Robert Pouille
1900 - 1989
POUILLE (Robert, François, Victor)
Né le 5 septembre 1900 à Armentières (Nord)
Décédé le 22 octobre 1989 à la Chapelle-d’Armentières (Nord)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Nord)
Robert Pouille termine ses études à Paris où il obtient le titre d’ingénieur des Arts et métiers. Sa mère, née Elizabeth Potié, est fille d’un artisan-commerçant de Lilliers (Pas-de-Calais). Son père, Victor Pouille, gère une entreprise de constructions mécaniques fondée en 1890 par son grand-père François Pouille. Robert Pouille se marie en 1924 avec Andrée Morand (1902-1966), issue d’une famille de commerçants parisiens. Douze enfants naissent de cette union entre 1926 et 1943. Robert Pouille prend la direction de la société familiale. Militant catholique, il s’implique dans les Semaines sociales et adhère au Parti démocrate populaire (PDP). De 1935 à 1940, il est adjoint au maire d’Armentières. Combattant volontaire, il participe à la campagne de France. Agé de sept ans, son fils André est tué lors de l’offensive allemande de mai 1940. Robert Pouille participe à la Résistance dans le cadre du mouvement La Voix du Nord. Ses activités sont essentiellement de trois ordres : diffusion du journal, envoi de renseignements à Londres, hébergement de juifs ou d’aviateurs alliés tombés dans la région. Arrêté en décembre 1943, Robert Pouille est déporté. Il est rapatrié en mai 1945.
Aux élections du 21 octobre 1945, Robert Pouille se présente dans la deuxième circonscription du Nord (Lille). Il est troisième sur la liste MRP dirigée par Maurice Schumann. Celle-ci affronte des listes communiste, socialiste, radicale, UDSR et une liste dite républicaine démocratique. La liste Schumann obtient 185 557 des 451 443 suffrages exprimés. En tête, elle devance les listes socialiste (124 360 voix) et communiste (113 216 voix). Ecrasant leurs concurrentes, seules ces listes ont des élus. Ainsi le MRP obtient-il quatre sièges, contre trois aux socialistes et deux aux communistes.
Elu député à la première Assemblée nationale constituante, Robert Pouille s’inscrit au groupe MRP. Il est membre de deux commissions : éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs ; pensions civiles et militaires et des victimes de guerre et de la répression. Au nom de cette dernière, il est l’auteur de six rapports sur les sept déposés. Le 11 avril 1946, il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à faire payer par les industriels et l’armée ennemis, aux patriotes condamnés par les conseils de guerre allemands et aux déportés sans jugement ayant travaillé en Allemagne, une indemnité calculée sur le salaire moyen départemental du domicile de l’exilé. Dans ses votes, Robert Pouille applique la discipline de son parti.
Il ne se représente pas aux élections pour la deuxième Assemblée constituante de juin 1946. Il fait le choix de se consacrer à son entreprise. Il la dirige jusqu’à ce que l’heure de la retraite arrive et que ses héritiers prennent la relève. Durant tout le temps de sa gestion, Robert Pouille s’est voulu un patron inspiré par le christianisme social. Il a mis précocement en œuvre la participation et s’est impliqué dans la formation des « Jocistes ».
Robert Pouille était décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance. A la suite de son père et avant l’un de ses fils, il a présidé l’Association des anciens élèves de l’Ecole nationale professionnelle d’Armentières durant de longues années. Il est le père de Brigitte Bout, maire de Fleurbaix et sénateur du Pas-de-Calais.