Jean-Pierre Pierre-Bloch
1939 - 2013
PIERRE-BLOCH (Jean-Pierre)
Né le 29 janvier 1939 à Paris
Décédé le 28 septembre 2013 à Paris
Député de Paris de 1978 à 1981 puis en 1993
Né le 29 janvier 1939 dans le XIXème arrondissement de Paris, Jean-Pierre Pierre-Bloch est le fils de Pierre Bloch (dit Jean Pierre-Bloch), ancien journaliste et député socialiste de l’Aisne (de 1936 à 1940), figure de la Résistance, membre de la Première Assemblée nationale constituante et responsable national de la LICRA. Les affres de la guerre (prison, évasion, résistance) avaient séparé la famille et Jean-Pierre Pierre-Bloch ne découvre ses parents qu’à l’âge de six ans. Après des études secondaires sanctionnées par le baccalauréat et un diplôme de l’Ecole supérieure du journalisme de Paris, il entre comme journaliste à France-Soir en 1957. Il y reste jusqu’en 1959, date à laquelle il part en Algérie comme appelé. Il sera décoré de la Croix du Combattant et de la médaille commémorative d’Algérie. A partir de 1962 et jusqu’en 1968, il dirige comme publicitaire la société « Promotion et contact », un cabinet de relations publiques. C’est à cette époque qu’il rencontre le chanteur Johnny Halliday avant de travailler pour lui comme secrétaire particulier et manager. Cet intime du monde du show-business restera toute sa vie lié à l’artiste, sera le parrain de son fils David Halliday et l’invité d’honneur de tous ses concerts parisiens.
De 1969 à 1973, Jean-Pierre Pierre-Bloch travaille comme cadre supérieur dans l’agence Universal Publicité (il se marie en 1972 à Anne-Marie Surcouf) avant d’intégrer en 1973 comme chargé de mission le cabinet d’Alain Poher, président du Sénat. Lors des législatives de mars 1973, il est candidat sous l’étiquette du parti radical dans la 27ème circonscription de Paris. Il est battu au second tour. Au printemps 1974, il travaille toujours dans le cabinet d’Alain Poher lorsque ce dernier assure les fonctions de président de la République par intérim. Ses entrées au sein du personnel centriste lui valent d’intégrer le monde des cabinets ministériels d’autant qu’il se présente lui-même comme un « sabra de Giscard ». De 1974 à 1976, il est conseiller technique (à titre officieux) au cabinet du ministre du Travail Michel Durafour avant de devenir en 1976 plus officiellement chef de cabinet de Lionel Stoléru, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Travail. Il s’occupe du dossier de la condition des travailleurs manuels. Sur le terrain militant, Jean-Pierre Pierre-Bloch siège au comité directeur du parti radical-socialiste mais se réclame d’un radicalisme moderne, sorte de réformisme pragmatique éloigné de l’anticléricalisme des pères fondateurs et hostile au Programme commun. Président du comité du XVIIIème arrondissement de ce parti, il est également délégué de la fédération parisienne du mouvement de la gauche réformatrice.
Lors des élections municipales de mars 1977, il figure sur la liste de Michel d’Ornano dans le XVIème secteur de Paris. Candidat dans la 27ème circonscription de Paris (dans le XVIIIème arrondissement, représentant les quartiers populaires de La Chapelle et de la Goutte-d’Or) lors des législatives de mars 1978, il rassemble sous l’étiquette UDF-Parti radical près de 51 % des suffrages au second tour face au candidat communiste et député sortant Louis Baillot jugé pourtant inexpugnable. Son suppléant est le conseiller juridique et social Jean Fournier-Sicre (il avait été candidat aux législatives de mars 1973 dans la même circonscription sous l’étiquette PS). Membre du groupe UDF, Jean-Pierre Pierre-Bloch s’inscrit à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il préside à partir de mai 1978 l’intergroupe parlementaire d’étude sur les problèmes de la sécurité des biens et des personnes (rassemblant 60 députés issus de 4 groupes de l’Assemblée désireux de proposer aux pouvoirs publics des solutions concrètes en matière d’amélioration de la prévention et de modernisation du système pénitentiaire). Il rejoint le même mois la commission supérieure chargée d’étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires. Le député parisien appartient à la délégation française qui réunit 20 parlementaires lors de la XXIIIème session de l’Assemblée générales des Nations unies en septembre 1978 (il sera également du voyage en septembre 1979). A partir d’avril 1978, il assure les fonctions de secrétaire du bureau de l’Assemblée nationale. En mars 1979, il siège dans la commission d’enquête sur les conditions de l’information publique. Lors des débats parlementaires, il se montre attentif à la réforme fiscale, à la revalorisation du travail manuel et à la réforme de l’entreprise. Il dépose quatre propositions de loi (pour durcir la législation sur les jeux de hasard, aménager les modalités du repos hebdomadaire du dimanche, préciser les statuts des baux commerciaux, harmoniser la législation commerciale avec les partenaires de la France au sein de la CEE). En décembre 1980, il présente un rapport visant à durcir la législation contre l’apologie des crimes de guerre en permettant notamment aux associations de résistants et de déportés à se porter partie civile contre les diffamateurs de la résistance et les apologistes des crimes nazis. Elu d’un arrondissement marqué par les tripots clandestins et les maisons closes, et souffrant d’une réputation d’insécurité, il interpelle régulièrement l’Assemblée sur la nécessité de donner à la police les moyens de son action (discussion générale sur les projets de loi de finances pour 1980 et 1981) et d’aggraver les peines pour proxénétisme (discussion du projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes). Il vote du reste en faveur de cette loi dite Peyrefitte du 2 février 1981. En matière de politique étrangère, il apporte un soutien affiché à l’Etat d’Israël et dénonce ce qu’il perçoit parfois comme une complaisance française à l’égard du terrorisme de l’OLP.
