Bernard Pons

1926 - 2022

Informations générales
  • Né le 18 juillet 1926 à Béziers (Hérault - France)
  • Décédé le 27 avril 2022 à Aigues-Mortes (Gard - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Lot
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 20 juillet 1969
Département
Lot
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Lot
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Essonne
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 2 avril 1986
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 18 juin 1995
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIe législature
Mandat
Du 25 mai 1997 au 18 juin 2002
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

PONS (Bernard)

Né le 18 juillet 1926 à Béziers (Hérault)
Décédé le 27 avril 2022 à Aigues-Mortes (Gard)

Député du Lot de 1967 à 1969 puis de 1973 à 1978

Député de l’Essonne de 1978 à 1981

Député de Paris de 1981 à 1986, de 1988 à 1985 puis de 1997 à 2002

Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972 puis auprès du ministre de l’Agriculture et du développement rural du 6 juillet 1972 au 28 mars 1973

Ministre des Départements et territoires d’outre-mer du 20 mars 1986 au 9 mai 1988

Ministre de l’Équipement, du logement, des transports et du tourisme du 18 mai 1995 au 2 juin 1997


Bernard Claude Pons naît le 18 juillet 1926 dans le département de l’Hérault. Son père, Claude Pons, auparavant journaliste à la Gazette marocaine à Casablanca, est professeur agrégé d’espagnol. Il sera censeur et proviseur de plusieurs lycées, dont le lycée Thiers de Marseille, où Bernard Pons sera élève. Son grand-père paternel était instituteur dans l’Aude. D’après Bernard Pons, celui-ci était l’archétype du hussard noir de la République, à savoir très laïc et farouchement républicain, un « rad-soc » selon l’expression de son petit-fils. En 1944, alors que Bernard Pons est élève au lycée de Cahors, il suit ses frères aînés Jacques et André, réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), pour s’engager dans la Résistance. Hospitalisé pour un phlegmon au bras en août 1944, Bernard Pons est démobilisé et reprend ses études. En février 1945, il obtient le droit de se présenter à la première partie du baccalauréat en « session spéciale », celle qui est réservée aux jeunes gens ayant interrompu leurs études pour entrer dans la Résistance. En 1946, il entre en première année à la faculté de médecine de Montpellier et présente sa thèse de doctorat en 1952. Durant ses études, il est pendant deux ans vice-président international de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), qui n’était pas à l’époque aussi à gauche qu’elle a pu l’être par la suite. Il y côtoie un autre futur cadre du Rassemblement pour la République (RPR), Michel Péricard. Il épouse Josette Cros, qu’il rencontre pendant ses études, avec laquelle il a quatre filles. Diplômé, il s’installe en 1954 comme médecin généraliste à Cahors, dans le Lot.

Bernard Pons est délégué départemental du parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République (UNR), depuis 1959. Sa carrière politique commence en 1965, lorsqu’il devient adjoint au maire de Cahors. Elle prend rapidement une tout autre envergure. A la demande du Premier ministre Georges Pompidou, élu local dans le même département comme conseiller municipal de Cajarc et dont il est devenu très proche, Bernard Pons se présente dans la 2e circonscription du Lot, traditionnel fief radical, qui comprend précisément la commune de Cajarc, contre le député socialiste sortant Georges Juskiewenski, maire de Figeac, lui aussi médecin, lors des élections législatives de 1967. Il fait alors partie avec Jacques Chirac, Jean Charbonnel ou encore Pierre Mazeaud, des dix « jeunes loups pompidoliens », unis par le « Serment de Solignac », envoyés par le Premier ministre pour conquérir des bastions « rouges » du Massif central. Le maire de Cajarc, Guy Murat, est son suppléant. La profession de foi de Bernard Pons met l’accent sur l’action de Georges Pompidou. Il ne cache d’ailleurs pas que c’est celui-ci qui l’a invité à se présenter dans la circonscription. Mais surtout, le texte met l’accent sur des enjeux et des objectifs exclusivement locaux. Il se conclut de la sorte : « Le 5 mars, le Quercy votera pour son avenir, pour sa prospérité dans la stabilité... » Précisément, Bernard Pons associe les deux éléments, sa fidélité à Georges Pompidou et son ambition pour le Lot en rappelant que le Premier ministre est un élu local lotois, et que c’est une chance pour le territoire, tout comme le fait d’élire un député proche de lui. Sa profession de foi du second tour, beaucoup plus brève, s’appuie sur les mêmes arguments de campagne. Bernard Pons réussit le pari de faire basculer cette circonscription dans le giron de la majorité présidentielle. Il a réuni au total 15 166 voix au premier tour, soit 37,61 % des suffrages exprimés, et a battu au second tour l’ancien député, le communiste Henri Thamier, avec 21 615 voix, soit 52,79 % des suffrages exprimés. Il est d’ailleurs le seul de ces jeunes loups pompidoliens, avec Jacques Chirac dans la 3e circonscription de la Corrèze, à réussir cet exploit électoral. Même Jean Charbonnel, député sortant de la seconde circonscription de la Corrèze, est battu par un très proche de François Mitterrand, Roland Dumas, après avoir pourtant frôlé la réélection dès le premier tour. Peu de temps après, le 1er octobre, Bernard Pons est élu conseiller général du canton de Cajarc.

