Léon, Jean-Baptiste Say

1826 - 1896

Informations générales
  • Né le 6 juin 1826 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 21 avril 1896 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine
Groupe
Centre gauche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Action libérale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 21 avril 1896
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Action libérale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 30 janvier 1876 au 7 janvier 1882
Sénateur
du 8 janvier 1882 au 22 novembre 1889

Biographies

Représentant en 1871, membre du Sénat et ministre, né à Paris le 6 juin 1826, petit-fils de Jean Baptiste Say qui fut membre du Tribunat et fils d'Horace-Emile Say et d'Anne-Victorine Cheuvreux, il suivit l'exemple et les traditions de sa famille et s'occupa d'économie politique.

Lorsqu'il débuta dans la vie publique, il avait déjà publié: Théorie des changes étrangers, traduit de l'anglais ; Histoire de la Caisse d'escompte (1848) ; la Ville de Paris et le Crédit foncier ; Observations sur le système financier de M. le Préfet de la Seine (1865); Examen critique de la situation financière de la Ville de Paris (1866); Les Obligations populaires, etc., et avait activement collaboré à l'Annuaire de l'Economie politique et au Journal des Economistes.

Candidat indépendant et non élu au Corps législatif, lois des élections de mai 1869, dans la circonscription de Pontoise, contre M. Rendu, candidat officiel, et M. Lefèvre-Pontalis qui fut élu, M. Léon Say fut plus heureux, le 8 février 1871; le département de la Seine le désigna, le 36e sur 43, par 76,075 voix (328,970 votants, 547,858 inscrits), comme représentant à l'Assemblée nationale. Le même jour, il était élu dans le département de Seine-et-Oise, le 5e sur 11, par 24,454 voix (53,390 votants, 123,875 inscrits). Il opta pour la Seine, vota:

- pour la paix,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour le retour à Paris,
- pour la politique de Thiers,
- contre sa démission au 24 mai,
- contre l'état de siège, la loi des maires, le ministère de Broglie,
- pour l'amendement Wallon et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.

Le 5 juin 1871, M. Jules Ferry ayant donné sa démission de préfet de la Seine, M. Léon Say avait été appelé à lui succéder. Il réorganisa les services municipaux des mairies de Paris sur un plan uniforme, réforma l'administration centrale, et obtint du conseil municipal élu un projet d'emprunt, dont l'émission eut un plein succès. Il s'occupa activement de l'instruction primaire, de la reconstitution des actes de l'état civil, fit, en octobre 1871, avec M. Vautrain, président du conseil municipal, le voyage de Londres, et fut chargé, le 7 décembre 1872, par Thiers, du portefeuille des Finances.

Il conclut, en janvier 1873, avec la maison Rothschild une convention pour la garantie de la somme due à l'Allemagne. Opposé aux idées financières et économiques du chef du pouvoir exécutif, il marcha toutefois d'accord avec lui, et quitta le pouvoir le 24 mai 1873. Il prit place alors au centre gauche, qui l'élut pour président. Lors des tentatives de restauration monarchique, M. Léon Say n'hésita pas à se déclarer en faveur de la République conservatrice, et repoussa les avances du centre droit. Les gauches l'opposèrent sans succès à M. Buffet, pour la présidence de l'Assemblée (février 1874). Après avoir combattu les plans financiers de M. Magne, dans la commission du budget de 1874, il fut chargé par cette commission d'un important rapport sur la grande opération du payement de l'indemnité de guerre.