Sur le plan militant, il prend en novembre 1978 la présidence de la fédération UDF du XVIIIème arrondissement et siège dès octobre 1979 au comité directeur du Nouveau Contrat social, petite formation proche d’Edgar Faure. En juin 1979, il figure sur la liste UFE emmenée par Simone Veil lors des élections européennes mais n’est pas élu. Jean-Pierre Bloch échoue lors des législatives de juin 1981, victime de la division au sein des droites parisiennes entre chiraquiens et giscardiens comme de la dynamique socialiste consécutive à la présidentielle dans les arrondissements populaires de la capitale. Candidat sous l’étiquette UNM (Union pour une nouvelle majorité), il est battu au second tour dans la XXVIIème circonscription de Paris par le socialiste Lionel Jospin.
L’ancien journaliste retrouve dans un premier temps l’univers des cabinets de relations publiques en fondant en juillet 1981 la société « Promotion et contacts internationaux ». Mais il se tourne surtout vers le monde de la presse écrite dans lequel il avait commencé sa carrière professionnelle. A partir d’octobre 1982, il est directeur du développement de France-Soir puis en devient directeur général en janvier 1985 (il restera en poste jusqu’en mai 1989). En mars 1990, il prendra la présidence de la société anonyme de presse des Editions capitales (éditrice du bimensuel Aujourd’hui Paris). Jean-Pierre Pierre-Bloch n’a pas abandonné toute action politique. Il y revient en multipliant les engagements associatifs : il préside dès mai 1982 l’Association nationale pour la sécurité des biens et des personnes (il publiera en 1986 chez Carrère-Lafon Sécurité, enjeu public n°1), il vice-préside à partir de 1984 l’association nationale Judaïsme et Liberté et siège la même année au bureau de l’Union des Cercles Jules Ferry pour l’Ecole publique. Dès mars 1983, il est élu sous l’étiquette UDF-Parti radical conseiller de Paris (XVIIIème secteur, XVIIIème arrondissement) et devient dans la foulée le 15ème adjoint au maire de la capitale en charge de la circulation et du stationnement. Candidat en novembre 1983 à la présidence du parti radical, il place sa candidature sous le signe de l’opposition (« il n’est pas question d’être les béquilles de la gauche ») tout en affirmant vouloir démocratiser le mouvement et renouveler son personnel. Il est battu par le nancéen André Rossinot qui succède à Didier Bariani. Déçu, Jean-Pierre Pierre-Bloch commence à prendre ses distances avec cette formation même si c’est sous l’étiquette radicale qu’il est encore candidat sans succès aux législatives de mars 1986 (il figure en cinquième place sur la liste UDF) et de juin 1988 (dans la XIXème circonscription).
Fin novembre 1986, l’ancien député parisien quitte le parti radical valoisien et se tourne alors vers une petite composante de l’UDF, le Parti social-démocrate (PSD). Issu initialement d’une scission rassemblant ceux qui au sein du parti socialiste préféraient dans les années 1970 l’alliance avec les centristes plutôt qu’avec les communistes, le PSD avait rejoint l’UDF peu de temps après la création de cette dernière. André Santini assure la présidence du PSD dont l’implantation se limite surtout à la Picardie et aux Hauts-de-Seine. Jean-Pierre Bloch en devient le vice-président national fin 1986 avant d’intégrer le comité directeur et le bureau national. Il se voit chargé de la commission « police et sécurité » du parti. Occupant une place éminente à la tête d’une des composantes (même mineure) de l’UDF, il progresse au sein des instances nationales de cette confédération et devient en mars 1989 délégué national de l’UDF en charge des problèmes de la sécurité des citoyens.