Au Palais-Bourbon, Bernard Pons s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la Ve République (UD-Ve) et siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, puis, à partir d’avril 1968, à la commission des affaires étrangères. En séance publique, il intervient d’emblée sur des questions très politiques : le 20 mai 1967, il est l’un des orateurs contre la motion de censure déposée par l’opposition ; le 23 mai, il prend la parole à la suite de la déclaration du gouvernement sur les problèmes de la jeunesse ; le 26 octobre suivant, sur le projet de loi de finances pour 1968, il s'exprime sur la sécurité sociale. Ce premier mandat de député ne dure pas longtemps puisque, à la suite des événements de Mai 68, le général de Gaulle décide la dissolution de l’Assemblée nationale. Bernard Pons est à nouveau candidat dans la 2e circonscription du Lot, avec Guy Murat comme suppléant. Si sa profession de foi est encore très largement consacrée aux enjeux locaux, et à la valorisation de son action en la matière, elle comporte aussi un volet national, essentiellement tourné autour de la défense du général de Gaulle et la condamnation des événements du mois de mai, associés à l’anarchie et au communisme. Arrivé très largement en tête du premier tour, avec 17 277 voix, soit plus de 40 % des suffrages exprimés, il est réélu le 30 juin 1968 au second tour. Il a battu le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Martin Malvy, avec 19 715 voix, soit 48,16 % des suffrages exprimés, dans une triangulaire où l’ancien député et maire de Figeac, Georges Juskiewenski, s’est maintenu. Il est membre du bureau politique du mouvement gaulliste, s’inscrit au groupe Union des démocrates pour la République (UDR) et siège à la commission des affaires étrangères. Mais il ne siège pas longtemps sur les bancs du Palais-Bourbon. Le 22 juin 1969, il est nommé Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, Jacques Chirac, dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, premier gouvernement nommé par le président Georges Pompidou. Il conserve cette fonction dans le premier gouvernement de Pierre Mesmer, successeur de Jacques Chaban-Delmas, de juillet 1972 à mars 1973. Comme membre du gouvernement, Bernard Pons intervient à de très nombreuses reprises pour défendre les projets de loi relatifs à l’agriculture, les budgets présentés au titre de l’agriculture, chaque année, dans les projets de loi de finances ou les projets de loi de finances rectificative, et pour répondre aux questions des parlementaires, y compris des questions d’actualité. Il s’affirme alors comme une personnalité qui compte dans le camp de la majorité gouvernementale. Aux législatives de 1973, il est réélu député lors des élections législatives, par 300 voix d’avance en réunissant 50,3% des suffrages exprimés pour le candidat socialiste Martin Malvy, après avoir dominé le premier tour avec 45,2%. Il n’est pas reconduit au gouvernement. C’est précisément Georges Pompidou qui lui avait suggéré d’en sortir pour se consacrer au terrain. Sa profession de foi insistait sur le fait que, malgré ses occupations ministérielles, il avait fait en sorte d’être le plus présent possible sur place. Il est membre du groupe UDR et rejoint la commission de la défense nationale et des forces armées, puis, à partir de 1974, de la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Il est rapporteur spécial du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) pour les projets de loi de finances pour 1977 et pour 1978. Il présente quatre propositions de loi, en mai 1977, pour créer un livret d’épargne au plafond revalorisé selon l’inflation, en mai 1977, sur la réorganisation des urgences médicaux-chirurgicales et, en novembre 1977, sur des aménagements au code de la santé publique et à la loi de 1970 portant réforme hospitalière.