Le 10 mars 1875, M. Léon Say redevint ministre des Finances (cabinet Buffet-Dufaure); il représentait au pouvoir l'élément libéral et constitutionnel, tandis que M. Buffet représentait les intérêts des partis conservateurs. Des vues si différentes devaient amener entre les deux ministres un désaccord qui se manifesta à diverses reprises. Le 26 décembre 1875, M. Léon Say prononça au château de Stors, en présence des maires du canton de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), un discours où il fit l'éloge de M. Thiers et du « grand parti constitutionnel ». Irrité, M. Buffet refusa de laisser insérer au Journal officiel le discours de son collègue. M. Léon Say réclama, et il fallut que le maréchal de Mac-Mahon intervînt pour que le discours fût publié dans l'organe du gouvernement. A l'approche des élections pour le Sénat, en janvier 1876, M. Léon Say se porta candidat dans Seine-et-Oise et rédigea une circulaire électorale de concert avec les deux autres candidats républicains conservateurs, MM. Feray et Gilbert-Boucher. M. Buffet accusa alors M. L. Say de s'allier aux radicaux ; le président de la République ayant prié le ministre des Finances de retirer sa candidature (8 janvier), celui-ci donna sa démission, que le maréchal de Mac-Mahon accepta d'abord, puis refusa.

Le 30 janvier 1876, M. Léon Say fut élu sénateur de Seine-et-Oise, par 589 voix (783 votants). Il conserva le portefeuille des Finances dans le nouveau ministère Dufaure (9 mars), et élabora le premier budget voté par une Chambre républicaine. Au mois de mai, il se rendit à Londres où il assista à une fête commémorative en l'honneur d'Adam Smith et où il prononça un discours. Il prit fréquemment la parole à la Chambre et au Sénat, notamment au sujet de la question de l'étalon monétaire, soulevée par M. de Parieu, et dans la discussion du budget. Au mois d'octobre, il se prononça contre les réformes de l'impôt préconisées par Gambetta. Maintenu, le 12 décembre, au ministère des Finances, dans le cabinet Jules Simon, il donna sa démission avec tous ses collègues le 16 mai 1877, à la suite de la lettre adressée au président du conseil par le maréchal de Mac-Mahon, et fut remplacé par M. Caillaux.

Il s'associa à la protestation des gauches contre la politique de MM. de Broglie-Fourtou, vota au Sénat contre la dissolution de la Chambre des députés (22 juin 1877), se prononça contre l'ordre du jour Kerdrel (19 novembre), et, après la victoire définitive du parti républicain, reprit encore une fois le portefeuille des Finances (du 13 décembre 1877 au 3 février 1879).

Il signala ses divers passages aux affaires par la plus grande réserve en ce qui concernait les projets prématurés de dégrèvement et par une résistance opiniâtre aux propositions de l'initiative parlementaire en matière de dépenses publiques. S'associant aux idées de M. de Freycinet, ministre des Travaux publics, sur la nécessité de racheter un certain nombre de lignes de chemins de fer et de donner une nouvelle impulsion aux grands travaux d'utilité publique, il présenta à la Chambre, en février 1878, un projet de loi sur la création d'une dette amortissable par annuités, sur l'ouverture au ministère des travaux publics d'un crédit de 331 millions pour le rachat de chemins de fer, et sur l'autorisation, pour le ministre des Finances, d'émettre pour la même somme des rentes 3 p. 100 amortissables.

M. Grévy, lors de son avènement à la Présidence, ayant maintenu M. Léon Say en fonctions, celui-ci continua de se montrer opposé aux dégrèvements et proposa de garantir avec les plus-values des impôts courants les crédits supplémentaires par voie de virements législatifs. On lui dut l'abaissement du tarif postal à 15 centimes (avril 1878), une première émission de 113 millions de 3 % amortissable, souscrite par l'épargne; il revendiqua pour le gouvernement le droit de se prononcer à son jour et à son heure sur l'opportunité de la conversion tant réclamée du 3 %. Il appartint encore au cabinet Waddington (4 février - 28 décembre 1879), et quitta les affaires, à cette date, pour reprendre sa place sur les bancs du centre gauche.

Nommé, par décret du 30 avril 1880, ambassadeur en Angleterre, avec la mission de préparer la négociation du traité de commerce, il passa quelques semaines à Londres et revint à Paris pour prendre la présidence du Sénat, où l'appelait le choix de ses collègues (25 mai 1880).

