages (Pyrénées-Orientales)

Député de la Meurthe-et-Moselle de 1958 à 1964

La carrière politique de Joseph Nou a ceci de particulier qu’elle est toute entière comprise entre son trentième et son quarantième anniversaire. Il voit le jour à Daigny, petite commune des Ardennes, non loin de Sedan et de la frontière belge. Son père est originaire des Pyrénées-Orientales et sa mère du Luxembourg belge. Il ne semble pas avoir fréquenté l’enseignement supérieur encore que son niveau d’études ne soit pas exactement connu. Au moment de son premier mariage, en juillet 1949, il est installé à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Il y travaille comme technicien d’essai pour la Société des aciéries de Longwy, puis pour la Société Lorraine-Escaut à partir de 1953. Il pourrait avoir appartenu au Rassemblement du peuple français (RPF) et à sa branche sociale, l’Action ouvrière, comme le laissent penser des éléments de sa profession de foi électorale en novembre 1958 : mais son nom n’apparaît pas dans les archives de la formation gaulliste pour la Meurthe-et-Moselle. La région de Longwy et de Briey, communément appelée « Pays-Haut », se partage alors politiquement entre un communisme vécu comme un prolongement de l’activité syndicale, des socialistes souvent soutenus par le personnel d’encadrement et une droite conservatrice, liée au patronat.
Les élections législatives de novembre 1958 marquent le retour au scrutin d’arrondissement. Le canton de Longwy et celui de Longuyon forment désormais la septième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Les gaullistes, peu implantés dans ce secteur, y accordent l’investiture au jeune Joseph Nou, qui ne dispose d’aucun mandat électif. Le candidat de l’UNR se présente dans ses documents électoraux comme un homme neuf et demande aux Lorrains de faire « acte de foi en la France » en soutenant les candidats qui se réclament du général de Gaulle. Deux députés sortants se présentent également au suffrage des électeurs dans cette circonscription : Louis Dupont pour le Parti communiste et Pierre-Olivier Lapie au nom de la SFIO. Ce dernier est parfois considéré comme le plus « gaulliste » des socialistes : il s’est rallié très tôt à la France Libre, a travaillé un temps auprès du général de Gaulle à Londres et a conservé des liens de confiance avec l’homme du 18 juin sous la IVème République. Au printemps 1958, Pierre-Olivier Lapie s’est rallié sans difficulté à la « solution de Gaulle » pour résoudre la crise algérienne. Il bénéficie probablement de la bienveillance du gouvernement au moment des élections législatives de novembre 1958. Le 23 novembre 1958, c’est pourtant le communiste Louis Dupont qui arrive en tête du premier tour avec 27,3% des suffrages exprimés. Joseph Nou devance même Pierre-Olivier Lapie de 312 voix -ils obtiennent respectivement 25,3% et 24,3% des suffrages-. Le candidat gaulliste fait la différence dans le petit canton de Longuyon, qui lui accorde 760 voix de plus qu’au socialiste, quand celui-ci ne l’emporte que de 448 bulletins de vote sur Joseph Nou dans le canton de Longwy. L’étiquette UNR a donc permis à Joseph Nou de compenser son déficit de notoriété par rapport à l’ancien ministre de l’Education nationale. Lors du scrutin décisif, une triangulaire oppose les trois principaux candidats. La légère hausse de la participation entre les deux tours (+1,8%), la qualité du report des voix obtenues au premier tour par le conseiller général modéré Georges Lejeune (16,8%) et la défection de la frange la plus anticommuniste de l’électorat de Pierre-Olivier Lapie permettent à Joseph Nou de devenir député de la Meurthe-et-Moselle le 30 novembre 1958. Les électeurs se prononcent à 49,5% en sa faveur contre 29,5% pour Louis Dupont et 21% pour Pierre-Olivier Lapie.
Joseph Nou s’inscrit au groupe de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) et siège d’abord à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale. Il la quitte en octobre 1960 pour la Commission de la production et des échanges. Son expérience des relations et des conditions de travail dans l’industrie conduit le député lorrain à s’intéresser aux questions sociales. Dans sa seule intervention en séance publique sous la première législature de la Vème République, il commence par saluer les succès de la politique économique conduite par l’exécutif depuis juin 1958. Elle a consisté à interdire les indexations de salaires sauf en ce qui concernait le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), afin de juguler l’inflation. Cette mesure a été corrigée légèrement par le relèvement du SMIG en février et la majoration de 10% des allocations familiales en avril 1959. S’inquiétant d’une « flambée des prix alimentaires » qu’il espère momentanée, Joseph Nou souhaite que s’ouvrent les négociations sur de nouveaux accords de salaires pour « stopper la dégradation persistante du niveau de vie du salarié ». Il observe que l’Etat n’a pas joué « le jeu de la négociation paritaire libre » dans les banques sur lesquelles il exerce sa tutelle, depuis le début de l’année 1959. Or, le principal problème en matière de salaires est alors, selon lui, « le retard des traitements de la fonction publique et du secteur nationalisé sur ceux du secteur privé ». Le parlementaire lorrain dénonce en outre « le maintien du système archaïque des zones de salaires », qui ne concerne plus alors que le taux du SMIG et demande au gouvernement « de tirer le maximum d’effet de l’ordonnance du 7 janvier 1959 sur l’intéressement ». Il voit dans le projet d’associer les salariés au capital des entreprises une « initiative révolutionnaire », qui connaît des débuts « difficiles mais prometteurs ». Il convient, d’après lui, de s’appuyer « sur les représentants du monde du travail » pour améliorer l’efficacité de cette mesure.
