Victor de Saint-Just
1862 - 1933
- Informations générales
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- Né le 5 janvier 1862 à Ardres (Pas-de-Calais - France)
- Décédé le 3 août 1933 à Ardres (Pas-de-Calais - France)
1862 - 1933
Né le 5 janvier 1862 à Ardres (Pas-de-Calais), mort le 3 août 1933 à Ardres.
Député du Pas-de-Calais de 1924 à 1933.
Issu d'une famille de tradition légitimiste et catholique fixée depuis le début du XVIIe siècle à Ardres, en Picardie, et qui donna au bailliage de la ville un lieutenant général et un subdélégué à l'intendance de la province, mais où la carrière des armes fut surtout à l'honneur, petit-fils d'un marin de l'Empire devenu garde du corps de Charles X, fils d'un homme qui, par fidélité au comte de Chambord, renonça à entrer dans l'armée mais commanda en 1870 les mobiles du Pas-de-Calais, Victor de Saint-Just, une fois achevées à Amiens des études commencées au collège des jésuites de Boulogne, entre en 1881 à l'Ecole militaire de Saint-Cyr et il en sort en 1883, premier de sa promotion, pour gagner l'Ecole de cavalerie de Saumur. Il sert ensuite successivement comme sous-lieutenant au 20e Dragons, comme lieutenant au 5e Dragons, puis à Saint-Cyr en qualité d'instructeur, enfin comme capitaine au 13e Dragons puis, après être passé en 1898 par l'Ecole de guerre, à l'état-major du 1er corps d'armée. En 1905, nommé chef d'escadron, il est affecté au 7e Cuirassiers qui, en 1907, stationne dans le Midi pour contenir le mécontentement des vignerons. Devenu en 1908 chef d'état-major de la 5e division de cavalerie, il est depuis 1912 lieutenant-colonel au 22e Dragons lorsque la guerre éclate.
Nommé colonel en décembre 1914, général de brigade en avril 1917, général de division en décembre 1918, il commande successivement pendant la guerre le 22e Dragons et la 7e brigade de dragons puis, passé dans l'infanterie sur sa demande, la 110e brigade, temporairement la 55e division, puis la 154e brigade, enfin la 123e division d'infanterie et, après l'armistice, le XIe corps d'armée. A la tête de ses dragons, il participe en 1914 aux combats de Villers-Cotterets, à la course à la mer, à la bataille de l'Yser et il s'illustre particulièrement à Estaires, à Bixchoote, à Stadenberg, où il enraye à lui seul la déroute d'un régiment de territoriaux puis où, pour ranimer le courage de ses soldats que la peur tient plaqués contre un talus, il les harangue en se promenant sous les balles avec un parfait mépris du danger. En 1915, il tient le front en Picardie, puis en Champagne. Devenu fantassin, il commande de mars 1916 à août 1917 dans les secteurs de Verdun, Saint-Mihiel, Douaumont, et sa division participe à l'attaque du 20 août 1917. Le 20 février 1918, il fait exécuter au 411e régiment d'infanterie contre la position ennemie des Ervantes un coup de main soigneusement préparé qui met particulièrement en lumière ses talents de tacticien. Après avoir, en juin 1918, contribué à arrêter devant Compiègne l'offensive allemande contre Paris, il prend part à la contre-offensive qui va aboutir à la victoire : en septembre, il s'empare de Thiescourt, en octobre, il force la deuxième ligne Hindenburg au nord de Saint-Quentin, en novembre, il franchit le canal de la Sambre et s'avance jusqu'à Chimay.
L'armistice conclu, comme il stationne dans les Ardennes avec le XIe corps d'armée, il fait remettre en culture par ses troupes les terres en friche avec une hâte si dédaigneuse des contingences administratives et juridiques qu'elle le fit entrer en conflit avec l'administration des régions libérées.