Au renouvellement triennal du 8 janvier 1882, il fut réélu sénateur de Seine-et-Oise, le 1er sur 3, par 655 voix (786 votants), redevint président de la Chambre haute, puis fut rappelé (30 janvier) à reprendre dans le cabinet Freycinet, le portefeuille des Finances. Il donna sa démission, le 23 mai, à la suite de la prise en considération d'une proposition de réforme de l'impôt sur les boissons, et la retira le lendemain, sur un ordre du jour de confiance voté par la Chambre. Il tomba du pouvoir, comme ses collègues, le 29 juillet suivant.

Membre de la commission d'expulsion des princes (juin 1883), il présenta un contre-projet punissant de bannissement tout acte de prétendant, la peine devant être prononcée par la cour d'assises ou par le Sénat (voté par 158 voix contre 122); en novembre, il fut choisi pour président du centre gauche du Sénat. Fidèle à la politique conservatrice libérale et libre-échangiste, qu'il soutint, d'autre part, comme directeur du Journal des Débats, M. Léon Say s'est élevé (février 1885) contre les surtaxes sur les céréales, a voté contre l'expulsion des princes, et pour la nouvelle loi militaire, a été rapporteur de la loi sur les Sociétés de secours mutuels, a proposé (juin 1888) le rattachement du budget de la préfecture de police au budget de d'Etat, et s'est prononcé, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse; il s'est abstenu sur la procédure de la haute cour contre le général Boulanger.

Membre libre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis le 12 décembre 1874 il a été élu membre titulaire le 24 avril 1880, dans la section d'économie politique, en remplacement de Michel Chevalier, et est devenu membre de l'Académie française, le 11 février 1886, en remplacement d'Edmond About.


Né le 6 juin 1826 à Paris, mort le 22 avril 1896 à Paris.

Représentant de Seine-et-Oise de 1871 à 1876.

Sénateur de Seine-et-Oise de 1876 à 1889.

Député des Basses-Pyrénées de 1889 à 1896.

Ministre des Finances du 7 décembre 1872 au 25 mai 1873, du 10 mars 1875 au 17 mai 1877, du 13 décembre 1877 au 28 décembre 1879 et du 30 janvier au 7 août 1882.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 281.)

En 1889, Say contribue à la création d'un nouveau groupe politique, l'union libérale, ayant pour objet de rassembler les modérés de tous les partis.

Pour défendre plus activement cette politique, Say se présente aux élections législatives du 22 septembre. Il choisit la 1re circonscription de Pau où il a d'anciennes attaches de famille et d'amitié. Il est élu par 7.063 voix contre 6.320 à de Joantho, conservateur. En 1893, il est réélu par 6.654 voix contre 5.278 au même adversaire. Il meurt au cours de cette législature, en pleine activité.

Il poursuit à la Chambre des députés son œuvre financière, sa défense de la liberté commerciale sous toutes ses formes, et, enfin, ses rudes attaques contre le socialisme.

Il poursuit sa défense de la liberté commerciale (c'est un libre-échangiste convaincu) en combattant avec vigueur la taxation des blés et surtout le nouveau tarif général des douanes.

Pour combattre le socialisme, dont il est un adversaire acharné, Say, outre ses pamphlets, prend prétexte de projets de loi concernant les finances auxquels il s'oppose avec vigueur : en 1894, la proposition de Jaurès de faire de l'Etat le grand spéculateur sur les blés ; en 1895, le projet d'impôt progressif sur les successions ; en 1896 le projet général d'impôt sur le revenu. Dans les dernières années de sa vie, la lutte contre le socialisme devient sa préoccupation dominante. Il en résulte dans son argumentation une évolution encore plus marquée en faveur de la liberté économique.

Son œuvre écrite est importante. Il a publié depuis 1889 Contre le Socialisme en 1896. Il a dirigé le Nouveau dictionnaire d'Economie politique (1889-1892).