Roger Roucaute
1912 - 1991
ROUCAUTE (Roger)
Né le 20 avril 1912 à Cendras (Gard)
Décédé le 15 octobre 1991 à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Ardèche)
Député de l’Ardèche de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
Roger Roucaute est né le 20 avril 1912 à Cendras (Gard) dans une famille populaire et militante : son père était cheminot — mécanicien au dépôt PLM d’Alès —, membre du parti communiste depuis 1921, élu conseiller municipal communiste d’Alès en 1925, 1929, 1935 et, en 1934, secrétaire du syndicat unifié des cheminots du réseau PLM à Alès.
Roger Roucaute suit les cours de l’école primaire, puis de l’école primaire supérieure et technique d’Alès (Gard) jusqu’à l’âge de 16 ans, obtient son certificat de fin d’études primaires supérieures et devient employé de bureau, puis employé municipal dans la municipalité communiste d’Alès où son père était conseiller municipal.
Roger Roucaute devient également un militant actif. Membre de la CGTU et des jeunesses communistes à partir de 1930, il adhère au PCF à son retour du service militaire en 1934. Il devient rapidement le secrétaire de la section d’Alès et appartient au bureau de la fédération du Gard. Il écrit régulièrement dans l’hebdomadaire de la section. Il devient, par la suite, un dirigeant national du PCF. Il suit d’abord les cours de l’Ecole centrale et devient un des responsables de la région communiste de l’Aisne - dont le secrétaire régional est Georges Pelat. Il écrit régulièrement dans l’organe régional communiste, L’Exploité de l’Aisne. Le 20 juillet 1939, à Saint-Quentin, il préside la conférence sur la Révolution française, organisée par le PCF à l’occasion du 150e anniversaire de la prise de la Bastille.
Après la déclaration de guerre, il est mobilisé aux équipages de la flotte à Toulon, ainsi que le signale le commissaire central au préfet de l’Aisne, à la fin du mois de septembre 1939. Après sa démobilisation, en juillet 1940, il se remet à la disposition de son parti, qui lui confie la tâche de le réorganiser, aidé dans son travail par Henri Pourtalet, futur député des Alpes-Maritimes.
Après la chute du Comité militaire FTP de la zone sud, en mai 1944, la direction du PCF lui confie la responsabilité des FTP de la zone sud avec, comme adjoint, l’ancien interrégional FTP Paul Gaillard. C’est à ce titre que Marcel Degliame-Fouché, inspecteur général des FFI de la zone sud, mais aussi communiste non déclaré, fait appel à lui pour constituer, en août 1944, un état-major FFI communiste (Degliame, Roucaute, Henri Provisor), afin de « coiffer » l’état-major régional lyonnais des FFI (Auguste Vistel et le colonel Descours), trop réservé à leurs yeux à l’égard d’une insurrection des FFI à Lyon.
A la Libération, la direction du PCF le confirme dans ses responsabilités nationales. Il est délégué à l’Assemblée consultative provisoire, nommé membre suppléant du Comité central lors du congrès de juin 1945, et directeur du journal des anciens FTP France d’abord, dont l’administrateur est son ancien adjoint à l’état-major zone sud des FTP, Paul Gaillard. En mars 1949, Roger Roucaute voit son immunité parlementaire levée pour avoir attaqué, en novembre 1948, le général Béthouard, haut-commissaire en Autriche. Roger Roucaute est confirmé dans sa responsabilité de membre suppléant du Comité central par les congrès de 1947 et de 1950. Le XIIIe congrès de 1954 le promeut membre titulaire, responsabilité qu’il occupe jusqu’en 1964. Il est également l’administrateur de L’Humanité de 1958 à 1961.
Parallèlement à ces responsabilités partisanes, Roger Roucaute exerce d’importantes fonctions électives. Il est élu député de l’Ardèche en octobre 1945. Il est réélu en juin et en novembre 1946. Il est battu en 1951, réélu en 1956 et à nouveau battu en 1958, ainsi qu’en 1959, à l’occasion d’une élection partielle. En 1962, il se présente cette fois-ci dans son département natal : il est élu député du Gard, réélu en 1962, 1967, 1968 et en 1973. Il ne se représente pas en 1978. Entre-temps, il a été élu maire d’Alès, en 1965, réélu en 1971, 1977 et 1983. Il abandonne ses fonctions en 1985. Il a également été élu conseiller régional du Languedoc-Roussillon en 1972 et s’est présenté, sans succès, aux élections sénatoriales dans le Gard en 1980.
