Marc, Emile Rucart
1893 - 1964
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 24 juillet 1893 à Coulommiers (Seine-et-Marne).
Député des Vosges de 1928 à 1942. Ministre de la Justice du 4 juin 1936 au 21 juin 1937.
Ministre de la Santé publique du 22 juin 1937 au 10 mars 1938. Ministre de la Justice du 13 mars au 8 avril 1938.
Ministre de la Santé publique du 10 avril 1938 au 20 mars 1940.
A 17 ans, Marc Rucart fait ses premières armes de journaliste au Briard. Il dirige en 1914 le Progrès du Loiret puis il vient à Paris. Il collabore au Radical, à la Lanterne et au Progrès civique. Puis il retourne en province où il devient directeur de la Tribune, le journal de Paul Doumer, puis rédacteur en chef de la République des Vosges.
C'est alors, en 1928, qu'il se présente aux élections législatives dans la circonscription d'Epinal, comme candidat du parti radical-socialiste. Il est élu au premier tour avec 9.199 voix contre 8.874 à Arnould. Il sera réélu dans la même circonscription, au premier tour, en 1932, avec 10.627 voix contre 8.244 à Champy, et en 1936 avec 9.980 voix contre 4.512 à Lobstein et 4.206 à Maire.
Député de l'Est où les problèmes de la défense du pays sont ressentis avec une particulière acuité, Rucart suit avec attention les questions concernant l'armée. Il est l'auteur et le rapporteur de la proposition créant la Direction des fabrications d'armement et le corps des ingénieurs militaires ; il est aussi rapporteur des crédits exceptionnels pour la défense nationale.
Son activité ne se borne pas à ce domaine : il est nommé rapporteur de la commission d'enquête sur l'affaire Oustric puis rapporteur général de la commission d'enquête sur les événements du 6 février 1934.
Il est appelé au gouvernement, au poste de ministre de la Justice, dans les 1er et 2e cabinets Léon Blum (avril 1936-juin 1937 et mars-avril 1938). Il y prend des décrets sur les conditions de nomination des magistrats et sur la responsabilité directe des chefs de parquet vis-à-vis du garde des Sceaux.. Il dépose le projet de suppression du bagne et amorce les réformes contre l'enfance délinquante.
Il est ensuite ministre de la Santé publique dans les 3e et 4e cabinets Chautemps (juin 1937-mars 1938) ainsi que dans le 3e cabinet Daladier (avril 1938-mars 1940). Il réglemente la profession d'infirmière, institue des bourses pour les élèves assistantes sociales ; il crée l'Inspection générale de la santé publique, les Conseils supérieurs de l'enfance et de l'hygiène sociale ainsi que le Conseil national de la Croix-Rouge française. Il soumet au Conseil d'Etat un décret créant le carnet de santé. Il crée les primes nationales à la natalité et, ancêtre des allocations familiales, il institue le contrôle des œuvres subventionnées. Il fait voter la loi sur l'accession de la femme aux fonctions d'inspecteur de l'Assistance publique et ouvre aux pupilles de l'Assistance la possibilité de remplir ces fonctions.
En juillet 1940, Marc Rucart ne vote pas les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il sera un résistant de la première heure.
Marc Rucart était un franc-maçon de haut grade, puisqu'il avait atteint le 33e degré, sommet de la hiérarchie. Il appartenait au Droit humain, seule obédience française comportant des loges féminines. Sensible aux « ouvertures » de certains catholiques, il avait contribué directement à la création du climat de compréhension réciproque qui s'est établi depuis entre l'Eglise et la fraction spiritualiste de la franc-maçonnerie.
Il était président de l'Association syndicale professionnelle des rédacteurs en chef et membre honoraire du comité central de la Ligue des Droits de l'homme. Il était chevalier de la Légion d'honneur.