Il pose trois questions au gouvernement, le 10 novembre 1976 sur les conséquences de l’institution de la taxe professionnelle, le 17 novembre 1976, sur la fermeture des cabinets médicaux, et le 23 novembre 1977, sur la fermeture des établissements d’hospitalisation privés.

Tout au long de la législature, il intervient en séance publique sur les questions de santé publique et d’action sociale, et les questions agricoles, pour l’essentiel.

Bien qu’il soit devenu un fidèle de Jacques Chirac, Bernard Pons a pris ses distances lors de la présidentielle de 1974. Le décès de Georges Pompidou en avril 1974 bouleverse en effet l’échiquier politique. Une élection présidentielle anticipée est organisée pour lui élire un successeur. Tandis que la gauche part unie derrière François Mitterrand, la droite se divise. L’ancien Premier ministre de Georges Pompidou, Jacques Chaban-Delmas, se déclare très rapidement candidat. Mais sa ligne gaulliste sociale, incarnée par son projet de « Nouvelle société », n’est pas partagée par une partie de son camp, plus conservatrice. Un trio composé de deux anciens conseillers de Georges Pompidou, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, et de Jacques Chirac, essaie de barrer la candidature de Jacques Chaban-Delmas. D’abord, ceux-ci tentent de pousser le Premier ministre Pierre Messmer. L’opération se révèle vaine, tandis que Jacques Chaban-Delmas obtient le soutien officiel du parti gaulliste. Jacques Chirac entraîne alors avec lui trois autres ministre et trente-neuf parlementaires, majoritairement membres de l’UDR. Le 13 avril, ils publient le « Manifeste des 43 » dans lequel ils critiquent l’éparpillement des candidatures de droite, la position de Jacques Chaban-Delmas et le risque de victoire qu’entraîne sa candidature, pour soutenir indirectement le deuxième candidat de droite déclaré, le chef de file de la droite libérale, Valéry Giscard d’Estaing.

Bernard Pons ne fait pas partie de ces signataires et soutient le candidat de sa famille politique. Après une campagne très éprouvante, Jacques Chaban-Delmas est éliminé dès le premier tour. Valéry Giscard d’Estaing est élu avec une courte avance au second tour contre François Mitterrand. En remerciement, Jacques Chirac est nommé Premier ministre par le nouveau président de la République. Bernard Pons ne fait pas partie de l’équipe gouvernementale. Il n’hésite d’ailleurs pas à manifester publiquement son hostilité envers Valéry Giscard d’Estaing et son « libéralisme avancé ». A l’Assemblée nationale, il se fait remarquer en 1974 en étant un des rares députés gaullistes à soutenir le projet de loi Veil relatif à l’IVG. Tandis que Simone Veil est confrontée à l’hostilité provenant des bancs de la droite, Bernard Pons fait entendre une voix dissonante, racontant son expérience de médecin confronté aux conséquences des avortements clandestins. Il réclame la démission du professeur Jean-Louis Lortat-Jacob, président de l’Ordre national des médecins, qui s’oppose publiquement à l’interruption volontaire de grossesse. Bernard Pons fait partie des rares députés gaullistes à voter en faveur du projet de loi, adopté grâce aux renforts des députés de gauche. Très rapidement, les tensions s’enveniment au sein de la dyarchie exécutive. Jacques Chirac constate le peu d’estime que lui porte le président de la République et l’étroitesse de ses marges de manœuvre. Il démissionne le 25 août 1976.

