Paul Painlevé

1863 - 1933

Informations générales
  • Né le 5 décembre 1863 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 29 octobre 1933 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 9 juin 1924 au 21 avril 1925

Mandat(s)

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Seine
Groupe
Républicain socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 7 décembre 1919
Département
Seine
Groupe
Républicain socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Seine
Groupe
Républicain socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Seine
Groupe
Républicain socialiste et socialiste français
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Ain
Groupe
Républicain socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 29 octobre 1933
Département
Ain
Groupe
Parti républicain socialiste

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 12 septembre 1917 au 13 novembre 1917
Chef du Gouvernement
du 17 avril 1925 au 22 novembre 1925

Fonds d'archives

Un fonds Paul Painlevé de 56,5 mètres linéaires est conservé aux Archives nationales sous la cote 313 AP. Constitué grâce à plusieurs dons effectués entre 1954 et 1992 et enrichi d’un répertoire numérique détaillé, il est libre d’accès. Le fonds, couvrant la période 1889-1940, est composé de papiers personnels, de correspondance, d’articles, de discours, d’ouvrages, de photographies, de dossiers thématiques, d’affiches, mais aussi principalement d’archives témoignant de ses activités de député, ministre, Président de l’Assemblée nationale et Président du Conseil. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.

Les archives de Paul Painlevé liées à sa fonction de député de l’Ain sont conservées aux Archives départementales de l’Ain sous la cote 42 J. Déposé par les Archives de France en 1993, ce fonds de 2 mètres linéaires est essentiellement constitué de demandes d’interventions. Ces documents couvrant la période 1922-1935 sont décrits dans un répertoire numérique détaillé et sont librement communicables. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales de l’Ain.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 5 décembre 1863 à Paris,
mort le 29 octobre 1933 à Paris.

Député de la Seine de 1910 à 1928. Député de l'Ain de 1928 à 1933.

Ministre de l'Instruction publique du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916.

Ministre de la Guerre du 20 mars au 7 septembre 1917

Président du Conseil et Ministre de la Guerre du 12 septembre au 13 novembre 1917.

Président du Conseil et Ministre de la Guerre du 17 avril au 27 octobre 1925.

Président du Conseil et Ministre des Finances du 29 octobre au 22 novembre 1925.

Ministre de la Guerre du 28 novembre 1925 au 15 juin 1926 et du 19 juillet 1926 au 22 octobre 1929.

Ministre de l'Air du 13 décembre 1930 au 22 janvier 1931 et du 3 juin 1932 au 28 janvier 1933.


Fils d'un dessinateur lithographe d'origine bretonne, Paul Painlevé fait très tôt remarquer ses dons scientifiques et littéraires aux lycées Saint-Louis et Louis-le-Grand. Il entre à vingt ans à l'Ecole normale supérieure et obtient rapidement l'agrégation, puis le doctorat es sciences. Après un stage à l'Université de Goettingen, il est nommé chargé de cours de mécanique rationnelle à la Faculté de Lille (1887-1892). Sa puissance de travail et sa virtuosité intellectuelle éblouissent ses confrères, notamment Raymond Poincaré qui écrira : « Son triomphe est un des plus beaux de la science française. » L'Académie des sciences lui décerne en 1890 le grand prix des sciences mathématiques. Il devient maître de conférences à la Sorbonne (1892), professeur adjoint (1895) et enfin, en 1903, professeur titulaire de la chaire de mathématiques générales. Depuis 1896, il est répétiteur à l'Ecole polytechnique et depuis 1897, maître de conférences à l'Ecole normale supérieure. Sa renommée franchit les frontières. Le roi Oscar de Suède l'invite à faire un cours sur ses propres travaux.

Poussant ses recherches mathématiques dans des directions fort diverses, Painlevé s'est particulièrement attaché aux équations différentielles, aux mouvements et trajectoires réels des systèmes, aux lois du frottement, aux intégrales de la dynamique, etc... Outre de nombreux mémoires, il a publié : Les leçons sur le frottement, cours professé à la Sorbonne en 1895 ; De la méthode en mécanique (1909) ; Leçons sur la résistance des fluides visqueux et non visqueux, cours professé à la Sorbonne en 1930.

En 1900, il est élu membre de l'Académie des sciences. En 1911, il publie l'Aviation, en collaboration avec Emile Borel.

Professeur extrêmement lucide et limpide, savant d'une intuition pleine d'audace, Painlevé est également un esprit réaliste et novateur. Il pressent le développement prodigieux de l'aéronautique et il le prépare. Il étudie les lois fondamentales de l'aérodynamique et établit la première théorie mécanique de la sustentation. Joignant le courage physique à l'audace intellectuelle, il est le premier passager de Wilbur Wright, comme celui de Henri Farman. A toutes ces qualités, Painlevé ajoute celles d'un grand écrivain. Sa conférence sur Pascal, faite à Clermont-Ferrand le 8 juillet 1923, est un magnifique exemple de son art oratoire et de sa sensibilité.