En juillet 1962, Joseph Nou dépose un rapport sur le projet de loi destiné à favoriser l’intéressement des travailleurs, mais ne défend pas ce texte devant ses collègues députés. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959), comme le règlement définitif de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) et la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959). Il se prononce en faveur de la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959), accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie au lendemain de la semaine des barricades (2 février 1960) et soutient le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962). Le député de la Meurthe-et-Moselle consent à la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962) et ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Joseph Nou sollicite le renouvellement de son mandat sous l’étiquette de l’UNR en novembre 1962. Il dénonce dans sa profession de foi « le mariage contre-nature des communistes à l’OAS » à l’occasion du référendum du 28 octobre sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Il invite les électeurs à confirmer leur « oui » à la Vème République et à Charles de Gaulle. Joseph Nou affronte au premier tour l’ancien député communiste Louis Dupont, le socialiste Jean Feydt et le maire de Longwy Léon Bassompierre. Ce dernier a pour suppléant le conseiller général Robert Drapier, qui devait plus tard devenir député de la septième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le 18 novembre 1962, Joseph Nou recueille 43,2% des suffrages exprimés contre 34,4% pour Louis Dupont et 14,4% pour Léon Bassompierre. Une semaine plus tard, Joseph Nou est réélu député avec 56,5% des voix. Au second tour, la majorité des électeurs du candidat de centre-gauche Léon Bassompierre ont en effet préféré le candidat gaulliste à son adversaire communiste.
Le député de Longwy s’inscrit au groupe de l’UNR-UDT et retrouve la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale en décembre 1962. Il appartient au conseil supérieur pour le reclassement professionnel et social des travailleurs handicapés à partir de janvier 1963. Il prend la parole en séance publique le 17 janvier 1963, en tant que rapporteur du budget des « charges communes » aux différents ministères pour l’année 1963. Lors de cette discussion sur la deuxième partie du projet de loi de finances, Joseph Nou explique que sept titres de dépenses sont rassemblés sous ce vocable de charges communes, dont certains pourraient être présentés dans le cadre du budget d’autres ministères que celui des finances. Il s’agit par exemple de chapitres qui concernent la sécurité sociale des fonctionnaires et agents de l’Etat, le fonds national de solidarité ou la surcompensation des prestations familiales. Les remarques de Joseph Nou sur ces différentes dépenses portent surtout sur leur présentation budgétaire. Il accorde cependant une attention particulière au fonds national de solidarité alimenté par la vignette automobile, et qui devait initialement financer l’allocation de solidarité en faveur des personnes âgées. Joseph Nou regrette à cet égard que « l’aide aux personnes âgées semble organisée (…) d’une façon anarchique et au contraire au bon sens ». Il préconise « de rapprocher les dispositions différentes des régimes pour aboutir à une construction, diverse sans doute (…) mais cohérente et permettant une coordination plus efficace ».
Joseph Nou ne déroge pas à la discipline de vote du groupe gaulliste sous la deuxième législature. Il autorise la ratification du traité de l’Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963) et approuve l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963).
Des circonstances d’ordre privé conduisent Joseph Nou à démissionner de son mandat de député le 2 avril 1964. Les responsables de l’UNR en Meurthe-et-Moselle accueillent favorablement cette décision et obtiennent que le parlementaire démissionnaire soit chargé d’une mission en République centrafricaine. L’élection partielle des 24 et 31 mai 1964 permet cependant au communiste Louis Dupont, qui l’emporte au second tour sur le gaulliste Charles Grein, de retrouver les bancs de l’Assemblée nationale et d’y succéder à Joseph Nou.
Ce dernier vit un temps en Afrique équatoriale, à Bangui, où il est chargé d’une mission pour le compte du gouvernement français. Dans les années 70, il travaille comme agent commercial dans les Pyrénées-Orientales, département d’origine de son père. L’ancien député de la Meurthe-et-Moselle, qui a abandonné tout engagement politique, meurt à l’âge de 58 ans.