Bernard Pons joue alors un rôle clef. Il participe le 5 décembre 1976 à la refondation du mouvement gaulliste autour de Jacques Chirac qui transforme l’UDR (Union des démocrates pour la République, nom du parti gaulliste depuis 1968) en RPR et en fait une machine de guerre entièrement à son service. Bernard Pons devient membre du comité central du parti. Lors des élections municipales de mars 1977, il tente de se faire élire maire de Figeac, importante ville de sa circonscription, forte de près de 10 000 habitants, dirigée entre 1947 et 1974 par Georges Juskiewenski. Mais il échoue face à la figure montante de la gauche locale, issue d’une lignée d’hommes politiques lotois, Martin Malvy, élu en 1970 à l’âge de 34 ans, conseiller général et vice-président du conseil général depuis 1972. Cette défaite marque Bernard Pons. Mais alors qu’il comptait prendre du recul avec la vie politique nationale pour se consacrer à la médecine et à sa famille, Jacques Chirac le convainc de rester dans le jeu politique. Il l’envoie se présenter dans la deuxième circonscription de l’Essonne pour les législatives des 12 et 19 mars 1978, circonscription réputée pour être un fief communiste. Son suppléant est Jean Coulombel, maire de Morigny-Champigny. Personne ne s’attend à ce que Bernard Pons l’emporte, lui le premier, son but étant uniquement de mener bataille. Il s’est avant tout porté candidat parce que Jacques Chirac le souhaitait. La bataille est serrée. Au premier tour, la candidate communiste Mireille Bertrand arrive en tête avec 23,92 % des voix, devançant de moins de 500 voix Bernard Pons (23,52%). Le candidat socialiste Jacques Guyard arrive troisième avec 21,10 % et le candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF), le parti giscardien, Michel Comte, quatrième avec 19,64 %. Après une campagne de second tour intense, Bernard Pons bat son adversaire communiste par 63 651 voix et 52,01 % des suffrages exprimés. Parallèlement, la circonscription qu’occupait jusqu’à présent Bernard Pons dans le Lot est conquise par son rival, Martin Malvy. A l’Assemblée nationale, Bernard Pons est membre de la commission des finances, de l’économie générale et du Plan et rapporteur spécial du budget de la santé et de la famille. Par ailleurs, il préside la commission de contrôle de la gestion de la Sécurité sociale et intègre le bureau du groupe RPR. Le député de l’Essonne présente huit propositions de loi. Trois d'entre elles reprennent les initiatives de la précédente législature, cinq portant sur des sujets nouveaux dont la profession de masseur-kinésithérapeute, en avril 1978, la suppression du tarif d’autorité pour les médecins non conventionnés, en octobre 1979, l’enseignement de l’histoire, en juin 1980, l’indemnisation des victimes d’accidents corporels occasionnés par une activité médicale, en novembre 1980. Il pose deux questions au gouvernement, sur la représentativité de l’organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux, en octobre 1978, et sur la surcharge des hôpitaux, en mai 1979.

Outre ses interventions en séance publique comme rapporteur spécial, sur les questions sanitaires et de sécurité sociale, Bernard Pons prend la parole dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur les départements et territoires d’outre-mer, le 10 juin 1980, se positionnant alors sur un sujet sur lequel il va se spécialiser. Par ailleurs, le 1er octobre 1979, Jacques Chirac annonce à la presse que Bernard Pons va être nommé secrétaire général du RPR en remplacement d’Alain Devaquet. Par sa nouvelle fonction, Bernard Pons va exercer la direction effective du parti sur les affaires courantes.

Immédiatement après sa victoire contre Valéry Giscard d’Estaing lors du second tour de la présidentielle de 1981, François Mitterrand prononce la dissolution de l’Assemblée nationale élue en 1978. De nouvelles élections législatives sont organisées les 14 et 21 juin. Bernard Pons, avec l’aval de Jacques Chirac, change une nouvelle fois de circonscription et se présente dans la 22e circonscription de Paris qui englobe le 17e arrondissement. En effet, les principales communes de la 2e circonscription de l’Essonne dont il est le député sortant, ont très largement voté pour François Mitterrand contre Valéry Giscard d’Estaing. Le résultat de l’élection présidentielle ayant des effets indubitables sur les élections législatives organisées dans la foulée, Bernard Pons se sait battu d’avance. Or, Jacques Chirac ne peut pas se permettre de voir son bras droit perdre une élection. Cela serait symboliquement désastreux pour le RPR. La 22e circonscription de Paris est un terrain d’atterrissage idéal. Située dans le fief de Jacques Chirac, maire de Paris depuis 1977, entièrement acquise à la droite, elle a comme député sortant l’académicien, ancien résistant et ancien ministre des Affaires culturelles, Maurice Druon. Et ce dernier, lors de l’élection présidentielle de 1981, n’a pas soutenu Jacques Chirac, mais l’ancien Premier ministre gaulliste, Michel Debré, qui s’est présenté dans une logique d’indépendance vis-à-vis des partis politiques. C’est un motif pour investir Bernard Pons comme candidat du RPR. Sa profession de foi est axée sur l’élection récente de François Mitterrand et sur les risques à venir si socialistes et communistes devenaient majoritaires à l’Assemblée nationale. Dans ce fief de droite, le message de Bernard Pons est bien reçu. En dépit de la candidature d’un Divers droite, Henri Estingoy, et du chef du Front National, Jean-Marie Le Pen, Bernard Pons est élu dès le premier tour, avec 52,94 % des voix.