C'est l'affaire Dreyfus qui détermine la vocation politique de Painlevé. Celui-ci découvre qu'une des pièces de l'accusation comporte la relation inexacte d'une conversation qu'il a eue avec un de ses collègues, parent du capitaine Dreyfus. Il devient dès lors un fervent révisionniste et sa déposition - le 4 septembre 1899 - devant le conseil de guerre à Rennes, apporte une aide considérable à la défense.

Un siège de député lui est proposé, mais il attendra deux ans avant d'accepter de se lancer dans la politique. Viviani, député du Ve arrondissement de Paris, combattu par la C.G.T., préfère se représenter dans la Creuse. Sur son conseil, Painlevé se présente dans le quartier des Ecoles, où les étudiants appuient sa campagne, sous l'étiquette de républicain-socialiste. Il est élu par 5 111 voix contre 4 882 à Jules Auffray, le 22 avril 1910. Il est extrêmement populaire ; ses distractions de savant sont célèbres et sa bonté lui attire toutes les sympathies.

De 1910 à 1914, Painlevé est le rapporteur du budget de la Marine. Il préconise la création d'escadrilles d'avions, l'utilisation des sous-marins et surtout la concentration de la flotte dans la Méditerranée, ce qui permettra en 1914 le transport des troupes africaines dans la métropole. Painlevé fait doter l'artillerie navale de canons à longue portée. Il fait voter par la Chambre la conscription à l'âge de 20 ans, mesure grâce à laquelle trois classes seront présentes sous les drapeaux au début des hostilités.

Réélu le 10 mai 1914 par 10 320 voix contre 4 196 à Rollin, inscrit au groupe parlementaire des républicains indépendants, Painlevé devient le 29 octobre 1915 ministre de l'Instruction publique et des inventions intéressant la Défense nationale et, le 20 mars 1917, ministre de la Guerre. Le 6 avril, il réunit à Compiègne, dans le train du Président de la République, un véritable conseil de guerre auquel assistent, outre Poincaré, Ribot, président du Conseil, les généraux Nivelle, Michelet, de Castelnau, Pétain, Franchet d'Esperey. Malgré beaucoup de réticences, la décision d'attaquer le 16 avril est maintenue. Les troupes françaises ayant franchi la première ligne de défense allemande se heurtent, devant la seconde, à un puissant réseau de fortifications et, sur de nombreux points, sont obligées de battre en retraite. Le bilan est très lourd : 17 000 morts, 60 000 blessés, 20 000 disparus. Painlevé relève de son commandement le général Nivelle et, malgré de nombreuses oppositions, nomme Pétain général en chef et Foch chef d'Etat-major. Le 29 juin, il répond, devant la Chambre réunie en comité secret, aux interpellations sur les opérations militaires et les sanctions prises. Il reconnaît « l'erreur fondamentale de méthode qui rendit les résultats de cette affaire insuffisants et trop coûteux ».

Grâce à des mesures de clémence prises en accord avec le général Pétain, Painlevé calme les mutineries du front. Il obtient le concours d'un million d'Américains, leur fait franchir l'Atlantique malgré les sous-marins allemands et les fait instruire en France en une année. Il fait doubler l'artillerie lourde, construire trois mille petits tanks, créer de nouvelles escadrilles d'avions.

Chef du gouvernement depuis le 12 septembre 1917, il conserve le portefeuille de la Guerre et fait accepter la nomination du général Foch comme chef d'Etat-major allié. Le 4 octobre 1917, lors de la discussion des interpellations sur les accusations de trahison portées contre Malvy, député et ancien ministre de l'Intérieur, par Léon Daudet, directeur de L'Action française, Painlevé s'engage à faire toute la lumière sur cette affaire et à empêcher les campagnes de démoralisation menées sans preuve par la presse. Le cabinet est renversé peu après sur la simple fixation de la date d'une interpellation.

Redevenu simple député, Painlevé reprend son cours de mécanique rationnelle à l'Ecole polytechnique.

En 1918, il est élu président de l'Académie des sciences. Il fait des conférences en Chine.

Le 16 novembre 1919, il est réélu sur la liste de concentration républicaine, avec 38 454 voix sur 186 015 suffrages exprimés. Il est l'objet de critiques et d'attaques de la part de la droite et doit se justifier dans son livre Comment j'ai nommé Foch et Pétain.

Au milieu de la Chambre du bloc national, il devient, avec Herriot, le chef de l'opposition. Président d'une association extraparlementaire, la Ligue de la République, il parcourt le pays afin de reconstituer le bloc des gauches pour la Chambre de 1924.

Le 11 mai 1924, il est réélu sur la liste du cartel républicain et socialiste, avec 59 434 voix sur 198 996 suffrages exprimés. Le succès du cartel des gauches est aussi le succès de Painlevé, qui retrouve toute sa popularité. Président du groupe républicain-socialiste, il participe, avec Herriot et Blum, à une réunion de tous les députés du cartel qui votent la motion Accambray, selon laquelle « le maintien à l'Elysée de Millerand blesserait la conscience républicaine ». Painlevé est élu président de la Chambre par tous les députés des groupes de gauche qui, après le départ de Millerand, le désignent comme candidat à la Présidence de la République.