De 1945 à 1958, sa réussite électorale contrastée résulte plus des effets de la loi électorale que des résultats électoraux eux-mêmes. En effet, après avoir obtenu aux trois premières consultations nationales respectivement 27%, 28,01% et 30,64% des suffrages exprimés, la liste dirigée par Roger Roucaute obtient un score de 30,08% en 1951, résultat remarquable, mais insuffisant en raison de la loi sur les apparentements. En revanche, le médiocre résultat de 1956 (26,54%) lui permet de rejoindre à nouveau le Palais-Bourbon car les trois apparentements concurrents réalisés n’ont pas permis à l’un d’entre eux d’obtenir la majorité requise.
Logiquement, l’ancien dirigeant FTP Roger Roucaute appartient à la commission de la défense nationale de l’Assemblée consultative provisoire, de deux Assemblées nationales constituantes, puis de l’Assemblée nationale, à l’exception de la dernière année de la législature, soit une présence effective dans cet aréopage, de 1944 à 1951. En outre, lors de l’Assemblée consultative, il appartient également à la commission de l’information et de la propagande et à la commission d’enquête sur la fourniture du papier de presse. Lors de la deuxième Assemblée constituante, il participe également aux travaux de la commission de l’équipement national et de la production (travaux publics, mines et forces motrices), ainsi qu’à la commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression. Il conserve ces fonctions lors de la première législature de la Quatrième République. En effet, hors son appartenance à la commission de la défense nationale, il siège à la commission des pensions (1946-1951) et à la commission de la production industrielle (1949-1950). Le 11 février 1947, il devient également membre de la commission chargée d’enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945. Quelques mois plus tôt, le 27 décembre 1946, il a été nommé membre suppléant de la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice.
En revanche, lors de son retour à l’Assemblée, en 1956, il occupe des fonctions nettement moins nombreuses et plus modestes, puisqu’il appartient uniquement à la commission des pensions.
Le premier centre d’intérêt de l’activité parlementaire de Roger Roucaute concerne la question des anciens résistants, et plus spécifiquement des anciens FFI : le problème de leur intégration dans l’armée et les réformes militaires souhaitables d’abord ; la défense de leurs revendications morales et matérielles ensuite. Il dépose six propositions de loi, dix propositions de résolution et quatre rapports. L’essentiel de ces textes porte sur ce thème. Il suit la discussion relative au statut et aux droits des combattants volontaires de la Résistance et des déportés avec assiduité et ce, depuis le premier rapport qu’il cosigne, le 28 février 1947. Il participe activement à la discussion de propositions de loi portant statut des déportés et internés de la Résistance. Il soumet un contre-projet à la représentation nationale, lequel tend à étendre la définition de la Résistance. Il dépose, par la suite, quatre amendements signés en son nom personnel. Enfin, il devient rapporteur de la proposition de loi fixant le statut et les droits des combattants volontaires de la Résistance, en qualité de rapporteur, à partir du 10 décembre 1948. Il dépose alors deux nouveaux amendements : le premier tend à inclure les formations affiliées au Conseil national de la Résistance (CNR) dans le statut recherché ; le second doit porter à un an le délai nécessaire à la conclusion d’un prêt au titre de combattant volontaire de la résistance.
En second lieu, Roger Roucaute intervient sur des questions d’intérêt local, par exemple pour défendre les viticulteurs ardéchois victimes de la grêle des gelées ou de « l’injustice fiscale », dans une proposition de résolution déposée le 9 mai 1951. C’est ce qui motive aussi sa demande d’interpellation du gouvernement, le 19 octobre 1950.
Lorsqu’il réintègre l’Assemblée nationale, en 1956, il continue d’intervenir essentiellement sur ces deux questions. En particulier, il a pris position à de nombreuses reprises contre les mesures de forclusion édictées à l’encontre des demandes de reconnaissance de titres de Combattants volontaires de la Résistance.
Roger Roucaute disparaît le 15 octobre 1991. Il était chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre avec palme et croix du combattant volontaire de la guerre 1939-1945.