Chevalier de la Légion d'honneur depuis 1906, promu officier en décembre 1915, puis commandeur en septembre 1918 ; également commandeur de l'ordre italien des Saints Maurice et Lazare, titulaire de sept citations, des Croix de guerre française et belge et de la Médaille de Verdun, estimant avoir exercé « un des plus beaux commandements de guerre », le général de Saint-Just qui avait eu la douleur de perdre son fils aîné, saint-cyrien, tombé au combat tout au début des opérations, démissionne de l'armée en octobre 1919, à 57 ans, et passe par anticipation dans le cadre de réserve pour se retirer dans ses propriétés d'Ardres.
Son prestige de chef militaire lui ouvre, dès novembre 1919, les portes du conseil municipal et de la mairie de sa ville natale qu'il va occuper jusqu'à sa mort. Administrateur avisé, il réussit à assurer aux moindres frais la desserte de la commune en électricité et en eau.
Aux élections législatives du 11 mai 1924, inscrit sur la liste d'union républicaine qui emporta tous les sièges dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais, il est élu député, obtenant 47.595 suffrages sur 89.744 votants. Ses électeurs l'enverront à nouveau siéger à la Chambre en 1928 et en 1932, l'élisant régulièrement au premier tour, la première fois par 9.087 suffrages sur 14.982 votants, la seconde par 9.639 suffrages sur 15.034 votants, son concurrent le mieux placé obtenant 1.987 voix en 1928 et 4.555 en 1932.
Inscrit en 1924 au groupe de l'union républicaine démocratique, en 1928 et 1932 à celui de la fédération républicaine, Victor de Saint-Just, homme d'ordre et de devoir très hostile au socialisme, patriote intransigeant, méfiant à l'égard de l'Allemagne, partisan d'une France militairement forte et peu favorable à la politique de Briand, soutient celle de Poincaré puis celle de Tardieu et de Laval. Membre de la commission de l'Algérie, des colonies et des protectorats, au cours de la 13e législature, il appartient constamment à la commission de l'armée. Ses débuts en séance publique, le 9 juillet 1924, sont fracassants : la Chambre discute avec passion de l'amnistie ; comme Louis Malvy veut intervenir, le général de Saint-Just se lève et fait mine de mettre son collègue en joue : tumulte, suspension. Invité par le Bureau à déclarer qu'il regrette son geste, il s'y refuse et, à la reprise de la séance, s'étant contenté pour sa défense de demander l'application du règlement, il entend sans sourciller prononcer contre lui la censure. Plus d'une fois par la suite l'intransigeance de ses convictions, la fougue de son tempérament, ennemi de tout ménagement, le pousseront encore à des manifestations tout aussi éclatantes contre des collègues dont il réprouve les idées ou les attitudes : ainsi le 14 mars 1929 contre Jacques Doriot, le 11 décembre 1929 contre Edouard Daladier, ou le 23 février 1932 contre Léon Blum.
Mais s'il semble se plaire à lancer des apostrophes violentes qui déchaînent le tumulte et lui valent plus d'un rappel à l'ordre, il intervient aussi d'autre façon dans les débats presque toujours avec une concision toute militaire, par exemple en 1926 pour proclamer son scepticisme quant à l'efficacité des accords de Locarno, pour réclamer en 1929 le retour à Saint-Omer de la Cour d'assises transférée à Arras ou, en 1930, au sujet de la distillation de la betterave ou de la protection de la culture de la chicorée.
En 1924, il avait demandé à interpeller le gouvernement sur la suppression des commissions de classement qui contrôlaient l'avancement des officiers ; à plusieurs reprises, notamment au cours des débats budgétaires, il a fait valoir que si la dernière guerre avait été essentiellement une guerre de positions, il ne fallait pas en conclure qu'à l'avenir il n'y aurait plus jamais de guerre de mouvement et, pour cette raison, il combattait toute réduction des forces de la cavalerie.
Il meurt subitement pendant les vacances parlementaires, au retour de la chasse, dans sa propriété d'Ardres, le 3 août 1933. Il avait 71 ans.