Alexandre, Octave Bérard

1859 - 1923

Informations générales
  • Né le 3 février 1859 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 20 avril 1923 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Ain
Groupe
Gauche démocratique
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Ain
Groupe
Républicains progressistes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 31 mai 1906
Département
Ain
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 13 février 1908
Département
Ain
Groupe
Gauche radicale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1908 au 1er janvier 1923

Fonds d'archives

Le fonds Alexandre Bérard, qui représente 0,5 mètre linéaire, est conservé par le Centre d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques, sous la cote BE. Il a été donné en 1972. Les archives couvrent la période 1898-1912 et sont décrites dans un inventaire analytique. Leur consultation est soumise aux délais fixés par le code du patrimoine. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet du Centre d’histoire.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né à Lyon (Rhône) le 3 février 1859, mort à Paris le 20 avril 1923.


Député de l'Ain de 1893 à 1908.

Sénateur de l'Ain de 1908 à 1923.

Sous-Secrétaire d'Etat aux Postes et Télégraphes du 10 juin 1902 au 19 octobre 1906.

Fils d'Ernest Bérard (1829-1914), député du Rhône de 1889 à 1898, fabricant de soieries qui fut député du Rhône de 1889 à 1898, Alexandre Bérard fit ses études dans sa ville natale, d'abord à l'institution des Chartreux, puis à la faculté de droit, qui lui décerna en 1882 le grade de docteur.

Dès l'âge de dix-sept ans, il s'était exercé au journalisme en collaborant au Courrier de Lyon, feuille que le Gouvernement du 16 mai poursuivit ; il écrivit aussi dans le Progrès de Lyon et le Lyon républicain et, par la suite, dans divers journaux provinciaux ou parisiens. Il se fit recevoir avocat en 1877 et devint chef de cabinet du maire de Lyon. En 1880, il entra dans la magistrature comme attaché aux cabinets du procureur de la République, puis du procureur général à Lyon. Il fut nommé substitut à Saint-Etienne le 21 décembre 1883, et ensuite à Lyon. En cette qualité, il porta la parole dans certaines causes criminelles qui eurent un retentissement considérable, telle l'affaire de l'anarchiste Cyvoct, qu'il fit condamner, ou l'affaire Gouffé. Le 20 mai 1890, il devint substitut du procureur général de Grenoble.

Il quitta la magistrature en 1893 lorsqu'il eut été élu député de l'Ain, dans la circonscription de Trévoux. Depuis 1886, il représentait le canton d'Ambérieu au Conseil général de l'Ain ; il se présenta aux élections générales législatives du 20 août 1893 et obtint dès le premier tour de scrutin 11.731 voix sur 12.003 votants, son adversaire-en obtenant 272. Il succédait à Henri Germain, qui ne se représentait pas. Il avait refuse de se porter candidat en 1885 et 1886 pour ne pas compromettre l'unité du parti républicain dans le département. Il s'engagea en 1893 à défendre une République démocratique, réformatrice et progressiste, à maintenir les lois scolaire et militaire, la laïcité de l'école publique, à voter des lois sur les associations, sur le crédit agricole, sur l'assurance agricole obligatoire, à réformer l'impôt sur les boissons, à créer des caisses de retraite pour les travailleurs, à instituer un impôt sur le capital et la grande propriété, à maintenir et même à renforcer le protectionnisme douanier.

Il fut réélu le 8 mai 1898 au premier tour de scrutin par 12.172 voix alors que son concurrent le plus favorisé n'en obtenait que 6.738.

Devenu vice-président du conseil général, il fut encore réélu débuté le 27 avril 1902, au premier tour, par 13.766 voix contre 6.378 et le 6 mai 1906, par 13.948 voix contre 6.621 toujours au premier tour.

Il fut enfin élu au Sénat le 9 janvier 1908 par 772 voix sur 886 votants, en remplacement du sénateur Goujon, décédé ; il fut réélu les 7 janvier 1912 et 9 janvier 1921.