Au Palais-Bourbon, Bernard Pons s’inscrit au groupe RPR et siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Alors que Jacques Chirac et Jacques Toubon, ainsi que quatorze autres députés du groupe RPR, votent en faveur du projet, Bernard Pons vote contre le projet d’abolition de la peine de mort porté par le garde des Sceaux, Robert Badinter. Attentif aux questions relatives à l’outre-mer, le 2 octobre 1985, il intervient en séance publique sur la Nouvelle-Calédonie en invoquant un fait personnel, sur le « charcutage » des circonscriptions dont il a fait mention dans des déclarations à la presse à propos du scrutin relatif à l’Assemblé territoriale prévue par le « statut Fabius-Pisani » (la loi du 23 août 1985), avec la division de l’Ile en quatre régions.

Sur le plan territorial, Bernard Pons renforce son ancrage dans la capitale en étant élu conseiller de Paris dans le 17e arrondissement lors des élections municipales de mars 1983. Son suppléant à l’Assemblée nationale, Pierre Rémond, est d’ailleurs le maire de cet arrondissement. Dans la perspective des élections européennes prévues le 17 juin 1984, Bernard Pons s’oppose à l’idée d’une liste commune entre le RPR et l’UDF. Il se dit même prêt à mener une liste authentiquement RPR. Finalement, en dépit de cette position, les deux partis de droite s’allient dans une liste commune menée par Simone Veil. Bernard Pons en est le numéro 2. Cette liste, appelée « Union de l’opposition pour l’Europe et la défense des libertés », arrive très largement en tête avec 43,02 % des suffrages exprimés et obtient 41 sièges. Bernard Pons est par conséquent élu au Parlement européen, mais il n’y siège pas longtemps, car il démissionne en avril 1985. En novembre 1984, il quitte ses fonctions de secrétaire général du RPR, après cinq ans à ce poste difficile où il a dû, entre autres, faire face à une offensive de la jeune garde de Jacques Chirac contre lui. Il est alors remplacé par Jacques Toubon, âgé de 43 ans, député de la 19e circonscription de Paris depuis 1981 et maire du 13e arrondissement depuis 1983.

Lors des élections législatives de 1986 au scrutin départemental à la proportionnelle, Bernard Pons est quatrième de la liste RPR à Paris. Conduite par Jacques Toubon, secrétaire général du RPR, maire du 13e arrondissement de Paris, député de la 19e circonscription et adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris, celle-ci rassemble la garde rapprochée du chef du RPR. La proximité avec Jacques Chirac est illustrée par la mention « Ce que Jacques Chirac a fait pour Paris, nous le ferons pour la France ». La liste RPR obtient 35 % des voix et huit élus. Bernard Pons est ainsi réélu député de Paris. La droite obtient une majorité des sièges à l’Assemblée nationale, et François Mitterrand nomme Jacques Chirac, Premier ministre. Bernard Pons est alors nommé ministre des Départements et territoires d’outre-mer. En tant que tel, il donne son nom à une loi, la « loi Pons » —techniquement l’article 22 de la loi du 11 juillet 1986 de finances rectificative— qui prévoit une défiscalisation spécifique aux territoires d’Outre-Mer afin d’y inciter les investissements. Mais Bernard Pons doit également gérer le délicat dossier des prestations sociales, avec le débat entre la « parité sociale globale » et l’ « égalité sociale », vieille revendication des DOM. Il présente ainsi en première lecture, en novembre 1986, à l’Assemblée nationale, le projet de loi de programme, déjà adopté par le Sénat, relatif au développement des départements d’outre-mer, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte. A l’issue du processus parlementaire, la loi n° 86-1383 est promulguée le 31 décembre 1986.

