Julien, Jérôme Airoldi
1900 - 1974
Né le 27 mai 1900 à Deluz (Doubs)
Décédé le 3 décembre 1974 à Saint-Genis Laval (Rhône)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Rhône)
Député du Rhône de 1946 à 1951
Julien Airoldi était le fils de Jean Airoldi et de Marie Graizely. Au terme de ses études primaires, il est employé chez des paysans, puis dans une usine de Besançon qui travaille pour la défense nationale. Dès 1917, il participe à une grève contre les fusillades du Chemin des Dames. Deux ans plus tard, il adhère à la CGT des métaux. Il doit alors accomplir son service militaire à Haguenau (Alsace) et fait partie, en 1923, du contingent d'occupation de la Ruhr. Revenu à la vie civile, il adhère, le 1er mai 1924, au parti communiste à Givors (Rhône) où il a été embauché par l'usine Fives-Lille comme ajusteur : il devient alors secrétaire du syndicat unitaire des métaux. En 1925, un lock-out le prive d'emploi et il se fixe dans la cité voisine d'Oullins. Il entre alors à la Société électrochimique de Pierre Bénite où il crée un syndicat affilié à la CGT. Jean Airoldi gravit alors les divers échelons de la hiérarchie communiste régionale. En 1930, il épouse Violette Escure, culottière, fille et sœur de militants communistes.
De 1932 à 1934, il est envoyé à Moscou, pour un stage de formation, à l'Ecole léniniste internationale et, à son retour, il succède à Waldeck-rochet comme secrétaire de la fédération du Rhône du PCF. En 1935, il est tête de liste aux élections municipales d'Oullins, mais doit se désister au 2e tour en faveur de la liste socialiste qui l'emporte.
L'année suivante, il est le candidat communiste dans la 11e circonscription du Rhône. Malgré une nette amélioration du score communiste par rapport aux élections précédentes (3 994 voix contre 1 720 en 1932), il doit se désister en faveur du candidat socialiste, Jordery, qui est élu. En 1937, il devient membre suppléant du comité central du parti communiste et est délégué par cette instance auprès de la direction des Brigades internationales. De mars à septembre 1939, il est affecté auprès du secrétariat du Kominterm. A la suite de la signature du pacte germano-soviétique, le 23 octobre 1939, il est arrêté et interné. En juin 1940, le tribunal militaire condamne Julien Airoldi à deux ans de prison sous l'inculpation « d'intelligence et d'action au profit d'une puissance étrangère ». Il purge sa peine dans diverses prisons (au fort du Paillet à Dardilly (Rhône), à Saint-Paul à Lyon, au fort Barraux (Isère), à Saint sulpice la pointe (Tarn). Après un séjour dans un sanatorium à la Guiche (Saône-et-Loire), il parvient à s'échapper de Saint-Sulpicela-Pointe le 10 juillet 1943. Il passe alors dans la clandestinité et son parti lui confie la charge de l'organisation communiste dans le midi de la France. A ce titre, en 1944, il prend part à la libération de Marseille. En octobre de la même année, Julien Airoldi redevient secrétaire de la fédération du Rhône.
Il conquiert à partir de ce moment des mandats électifs : conseiller municipal et adjoint au maire de Lyon dans la municipalité provisoire dirigée par Justin Godart, puis dans la municipalité élue en 1945 ; député aux deux Assemblées nationales Constituantes. La liste communiste qu'il dirige obtient 74 850 voix le 21 octobre 1945, et 66 758 le 2 juin 1946. Dans ces deux Assemblées, il est nommé membre de la Commission de la Constitution.
Pendant la première Constituante, il prend part à la discussion du projet de loi relatif au monopole et à la nationalisation du gaz et de l'électricité : il présente notamment un amendement dans lequel il préconise l'intégration de la Compagnie nationale du Rhône au sein d'EDF. Il est également rapporteur des titres VI et VII du projet de Constitution consacrés au président de la République et au Conseil supérieur de la magistrature.
Lors de la seconde Constituante, il participe à la discussion de propositions de loi tendant à établir la Constitution et dépose plusieurs amendements. Enfin, le 3 octobre 1946, il intervient dans la discussion concernant le ministère de la Production industrielle pour défendre les ouvriers du gaz et de l'électricité, accusés par certains de bénéficier d'avantages excessifs depuis la nationalisation.
Aux élections de novembre 1946, il est réélu député par 75 972 voix, contre 74 849 à la liste du Rassemblement des gauches républicaines dirigée par Edouard Herriot, 63 262 à la liste MRP, 28 725 à la liste du PRL et 26 966 à la liste socialiste. Au cours de la législature, il est membre de la Commission de l'éducation nationale. Dans ce domaine, ses interventions portent principalement sur le chapitre de la jeunesse et des sports. Il dépose ou s'associe à plusieurs propositions tendant à développer la formation physique et les activités sportives de la jeunesse : ainsi, le 3 janvier 1948, à propos du recrutement accéléré de professeurs et de maîtres d'éducation physique et du rétablissement des billets collectifs de chemin de fer pour les sportifs se déplaçant en groupe. Le 26 décembre 1947, il déplore l'arrêt des travaux de construction de l'Institut national des sports du fait des économies budgétaires ; le 12 février 1948, il préconise la création d'un sous-secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, une politique de formation des cadres, un programme d'équipement et une augmentation de l'aide aux associations sportives.
L'autre grand dossier parlementaire qui motive ses interventions est l'affaire du statut des établissements Berliet. Il propose des solutions allant dans le sens de leur nationalisation, afin de sanctionner la conduite des propriétaires pendant la guerre, et réclamant la confiscation de leurs biens.
Membre titulaire du comité central du PCF à partir de 1945, Julien Airoldi semble avoir souffert d'une certaine disgrâce à partir de 1950 puisqu'il n'est pas réélu membre de cette instance dirigeante lors du XIIe congrès. L'année suivante, il régresse de la première à la troisième place sur la liste communiste aux élections de 1951 et de ce fait n'est pas réélu député. Il quitte également le secrétariat fédéral du Rhône, la même année. Il conserve en revanche son siège au Conseil général du Rhône où il avait été élu en 1951 et reste membre du bureau de la cellule Marcel Pilliard de la section Gerland. Il est titulaire de la médaille de la Résistance.