À la Chambre, Alexandre Bérard s'inscrivit aux groupes de la gauche démocratique et de l'union progressiste, dont il fut le vice-président pendant la 7e législature, puis aux groupes de la gauche radicale et de l'union démocratique, à partir de 1902, enfin, à-partir de 1906, au groupe de la gauche démocratique, radicale et radicale-socialiste. Il fit également partie, au moins pendant la septième législature, du « groupe agricole » et, dans la même période, à diverses, reprises, du « groupe de l'enseignement ».

Membre de diverses Commissions, Alexandre Bérard appartint notamment à la Commission d'assurance et de prévoyance sociale (sixième et septième législature), à la Commission d'enquête sur l'affaire de Panama (1897), au nom de laquelle il déposa un rapport partiel, à la Commission du Règlement (1901) et à la Commission du budget pour les exercices 1899, 1901 et 1902.

Il déploya à la Chambre une grande activité dont on ne peut donner qu'un aperçu. Au cours de la sixième législature, il déposa et rapporta une proposition de loi tendant à créer des caisses départementales d'assurances et de retraites pour les sapeurs-pompiers - proposition qu'il fit aboutir en 1898 -, une proposition de loi interdisant le cumul de l'indemnité législative des sénateurs avec les traitements de l'Etat, une proposition de loi relative aux étangs de la Dombes. Il rapporta en outre de très nombreux rapports sur des projets de loi tendant à autoriser des collectivités locales à s'imposer extraordinairement, à contracter emprunt ou à proroger des surtaxes d'octroi. Il prit part à la discussion d'une proposition d'ordre juridique et intervint fréquemment dans la discussion du budget, notamment pour obtenir le développement des services de l'enseignement, des postes et télégraphes et de lutte contre l'incendie.

Au cours de la septième législature, il déposa des propositions relatives à la réforme de l'organsation administrative, aux chemins de fer d'intérêt local ou aux corps de sapeurs-pompiers. Il rapporta les budgets de l'Intérieur pour 1899, 1900 et 1902, des chemins de fer de l'Etat pour 1901 et des Cultes pour 1902, ainsi que divers projets ou propositions, touchant notamment à la répartition du fonds de subvention aux départements ou à l'attribution de secours aux victimes de calamités publiques. Il soutint le Cabinet Waldeck Rousseau, vota la loi sur les associations, la loi sur les boissons hygiéniques, la progressivité de l'impôt sur les successions. Ses votes le montrent soucieux de progrès social, - il se prononça par exemple pour la réglementation du travail dans l'industrie et pour l'éligibilité des femmes aux conseils de prud'hommes -, mais aussi économe des deniers publics. Il intervint sur les sujets les plus divers : secours aux mineurs, liberté et secret du vote, loi électorale, etc. Il travailla en même temps au développement économique de la région qu'il représentait, ce qu'il lui valut, par la suite, d'être appelé à la présidence du Conseil général de l'Ain.

Le 10 juin 1902, Emile Combes lui confia le sous-secrétariat d'Etat des Postes et Télégraphes, qu'il conserva jusqu'au 19 octobre 1906, dans le deuxième et le troisième Cabinets Rouvier, puis dans le Cabinet Sarrien. À ce poste, il s'employa à développer le réseau téléphonique intérieur, mais se soucia aussi de relier par câbles télégraphiques les colonies à la métropole : il déposa plusieurs projets à ce sujet. Redevenu simple député, vice-président de la Commission du budget pour 1908 et membre de la Commission de l'enseignement et des Beaux-Arts, il déposa deux propositions de loi, relatives l'une aux droits de douane sur les pétroles, l'autre aux élections des députés. Il vota la suppression des privilèges des associations cultuelles et le rachat par l'Etat du réseau de l'Ouest.