Mais le dossier majeur que doit gérer Bernard Pons est celui de la Nouvelle-Calédonie, en liaison notamment avec le député du territoire Jacques Lafleur, élu du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR). Arguant que le statut de 1985 ne satisfait aucune des parties prenantes, il présente en juillet 1986, à l’Assemblée nationale, le projet de loi adopté par le Sénat qui prévoit un statut provisoire (loi du 17 juillet 1986 dite « statut Pons I »). Celui-ci réduit les pouvoirs des régions dont trois sont dirigées par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Un référendum d’autodétermination est également prévu depuis 1985. Il se déroule le 13 septembre 1987, mais il est boycotté, notamment par le FNLKS La participation est faible et l’approbation du maintien dans la République est considérée comme peu convaincante par certains observateurs. Sur cette base, Bernard Pons présente et fait voter un second projet de loi, qui devient la loi du 22 janvier 1988 ou « statut Pons II ». Il ne sera pas appliqué en raison de la tension dans l’Ile, qui culmine à l’approche de l’élection présidentielle de 1988, opposant François Mitterrand à Jacques Chirac.

Bernard Pons est ainsi confronté à la prise d’otages d’Ouvéa, le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Une soixantaine d’indépendantistes kanaks attaquent la gendarmerie de l’île d’Ouvéa. Quatre gendarmes sont tués, vingt-six pris en otage et séparés en deux groupes. Si le premier groupe est rapidement libéré, le deuxième, composé de quinze otages, est conduit dans une grotte au nord de l’île. Bernard Pons se rend sur place à Nouméa pour gérer ce difficile dossier. Le 4 mai, quelques jours avant le second tour, l’opération Victor est déclenchée par les militaires envoyés sur place. L’assaut vire à l’affrontement avec la trentaine de preneurs d’otages. Dix-neuf d’entre eux sont tués, quatorze sont faits prisonniers immédiatement, tandis que les otages parviennent à s’échapper. De très nombreuses controverses et polémiques éclatent sur la manière dont l’affaire a été conduite. Lors du débat du second tour de l’élection présidentielle, Jacques Chirac et François Mitterrand s’affrontent directement. Bernard Pons n’est alors pas épargné par la presse.

Sur le plan partisan, Bernard Pons a fait partie comme en 1981 de l’équipe rapprochée de Jacques Chirac. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, il se présente donc dans la nouvelle 16e circonscription de Paris, issue de la 22e où il a été élu en 1981, laquelle est fusionnée avec une partie de la 23e. Il est élu dès le premier tour dans ce territoire acquis à la droite, avec 66,11 % des suffrages exprimés. Au Palais-Bourbon, Bernard Pons est élu président du groupe RPR (130 membres) à l’Assemblée nationale contre une autre figure montante de la droite, Philippe Séguin. Au premier tour, il obtient 61 voix, contre 63 pour Philippe Séguin tandis que Robert-André Vivien en obtient 4 et ne donne aucune consigne de vote pour la suite. Au second tour, Philippe Séguin conserve ses 63 voix, mais Bernard Pons en obtient trois de plus qu’au premier, ce qui lui permet de remporter la victoire d’une voix. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.

Comme président de groupe, Bernard Pons joue pleinement son rôle d’opposant. Il dépose sur les grands textes à caractère politique les motions de procédures destinées à rejeter d’emblée le texte sans débat ou bien à le renvoyer en commission pour un nouvel examen. Il est également à l’origine de plusieurs motions de censure et de rappels au règlement à haute teneur politique. Il joue aussi avec finesse sur la procédure en demandant, lorsque les circonstances s’y prêtent, la vérification du quorum.

Sur le fond, Bernard Pons apporte la contradiction au Premier ministre, Michel Rocard, dès le 29 juin 1988, lors de la déclaration de politique générale du gouvernement. Ce spécialiste de la santé intervient aussi à quelques reprises, notamment sur la motion de censure présentée par les trois groupes de la droite et du centre, le RPR, l’UDF et l’Union du centre (UDC), le 19 décembre 1989, après l’engagement de responsabilité du gouvernement sur le projet de loi portant diverses dispositions relatives à la sécurité sociale et à la santé, dont une disposition impose aux médecins conventionnés un nouveau dispositif. Bernard Pons intervient aussi le 19 novembre 1990, sur la motion de censure présentée par les trois mêmes groupes, à la suite de l’engagement de responsabilité du gouvernement, sur le projet de loi de finances pour 1991, qui prévoit notamment la création de la contribution sociale généralisée (CSG). Celle-ci manque d’être adoptée avec très peu de voix. Le 22 mai 1991, sur une tonalité très critique, Bernard Pons apporte la contradiction à Edith Cresson, qui vient d’être nommée au poste de Premier ministre, lors de sa déclaration de politique générale.

