Philippe Serre
1901 - 1991
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 4 mars 1901 à Paris.
Député de la Meurthe-et-Moselle de 1933 à 1942. Sous-secrétaire d'Etat au Travail du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938. Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 18 janvier au 13 mars 1938. Sous-secrétaire d'Etat au Travail du 13 mars au 10 avril 1938.
Fils d'un avocat, Philippe Serre fut naturellement enclin à suivre les traces de son père. Après de brillantes études au lycée Louis le grand et à l'Ecole Bossuet, il entra à la Faculté de droit de Paris, dont il sortit docteur.
Diplômé de l'Ecole libre des sciences politiques, il fut premier secrétaire de la conférence des avocats, promotion 1929-1930. On ne pouvait rêver de meilleures auspices pour une prestigieuse carrière d'avocat à la Cour d'appel de Paris, commencée dès 1927.
Mais le démon de la politique l'emporta. Dès le premier tour des élections générales des 1er et 8 mai 1932, Philippe Serre, républicain socialiste, faillit bien ravir son siège au député de la 2e circonscription de Briey, le maître de forges de Wendel, de l'union républicaine démocratique. Il obtint 4.255 voix contre 4.311 à son adversaire réputé, sur 9.270 suffrages exprimés. Au duel du second tour, celui-ci l'emporta de justesse par 4.935 voix contre 4.393. L'alerte avait été chaude et de Wendel saisit la première occasion qui s'offrit de gagner les rivages plus sûrs du Sénat. Elu membre de la Haute Assemblée le 16 octobre 1932, il démissionna de son poste de député le 27 janvier 1933.
Philippe Serre n'en demandait pas plus : la route était libre. Lors de l'élection partielle du 2 avril 1933, il remporta facilement le siège manqué de peu onze mois avant, totalisant 5.349 suffrages dès le premier tour contre 2.699 à Lorentz et 1.045 à Husson. Indépendant de gauche, il fut choisi par l'unanimité des membres de son groupe pour siéger aux commissions : de l'administration générale, départementale et communale ; chargée de rechercher les responsabilités encourues depuis l'origine des affaires Stavisky ; de l'enseignement et des beaux-arts ; de l'aéronautique.
Devenu conseiller d'arrondissement, il sollicita le renouvellement de son mandat de député sous l'étiquette Jeune République lors des élections générales de 1936, promettant de lutter contre la crise intérieure en défendant la classe ouvrière, les petits commerçants et la classe rurale et contre la crise extérieure par la politique de la sécurité collective défendue à la Société des Nations à Genève successivement par Poincaré, Briand, Paul-Boncour, Herriot, Tardieu et Flandin.
Il triomphe au premier tour, le 26 avril 1936, obtenant 5.084 voix contre 3.472 à Reboul, radical indépendant, sur 9.538 suffrages exprimés.
Demeuré indépendant de gauche, il conserva sa place à la commission de l'enseignement et des beaux-arts et devint membre des commissions de l'armée, des comptes définitifs et des économies, de la législation civile et criminelle, et du travail. Il intervient dans la discussion d'interpellations sur la défense nationale le 29 janvier 1937.
Son ami Camille Chautemps, qui l'appréciait de longue date, lui offrit le poste de sous-secrétaire d'Etat au Travail dans le troisième gouvernement qu'il dirigea du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938. Du banc des ministres, Philippe Serre prit part à la discussion du projet de loi instituant le statut légal des voyageurs, représentants et placiers du commerce et de l'industrie ; de la proposition de loi tendant à interdire et à réprimer le travail noir ; du projet de loi portant création du budget de 1938. En formant son quatrième cabinet, le 18 janvier 1938, Camille Chautemps le conserva auprès de lui en qualité de sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil, chargé des services de l'immigration des étrangers. Alors que la France aurait dû redoubler de vigilance et rassembler ses forces face à l'Allemagne hitlérienne se réarmant jusqu'aux dents pour accomplir méthodiquement, l'un après l'autre, les desseins de sa politique de l'espace vital », annoncés en fanfare, nos gouvernements tombaient comme châteaux de cartes et Hitler profitait habilement de la vacance répétée du pouvoir en France. Après la réoccupation militaire de la Rhénanie, le dernier coup de force national-socialiste annexa l'Autriche le 11 mars 1938. Le coup fut fatal au cabinet Chautemps.
Philippe Serre retrouva son poste de sous-secrétaire d'Etat au Travail dans le deuxième cabinet Léon Blum constitué le 13 mars. Au nom du gouvernement, il répondit alors aux questions posées sur les conditions et délais de résidence exigés dans le département de la Seine pour l'inscription des chômeurs ; puis il intervint dans la discussion d'un projet de loi apportant diverses modifications au régime des retraites des ouvriers mineurs.
Le gouvernement ne dura même pas un mois ! Le 10 avril 1938, Philippe Serre regagna sa place de député.
Le 10 juillet 1940, on le retrouva parmi les quatre-vingts parlementaires qui, au congrès de Vichy, votèrent contre les lois de désaississement constitutionnel.
Philippe Serre est officier de la Légion d'honneur.