Sénateur, il demeura inscrit au groupe de la gauche démocratique radicale et radicale-socialiste, et continua à déployer une grande activité. Il appartint à diverses Commissions et notamment à la Commission des finances dont il fut en 1912 vice-président, à la Commission des chemins de fer, dont il fut également vice-président et des Commissions d'examen de propositions relatives au régime de la presse, à l'organisation départementale et communale ou aux conseils de guerre.

Il intervint fréquemment, en particulier, sur les questions électorales, et, avant 1914, déposa plusieurs rapports dont quatre concernaient les chemins de - fer et quelques autres l'organisation judiciaire. Il rapporta aussi le projet de loi portant approbation d'une convention franco-russe pour la protection des œuvres artistiques et littéraires, ainsi que le budget de l'intérieur de l'exercice 1912. Il prit part à la discussion de la loi sur les retraites ouvrières et, le 27 janvier 1914, à la discussion d'une interpellation sur l'aéronautique militaire. Pendant la guerre, il déposa, au nom de la Commission des finances, plusieurs rapports dont un certain nombre intéressaient les collectivités locales contraintes par l'état de guerre à interrompre leurs travaux. Il rapporta également le budget de l'intérieur de l'exercice 1918.

Elu pour la première fois vice-président du Sénat le 14 janvier 1919,- il devait être réélu chaque année jusqu'à sa mort -, il rapporta en 1919 le projet de loi tendant à rétablir le scrutin de liste avec représentation proportionnelle et divers projets et propositions touchant aux questions électorales, ainsi que le budget de l'intérieur de l'exercice 1921. En 1922, il intervint dans les discussions de propositions de loi relatives au vote des femmes. Le 28 février, moins de deux mois avant sa mort, il présidait encore une séance du Sénat. Son éloge funèbre fut prononcé par le Président Gaston Doumergue.

Esprit curieux, Alexandre Bérard, malgré ses activités politiques, n'avait jamais abandonné l'étude des belles lettres. Officier d'Académie, il a laissé un grand nombre d'ouvrages juridiques, politiques, sociologiques, géographiques, historiques ou même romanesques :
- De la destruction des biens en droit romain (1882),
- La responsabilité morale et la loi pénale (1892),
- La publicité des exécutions (1894),
- La dépopulation des campagnes (1891),
- L'invasion des étrangers et la taxe de séjour (1886),
- La criminalité en France (1890),
- Les deux Chambres, leur histoire, leur théorie (1885),
- Sur l'anarchie (1897),
- Les étangs de la Dombes (1898),
- La route de l'Inde par la vallée du Tigre et de l'Euphrate (1887),
- La Convention, l'invasion arabe dans la Bresse, la Dombes et le Bugey (1889),
- Les invasions de 1814 et 1815 dans l'Ain (1887),
- Les Thermopyles de 1814 (récit de l'histoire du Bugey) (1898),
- Les Vaudois (1892),
- Les vieilles abbayes du Bugey (1888),
- Les galériens -et les galères royales sous Louis XIV (1896),
- Cypris, (chronique de l'île de Chypre au moyen âge) (1902),
- Marcella (roman de l'époque gallo-romaine),
- La Bresse et le Bugey historiques et pittoresques (1906),
- À travers le sang vers la liberté (recueil d'articles publiés pendant la guerre) (1918).

Il s'est passionné pour la question d'Alésia qu'il a cru pouvoir identifier avec Izarnodurum (Izernore) ; il a publié trois mémoires à ce sujet.

Ses obsèques furent célébrées à Ambérieu en Bugey, aux frais du Conseil général de l'Ain. Les honneurs militaires lui furent rendus, en sa qualité de vice-Président du Sénat. Son département fit ériger son buste en bronze sur la place du marché d'Ambérieu, mais en 1943 les Allemands s'en emparèrent et détruisirent le socle. Il fut entièrement refait après la libération aux frais du Département et inauguré en avril 1959.

La rue principale d'Ambérieu porte le nom d'Alexandre Bérard.