Aux élections législatives de 1993, marquées par « une déferlante bleue », Bernard Pons est réélu dès le premier tour dans la 16e circonscription de Paris avec 63,14 % des suffrages exprimés. Contrairement à plusieurs proches de Jacques Chirac, il n’intègre pas le nouveau gouvernement de cohabitation dirigé par Edouard Balladur. En revanche, il conserve sa fonction de président du groupe RPR à l’Assemblée nationale. Il est ainsi à la tête du premier groupe parlementaire au Palais-Bourbon. Il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées.

Il se positionne d’emblée comme chef de la majorité parlementaire en intervenant le 8 avril 1993 dans le débat qui suit la déclaration de politique générale du gouvernement d’Edouard Balladur, Premier ministre.

Il intervient également en séance publique le 8 juin 1993, lors de la communication du gouvernement sur l’outre-mer et sur l’accord commercial relatif aux oléagineux conclu au niveau européen. Il dépose par ailleurs, le 30 mars 1994, la proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur le Crédit lyonnais, destinée à faire la lumière sur les éléments contestables de la gestion de cet établissement bancaire sous la précédente majorité.

Très rapidement, les tensions se creusent au sein du RPR dans la perspective de l’élection présidentielle de 1995. Alors qu’elle semble promise à une victoire de la droite, plusieurs proches de Jacques Chirac se méfient d’Edouard Balladur et partagent leurs craintes avec lui. A leurs yeux, le Premier ministre, pourtant placé à cette fonction par la volonté de Jacques Chirac, ne veut pas en rester là et semble se préparer dans l’ombre pour briguer l’Élysée. Or, c’est précisément pour préparer sa propre candidature que Jacques Chirac a refusé de retourner à Matignon et préféré y placer Edouard Balladur. Bernard Pons fait partie de ceux qui tentent de mettre Jacques Chirac en garde. En vain. Pourtant Edouard Balladur se présente effectivement en 1995 à l’élection présidentielle, tout comme Jacques Chirac. Cette situation force les cadres du RPR à choisir leur camp. Longtemps distancé dans les sondages, Jacques Chirac se retrouve isolé. Il ne peut compter que sur une petite poignée d’irréductibles fidèles. Bernard Pons en fait partie. Progressivement, la campagne de Jacques Chirac connaît une dynamique. Au soir du premier tour, le 23 avril 1995, avec 20,84 % des suffrages exprimés, il termine second derrière le candidat socialiste Lionel Jospin (23,30 %), mais devant Edouard Balladur (18,58 %). Pour les chiraquiens, c’est le plus important. L’élimination d’Edouard Balladur, qui appelle à voter pour Jacques Chirac, apporte à ce dernier un confortable réservoir de voix qui lui permet de triompher au second tour avec 52,64 % des suffrages exprimés face à Lionel Jospin (47,36%). Jacques Chirac nomme à Matignon un de ses plus fidèles lieutenants, Alain Juppé, et le charge de constituer un gouvernement d’où les balladuriens sont exclus. Bernard Pons l’intègre comme ministre de l’Aménagement du territoire, de l’équipement et des transports. Il quitte alors son siège de député et laisse la place à son suppléant, Pierre Rémond, maire du 17e arrondissement de Paris. Il est remplacé à la tête du groupe RPR par son ami Michel Péricard, maire de Saint-Germain-en-Laye et député des Yvelines. Comme membre du gouvernement, Bernard Pons tente de relancer l’investissement dans le transport maritime, alors sinistré, en défendant en juin 1996 un projet de loi relatif à l’encouragement fiscal en faveur de la souscription de parts de copropriété de navires de commerce. Il s’agit d’appliquer à l'investissement quirataire un dispositif similaire à la loi « Pons » prévu pour les investissements outre-mer.

En février 1997, Bernard Pons défend à l’Assemblée nationale le projet de loi portant création de l’Etablissement public « Réseau ferré de France », pour découpler la gestion des infrastructures ferroviaires de celle du transport de passagers et de marchandises, dans une perspective lointaine de mise en concurrence de ces derniers prévue au niveau européen.