Cependant, Doumergue est élu, le 13 juin 1924, par 515 voix contre 319 à Painlevé et 21 à Camélinat, un ancien combattant de la Commune sur lequel se comptaient les communistes. Président de la Chambre, Painlevé accueille au Palais Bourbon, le 22 novembre 1924, les cendres de Jaurès avant leur transfert au Panthéon.

Le 13 janvier 1925, il est réélu président de la Chambre. Le 17 avril, il succède à Herriot à la tête du gouvernement. Il prend le portefeuille de la Guerre et confie celui des Affaires étrangères à Briand et celui des Finances à Caillaux qui, comme Malvy, a été amnistié. Dans sa déclaration ministérielle, le 21 avril, il énonce ses objectifs : « Préserver pour l'avenir la sécurité de la France, sauvegarder son équilibre financier. » A son programme figurent le maintien d'un représentant de la France au Vatican, la renonciation à l'impôt sur le capital et à la laïcisation de l'Alsace-Lorraine, la refonte des lois militaires.

Au Maroc, Abd-el-Krim s'approche de Fez. Le maréchal Lyautey demande des renforts. La Chambre - malgré l'opposition communiste, dont Doriot est le porte-parole - adopte, le 29 mai 1925, par 537 voix contre 29, l'ordre du jour Cazals faisant confiance au gouvernement pour assurer la sécurité de nos troupes, des territoires et des biens placés sous notre protection par les traités internationaux. Painlevé se rend au Maroc pour y conférer avec le maréchal Lyautey. A son retour, il déclare à la Chambre des députés, le 16 Juin : « C'est l'avenir de l'Afrique du Nord qui est en jeu. »

Le 23 juin, il dénonce devant la Chambre l'aide apportée à Abd-el-Krim par les communistes et obtient la confiance. La situation militaire au Maroc s'améliore après la signature de l'accord de Madrid organisant une coopération militaire franco-espagnole.

En juillet 1925, le soulèvement des Druses met en position difficile le général Sarrailh, haut-commissaire de la République au Liban. Celui-ci est rappelé. Au Maroc, le maréchal Pétain prend la direction des opérations et le maréchal Lyautey donne sa démission de résident général.

Le projets financiers de Caillaux- remise du budget en équilibre sans impôt sur le capital, création d'une caisse d'amortissement - sont votés, mais divisent le cartel. L'hostilité à ces projets du congrès radical-socialiste de Nice (15-17 octobre 1925) conduit le cabinet à démissionner, le 27 octobre, sans attendre d'être renversé.

Entre-temps, Painlevé a prononcé, le 7 septembre 1925, le discours d'ouverture de la 6e assemblée de la Société des Nations et Briand a représenté la France à la conférence de Locarno. A Washington, Caillaux ne peut obtenir l'échelonnement du remboursement des dettes françaises en fonction du paiement des réparations.

Un 3e cabinet Painlevé est formé le 29 octobre et obtient la confiance le 3 novembre. Painlevé prend le ministère du Trésor. Il confie celui du Budget à Georges Bonnet. Pour combattre l'inflation et la fuite des capitaux, il dépose un projet « instituant une contribution nationale exceptionnelle pour l'amortissement de la dette publique ». Le 22 novembre 1925, la Chambre, et notamment une partie de la gauche radicale, refuse de suivre le gouvernement qui demandait de retarder le remboursement des émissions du Crédit national. Le ministère démissionne aussitôt.

Painlevé revient au ministère de la Guerre dans les 8e et 9e cabinets Briand, puis dans les cabinets Herriot, Poincaré et Briand qui se succèdent jusqu'en 1929. Il reconstitue l'armée par trois lois essentielles : la loi sur 1'organisation de l'armée, la loi sur le recrutement de l'armée, la loi des cadres et des effectifs.

Entre-temps, Painlevé a changé de circonscription. Il a été élu au second tour, le 29 avril 1928, dans la circonscription de Nantua-Gex, par 10 242 voix contre 3 477 à Nicod, son principal adversaire, sur 14 983 votants. Il siège à la commission des affaires étrangères et à la commission de l'armée.

Aux élections générales du 1er mai 1932, Painlevé est réélu par 10 856 voix contre 3 173 à Desfeuilles, sur 16 207 votants.

Devenu ministre de l'Air dans le cabinet Steeg, Painlevé pose, en décembre 1930, la première pierre du ministère de l'Air.

Il gardera le portefeuille de l'Air dans le 3e cabinet Herriot et dans le cabinet Paul-Boncour.

Après une maladie qui l'immobilise un an, il meurt le 29 octobre 1933.

Le peuple de Paris défilera pendant trois jours devant sa dépouille avant ses funérailles nationales et son transfert au Panthéon.