L’année 1988 est compliquée sur le plan judiciaire. Le 17 février, le juge d’instruction Claude Grellier l’inculpe d’infraction au code électoral. Le 21 mars 1988, l’ancien député est inculpé de « complicité de faux en écritures de commerce et usage » et placé sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction Serge Portelli chargé du dossier des fausses factures de la Caisse de sécurité sociale des Français de l’étranger. Ses ennuis avec la justice ne l’empêchent pas de continuer à prendre position politiquement. Très engagé dans la lutte antiraciste à l’image de son père, Jean-Pierre Pierre-Bloch réagit avec virulence à la résurgence de l’extrême droite dans la deuxième moitié des années 1980. En tant que militant de la LICRA, il s’oppose au leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, notamment en octobre 1987 à l’occasion d’un article publié dans la revue Notre 18ème et intitulé « Le Pen, nazi, raciste et antisémite, par haine des Juifs il nie l’évidence ». Cette publication lui vaudra une condamnation pour diffamation.
Réélu conseiller de Paris (président de la 6ème commission logement et urbanisme), Jean-Pierre Bloch est candidat sous l’étiquette UDF-PSD lors des législatives du printemps 1993 dans la 19ème circonscription (à cheval sur les XVIIIème et XIXème arrondissements de Paris). Son suppléant est l’universitaire Claude-Jean Weidner. Jean-Pierre Pierre-Bloch est élu au second tour de scrutin le 29 mars avec 52,06 % des suffrages face au candidat socialiste et député sortant Daniel Vaillant. Membre du groupe Union pour la démocratie française et du centre (il siège à son bureau), il rejoint la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Le 14 avril 1993, il devient juge titulaire de la Haute-Cour. Durant cette législature, Jean-Pierre Pierre-Bloch intervient à plusieurs reprises sur les questions liées à la sécurité (en juin 1993 à propos du projet de loi relatif aux contrôles d’identité, le même mois à propos du projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration et aux conditions d’entrée, d’accueil et de séjour des étrangers en France) ainsi que sur la politique de la ville à Paris (en novembre 1993 à propos du projet de loi instituant la société par actions simplifiée). Il vote en faveur de la loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale.
Le député voit toutefois son élection annulée le 24 novembre 1993 par le Conseil constitutionnel pour dépassement du plafond de dépenses de campagne (liées à un journal de campagne lancé en octobre 1992 et à un sondage portant sur « les préoccupations prioritaires des électeurs de la circonscription »). C’est la première fois qu’est appliquée cette loi de 1990 qui interdit à un candidat de dépenser plus que ne le permet la législation (soit ici 588 983 francs au lieu des 500 000 prévus). Scandalisé par cette invalidation, Jean-Pierre Bloch présente dans un premier temps une requête en rectification d’erreur matérielle (rejetée en décembre par le Conseil constitutionnel) avant de déposer un recours auprès de la cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Ne pouvant être candidat à la législative partielle (il est inéligible pour un an et demi), il demande à sa femme, Anne-Marie Pierre-Bloch (juge au tribunal de commerce de Nanterre, ancien chef de cabinet de Jean-Jacques Descamps au secrétariat d’Etat au tourisme en 1986-1988) de « défendre son honneur » lors du scrutin. La législative partielle de février 1994 aboutit à l’élection de Daniel Vaillant. Ce revers politique se double de nouveaux ennuis judiciaires. Le Conseil des prud’hommes de Paris le condamne en mai 1995 à verser des rappels de salaires et de congés payés à Fatima Khaldi, une Algérienne qu’il employait à sa permanence électorale et qu’il avait renvoyée en octobre 1993. L’intéressée avait travaillé pendant onze mois pour Jean-Pierre Pierre-Bloch afin de promouvoir son image auprès de la communauté maghrébine de la Goutte-d’Or en échange d’une promesse de régularisation de ses papiers.
Jean-Pierre Pierre-Bloch n’abandonne pas la politique pour autant. Il conserve son mandat d’adjoint au maire de Paris jusqu’en 2001 et continue de militer dans les rangs de la mouvance centriste. En 2007 il rejoint ainsi le Nouveau Centre. Grand défenseur des droits de l’homme, il reste une figure de la LICRA. Il décède le 28 septembre 2013 à Paris. A ses obsèques au cimetière du Montparnasse figurent de très nombreux représentants du monde politique national et parisien (Patrick Balkany, Jean-Louis Debré, Alain Madelin, Daniel Vaillant et Hervé Morin), du monde artistique (Jean-Luc Lahaye et Laurent Weil, le monsieur Cinéma de Canal +) et de la communauté juive de la capitale (le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim). David Halliday, très ému, lui rend hommage. Jean-Pierre Pierre-Bloch était chevalier de la Légion d’honneur et chevalier du Mérite civique.