Sur le plan local, lors des élections municipales de juin 1995 à Paris, Bernard Pons est tête de liste pour la majorité dans le 17e arrondissement. A l’échelle de la ville, l’union RPR-UDF est conduite par le premier adjoint de Jacques Chirac, Jean Tibéri, qui brigue par conséquent la succession du nouveau président de la République comme maire de la capitale. Certaines figures locales du RPR avaient milité pour que le dauphin parisien soit Bernard Pons, mais ce dernier ne semble pas s’être manifesté. Si la majorité municipale sortante, qui tenait depuis 1983 les vingt arrondissements, voit sa domination s’affaiblir, avec la perte de six arrondissements et une progression de la gauche dans presque tous les arrondissements, Bernard Pons l’emporte dès le premier tour avec 59,50 % des voix. Pierre Rémond, réélu sur sa liste, conserve le fauteuil de maire d’arrondissement tandis que Jean Tibéri est élu maire de la capitale. Lors du remaniement du gouvernement Juppé en novembre 1995, Bernard Pons voit ses attributions légèrement modifiées : son portefeuille devient celui de l’Équipement, du logement, des transports et du tourisme. Il fonde par ailleurs en 1996 le Club des amis de Jacques Chirac, dont il prend la présidence.

Mais la situation politique se dégrade rapidement. Les choix de l’exécutif en faveur de la rigueur budgétaire paraissent en contradiction avec la campagne présidentielle de Jacques Chirac axée sur la « fracture sociale ». Alors que la France fait face à des mouvements de grève sans précédent et que la popularité du couple exécutif plonge, Jacques Chirac refuse de se séparer d’Alain Juppé et préfère décider la dissolution de l’Assemblée nationale le 21 avril 1997, pour essayer de retrouver une majorité unie et une nouvelle dynamique. Cette décision entraîne l’organisation d’élections législatives anticipées les 25 mai et 1er juin. Bernard Pons était opposé à cette solution. Selon lui, il aurait mieux valu s’appuyer sur les bons résultats de la politique gouvernementale qui commençaient à être perceptibles pour préparer la campagne des élections législatives initialement prévues en 1998. Bernard Pons est le seul député de droite à être réélu au premier tour, avec 53,63 %. Au niveau national, le bilan est décevant. Avec 251 sièges, la droite perd la majorité à l’Assemblée nationale au profit de la gauche. Jacques Chirac doit se résoudre à la cohabitation et nomme à Matignon le socialiste Lionel Jospin. Bernard Pons siège à nouveau au groupe RPR et rejoint la commission de la production et des échanges. Ses activités parlementaires restent réduites.

Opposé au projet de Jacques Chirac de dissoudre le RPR dans un grand parti unique de la droite, ce qui donne naissance à l’Union pour une majorité présidentielle (UMP) en novembre 2002, Bernard Pons prend quelques distances avec la vie politique nationale et s’investit moins dans la campagne présidentielle de Jacques Chirac pour sa réélection en 2002. En revanche, il se représente aux élections législatives dans sa circonscription. Mais il doit faire face à une double dissidence. Celle d’un ancien proche, Atanase Périfan, mais surtout, celle de l’ancienne ministre du Tourisme dans le premier gouvernement Juppé, Françoise de Panafieu, ancienne suppléante d’Alain Juppé, députée de la 17e circonscription de Paris depuis 1988 (à cheval entre une partie du 17e arrondissement et une partie du 18e) et maire du 17e arrondissement depuis 2001. Inquiète pour sa réélection, celle-ci change de circonscription, estimant devoir être la députée de quartiers situés dans son seul arrondissement. Au premier tour, elle devance Bernard Pons par 40,83 % contre 22,34 %. Celui-ci décide alors de ne pas prendre part au second tour et se retire de la vie politique nationale.

En 2005, le Club des Amis de Jacques Chirac est dissout. Bernard Pons quitte la vie politique en abandonnant son dernier mandat municipal à Paris en 2008. En mai 2018, il soutient sur la Nouvelle-Calédonie les initiatives du président de la République Emmanuel Macron, dans la perspective du référendum de novembre suivant. Sur le plan personnel, Bernard Pons quitte la capitale pour s’installer en 2010 à Aigues-Mortes, dans le département du Gard, auprès de sa fille aînée. Il s’y éteint le 27 avril 2022. Il était chevalier de la Légion d’Honneur.